YESTERDAY'S NEWS |48
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and i can't wait to start again
graham & nina
Elle se sent bizarre, Nina. C'est étrange, cette sensation qui l'assaille depuis qu'elle a quitté sa minuscule chambre universitaire. Malgré la fatigue qui l'écrase comme à chaque journée de pratique, elle s'est pressée comme une folle. Le temps d'enfiler un band tee et de se libérer de ses pinces à chignon qu'elle sentait douloureusement irriter son crâne, elle s'engouffrait déjà dans le premier bus direction Venice Beach.
Le ronron rassurant — quoique un peu inquiétant — du moteur lui aurait suffit pour s'abandonner quelques minutes dans les bras de Morphée. Pourtant, rien à faire. Ses paupières soulignées de légères cernes demeurent grandes ouvertes, plongés dans la monotonie du paysage, rivés sur la vitre dégueulasse jonchée de traces dans laquelle son reflet se perd. C'est à peine, si elle a daigné prêter attention au vieillard qui a ronflé comme un porc à ses côtés tout le long du trajet. Suffisamment fort pourtant, pour déranger la quasi-totalité des passagers et couvrir la musique qui émane de son casque. Mais rien ne parvient à l'extirper de ses songes ne serait-ce qu'une seconde. Elle n'a cessé de penser à l'idée de rejoindre son frère au plus vite. En quelques sms, c'était vite plié. Pour se comprendre, les grands discours n'ont jamais été nécessaires. Ils veulent se voir et c'est la première fois depuis si longtemps qu'ils se retrouvent vraiment. La première, si on oublie le jour de sa libération, où elle n'a trouvé la force de se contenir et lui, a laissé sa carcasse de pestiférée pleurer sans un mot dans ses bras. Ils peuvent enfin se le permettre. Rien qu'eux deux, comme ça l'avait été il fut un temps. Sans juges, ni avocats, ni médias. Effondré le mur qu'ils ont bâti au nom de la justice et les a séparés pendant tant d'années, réduisant leur unique contact à des bribes clandestines griffonnées sur un bout de papier.
Le car l'abandonne et elle parcourt la courte distance à pieds qui la sépare de leur point de rendez-vous, une cigarette pour occuper ses doigts frêles et ses pensées qui divaguent. Elle a le temps, mais ne peut s'empêcher de presser le pas. Le soleil est sur le point de se coucher, lorsque ses pas la mènent enfin en bord de mer. Sans hésitation aucune, elle retire ses tennis. Elle les saisit d'une main et se débarrasse du mégot, envoie valser les cendres sur le bitume avant de laisser ses pieds nus s'engouffrer dans le sable chaud, agréable sensation qui se propage dans son corps tout entier. Ferme les yeux l'espace d'un instant, laisse l'air marin hâler sa peau et gonfler ses cheveux de jais. Quelques secondes à traverser la plage suffisent à attirer son regard sur une silhouette parmi tant d'autres qui se dessinent et s'agitent frénétiquement dans l'horizon. Graham, lui, a l'air paisible au milieu du brouhaha ambiant, mais qu'elle trouve étrangement reposant. Alors qu'il lui tourne le dos, elle s'avance sans bruit. Furtive, comme de coutume.
“Hey.”, elle lâche simplement, presque dans un murmure pour ne pas rompre avec la tranquillité qui semblait l'habiter. Elle prend place à ses côtés, et lorsque ses iris opalins se posent sur lui, ses lèvres se fendent dans un sourire, pas n'importe lequel. Son sourire, sa curieuse marque de fabrique, source d'interrogation pour certains dont elle use pour brouiller les pistes — mais qui en l’occurrence, n'a jamais eu aucun secret pour lui. “Moi qui pensait être en avance. Tu es là depuis longtemps?” elle demande, simple intuition. Presque une affirmation, tant il se fondrait presque dans le décor, comme si il n'avait pas quitté cet endroit depuis des lustres.
Le ronron rassurant — quoique un peu inquiétant — du moteur lui aurait suffit pour s'abandonner quelques minutes dans les bras de Morphée. Pourtant, rien à faire. Ses paupières soulignées de légères cernes demeurent grandes ouvertes, plongés dans la monotonie du paysage, rivés sur la vitre dégueulasse jonchée de traces dans laquelle son reflet se perd. C'est à peine, si elle a daigné prêter attention au vieillard qui a ronflé comme un porc à ses côtés tout le long du trajet. Suffisamment fort pourtant, pour déranger la quasi-totalité des passagers et couvrir la musique qui émane de son casque. Mais rien ne parvient à l'extirper de ses songes ne serait-ce qu'une seconde. Elle n'a cessé de penser à l'idée de rejoindre son frère au plus vite. En quelques sms, c'était vite plié. Pour se comprendre, les grands discours n'ont jamais été nécessaires. Ils veulent se voir et c'est la première fois depuis si longtemps qu'ils se retrouvent vraiment. La première, si on oublie le jour de sa libération, où elle n'a trouvé la force de se contenir et lui, a laissé sa carcasse de pestiférée pleurer sans un mot dans ses bras. Ils peuvent enfin se le permettre. Rien qu'eux deux, comme ça l'avait été il fut un temps. Sans juges, ni avocats, ni médias. Effondré le mur qu'ils ont bâti au nom de la justice et les a séparés pendant tant d'années, réduisant leur unique contact à des bribes clandestines griffonnées sur un bout de papier.
Le car l'abandonne et elle parcourt la courte distance à pieds qui la sépare de leur point de rendez-vous, une cigarette pour occuper ses doigts frêles et ses pensées qui divaguent. Elle a le temps, mais ne peut s'empêcher de presser le pas. Le soleil est sur le point de se coucher, lorsque ses pas la mènent enfin en bord de mer. Sans hésitation aucune, elle retire ses tennis. Elle les saisit d'une main et se débarrasse du mégot, envoie valser les cendres sur le bitume avant de laisser ses pieds nus s'engouffrer dans le sable chaud, agréable sensation qui se propage dans son corps tout entier. Ferme les yeux l'espace d'un instant, laisse l'air marin hâler sa peau et gonfler ses cheveux de jais. Quelques secondes à traverser la plage suffisent à attirer son regard sur une silhouette parmi tant d'autres qui se dessinent et s'agitent frénétiquement dans l'horizon. Graham, lui, a l'air paisible au milieu du brouhaha ambiant, mais qu'elle trouve étrangement reposant. Alors qu'il lui tourne le dos, elle s'avance sans bruit. Furtive, comme de coutume.
“Hey.”, elle lâche simplement, presque dans un murmure pour ne pas rompre avec la tranquillité qui semblait l'habiter. Elle prend place à ses côtés, et lorsque ses iris opalins se posent sur lui, ses lèvres se fendent dans un sourire, pas n'importe lequel. Son sourire, sa curieuse marque de fabrique, source d'interrogation pour certains dont elle use pour brouiller les pistes — mais qui en l’occurrence, n'a jamais eu aucun secret pour lui. “Moi qui pensait être en avance. Tu es là depuis longtemps?” elle demande, simple intuition. Presque une affirmation, tant il se fondrait presque dans le décor, comme si il n'avait pas quitté cet endroit depuis des lustres.
Made by Neon Demon
@graham b. singleton
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Graham & Nina
« All parents damage their children. It cannot be helped. Youth, like pristine glass, absorbs the prints of its handlers. Some parents smudge, others crack, a few shatter childhoods completely into jagged little pieces, beyond repair. »
J’ai sacrément la pression. Je ne tiens plus en place depuis tout à l’heure, une chance que je sois à la piscine depuis le début de la matinée. J’ai terminé ma journée il y a une heure mais j’ai trainé pour pouvoir prendre une bonne douche chaude dans les cabines du complexe aquatique. Difficile de prendre une douche quotidiennement quand t’es à la rue un jour sur deux. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours réussi à retomber sur mes pattes, la propreté est essentielle et je parviens toujours à squatter les cabines de la salle de box quand je ne bosse pas à la piscine. Il est déjà tard, beaucoup trop tard et je peux déjà affirmer qu’à moins d’un miracle, j’arriverai en retard. La faute à des moyens beaucoup trop limités pour pouvoir acquérir une voiture, j’ai déjà du mal à renouveler mon abonnement aux transports communs. Combien de fois suis-je passé à un poil de cul de chameau d’être contrôlé sans avoir passé le moindre ticket ? Un nombre beaucoup trop important si vous voulez mon avis. Certains naissent avec une cuillère en argent dans la bouche, d’autres viennent au monde pour en baver. Aucun doute à avoir sur celui qui a le plus de mérite en bout de course, je sais d’où je viens, je connais la valeur de l’argent et je n’irais jamais dépenser le salaire d’un américain moyen sur un coup de tête. Faudrait-il déjà que je gagne le salaire d’un américain moyen.
J’attrape un bus à la dernière minute, il est bondé, comme toujours sur cette ligne. Impossible d’envisager poser son derrière sur un siège à cette heure-là. Je reste donc debout, pensif, ailleurs. Étrange d’être partagé entre la joie et la crainte. Je suis le plus heureux des hommes lorsque je retrouve ma petite sœur pour partager un moment à ses côtés, mais depuis la prison j’ai toujours cette peur qui me retourne les tripes. J’angoisse à l’idée de croiser son regard et d’y lire une appréhension, un dégout qui achèveraient de me tuer à petit feu. Difficile de ne pas se sentir ainsi lorsque tu sors de cinq ans de prison pour avoir refroidi ton père. Son père. Nina a été privée de son papa lorsque j’ai décidé de dire stop, lorsque la goutte d’eau a fait déborder un vase déjà bien trop rempli et instable. Il m’a brisé pendant toutes ces années, la prison a achevé de réduire à néant tout ce qu’il y avait de bon en moi. Morceau après morceau, chaque prisonnier s’en est donné à cœur joie. Nécessaire ? Je crois bien que ça l’était, au moins pour renaitre de mes cendres. L’homme que je suis devenu n’est plus totalement le même, il reste du bon en lui, j’ai juste pris l’habitude de le dissimuler. Règle numéro un, petit : ne jamais ô grand jamais rester à découvert. Je n’oublierais jamais ces règles qui m’ont permis de survivre en prison lorsque mon monde s’est écroulé, lorsque j’ai décidé de rendre les coups après une agression à la lame de trop, après avoir été le vide-couilles de tous ces fils de pute qui crèveront en prison. Inspirer la peur avant l’empathie, règle essentielle pour survivre en milieu hostile. Tu es libre maintenant, plus besoin d’appliquer ces règles, tu es en sécurité. Je ne me suis pourtant jamais senti autant en danger que depuis que l’on m’a libéré. Difficile de croire que j’étais mieux en prison. L’étais-je vraiment ?
« Tu vas bouger ta caisse enculé ?! » Poète, la conductrice du bus m’arrache à mes songes, à mes appréhensions et me permet de réaliser que je suis arrivé à destination. Parfait, un petit coup d’œil à ma montre et je m’élance, prêt à rejoindre celle pour qui je serais prêt à retourner en prison à vie. Je suis en avance, difficile à croire et pourtant, surement parce que la conductrice était carrément badass. Qui aurait envie de mollir avec une femme de sa trempe derrière les fesses ? A peine le temps de retirer mes chaussures, de m’humecter les lèvres et d’apprécier cette odeur singulière qu’une petite voix raisonne et fait immédiatement s’étirer mes lèvres. « Hey chaton ! » J’sais pas pourquoi, je n’ai jamais vraiment appelé Nina par son prénom, elle a toujours été mon chaton. Elle ne grandira jamais à mes yeux, toujours cette petite fille timide et apeurée devant laquelle je me jetais pour encaisser à sa place lorsque notre père perdait les pédales. « Oh que non, je viens juste d’arriver, je pensais être en retard ! » Mon bras remonte le long de son dos pour la rapprocher de moi. Nous avons passé tellement de temps l’un loin de l’autre. « T’as faim ? Matz m’a donné un coup de main, on a préparé un pique-nique, en attendant le coucher du soleil. » Pour l’heure, j’ai envie de profiter des dernières dizaines de minutes qu’offre le soleil pour piquer une tête. Oh et… Ais-je mentionné que Nina m’accompagnera, qu’elle le veuille ou non ? J’ai pris soin de retirer mon t-shirt pour ne plus rester qu’en short. Je suis toujours gêné lorsque je fais tomber les vêtements, c’est la première fois devant Nina… Pourvu qu’elle ne remarque pas les dizaines de cicatrices dispersées ça et là partout sur mon torse, d’autres recouvrant certaines parties de mon dos. De petites lignes boursouflées, la faute à des soins beaucoup trop limités, surtout quand t’es agressé par des taulards avec des lames de rasoir et que tu décides de taire tes mésaventures pour ne pas t’attirer d’ennuis. Quoi de mieux qu’une bonne diversion pour l’empêcher de trop laisser ses yeux divaguer sur mon corps ? Je l’attrape par les cuisses, la soulève comme un sac à patates et m’élance comme une furie en direction de l’eau. « Parait qu’elle est fraiche ! » Je confirme qu’elle l’est au moment où les vagues me font perdre l’équilibre et entrainer ma petite sœur avec moi dans ma chute.
@Nina Singleton
J’attrape un bus à la dernière minute, il est bondé, comme toujours sur cette ligne. Impossible d’envisager poser son derrière sur un siège à cette heure-là. Je reste donc debout, pensif, ailleurs. Étrange d’être partagé entre la joie et la crainte. Je suis le plus heureux des hommes lorsque je retrouve ma petite sœur pour partager un moment à ses côtés, mais depuis la prison j’ai toujours cette peur qui me retourne les tripes. J’angoisse à l’idée de croiser son regard et d’y lire une appréhension, un dégout qui achèveraient de me tuer à petit feu. Difficile de ne pas se sentir ainsi lorsque tu sors de cinq ans de prison pour avoir refroidi ton père. Son père. Nina a été privée de son papa lorsque j’ai décidé de dire stop, lorsque la goutte d’eau a fait déborder un vase déjà bien trop rempli et instable. Il m’a brisé pendant toutes ces années, la prison a achevé de réduire à néant tout ce qu’il y avait de bon en moi. Morceau après morceau, chaque prisonnier s’en est donné à cœur joie. Nécessaire ? Je crois bien que ça l’était, au moins pour renaitre de mes cendres. L’homme que je suis devenu n’est plus totalement le même, il reste du bon en lui, j’ai juste pris l’habitude de le dissimuler. Règle numéro un, petit : ne jamais ô grand jamais rester à découvert. Je n’oublierais jamais ces règles qui m’ont permis de survivre en prison lorsque mon monde s’est écroulé, lorsque j’ai décidé de rendre les coups après une agression à la lame de trop, après avoir été le vide-couilles de tous ces fils de pute qui crèveront en prison. Inspirer la peur avant l’empathie, règle essentielle pour survivre en milieu hostile. Tu es libre maintenant, plus besoin d’appliquer ces règles, tu es en sécurité. Je ne me suis pourtant jamais senti autant en danger que depuis que l’on m’a libéré. Difficile de croire que j’étais mieux en prison. L’étais-je vraiment ?
« Tu vas bouger ta caisse enculé ?! » Poète, la conductrice du bus m’arrache à mes songes, à mes appréhensions et me permet de réaliser que je suis arrivé à destination. Parfait, un petit coup d’œil à ma montre et je m’élance, prêt à rejoindre celle pour qui je serais prêt à retourner en prison à vie. Je suis en avance, difficile à croire et pourtant, surement parce que la conductrice était carrément badass. Qui aurait envie de mollir avec une femme de sa trempe derrière les fesses ? A peine le temps de retirer mes chaussures, de m’humecter les lèvres et d’apprécier cette odeur singulière qu’une petite voix raisonne et fait immédiatement s’étirer mes lèvres. « Hey chaton ! » J’sais pas pourquoi, je n’ai jamais vraiment appelé Nina par son prénom, elle a toujours été mon chaton. Elle ne grandira jamais à mes yeux, toujours cette petite fille timide et apeurée devant laquelle je me jetais pour encaisser à sa place lorsque notre père perdait les pédales. « Oh que non, je viens juste d’arriver, je pensais être en retard ! » Mon bras remonte le long de son dos pour la rapprocher de moi. Nous avons passé tellement de temps l’un loin de l’autre. « T’as faim ? Matz m’a donné un coup de main, on a préparé un pique-nique, en attendant le coucher du soleil. » Pour l’heure, j’ai envie de profiter des dernières dizaines de minutes qu’offre le soleil pour piquer une tête. Oh et… Ais-je mentionné que Nina m’accompagnera, qu’elle le veuille ou non ? J’ai pris soin de retirer mon t-shirt pour ne plus rester qu’en short. Je suis toujours gêné lorsque je fais tomber les vêtements, c’est la première fois devant Nina… Pourvu qu’elle ne remarque pas les dizaines de cicatrices dispersées ça et là partout sur mon torse, d’autres recouvrant certaines parties de mon dos. De petites lignes boursouflées, la faute à des soins beaucoup trop limités, surtout quand t’es agressé par des taulards avec des lames de rasoir et que tu décides de taire tes mésaventures pour ne pas t’attirer d’ennuis. Quoi de mieux qu’une bonne diversion pour l’empêcher de trop laisser ses yeux divaguer sur mon corps ? Je l’attrape par les cuisses, la soulève comme un sac à patates et m’élance comme une furie en direction de l’eau. « Parait qu’elle est fraiche ! » Je confirme qu’elle l’est au moment où les vagues me font perdre l’équilibre et entrainer ma petite sœur avec moi dans ma chute.
@Nina Singleton
(c) DΛNDELION
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graham & nina
Dans sa joie immense de le retrouver enfin, résidait un arrière-goût d'appréhension. Cette fameuse sensation, elle l'avait bel et bien identifiée mais l'idée même de le reconnaître la couvrait de honte. En soi, il n'y avait rien à redouter. Mais c'est qu'elle en a gros, Nina, ces derniers temps. Alors elle évacue. Happée par la folie de ses débuts à l'UCLA, elle se tue à la danse depuis qu'elle s'est donnée les moyens de suivre des cours dignes de ce nom. Et puis il y a sa volonté de se réduire à courber l'échine et d'encaisser les heures en plus pour arrondir les fins de mois pour des boss ingrats. Le rythme est intense, elle s'impose les cernes en bas des yeux. Comme si elle prenait peur que du jour au lendemain, tous ses rêves auxquels elle commence à donner un semblant de consistance lui glissent entre les doigts. Les remords continuent à la hanter, pénètrent sa peau comme de l'encre indélébile. Elle gratte jusqu'à la réduire à sang, mais les traces demeurent. Pire, elles s'étalent et prennent davantage de place. Plus que tout, elle se sent sale. Terriblement. Elle se lave, re-lave les mains et le corps pour faire disparaître les clients improvisés. Quoi qu'elle puisse faire en temps normal pour sauver les apparences, quand il s'agit de son frère, elle se sent complètement désemparée. Parce qu'elle n'a jamais rien eu à lui cacher, et que c'est la première fois qu'un non-dit lui pèse autant. Un, parmi beaucoup d'autres. En somme, ce qu'il a manqué pendant toutes ces années, et ça en fait un sacré paquet.
Hey chaton! Ce surnom l'aurait presque faite tiquer. Il n'était pas sorti de la bouche de quiconque depuis un bon bout de temps. Et pour cause, il n'y avait jamais eu que lui, pour l'appeler de la sorte. Elle se voit ramenée des années en arrière, gamine qu'elle se reconnaît à peine avoir un jour été. Oh que non, je viens juste d’arriver, je pensais être en retard! Ils se sont vus changés par les évènements, comme n'importe quel gosse l'aurait été. Ils en ont conscience, autant l'un que l'autre. Peu de choses lui échappent et elle remarque d'ailleurs sans s'attarder dans les détails, que son corps en a sévèrement pâti. Mais immédiatement, son contact l'enveloppe dans une bulle de douceur, et dieu que ça lui fait du bien. Elle oublie tout le reste qui la préoccupait tant avant son arrivée. Ils se retrouvent là, comme si rien d'autre avant n'avait existé. C'est un peu comme si le temps s'était arrêté et que simplement, ils reprennent ici. Pour Graham, ça a toujours été plus simple de concilier, dissimuler, alors qu'elle n'a été capable de le faire qu'en se réfugiant dans un silence pathologique, et ce pendant des années avant qu'il ne se voient séparés. A ses yeux, il est la force incarnée, et c'est une des raisons pour lesquelles elle l'admire profondément. T’as faim? Matz m’a donné un coup de main, on a préparé un pique-nique, en attendant le coucher du soleil. A l'entendre, elle ne peut qu'en sourire. “T'es vraiment tombé sur un type bien.” Elle le pense sincèrement, elle fait surtout référence à tout ce qu'il a pu faire, pour lui comme pour elle. “Tu sais que je vais finir par croire qu'il se dévoue par amour pour toi?”, elle ne peut s'empêcher d'ajouter, un brin moqueuse et les yeux rieurs.
La tranquillité n'est que de courte durée lorsqu'il la saisit sans aucun mal et court à une vitesse folle en direction de la plage. Parait qu’elle est fraîche! Le temps de lui arracher un cri de surprise, une vague les engloutit et elle atterrit la tête la première dans l'eau, effectivement glacée. La tête hors de l'eau, elle voit Graham remonter à la surface quelques secondes après elle, les cheveux devant les yeux. Elle ne se contient pas plus longtemps et se met à rire à gorge déployée, l'éclabousse et lui lance dans un air faussement accusateur: “Super t'es fier de toi, on va se retrouver tous les deux avec la crève!” Ses yeux se posent sur une balise qui les séparent de quelques mètres, et reviennent sur Graham, esquissant un sourire de défi. “Pour la peine... si j'arrive là-bas avant toi, jte pique ta part!” Aussitôt elle s'élance, et lui lance au passage: “Et me laisse pas gagner, cette fois!” C'était dans ses habitudes, par le passé, dans le seul et unique de faire plaisir à sa petite sœur avec tout l'altruisme dont il fait preuve.
Hey chaton! Ce surnom l'aurait presque faite tiquer. Il n'était pas sorti de la bouche de quiconque depuis un bon bout de temps. Et pour cause, il n'y avait jamais eu que lui, pour l'appeler de la sorte. Elle se voit ramenée des années en arrière, gamine qu'elle se reconnaît à peine avoir un jour été. Oh que non, je viens juste d’arriver, je pensais être en retard! Ils se sont vus changés par les évènements, comme n'importe quel gosse l'aurait été. Ils en ont conscience, autant l'un que l'autre. Peu de choses lui échappent et elle remarque d'ailleurs sans s'attarder dans les détails, que son corps en a sévèrement pâti. Mais immédiatement, son contact l'enveloppe dans une bulle de douceur, et dieu que ça lui fait du bien. Elle oublie tout le reste qui la préoccupait tant avant son arrivée. Ils se retrouvent là, comme si rien d'autre avant n'avait existé. C'est un peu comme si le temps s'était arrêté et que simplement, ils reprennent ici. Pour Graham, ça a toujours été plus simple de concilier, dissimuler, alors qu'elle n'a été capable de le faire qu'en se réfugiant dans un silence pathologique, et ce pendant des années avant qu'il ne se voient séparés. A ses yeux, il est la force incarnée, et c'est une des raisons pour lesquelles elle l'admire profondément. T’as faim? Matz m’a donné un coup de main, on a préparé un pique-nique, en attendant le coucher du soleil. A l'entendre, elle ne peut qu'en sourire. “T'es vraiment tombé sur un type bien.” Elle le pense sincèrement, elle fait surtout référence à tout ce qu'il a pu faire, pour lui comme pour elle. “Tu sais que je vais finir par croire qu'il se dévoue par amour pour toi?”, elle ne peut s'empêcher d'ajouter, un brin moqueuse et les yeux rieurs.
La tranquillité n'est que de courte durée lorsqu'il la saisit sans aucun mal et court à une vitesse folle en direction de la plage. Parait qu’elle est fraîche! Le temps de lui arracher un cri de surprise, une vague les engloutit et elle atterrit la tête la première dans l'eau, effectivement glacée. La tête hors de l'eau, elle voit Graham remonter à la surface quelques secondes après elle, les cheveux devant les yeux. Elle ne se contient pas plus longtemps et se met à rire à gorge déployée, l'éclabousse et lui lance dans un air faussement accusateur: “Super t'es fier de toi, on va se retrouver tous les deux avec la crève!” Ses yeux se posent sur une balise qui les séparent de quelques mètres, et reviennent sur Graham, esquissant un sourire de défi. “Pour la peine... si j'arrive là-bas avant toi, jte pique ta part!” Aussitôt elle s'élance, et lui lance au passage: “Et me laisse pas gagner, cette fois!” C'était dans ses habitudes, par le passé, dans le seul et unique de faire plaisir à sa petite sœur avec tout l'altruisme dont il fait preuve.
Made by Neon Demon
@graham b. singleton
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and I can't wait to start again
Graham & Nina
« All parents damage their children. It cannot be helped. Youth, like pristine glass, absorbs the prints of its handlers. Some parents smudge, others crack, a few shatter childhoods completely into jagged little pieces, beyond repair. »
A quelques secondes d’abandonner ce bus qui m’a permis de parcourir en un temps plus ou moins long les kilomètres qui me séparaient de ma petite sœur, je suis pris d’une légère crise d’angoisse. J’ai tellement peur de devoir me rendre à l’évidence en étant confronté à un regard qui trahirait la déception, le dégoût, la peur ? Mon pire cauchemar ne se résume plus à passer le restant de mes jours en prison. Je suis déjà passé par là et j’ai survécu. J’en suis ressorti abimé, fragilisé, mais indemne. Je crains plus que tout au monde de me rendre compte que ma sœur a fini par adopter le même point de vue, ce même regard plein de haine et de violence, sur ma personne que notre propre mère. J’ai accueilli ses remarques le dernier jour où elle m’a rendu visite en prison comme une trahison, comme un énorme coup de couteau enfoncé profondément dans ma chair. Elle s’est détournée de moi, elle a choisi d’abandonner la bataille, de ne pas avoir pitié de sa propre chair pour témoigner contre moi lors d’un procès qui m’a déchiré et qui continue de me hanter aujourd’hui. Je n’ai jamais compris, je ne comprendrais probablement jamais, comment une mère peut choisir d’aller à l’encontre de son propre fils pour défendre un homme qui a passé des soirées et des soirées pendant un nombre inestimable d’années à lui cogner sur la tronche. Combien de fois me suis-je interposé pour prendre les coups à sa place ? Combien de fois ais-je atterri aux urgences et été obligé de mentir pour protéger notre famille toute entière, pour ne pas offrir aux services sociaux un espace dans lequel s’engouffrer pour intervenir. N'était-ce pas suffisamment grave pour la faire réagir ? Je craignais que Nina et moi soyons séparés, je ne voulais pas me résoudre à reconnaitre que notre famille était digne de celle d’un film d’épouvante, imparfaite et létale, respirant la haine et la crainte. Ce jour-là, lorsque la lame du couteau s’est détournée de ma peau pour venir s’enfoncer dans la chair de cette personne que tout le monde ne cesse d’appeler mon père… Ce soir-là, j’aurais pu y rester. J’ai pris un mauvais coup, le couteau s’est enfoncé à deux reprises dans mon bras et pourtant j’ai survécu… Je suis un putain de survivant, j’ai affronté l’enfer sous ses formes les plus variées. Le diable, toujours plus imaginatif, aurait-il encore un plan diabolique à mettre en œuvre ? Je ne parviens pas à apprécier ma liberté, je suis constamment handicapé par ce sentiment de devoir me préparer pour la suite. Comment ne pas être dans l’expectative après tout cela ? Nina pourrait m’apporter le coup fatal. Même en prison, j’ai tout mis en œuvre pour que mes amis gardent un œil sur elle, pour qu’ils prennent la relève sur moi, pour qu’ils protègent cet ange que j’avais tenté de détourner de toute cette salissure que notre père faisait s’abattre sur nous. Difficile de savoir si j’ai réussi à accomplir tout cela, loin de toute forme de civilisation. Je me suis battu pour elle, pour cette sœur qui espérait me serrer dans ses bras à nouveau. Abandonner n’était pas une option, je n’ai jamais considéré baisser les bras, ç’aurait signifié sacrifier Nina et j’en étais tout bonnement incapable. J’en suis incapable !
Par chance, le fait de me retrouver à nouveau face à ma petite sœur fait disparaitre quasi instantanément toutes mes appréhensions. J’oublie toutes mes craintes, tout ce qui me poussait à avoir l’estomac si noué. Tout ce que je veux à présent, c’est profiter de cette personne pour qui je serais prêt à tout, … Le danger se trouve-t-il ici ? Je n’hésiterais pas une seule seconde à me remettre dans une situation illégale ou dangereuse pour la protéger, je n’aurais même pas à y réfléchir, je foncerais tête baissée et j’ai conscience que cela pourrait mener à ma perte. Je l’assume totalement, je préfère être sacrifié pour le bien-être de mes proches plutôt que de prétendre ne rien pouvoir faire par excès de raison. Son corps contre le mien, mes bras protecteurs autour de sa peau, le doux parfum de son après-shampoing… Tout chez elle m’a terriblement manqué. Sa présence me permet de retrouver tout ce qui m’a manqué ces cinq dernières années, avec elle je suis complet, à nouveau moi-même. J’affiche avec fierté le fruit de nos travaux à @Matz Norton et à moi. Nous avons fait fort… Bon… Je dois admettre que Matz a nettement plus travaillé que moi sur ce pique-nique, je l’ai plus regardé faire en l’embêtant qu’autre chose. J’suis sûr qu’il a encore du ketchup plein les cheveux à cet instant. Il a perdu cette bataille de sauce mais je sais qu’il reviendra plus fort que jamais pour me botter les fesses. « C’est une perle… Sans lui… » Je me mords la lèvre pour m’empêcher d’aller plus loin dans mes paroles. Je ne peux pas lui avouer tout haut que sans lui… Sans cette épaule puissante sur laquelle me reposer, je n’aurais probablement pas pu m’en sortir lorsque tout a dégénéré à la prison. Il est le seul détenteur de mes secrets, il est au courant de ce par quoi je suis passé là-bas. Toutes ces choses, je veux les tenir loin de Nina, je lui ai fait promettre de ne jamais rien révéler de mes actions, de tout ce que j’ai vécu là-bas… Il a promis, il a tenu sa promesse. Sa remarque me fait pouffer de rire. « Au moins tout ça ! » Et s’il était vraiment amoureux de moi ? Vous imaginez la situation ? Je ne sais même pas comment je réagirai. Il a tellement été présent pour moi que j’aurais forcément besoin de temps pour me faire à l’idée, pour envisager des sentiments à mon tour. Qui sait, on ne se rend parfois pas compte de ce que l’on peut ressentir pour quelqu’un d’autre. Nous n’en sommes pas là, au contraire, Nina me taquine juste après tout. « Attention à ne pas me piquer mon mec hein, on ne se la joue pas soap opéra ! » Je la charrie à mon tour, persuadé depuis que j’ai pu la retrouver qu’elle a le béguin pour lui. Pourquoi pas après tout ? J’peux trouver au moins cent mille éléments qui justifieraient une telle attraction envers Matz.
Trêve de plaisanteries, je l’attrape et lui offre un petit rafraichissement made in sea. Je ne tarde pas à la rejoindre sous l’eau, trempé à mon tour et ne peut que remarquer que… Whololo. « Okay c’est vraiment froid… J’crois que j'ai rétréci de partout ! » Avec Nina, ça a toujours fonctionné comme ça. Aucun sujet tabou, à l’époque nous parlions de tout. Je me suis chargé de parfaire son éducation lorsqu’elle a commencé à poser des questions et lorsque je me suis rendu compte que des garçons se retournaient sur elle. J’ai été cette oreille attentive et ultra-protectrice qui a fait le tri autour d’elle pour éviter qu’elle ne tombe sur des abrutis. Sur un mauvais garçon en particulier. Avoir été si loin pendant cinq ans, ça m’a rendu malade. J’ai l’impression d’avoir échoué, de ne pas avoir été le grand-frère que j’aurais dû être, de ne pas avoir pu veiller sur elle comme j'aurais du le faire. Elle me propose une course jusqu’à la bouée, quelques mètres plus loin. Why not. « Attends… Tu sais que si j’étais un animal j’serais certainement pas un Xérus mais plutôt probablement le guépard des mers ? » Yes sir, un guépard des mers... Quoi, un guépard des mers ça n’existe pas, même dans les Zoos ? Un requin alors… Un truc qui va vite sous l’eau quoi… N’oublions pas que j’étais voué à une carrière professionnelle en natation avant… Avant tout ça. « Prête ? » Je n’attends pas plus longtemps et m’élance, prêt à tout donner pour rejoindre la bouée en premier.
@Nina Singleton (j'suis parti un peu dans tous les sens, désolé, surtout pour le challenge alphabet. )
Par chance, le fait de me retrouver à nouveau face à ma petite sœur fait disparaitre quasi instantanément toutes mes appréhensions. J’oublie toutes mes craintes, tout ce qui me poussait à avoir l’estomac si noué. Tout ce que je veux à présent, c’est profiter de cette personne pour qui je serais prêt à tout, … Le danger se trouve-t-il ici ? Je n’hésiterais pas une seule seconde à me remettre dans une situation illégale ou dangereuse pour la protéger, je n’aurais même pas à y réfléchir, je foncerais tête baissée et j’ai conscience que cela pourrait mener à ma perte. Je l’assume totalement, je préfère être sacrifié pour le bien-être de mes proches plutôt que de prétendre ne rien pouvoir faire par excès de raison. Son corps contre le mien, mes bras protecteurs autour de sa peau, le doux parfum de son après-shampoing… Tout chez elle m’a terriblement manqué. Sa présence me permet de retrouver tout ce qui m’a manqué ces cinq dernières années, avec elle je suis complet, à nouveau moi-même. J’affiche avec fierté le fruit de nos travaux à @Matz Norton et à moi. Nous avons fait fort… Bon… Je dois admettre que Matz a nettement plus travaillé que moi sur ce pique-nique, je l’ai plus regardé faire en l’embêtant qu’autre chose. J’suis sûr qu’il a encore du ketchup plein les cheveux à cet instant. Il a perdu cette bataille de sauce mais je sais qu’il reviendra plus fort que jamais pour me botter les fesses. « C’est une perle… Sans lui… » Je me mords la lèvre pour m’empêcher d’aller plus loin dans mes paroles. Je ne peux pas lui avouer tout haut que sans lui… Sans cette épaule puissante sur laquelle me reposer, je n’aurais probablement pas pu m’en sortir lorsque tout a dégénéré à la prison. Il est le seul détenteur de mes secrets, il est au courant de ce par quoi je suis passé là-bas. Toutes ces choses, je veux les tenir loin de Nina, je lui ai fait promettre de ne jamais rien révéler de mes actions, de tout ce que j’ai vécu là-bas… Il a promis, il a tenu sa promesse. Sa remarque me fait pouffer de rire. « Au moins tout ça ! » Et s’il était vraiment amoureux de moi ? Vous imaginez la situation ? Je ne sais même pas comment je réagirai. Il a tellement été présent pour moi que j’aurais forcément besoin de temps pour me faire à l’idée, pour envisager des sentiments à mon tour. Qui sait, on ne se rend parfois pas compte de ce que l’on peut ressentir pour quelqu’un d’autre. Nous n’en sommes pas là, au contraire, Nina me taquine juste après tout. « Attention à ne pas me piquer mon mec hein, on ne se la joue pas soap opéra ! » Je la charrie à mon tour, persuadé depuis que j’ai pu la retrouver qu’elle a le béguin pour lui. Pourquoi pas après tout ? J’peux trouver au moins cent mille éléments qui justifieraient une telle attraction envers Matz.
Trêve de plaisanteries, je l’attrape et lui offre un petit rafraichissement made in sea. Je ne tarde pas à la rejoindre sous l’eau, trempé à mon tour et ne peut que remarquer que… Whololo. « Okay c’est vraiment froid… J’crois que j'ai rétréci de partout ! » Avec Nina, ça a toujours fonctionné comme ça. Aucun sujet tabou, à l’époque nous parlions de tout. Je me suis chargé de parfaire son éducation lorsqu’elle a commencé à poser des questions et lorsque je me suis rendu compte que des garçons se retournaient sur elle. J’ai été cette oreille attentive et ultra-protectrice qui a fait le tri autour d’elle pour éviter qu’elle ne tombe sur des abrutis. Sur un mauvais garçon en particulier. Avoir été si loin pendant cinq ans, ça m’a rendu malade. J’ai l’impression d’avoir échoué, de ne pas avoir été le grand-frère que j’aurais dû être, de ne pas avoir pu veiller sur elle comme j'aurais du le faire. Elle me propose une course jusqu’à la bouée, quelques mètres plus loin. Why not. « Attends… Tu sais que si j’étais un animal j’serais certainement pas un Xérus mais plutôt probablement le guépard des mers ? » Yes sir, un guépard des mers... Quoi, un guépard des mers ça n’existe pas, même dans les Zoos ? Un requin alors… Un truc qui va vite sous l’eau quoi… N’oublions pas que j’étais voué à une carrière professionnelle en natation avant… Avant tout ça. « Prête ? » Je n’attends pas plus longtemps et m’élance, prêt à tout donner pour rejoindre la bouée en premier.
@Nina Singleton (j'suis parti un peu dans tous les sens, désolé, surtout pour le challenge alphabet. )
(c) DΛNDELION
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and i can't wait to start again
graham & nina
C'est bête, mais c'est comme si cette sensation lui revenait après tout ce temps passé. Le goût retrouvé, bien familier, de tous ces moments de complicité qui avaient fini par se noyer avec elle dans les abysses. Si bien qu'elle n'avait pu faire autrement que laisser son esprit embrumé faire abstraction de tout ce qui aurait pu faire tampon et lui donner la force d'y croire. Vas t'en trouver, de l'espoir, cherche bien, lorsqu'on te condamne à te mouvoir dans le vide, à des dialogues de sourds avec une hystérique qui se perdent inévitablement dans des cris. A une haine à l'encontre de celle qu'il lui est bien difficile d'appeler sa mère sans être prise de dégoût. Du moins, c'est ce qui surplombe le reste de ses sentiments, pot pourri de contradictions qui la rendent profondément mitigée et ce de plus en plus, depuis qu'elles se sont laissées. Elle y pense sans arrêt, la grande fille qui voulait à tout prix se tirer de cette situation toxique et qui était censée s'en sentir soulagée. La rancœur est profonde et persiste pourtant, quand elle pense à ce qui est avéré. Elle a perdu les pédales, et a visiblement trouvé judicieux de diviser ses enfants, en reniant le premier et se déchirant avec le second. Par lâcheté, et probablement, une bonne dose de désespoir. Alors, gamine, il n'y avait plus de quoi relativiser, de quoi se dire, ça ira. Tant que lui, était là. Non juste, le chaos le plus complet qui soit. Cinq ans, ça n'avait pas arrêté de résonner à ses oreilles comme une éternité. De quoi se marteler l'esprit à coup de pessimisme.
C'était lui, Graham, la cause du vide qui s'est créé en elle. L'absence du père, lui est apparue comme une délivrance. Sa mort, brutale certes, a peut-être finalement été bénéfique. Il n'était devenu ni plus ni moins qu'une bombe à retardement prête à faire sauter la famille aux milles brisures qu'était celle des Singleton. Une épée de Damoclès brandie au-dessus de leur tête à tous. Ce n'était qu'une question de temps, pour que tout finisse par se foutre en l'air. Si ça n'avait pas été ce moment-là, c'en aurait simplement été un autre. Impossible de s'imaginer, comment la situation aurait pu s'arranger sans faire de casse. Elle n'a pas le souvenir, d'avoir pleuré pour lui, si ce n'est pour ce qu'il a laissé dans son sillage. Logique, lorsqu'elle n'a plus su trouver de figure paternelle dans la violence de ses mots et de ses gestes. Sa mort, elle ne l'a jamais vraiment déplorée. Dans un processus d'autodéfense, elle se l'est interdit et s'en est détachée comme elle l'a pu. Alors elle se targue à oublier le fait, qu'elle tient de lui la couleur ébène de ses cheveux, qu'on pourrait lui trouver un air dans l'intensité de son regard. Qu'en témoignent de vieilles photos jaunies par les années, toute gamine elle avait été heureuse dans ses bras. Qu'il avait su il fut un temps, aimer comme il se doit ses enfants. Elle entasse tout ça dans un coin de sa tête, et ne trouve rien de mieux que d'en faire des déchets qui pourrissent, qui forment une pile malodorante en polluant ses souvenirs. Nina, elle n'en a jamais vraiment fait une force, de toutes ces choses qui s'égarent dans son esprit. Ce don-là, il est pour son frère qu'elle ne sait qu'admirer. Admirer, oui, en dépit de l'idéaliser et de le penser infaillible. Et c'est égoïste, dans l'fond, de se dire ça. Dans une envie de préserver le semblant de confort dans lequel elle se reposait à ses côtés et qu'on lui a arraché pendant si longtemps, ne pas admettre qu'il n'est en aucun cas à l'abri de ciller ou pire, de finir par se jeter du gouffre. Qu'il a lui aussi ses secrets. Et qu'il se pourrait qu'il ne demeure pas toujours près d'elle, comme c'est déjà arrivé. Elle n'ose se l'imaginer. Pourtant, il en aurait, des raisons. Des tas, même. Mais non, impossible. Si il venait à sombrer lui aussi, alors à quoi bon? Ça n'aurait plus aucun sens, pas vrai?
Ça l'amuse, cette petite course improvisée, même si elle est réaliste à l'idée qu'elle ne fait clairement pas le poids contre lui. Elle en est même, parfaitement consciente. Il est comme un poisson dans l'eau, il a toujours battu tous les records. Chacun son domaine, après tout. Elle a la danse et lui, la natation. Sans aucune surprise, il rejoint la bouée avant elle et alors qu'une distance les sépare de quelques mètres, elle se résout à la défaite. “Ok, c'est bon, t'as gagné. J'en peux plus.” Alors que lui, n'a pas l'air essoufflé pour le moins du monde. Elle jette un œil au ciel, qui commence à s'assombrir et se couvrir d'un voile orangé. “Viens, à ce rythme, on va manquer le coucher du soleil.” Une fois extirpée de l'eau, sa longue chevelure imbibée lui tire un peu sur le crâne, et c'est là qu'elle regrette presque de ne pas les avoir laissés emprisonnés dans le chignon qu'elle portait quelques heures plus tôt. Elle les essore d'un coup sec mais efficace. Sans grande délicatesse, elle n'a jamais vraiment été de celles qui sacralisent ce qu'elles ont sur la tête. Leur petite baignade lui a ouvert l'appétit, et lorsqu'ils regagnent leur emplacement son estomac fait des siennes et vient le confirmer. “En ce qui concerne ta récompense... Tu gagnes le droit, que dis-je, le privilège, de m'en dire plus sur ce que vous avez préparé.”
C'était lui, Graham, la cause du vide qui s'est créé en elle. L'absence du père, lui est apparue comme une délivrance. Sa mort, brutale certes, a peut-être finalement été bénéfique. Il n'était devenu ni plus ni moins qu'une bombe à retardement prête à faire sauter la famille aux milles brisures qu'était celle des Singleton. Une épée de Damoclès brandie au-dessus de leur tête à tous. Ce n'était qu'une question de temps, pour que tout finisse par se foutre en l'air. Si ça n'avait pas été ce moment-là, c'en aurait simplement été un autre. Impossible de s'imaginer, comment la situation aurait pu s'arranger sans faire de casse. Elle n'a pas le souvenir, d'avoir pleuré pour lui, si ce n'est pour ce qu'il a laissé dans son sillage. Logique, lorsqu'elle n'a plus su trouver de figure paternelle dans la violence de ses mots et de ses gestes. Sa mort, elle ne l'a jamais vraiment déplorée. Dans un processus d'autodéfense, elle se l'est interdit et s'en est détachée comme elle l'a pu. Alors elle se targue à oublier le fait, qu'elle tient de lui la couleur ébène de ses cheveux, qu'on pourrait lui trouver un air dans l'intensité de son regard. Qu'en témoignent de vieilles photos jaunies par les années, toute gamine elle avait été heureuse dans ses bras. Qu'il avait su il fut un temps, aimer comme il se doit ses enfants. Elle entasse tout ça dans un coin de sa tête, et ne trouve rien de mieux que d'en faire des déchets qui pourrissent, qui forment une pile malodorante en polluant ses souvenirs. Nina, elle n'en a jamais vraiment fait une force, de toutes ces choses qui s'égarent dans son esprit. Ce don-là, il est pour son frère qu'elle ne sait qu'admirer. Admirer, oui, en dépit de l'idéaliser et de le penser infaillible. Et c'est égoïste, dans l'fond, de se dire ça. Dans une envie de préserver le semblant de confort dans lequel elle se reposait à ses côtés et qu'on lui a arraché pendant si longtemps, ne pas admettre qu'il n'est en aucun cas à l'abri de ciller ou pire, de finir par se jeter du gouffre. Qu'il a lui aussi ses secrets. Et qu'il se pourrait qu'il ne demeure pas toujours près d'elle, comme c'est déjà arrivé. Elle n'ose se l'imaginer. Pourtant, il en aurait, des raisons. Des tas, même. Mais non, impossible. Si il venait à sombrer lui aussi, alors à quoi bon? Ça n'aurait plus aucun sens, pas vrai?
Ça l'amuse, cette petite course improvisée, même si elle est réaliste à l'idée qu'elle ne fait clairement pas le poids contre lui. Elle en est même, parfaitement consciente. Il est comme un poisson dans l'eau, il a toujours battu tous les records. Chacun son domaine, après tout. Elle a la danse et lui, la natation. Sans aucune surprise, il rejoint la bouée avant elle et alors qu'une distance les sépare de quelques mètres, elle se résout à la défaite. “Ok, c'est bon, t'as gagné. J'en peux plus.” Alors que lui, n'a pas l'air essoufflé pour le moins du monde. Elle jette un œil au ciel, qui commence à s'assombrir et se couvrir d'un voile orangé. “Viens, à ce rythme, on va manquer le coucher du soleil.” Une fois extirpée de l'eau, sa longue chevelure imbibée lui tire un peu sur le crâne, et c'est là qu'elle regrette presque de ne pas les avoir laissés emprisonnés dans le chignon qu'elle portait quelques heures plus tôt. Elle les essore d'un coup sec mais efficace. Sans grande délicatesse, elle n'a jamais vraiment été de celles qui sacralisent ce qu'elles ont sur la tête. Leur petite baignade lui a ouvert l'appétit, et lorsqu'ils regagnent leur emplacement son estomac fait des siennes et vient le confirmer. “En ce qui concerne ta récompense... Tu gagnes le droit, que dis-je, le privilège, de m'en dire plus sur ce que vous avez préparé.”
Made by Neon Demon
@graham b. singleton
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graham & nina
Lorsqu’il est question de ma petite sœur, de cet être pour qui je serais prêt à endurer les douze travaux d’Hercule, à traverser l’enfer pour me frotter à Lucifer en personne, pour laquelle je n’aurais pas besoin de plus d’une demi-seconde avant d’accepter de m’élancer de la plus haute tour, du plus haut sommet de montage qui puisse exister. Lorsqu’il est question de cette jeune fille que je me suis promis de toujours protéger envers et contre tous, toutes les insécurités resurgissent. Je n’ai très certainement plus besoin de mettre des mots sur ce torrent de haine que je pourrais déverser si quelqu’un osait, ne serait-ce que, lui effleurer un peu trop violemment une mèche de cheveux. Les actes ont largement pris le dessus sur toutes les menaces du monde, il y a fort à parier que tout le monde se méfie instantanément du mec qui a été capable, à l’adolescence, de se battre avec son père, de le poignarder et de le défenestrer. Vous voulez savoir ce qui est le plus ironiquement amusant à ce sujet ? Tout le monde finira par oublier les petites mentions accompagnant un tel constat, le magnifique par accident, en légitime défense qui permet de mieux faire passer la pilule et de ne pas renvoyer une image monstrueuse de ma personne. Lorsque l’on prononce mon prénom, lorsque l’on se réfère à mon passé, croyez-moi que personne ne semble suffisamment solide pour s’estimer assez fou afin de me faire du rentre-dedans. C’est sécurisant et effrayant à la fois, parce que le jour où quelqu’un viendra mettre un terme à cette affirmation, je n’aurais aucune autre arme que ma surprise pour me venir en aide.
Je suis cette sorte de paria que personne ne sait trop comment gérer, un être à part entière, entre deux mondes. Trop bon pour finir en Enfer et obtenir la peine capitale, trop mauvais pour être admis au Paradis et inspirer l’attachement dès le premier coup d’œil. Il est pourtant vrai que l’on me donnerait le Bon Dieu sans confessions, un regard ténébreux, un sourire plein de vie, cette lampée de mystère qui enrobe le tout et une ribambelle de bonnes intentions pour rendre les autres heureux. Je ne suis pas une mauvaise personne, je paie pour mes actes les plus extrêmes, ceux qui seront toujours là, à me coller à la peau, et qui finiront probablement par prendre le dessus sur tout le reste. A moins que… Mentir ? Ruser pour ne plus jamais avoir à mentionner tout ceci ? J’y ai déjà pensé, des tonnes de fois à vrai dire, mais cette option demeure beaucoup trop casse-gueule à mon goût, elle met en péril l’une de mes valeurs les plus essentielles : l’honnêteté. Tout le monde à le droit de savoir et de réagir en conséquence. Au piège, je suis pris au piège et toujours aussi paniqué à l’idée que ma sœur puisse changer d’opinion à mon sujet. Pourrait-elle, tôt ou tard, me prendre pour un monstre, comme tous les autres ? Comme notre propre mère avant elle ? J’en perds le souffle, pétrifié à l’idée qu’un tel cas de figure puisse un jour se présenter à moi. Je n’y survivrai pas.
Dieu merci, tout s’efface à l’instant ou nos yeux se retrouvent, dès lors que sa peau vient apprivoiser la mienne et que nos cœurs se trouvent à nouveau rassemblés. C’est dingue, ce que le corps humain peut te faire subir. Passer d’une émotion à une autre sans jamais être capable de le voir venir. Elle me comble instantanément de bonheur, pour ses beaux yeux, je pourrais retourner en prison un nombre incalculable d’années, tout ce qui me serait nécessaire à la rendre heureuse, souriante comme elle l’est cet après-midi. Entre nous, ça n’a jamais vraiment été bizarre, contrairement à ce que je craignais. Tout le monde me disait que nous n’aurions rien à nous dire à ma sortie de prison mais aucun d’entre eux ne pouvait se targuer de suffisamment nous connaitre. Il n’y a que Matz qui aurait pu me faire douter, mais il a toujours su me rassurer et agir avec bienveillance nous concernant. Sans lui… Je n’ose même pas songer à une réalité alternative où Matz n’aurait pas été là pour nous permettre de garder contact malgré les attaques pleines de fourberies de notre mère.
Je pète le feu en sa compagnie, je suis surexcité et me lance dans une stupide course jusqu’à la bouée disposée quelques dizaines de mètres plus loin. De quoi oublier ces moments, dans notre jeunesse, où j’hésitais constamment à m’éloigner du bord par peur de tomber sur un très gros requin qui voudrait m’engloutir tout cru. J’ai toujours cette appréhension pour ce que je ne peux pas voir, sous tous ces litres d’eau, qui sait ce qui se terre en attendant de refaire surface après tout. Pour l’heure, je suis bien trop accaparé ailleurs, à vouloir faire mordre la poussière à mon chaton, et je ne m’en sors d’ailleurs pas trop mal. Je n’ai pas perdu de ma superbe en prison, ce n’est pourtant pas les heures de natation que j’ai eu l’occasion d’enchainer là-bas qui m’ont aidé à m’améliorer. Pourquoi ? Parce qu’elles n’existent pas. Aucune piscine, aucun complexe nautique… Rien du tout, à peine de quoi se livrer à de la musculation. C’est probablement ce qui a le plus surpris ma sœur, moi qui était si frêle au moment de me retrouver derrière les barreaux, je suis ressorti de là-bas, cinq ans plus tard, avec quinze kilos de muscles en plus. Un changement de taille, une pratique rigoureuse qui m’aura permis dans les moments les plus sombres de survoler tous mes problèmes, d’éviter toutes les merdes liées à cette maudite prison… Je me suis investi, tête baissée, pour ne plus avoir à détourner le regard sur les horreurs du monde qui m’entourait.
Je remporte la victoire et, par la même occasion, le privilège de révéler à ma cadette ce que Matz et moi avons préparé. De quoi faire s’étirer mes lèvres en une moue complètement choquée et déçue. « C’est tout ce que je gagne ? Et ben si j’avais su ! » La drama queen est parmi nous jeunes gens, toujours plus. J’attrape la glacière, ouvre le socle pour libérer la tonne de petits plats que nous avons concocté, mon meilleur ami et moi. « Tu trouveras dans cette glacière, des morceaux de melon, une salade de saison, des petites pièces de jambon roulées avec du Boursin, une quiche… Tout ce qui pourrait te faire rêver, et cela… Sans même faire allusion à toutes les sucreries qui sont également au programme, dont tes préférées… Devine ! » Je n’ai pas oublié, espérons juste qu’elle soit toujours aussi dingue de ce qu’elle dégustait sans faim cinq ans en arrière. « Tiens, viens par-là, tu vas louper le coucher de soleil ! » Je nous trouve un endroit plus confortable au milieu de cette étendue de sable pour déposer nos deux serviettes et lui fait signe de me rejoindre, la main tapotant sa serviette de plage.
Je suis cette sorte de paria que personne ne sait trop comment gérer, un être à part entière, entre deux mondes. Trop bon pour finir en Enfer et obtenir la peine capitale, trop mauvais pour être admis au Paradis et inspirer l’attachement dès le premier coup d’œil. Il est pourtant vrai que l’on me donnerait le Bon Dieu sans confessions, un regard ténébreux, un sourire plein de vie, cette lampée de mystère qui enrobe le tout et une ribambelle de bonnes intentions pour rendre les autres heureux. Je ne suis pas une mauvaise personne, je paie pour mes actes les plus extrêmes, ceux qui seront toujours là, à me coller à la peau, et qui finiront probablement par prendre le dessus sur tout le reste. A moins que… Mentir ? Ruser pour ne plus jamais avoir à mentionner tout ceci ? J’y ai déjà pensé, des tonnes de fois à vrai dire, mais cette option demeure beaucoup trop casse-gueule à mon goût, elle met en péril l’une de mes valeurs les plus essentielles : l’honnêteté. Tout le monde à le droit de savoir et de réagir en conséquence. Au piège, je suis pris au piège et toujours aussi paniqué à l’idée que ma sœur puisse changer d’opinion à mon sujet. Pourrait-elle, tôt ou tard, me prendre pour un monstre, comme tous les autres ? Comme notre propre mère avant elle ? J’en perds le souffle, pétrifié à l’idée qu’un tel cas de figure puisse un jour se présenter à moi. Je n’y survivrai pas.
Dieu merci, tout s’efface à l’instant ou nos yeux se retrouvent, dès lors que sa peau vient apprivoiser la mienne et que nos cœurs se trouvent à nouveau rassemblés. C’est dingue, ce que le corps humain peut te faire subir. Passer d’une émotion à une autre sans jamais être capable de le voir venir. Elle me comble instantanément de bonheur, pour ses beaux yeux, je pourrais retourner en prison un nombre incalculable d’années, tout ce qui me serait nécessaire à la rendre heureuse, souriante comme elle l’est cet après-midi. Entre nous, ça n’a jamais vraiment été bizarre, contrairement à ce que je craignais. Tout le monde me disait que nous n’aurions rien à nous dire à ma sortie de prison mais aucun d’entre eux ne pouvait se targuer de suffisamment nous connaitre. Il n’y a que Matz qui aurait pu me faire douter, mais il a toujours su me rassurer et agir avec bienveillance nous concernant. Sans lui… Je n’ose même pas songer à une réalité alternative où Matz n’aurait pas été là pour nous permettre de garder contact malgré les attaques pleines de fourberies de notre mère.
Je pète le feu en sa compagnie, je suis surexcité et me lance dans une stupide course jusqu’à la bouée disposée quelques dizaines de mètres plus loin. De quoi oublier ces moments, dans notre jeunesse, où j’hésitais constamment à m’éloigner du bord par peur de tomber sur un très gros requin qui voudrait m’engloutir tout cru. J’ai toujours cette appréhension pour ce que je ne peux pas voir, sous tous ces litres d’eau, qui sait ce qui se terre en attendant de refaire surface après tout. Pour l’heure, je suis bien trop accaparé ailleurs, à vouloir faire mordre la poussière à mon chaton, et je ne m’en sors d’ailleurs pas trop mal. Je n’ai pas perdu de ma superbe en prison, ce n’est pourtant pas les heures de natation que j’ai eu l’occasion d’enchainer là-bas qui m’ont aidé à m’améliorer. Pourquoi ? Parce qu’elles n’existent pas. Aucune piscine, aucun complexe nautique… Rien du tout, à peine de quoi se livrer à de la musculation. C’est probablement ce qui a le plus surpris ma sœur, moi qui était si frêle au moment de me retrouver derrière les barreaux, je suis ressorti de là-bas, cinq ans plus tard, avec quinze kilos de muscles en plus. Un changement de taille, une pratique rigoureuse qui m’aura permis dans les moments les plus sombres de survoler tous mes problèmes, d’éviter toutes les merdes liées à cette maudite prison… Je me suis investi, tête baissée, pour ne plus avoir à détourner le regard sur les horreurs du monde qui m’entourait.
Je remporte la victoire et, par la même occasion, le privilège de révéler à ma cadette ce que Matz et moi avons préparé. De quoi faire s’étirer mes lèvres en une moue complètement choquée et déçue. « C’est tout ce que je gagne ? Et ben si j’avais su ! » La drama queen est parmi nous jeunes gens, toujours plus. J’attrape la glacière, ouvre le socle pour libérer la tonne de petits plats que nous avons concocté, mon meilleur ami et moi. « Tu trouveras dans cette glacière, des morceaux de melon, une salade de saison, des petites pièces de jambon roulées avec du Boursin, une quiche… Tout ce qui pourrait te faire rêver, et cela… Sans même faire allusion à toutes les sucreries qui sont également au programme, dont tes préférées… Devine ! » Je n’ai pas oublié, espérons juste qu’elle soit toujours aussi dingue de ce qu’elle dégustait sans faim cinq ans en arrière. « Tiens, viens par-là, tu vas louper le coucher de soleil ! » Je nous trouve un endroit plus confortable au milieu de cette étendue de sable pour déposer nos deux serviettes et lui fait signe de me rejoindre, la main tapotant sa serviette de plage.
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@nina singleton (c'est pas ouf, toutes mes excuses, je me rattrape à la prochaine réponse, c'est promis. )
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