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YESTERDAY'S NEWS |48
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GRAHAM B. SINGLETON
Fear doesn't shut you down; it wakes you up.
Avant de commencer, nous aimerions vous poser quelques questions sur votre personnage, afin d'en savoir davantage sur les motivations qui l'animent.
L'INTERROGATOIRE
Les sciences du comportement. Je n'ai pas pour ambition d'apprendre à maitriser la médecine, qu'elle soit moderne ou traditionnelle pour prétendre remédier à l'ensemble des maux de notre société. Non, j'aimerai être capable d'utiliser tous les outils adéquats pour ENFIN comprendre les autres. J'ai vraiment du mal à suivre les gens qui m'entourent, à accepter certains changements de comportement ou certains retournements de veste. Parvenir à analyser le moindre geste, la moindre expression, le moindre propos... C'est peut-être ce qui me permettrait d'enfin quitter cette sphère de solitude, de crainte et de méfiance pour finalement commencer à vivre plutôt que survivre.
Mes rêves les plus fous ? Facile, devenir la nouvelle star à la mode, participer à de nombreuses émissions de télé-réalité où on me paierait grassement à montrer mes muscles saillants, à m'engueuler avec les autres et à baiser la moitié des bombes peinturlurées qui peuplent le casting... Non, je plaisante, ça ne me fait pas du tout rêver. Parvenir à faire oublier mon passé serait mon rêve le plus fou. Est-ce au moins possible ? Je pourrais effectivement m'inventer une nouvelle identité, prétendre être quelqu'un d'autre... A quoi bon ? Sacrifier une partie de soi pour ne plus attirer les regards de pitié ou les regards malveillants n'a rien de bien attirant.
La simplicité, le maitre-mot pour être heureux. J'ignore ce qu'est la recette du bonheur, j'aimerais ne serait-ce qu'en connaitre les ingrédients. J'ai toujours su rebondir avec rien, pourquoi n'y arriverais-je pas ici ? Le bonheur ce doit être l'insouciance, l'innocence... La possibilité de prendre des décisions irréfléchies sans avoir peur du retour de bâton. Le bonheur ce serait peut-être aussi de s'enrichir au contact des autres, de découvrir de nouvelles choses quotidiennement et de ne jamais s'ennuyer. S'épanouir aux côtés de quelqu'un, partager, vieillir et donner la vie... Ce doit être la manière la plus simple de trouver le bonheur et de parvenir à atteindre un semblant de réussite.
ta plus grande réussite à ce jour ?
Ma plus grande réussite à ce jour ? Question ultra-simple : Être parvenu à sortir de prison après y avoir passé plusieurs années. Glaçant ? C'est pourtant la triste vérité. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de briller par mes réussites avant d'être placé hors d'état de nuire. Cette liberté soudaine a néanmoins fait naitre quelques ambitions parmi lesquelles : réussir mes études. Surement parce que je n'ai pas envie d'être l'un de ces taulards que l'on stéréotype et stigmatise. Ma vie ne se résumera pas à écumer les petits boulots pour me payer un taudis, alterner avec une régularité sans précédent les libertés conditionnelles et les passages en prison. Non, j'aspire à une véritable vie, loin de mes frasques et de ce que l'on pourrait qualifier d'injustice. J'aimerais parvenir à me reconstruire dans la stabilité en me dépassant quotidiennement pour devenir un homme meilleur tout en me rachetant pour mes erreurs.
et jusqu’où serais-tu prêt(e) à aller pour la défendre ?
La chose la plus importante à mes yeux ? Quelques années plus tôt j'aurais peut-être impulsivement répondu la santé, un truc bateau de ce genre. Histoire d'avoir l'air plus "profond" j'aurais peut-être ajouté la famille. J'ai aujourd'hui une approche bien différente, surtout quand je vois ce que ma famille a fait pour moi ces dernières années. La chose la plus importante, c'est de se constituer un entourage en lequel vous pouvez avoir pleine confiance. On ne peut pas choisir sa famille, on peut néanmoins choisir ses amis et c'est ce détail qui peut tout changer. J'ai pu compter sur les bonnes personnes pour me sortir de prison, des gens qui ont su me surprendre à chaque fois et sans qui je ne serais pas là aujourd'hui. C'est à eux que je dois une fière chandelle. Pour défendre mon entourage je serais prêt à aller jusqu'au bout, rien ne m'effraie, je crois l'avoir déjà prouvé !
qu’as-tu ressenti ?
J'ai assassiné mon père. Légitime défense ou non, le constat est le même au final. Qu'ais-je ressenti ? Difficile à dire, je me sens toujours honteux, partagé entre une haine profonde pour cette figure paternelle qui n'a été que déception d'un bout à l'autre et une tristesse infinie quand je repense à ma famille et à tout ce que j'ai détruit. Je suis mort avec lui ce jour-là, peut-on parler de renaissance à présent ? Le futur nous le dira.
Si je pouvais refaire le monde ? J'aurais tellement de pistes qu'il me faudrait probablement plusieurs siècles pour arriver à mettre en œuvre mes plans. Bannir l'alcool, en faire oublier l'existence à l'ensemble des êtres humains pour que de telles substances arrêtent de ruiner des vies... Ce serait un bon premier chantier. Le pacifiste que je suis irai probablement plus loin en accouchant d'un discours terriblement naïf dans lequel la guerre serait interdite et tous les humains heureux, en bonne santé et à l'abri. Peut-on néanmoins refaire le monde ? A quoi ça sert, rien ne changera, tout ira probablement même de mal en pis.
Vous pensez tout savoir de moi ? En voilà une remarque diablement prétentieuse. Vous êtes loin de tout savoir à mon sujet, ce serait prétendre avoir résolu une énigme que je suis incapable de résoudre depuis ma naissance. J'ai vécu des choses en prison qui m'ont profondément changé, je n'ai cependant jamais arrêté d'adorer la glace à la vanille. Quoi ? Vous pensiez que j'étais plutôt le genre de gars à préférer le chocolat ? Surprise, vanilla team all the way !
DERRIÈRE L'ÉCRAN
Karma : [ ] It's all my fault [] I'm a mother fucker. Prénom/pseudo : Loïc, Redpix. Âge : 22 Y.O. Anniversaire : 30 Novembre. Localisation : France. Présence : 5/7. Personnage ... [] inventé [ ] pré-lien. J'ai connu le forum : En l'administrant. Et je le trouve : Dégueulasse, nul, tout ça tout ça. Ma plus grande peur : Fearless I am ! Un dernier mot ? Prout.
IMAGES EYLIKA & FEU ARDENT
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FAITS DIVERS
The hardest thing in this world is to live in it.
SOUS TITRE SI NÉCESSAIRE
Vous pouvez également ajouter des images à votre guise, grâce aux deux codes fournis ci-dessous.
« Pourquoi as-tu fait cela ? Graham, réponds moi, pourquoi ? » Ma main reste appuyée contre cette vitre solide qui me sépare de ma mère, mes phalanges se heurtent douloureusement aux petits cercles percés stratégiquement sur cette vitre blindée pour permettre au son de traverser la pièce, de rejoindre l’autre côté. La lumière d’un côté, la liberté… L’obscurité de l’autre. Mes yeux divaguent, ils ne parviennent plus à affronter ses yeux embués de larmes. Peine ? Colère ? Haine ? Frustration ? Il est tellement difficile d’interpréter ce regard qu’elle m’adresse, il marque la fin d’une époque, il sonne le glas. La déception est omniprésente, elle brûle sa gorge, étire anormalement ses cordes vocales qui transparaissent sous sa peau… C’est ce qui me brise le cœur. Je ne mérite pas cela, elle non plus d’ailleurs, pourquoi ne parvient-elle pas à comprendre ? Je suis un monstre, je le sais, je crois l’avoir compris à présent. J’ai assassiné mon père de sang-froid, sans sourciller, happé dans un océan d’adrénaline, acteur et témoin d’un épisode d’une violence sans précédent. Coupable ? Tout est question de point de vue, n’a-t-il pas mérité ce qui lui est arrivé ? N’a-t-il pas fait de ma vie un enfer pendant toutes ces années ? Peut-on pour autant prendre en compte ces éléments pour justifier ce qui est arrivé ? Doit-on le justifier ? Rien ne pourra jamais justifier la violence de mes actes si ce n’est un simple constat : Ce soir-là, si je ne m’étais pas emparé de ce couteau avant lui, les rôles seraient inversés. Mon corps reposerait au cimetière, condamné à se décomposer entre quatre planches tandis que mon père foulerait ce sol souillé par tant de péchés, refuge de ce que l’humanité a connu de pire. Face au danger, j’ai décidé de vivre ce soir-là !
Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à ce que je faisais, comment parvenir à se concentrer dans de telles situations ? Faire preuve de sang-froid ? Plus facile à dire qu’à faire, surtout lorsque le cauchemar épouse l’extrême et accouche d’un monstre avide d’hématomes et de sang. Cette nuit-là, lorsque mon père s’est avancé en tenant fermement entre ses doigts ce couteau de cuisine que ma mère utilisait à chaque fois qu’elle nous cuisinait un poulet, à ce moment-là j’ai compris… Compris qu’il n’y aurait plus le moindre échappatoire, aucun refuge auquel songer, aucune solution de secours. L’alcool l’a rongé. Non, ça l’a ravagé, il a perdu la tête et perdre son travail l’a entrainé sur une route sombre, embué dans une sphère infernale. Combien de coups de poing ont pris ma mère, ma sœur ? Combien de coups ais-je moi-même pris sans broncher ? Les médecins ne se sont pas manifestés à mon procès juste pour dire d’y assister, ce sont eux qui m’ont recueilli pendant des mois après chaque mauvais coup. Je suis toujours parvenu à taire le motif de ces chutes à répétition. Ils ont pourtant insisté, je crois même qu’à force ils ont perdu espoir et accepté le fait que tôt ou tard je rejoindrais l’hôpital dans l’une de ces pochettes noires glauques à souhait dans lesquelles on boucle les corps encore chauds des victimes du jour. Je me suis promis de ne jamais briser le silence afin de protéger ma famille, afin de protéger ma mère, ma sœur et peut-être même ce père que je ne reconnaissais plus. Il n’y a finalement qu’à cette infirmière que j’ai confessé dans un moment de faiblesse cette abominable vérité. Il m’a brûlé avec un tisonnier, il m’a frappé, mes côtes se sont fêlées sous la violence des coups… Il a détruit ma vie et cette nuit-là je me suis libéré sans même m’en rendre compte. Tout s’est passé tellement vite, nous étions dans ma chambre, je tentais de retenir son poignet, la pointe du couteau flirtait dangereusement avec ma cage thoracique et menaçait de s’y enfoncer d’une seconde à l’autre. Avez-vous déjà réfléchi à la force qu’il faudrait pour transpercer une cage thoracique ? L’une des parties les plus protectrices du corps humain et pourtant si rapidement fragile. Je n’ai pas réfléchi, je l’ai repoussé d’un coup de pied suffisamment puissant pour qu’il recule et traverse la porte-vitrée qui me permettait autrefois d’accéder à ce balcon sur lequel je laissais mes rêves prendre le dessus pour songer à des jours meilleurs.
J’ai repensé à l’état dans lequel il se met après chaque nuit, le lendemain, lorsque l’alcool redescend et qu’il se rend compte de ce qu’il a fait. Il m’a supplié de le pardonner à chaque fois et je l’ai bêtement fait. J’ai cru qu’il ferait en sorte de se soigner mais ça n’a tout simplement jamais été le cas. L’alcool n’était qu’une excuse et il ne s’est jamais débarrassé de ses vieux démons. Je me suis relevé cette nuit-là, le tee-shirt déchiré par la pointe du couteau lorsqu’elle s’est abattue sur mon corps pour la toute première fois, j’ai le bras qui me démangeait affreusement, il faisait même plus que cela, il me faisait souffrir et c’est en tournant la tête pour comprendre pourquoi que j’aperçus le sang s’écouler abondamment. Dans l’adrénaline du moment je n’ai même pas remarqué qu’il m’avait poignardé lorsque je suis entré dans ma chambre pour lui échapper, je n’ai pensé qu’à appeler ma mère pour lui dire de ne surtout pas rentrer, de rester chez son amie avec ma petite-sœur. Je n’ai pas eu le temps d’atteindre le téléphone, il m’a poignardé et je me suis étalé par terre, suppliant pour ma vie. Pitoyable, n’est-ce pas ?! J’aurais pu le confronter, le retenir, je pèse vingt kilos de plus que lui, je suis entièrement fait de muscles mais je me suis rattaché à l’image de mon père dix ans en arrière, lorsque tout allait encore bien. C’est dingue ce que les gens peuvent changer en quelques années.
« Réponds-moi ! » Elle me regarde sévèrement à présent, je sais qu’elle attend des réponses mais sera-t-elle réellement satisfaite de ce que je lui confierais ? Lorsque mon père s’est relevé sur le balcon, plus en colère que jamais, je l’ai plaqué et le couteau s’est retourné contre lui à cause d’une putain d’impulsion. Je l’ai poignardé dans le flanc et il a traversé le balcon, la chute fut rapide et mortelle. « Il allait finir par nous tuer, tu le sais, combien de fois a-t-il manqué de te laisser sur le carreau ? » Je ne suis pas un mec sensible mais les larmes recouvrent pourtant mes paupières et dévalent, s’étalent sur mes joues comme un grand-huit, elles glissent le long de mon visage. « Tu n’étais pas là ce soir-là, il m’a poignardé, j’aurais dû le laisser faire sans rien dire ? » Elle ne daigne même pas répondre à ma question, elle sait très bien que j’ai raison, je n’ai fait que me défendre et pourtant… Et pourtant elle soutiendra toujours l’homme qu’elle a aimé passionnément pendant trente ans. Peut-être est-ce parce que sans lui elle n’aurait rien été, parce qu’il a été l’homme de sa vie. « Tu as dû le mettre en colère, comme toujours et tu l’as tué… Tu n’es qu’un monstre ! » Je n’en reviens pas, vient-elle réellement de prononcer ces mots ? J’en reste sur le cul, ma propre mère vient de me mettre un coup de couteau dans le dos. Comment peut-elle dire que je suis un monstre ? L’incompréhension me domine à présent, déboussolé je ne sais plus quoi faire, quoi dire. « Ne dis pas ça maman, pitié ! » Je ne lis plus de la tristesse, elle m’a pourtant soutenu jusqu’à maintenant mais je ne ressens plus l’amour maternel, plus que de la distance, comme si nous étions deux parfaits inconnus. « Je ne te rendrais plus visite, prends soin de toi. » Elle se relève et quitte la pièce sans même se retourner, elle ne me regarde pas et j’ai l’impression que l’on m’arrache le cœur, qu’on me déchire la cage thoracique lentement pour que je ressente chaque petite douleur, chaque impulsion qui me fera finalement perdre la vie. « Maman, pitié maman reviens ! » Ma gorge se serre et j’hurle, comment peut-elle me faire ça ? Je cogne contre la vitre, mes poings s’abattent tellement fort qu’elle commence à se fissurer, pas si résistante que ça, surtout face à un épisode hystérique. Je suis hystérique et les gardiens de prison sont obligés d’intervenir pour m’arrêter, l’un d’eux m’administre un calmant, il n’y a plus que ça pour m’arrêter et atténuer ma peine.
Trois ans, trois ans se sont écoulés depuis la dernière visite de ma mère et je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles. Ma sœur m’a énormément écrit, en secret, et c’est grâce à elle que j’ai pu endurer tout cela, survivre. La prison ce n’est pas vraiment le cliché que l’on retrouve à la télévision, ça n’a pas été facile, je me suis retrouvé en bas de la chaine alimentaire, j’ai vécu bien des expériences traumatisantes et mon corps sera pour le restant de mes jours présent pour me le rappeler. Je ne compte plus les cicatrices physiques et psychologiques. La violence verbale, la violence physique, les agressions, le viol, les tentatives de meurtres… Je suis passé par toutes les étapes possibles et inimaginables ; douce ironie de constater qu’il m’aura fallu traverser tout cela pour m’endurcir, pour gagner en stature ? Des cendres s’élèvent toujours un phénix, grand, majestueux, fort… Je suis ce phénix que chaque prisonnier a finalement respecté, craint. Il m’aura fallu beaucoup de courage, de patience et l’aide de plusieurs avocats pour parvenir à plaider la légitime défense qui, durant toutes ces années, m’avait été lamentablement refusée. Cinq années passées en prison puis soudain, la liberté… Mais que faire d’une vie qui a été mise en parenthèse pendant cinq longues années ? A partir de quel point recommencer ? Comment se reconstruire ? Peut-on revenir de ce genre de virées en enfer ?
Je n’ai pas eu le temps de réfléchir à ce que je faisais, comment parvenir à se concentrer dans de telles situations ? Faire preuve de sang-froid ? Plus facile à dire qu’à faire, surtout lorsque le cauchemar épouse l’extrême et accouche d’un monstre avide d’hématomes et de sang. Cette nuit-là, lorsque mon père s’est avancé en tenant fermement entre ses doigts ce couteau de cuisine que ma mère utilisait à chaque fois qu’elle nous cuisinait un poulet, à ce moment-là j’ai compris… Compris qu’il n’y aurait plus le moindre échappatoire, aucun refuge auquel songer, aucune solution de secours. L’alcool l’a rongé. Non, ça l’a ravagé, il a perdu la tête et perdre son travail l’a entrainé sur une route sombre, embué dans une sphère infernale. Combien de coups de poing ont pris ma mère, ma sœur ? Combien de coups ais-je moi-même pris sans broncher ? Les médecins ne se sont pas manifestés à mon procès juste pour dire d’y assister, ce sont eux qui m’ont recueilli pendant des mois après chaque mauvais coup. Je suis toujours parvenu à taire le motif de ces chutes à répétition. Ils ont pourtant insisté, je crois même qu’à force ils ont perdu espoir et accepté le fait que tôt ou tard je rejoindrais l’hôpital dans l’une de ces pochettes noires glauques à souhait dans lesquelles on boucle les corps encore chauds des victimes du jour. Je me suis promis de ne jamais briser le silence afin de protéger ma famille, afin de protéger ma mère, ma sœur et peut-être même ce père que je ne reconnaissais plus. Il n’y a finalement qu’à cette infirmière que j’ai confessé dans un moment de faiblesse cette abominable vérité. Il m’a brûlé avec un tisonnier, il m’a frappé, mes côtes se sont fêlées sous la violence des coups… Il a détruit ma vie et cette nuit-là je me suis libéré sans même m’en rendre compte. Tout s’est passé tellement vite, nous étions dans ma chambre, je tentais de retenir son poignet, la pointe du couteau flirtait dangereusement avec ma cage thoracique et menaçait de s’y enfoncer d’une seconde à l’autre. Avez-vous déjà réfléchi à la force qu’il faudrait pour transpercer une cage thoracique ? L’une des parties les plus protectrices du corps humain et pourtant si rapidement fragile. Je n’ai pas réfléchi, je l’ai repoussé d’un coup de pied suffisamment puissant pour qu’il recule et traverse la porte-vitrée qui me permettait autrefois d’accéder à ce balcon sur lequel je laissais mes rêves prendre le dessus pour songer à des jours meilleurs.
J’ai repensé à l’état dans lequel il se met après chaque nuit, le lendemain, lorsque l’alcool redescend et qu’il se rend compte de ce qu’il a fait. Il m’a supplié de le pardonner à chaque fois et je l’ai bêtement fait. J’ai cru qu’il ferait en sorte de se soigner mais ça n’a tout simplement jamais été le cas. L’alcool n’était qu’une excuse et il ne s’est jamais débarrassé de ses vieux démons. Je me suis relevé cette nuit-là, le tee-shirt déchiré par la pointe du couteau lorsqu’elle s’est abattue sur mon corps pour la toute première fois, j’ai le bras qui me démangeait affreusement, il faisait même plus que cela, il me faisait souffrir et c’est en tournant la tête pour comprendre pourquoi que j’aperçus le sang s’écouler abondamment. Dans l’adrénaline du moment je n’ai même pas remarqué qu’il m’avait poignardé lorsque je suis entré dans ma chambre pour lui échapper, je n’ai pensé qu’à appeler ma mère pour lui dire de ne surtout pas rentrer, de rester chez son amie avec ma petite-sœur. Je n’ai pas eu le temps d’atteindre le téléphone, il m’a poignardé et je me suis étalé par terre, suppliant pour ma vie. Pitoyable, n’est-ce pas ?! J’aurais pu le confronter, le retenir, je pèse vingt kilos de plus que lui, je suis entièrement fait de muscles mais je me suis rattaché à l’image de mon père dix ans en arrière, lorsque tout allait encore bien. C’est dingue ce que les gens peuvent changer en quelques années.
« Réponds-moi ! » Elle me regarde sévèrement à présent, je sais qu’elle attend des réponses mais sera-t-elle réellement satisfaite de ce que je lui confierais ? Lorsque mon père s’est relevé sur le balcon, plus en colère que jamais, je l’ai plaqué et le couteau s’est retourné contre lui à cause d’une putain d’impulsion. Je l’ai poignardé dans le flanc et il a traversé le balcon, la chute fut rapide et mortelle. « Il allait finir par nous tuer, tu le sais, combien de fois a-t-il manqué de te laisser sur le carreau ? » Je ne suis pas un mec sensible mais les larmes recouvrent pourtant mes paupières et dévalent, s’étalent sur mes joues comme un grand-huit, elles glissent le long de mon visage. « Tu n’étais pas là ce soir-là, il m’a poignardé, j’aurais dû le laisser faire sans rien dire ? » Elle ne daigne même pas répondre à ma question, elle sait très bien que j’ai raison, je n’ai fait que me défendre et pourtant… Et pourtant elle soutiendra toujours l’homme qu’elle a aimé passionnément pendant trente ans. Peut-être est-ce parce que sans lui elle n’aurait rien été, parce qu’il a été l’homme de sa vie. « Tu as dû le mettre en colère, comme toujours et tu l’as tué… Tu n’es qu’un monstre ! » Je n’en reviens pas, vient-elle réellement de prononcer ces mots ? J’en reste sur le cul, ma propre mère vient de me mettre un coup de couteau dans le dos. Comment peut-elle dire que je suis un monstre ? L’incompréhension me domine à présent, déboussolé je ne sais plus quoi faire, quoi dire. « Ne dis pas ça maman, pitié ! » Je ne lis plus de la tristesse, elle m’a pourtant soutenu jusqu’à maintenant mais je ne ressens plus l’amour maternel, plus que de la distance, comme si nous étions deux parfaits inconnus. « Je ne te rendrais plus visite, prends soin de toi. » Elle se relève et quitte la pièce sans même se retourner, elle ne me regarde pas et j’ai l’impression que l’on m’arrache le cœur, qu’on me déchire la cage thoracique lentement pour que je ressente chaque petite douleur, chaque impulsion qui me fera finalement perdre la vie. « Maman, pitié maman reviens ! » Ma gorge se serre et j’hurle, comment peut-elle me faire ça ? Je cogne contre la vitre, mes poings s’abattent tellement fort qu’elle commence à se fissurer, pas si résistante que ça, surtout face à un épisode hystérique. Je suis hystérique et les gardiens de prison sont obligés d’intervenir pour m’arrêter, l’un d’eux m’administre un calmant, il n’y a plus que ça pour m’arrêter et atténuer ma peine.
Trois ans, trois ans se sont écoulés depuis la dernière visite de ma mère et je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles. Ma sœur m’a énormément écrit, en secret, et c’est grâce à elle que j’ai pu endurer tout cela, survivre. La prison ce n’est pas vraiment le cliché que l’on retrouve à la télévision, ça n’a pas été facile, je me suis retrouvé en bas de la chaine alimentaire, j’ai vécu bien des expériences traumatisantes et mon corps sera pour le restant de mes jours présent pour me le rappeler. Je ne compte plus les cicatrices physiques et psychologiques. La violence verbale, la violence physique, les agressions, le viol, les tentatives de meurtres… Je suis passé par toutes les étapes possibles et inimaginables ; douce ironie de constater qu’il m’aura fallu traverser tout cela pour m’endurcir, pour gagner en stature ? Des cendres s’élèvent toujours un phénix, grand, majestueux, fort… Je suis ce phénix que chaque prisonnier a finalement respecté, craint. Il m’aura fallu beaucoup de courage, de patience et l’aide de plusieurs avocats pour parvenir à plaider la légitime défense qui, durant toutes ces années, m’avait été lamentablement refusée. Cinq années passées en prison puis soudain, la liberté… Mais que faire d’une vie qui a été mise en parenthèse pendant cinq longues années ? A partir de quel point recommencer ? Comment se reconstruire ? Peut-on revenir de ce genre de virées en enfer ?
IMAGES FEU ARDENT
- InvitéInvité
daaaaaaaamn, le perso promet tellement
c'est vraiment fascinant à lire, j'aime beaucoup
la glace à la vanille m'a tuée, bonsoiiiiiiiir
c'est vraiment fascinant à lire, j'aime beaucoup
la glace à la vanille m'a tuée, bonsoiiiiiiiir
- InvitéInvité
tu l'as pas épargné pour son histoire à chouchou mais bon j'suis sadique et j'adore
- InvitéInvité
Eheh le sadisme c'est la vie.
@Lena J. Abelli-Rhodes tu veux goûter sa glace à la vanille *je sors très vite*
@Lena J. Abelli-Rhodes tu veux goûter sa glace à la vanille *je sors très vite*
- InvitéInvité
Ton perso a vraiment l'air intéressant! :shoked:
J'adore. J'adore. J'adore.
Que dire de plus... Bienvenue
Un academiiiiic. Je passerai sur ta fiche de lien
J'adore. J'adore. J'adore.
Que dire de plus... Bienvenue
Un academiiiiic. Je passerai sur ta fiche de lien
- InvitéInvité
@Dylan Fraser je t'attends sur ma fiche de liens avec impatience dans ce cas
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