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YESTERDAY'S NEWS |48
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Les semaines qui avaient suivi cette rupture avec Casey, avaient été très dures. Il ne s'attendait pas à souffrir autant. Jamais il n'aurait pensé souffrir pour avoir perdu quelqu'un, pour l'avoir perdue elle. Les gardes n'étaient plus les mêmes. Il s'était vu attribuer un nouveau partenaire qu'il avait détesté d'office, avant même de le rencontrer. Tyler avait tenu une semaine avant de donner sa démission à son tour. De toute façon il n'avait pas besoin de ça, et puis il n'y arrivait plus, la passion était partie. La fin d'une époque. La semaine qui avait suivi il était resté chez lui en calebut toute la journée, à se nourrir exclusivement de pizzas et de plats chinois en livraison. C'est à ce moment là qu'il s'était décidé pour se reprendre en main et aller voir Casey. Mais elle n'était déjà plus seule... En la voyant avec ce type, il avait complètement perdu l'esprit. Deux semaines plus tard, Tyler vivait dans une villa à Beverly Hills et s'était décidé à gérer lui-même l'entreprise que son père lui a légué, un virage à 180 degrés ! Mais où était l'adrénaline ?
"T'es sûr Alcott ? Dernière chance pour changer d'avis..." Tyler le regarda d'un air désabusé. "Tu va pas me dire que tu as peur quand même ?" répliqua t-il avec un petit sourire. Pour toute réponse son adversaire du jour ferma sa vitre et démarra le moteur. Ils s'avancèrent alors jusqu'au feu rouge. Tyler jouait de l'accélérateur pour l'intimider, l'autre en faisait autant. Et puis le feu passa au vert. Les deux voitures partirent au quart de tour, filant à toute allure sur la route déserte. Tyler appuyait sur l’accélérateur le plus possible, se réjouissant de ce courant électrique dans ses veines qui se répandait. Son pouls s'accélérait dangereusement, joyeusement. Il ne pensait plus à rien. Enfin il était libéré, libéré d'elle, libéré de son coeur meurtri, libéré de ses erreurs. Tellement libéré qu'il ne vit pas le camion qui débouchait de la rue parallèle... juste en face de lui... trop tard.
La douleur était partout. Tellement qu'il ne sentait même plus son corps. C'était assez étrange. Tout était flou autour de lui, il ne voyait rien, sinon de la lumière. Trop forte. Ses yeux papillonnèrent quelques instants. Les formes autour de lui s'affirmèrent de plus en plus, se précisant peu à peu, jusqu'à ce qu'enfin ses iris s'habituent."Casey ?" demanda t-il la voix rauque, sa gorge plus sèche que jamais.
La douleur était partout. Tellement qu'il ne sentait même plus son corps. C'était assez étrange. Tout était flou autour de lui, il ne voyait rien, sinon de la lumière. Trop forte. Ses yeux papillonnèrent quelques instants. Les formes autour de lui s'affirmèrent de plus en plus, se précisant peu à peu, jusqu'à ce qu'enfin ses iris s'habituent.
@casey griffith
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Rarement Christopher Griffith n'avait été aussi ravi de recevoir un appel de sa fille. Car quand cette dernière lui avait annoncé qu'elle acceptait le poste d'infirmière à l'hôpital de l'UCLA, celui qu'il lui proposait depuis des mois, son cœur de parent passablement broyé ces dernières semaines avait exulté. Il n'avait pas eu besoin de demander pourquoi, ni d'ailleurs de la questionner tout court. Il avait deviné, au ton expéditif de sa voix et aux accents de colère qu'elle y mettait. Ce garçon avait beau l'air gentil, il n'était pas stable et qu'elle veuille l'entendre ou non, elle méritait mieux. Un meilleur job et un meilleur compagnon de vie - sans réaliser que de toute façon, rien ne serait assez bien pour sa cadette. La mauvaise foi parentale dans toute la splendeur de son ignorance. Et parce qu'il n'avait pas vraiment la capacité à voir plus loin, pensant que Tyler n'était qu'un épisode dans sa vie, il ne s'inquiétait pas pour elle. Elle s'en remettrait, tout irait bien. Comme lui, elle avait vu le pire chez l'être humain. Et toujours à l'image du médecin, elle était forte. Les choses reprendraient leur place naturelle sous peu.
Casey elle-même avait fini par s'en persuader. Passés les premiers jours où mettre un pied devant l'autre avait été un véritable calvaire, les insomnies à se remettre en boucle leur dernière conversation, elle avait commencé son nouveau travail aux urgences. Aussi prenant qu'elle l'avait espéré, les semaines s'étaient enchaînées sans que la brune n'ait rien à penser d'autre qu'aux patients. Quand elle n'était pas à l'hôpital, elle sortait. Deux verres plus tard, elle s'effondrait sur un lit quelconque, chez elle ou ailleurs, pour n'émerger qu'à l'heure de sa prochaine garde. Qu'importait le vide qu'elle trimbalait partout, tel un nuage gris au-dessus de sa tête menaçant à tout moment de s'animer sous la tempête : l'important était qu'elle continue d'avancer. Ce jour-là, elle contrôlait les constantes d'un gamin récemment admis pour une violente crise d'asthme quand une aide-soignante débarqua dans la chambre. « C'est toi, Casey Griffith ? » La concernée avait levé le nez de son bloc-notes, pas franchement ravie qu'on vienne l'interrompre avec une tête de six pieds de long. « A c'qui paraît. Qu'est-ce qui se passe ? » Qui est mort ? aurait-elle bien ajouté, mais elle avait peur de se porter la poisse avec une blague pareille. Le karma n'avait pas franchement été sympa avec les Griffith ces derniers temps. « Un homme vient d'arriver et ... Tu étais son contact d'urgence. Le docteur Lane m'a dit de venir te chercher. » Après le vide sans fin, le froid. Glacial, celui qui vous fige. « Qui ? » « Alcott. Tyler Alcott. » Elle n'avait même pas terminé de prononcer son nom de famille une seconde fois que Casey s'était précipitée hors de la pièce. Moins de deux minutes plus tard, ses collègues infirmiers tentaient de la maîtriser pour l'empêcher d'entrer dans la salle de trauma où gisait la silhouette de Tyler. « LAISSEZ-MOI PASSER ! PUTAIN DE MERDE ! DÉGAGEZ ! » Une vraie furie, échevelée, qu'on tentait d'apaiser en lui assurant qu'on s'occupait bien de lui et toutes les conneries habituelles. « Je vous avais dit d'attendre avant de la prévenir ! » entendit-elle vaguement son père s'agacer avant que sa poigne de fer ne la tire définitivement en arrière. « Tu veux qu'il meurt ? » « QUOI ?! Mais non ! Mais évidemment que non ! » « Et qu'est-ce qu'il va se passer si tu rentres là-dedans en beuglant ? » « Je ... » « Réfléchis. Quelle sera la suite ? » « Je vais les gêner et risquer une erreur de diagnostic. » « Voilà. Donc tu vas aller en salle de repos et je viendrai te chercher quand il sera stable. » Christopher vit le menton de la jeune femme se mettre à trembler de manière irrépressible. « Et si ... » « Non. Il va s'en sortir. » Et Casey eut à nouveau cinq ans, cette gamine qui croyait tout ce que son papa lui disait. Qui lui faisait une confiance aveugle. Elle finit par acquiescer et se laissa emmener dans les quartiers des infirmiers.
Néanmoins, elle ne quitta pratiquement pas l'hôpital durant les trois jours suivants. Elle avait refusé de prendre un congé et assurait son poste. Le reste de son temps, elle le passait au chevet de l'ambulancier - enfin, ex-ambulancier - à attendre son réveil. Le contraire aurait, de toute façon, été difficilement envisageable puisqu'elle n'avait envie d'être nul part ailleurs. A force de fixer son visage rendu paisible par le coma léger, elle avait eu le temps de se remémorer tout ce qu'ils avaient vécu et surtout ... Tout ce qu'elle avait fait de travers, en venant à occulter ce qui avait précipité la fin de leur relation. Cette torture stupide ne menait évidemment à rien, si ce n'était à lui écorcher les nerfs un peu plus à chaque pensée morose. Christopher Griffith se trompait : ça, voir l'homme qu'elle aimait dans cet état, être passé si près de la mort, c'était pire. Pire que la guerre. Tyler serait toujours son meilleur et son pire - elle n'avait eu besoin d'aucun foutu papier à signer pour en prendre conscience. Elle ne pouvait donc ni l'avoir près d'elle, ni loin non plus. En somme, elle était fichue.
Casey ? Elle émergea brusquement du sommeil auquel elle s'était abandonnée, épuisée et saura aussitôt du fauteuil où elle avait élu domicile ces derniers jours. Elle portait encore sa blouse tâchée de la journée et le dossier avait imprimé une jolie marque sur sa joue. Mais même si elle ne ressemblait à rien, elle se précipita près du lit, avant de s'emparer, doucement, de la main de Tyler. « Je suis là. Tout va bien. Tu es à l'hôpital. Tu as eu un accident. Rien de grave. Une jambe cassée, des contusions et un trauma crânien mineur. » Elle avait la même voix rassurante que lorsque les patients déboussolés se réveillaient à l'arrière de l'ambulance. Par automatisme, elle vérifia l'état de ses pupilles, pris son pouls en appuyant son pouce contre son poignet. Deux gestes qu'elle n'avait plus à faire mais dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Et aussi parce qu'elle avait besoin de le toucher. De le sentir. Bien vivant et réveillé. « J'étais ... La personne à contacter en cas d'urgence. » lâcha-t-elle en suivant, toujours perplexe quant à cette nouvelle. L'une de celles qui n'avait fait que renforcer sa culpabilité, après qu'elle l'ait traité d'égoïste et ait été persuadée qu'elle n'avait, au final, pas grande importance à ses yeux.
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Un brouillard épais sévissait encore dans l'esprit de Tyler qui avait sérieusement du mal à comprendre ce qu'il se passait autour de lui. Il tenta de réunir une à une les informations, notamment visuelles. La première chose qu'il vit, évidemment, ça ne pouvait qu'être elle: Casey. Il voyait ses lèvres bouger mais les mots ne semblaient pas parvenir jusqu'à lui. Il était probablement encore trop sonné pour tout comprendre, mais Tyler discerna les mots "accident" et "hôpital". Il essaya alors de remettre les pièces du puzzle dans l'ordre. Il avait du mal à respirer, mal tout court d'ailleurs, une jambe dans le plâtre, il était un peu dans les vappes et la gorge sèche. Ce qui voulait dire qu'il avait été intubé et opéré. C'est que cet "accident" avait du être sérieux... Tyler avait beau chercher dans sa mémoire mais il n'avait absolument aucune idée de ce qu'il avait bien pu lui arriver. Casey tournait autour de lui, s'assurant qu'il allait bien, vérifiant ses pupilles et son pouls, ce qui le fit retourner les pieds sur terre, enfin, façon de parler étant donné qu'il était loin de pouvoir sortir de ce lit d'hôpital... Une question lui vint alors à l'esprit: qu'est-ce qu'elle faisait là ? Il avait beau avoir oublié l'accident, il se ne se rappelait que trop bien leur rupture qu'il s'était passé en boucle pendant des semaines. Alors pourquoi était-elle ici, à son chevet, visiblement à s'inquiéter pour lui ? Il n'eut pas le temps de lui poser la question qu'elle y répondit, comme si elle avait lu dans ses pensées. Tyler bu une gorgée du verre d'eau qu'elle lui tendit avant de pouvoir répondre, sa gorge un peu apaisée. "T'es la seule en qui j'ai confiance..." répondit-il dans un souffle. Maintenant qu'il était réveillé, la douleur réapparaissait petit à petit, Tyler se concentra sur Casey pour l'occulter. "Désolé, je n'ai pas pensé à modifier après..." Il se tut et baissa les yeux. C'était certainement pas le moment d'évoquer ça. "Tu sais, t'étais pas obligée de... enfin pourquoi tu es..." Tyler soupira. Il ignorait si c'était parce qu'il était désorienté ou qu'il ne voulait pas rouvrir cette blessure là - même s'il était peu probable que celle-ci soit déjà fermée... Quoi qu'il en soit il préféra se résigner et ne pas lui dire qu'elle aurait pu ne pas rester, ne pas lui demander pourquoi elle l'avait fait. Parce qu'au fond, malgré ce qu'il s'était passé entre eux et surtout comment ça avait fini, il voulait qu'elle reste. Alors il se contenta de serrer faiblement les doigts autour des siens et murmura: "Merci..."
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Casey manqua d'en lâcher le verre d'eau qu'elle avait calé sous les lèvres de son ex-coéquipier. La seule en qui il avait confiance ? Celle-là, elle ne l'avait pas vu venir. Certes, elle lui avait plus d'une fois prouvé sa loyauté, mais de là à être aussi ... Importante. Non, cette extrémité ne lui était jamais venue à l'esprit. Surtout dans la mesure où la confiance avait plus qu'était écornée entre eux. Aussi ne trouva-t-elle rien à répondre. De toute façon, Tyler semblait encore trop dans les vapes pour s'en rendre compte. Il n'arrivait même pas à finir ses phrases ; ce qui n'était pas plus mal dans la mesure où comprenant où il voulait en venir, elle n'avait non plus envie de répondre à la question qu'elle avait entendu germer. Tout ce qu'elle pouvait affirmer, c'était qu'en effet, rien ne l'avait obligé à rester près de lui et qu'elle comprenait qu'il ait eu d'autres priorités que changer un papier dans son portefeuille. « Je sais. Et t'en fais pas pour ça. » Pourtant, elle était troublée. Plus qu'elle ne voulait bien le montrer et surtout, qu'elle ne voulait bien le dire. Toutes les certitudes qu'elle s'était martelée ces dernières semaines se voyaient ébranlées. Additionné au stress des jours précédents, elle craignait que ce qu'il lui restait de nerfs ne lâche sous peu. « De rien. Je pouvais pas ... Faire autrement. » Cette pression sur ses doigts entérina cette peur. Elle retira sa main à contre-coeur, s'arrachant à cette étreinte beaucoup trop agréable au vu des circonstances. Ils étaient séparés. Il l'avait trompé et elle, elle avait été trop loin d'une autre manière, sans même écouter ce qu'il avait à lui dire. La tromperie était une chose, qu'elle lui avait pardonné dix fois en trois jours tellement elle avait eu le temps d'y penser, de remettre les évènements dans leur contexte, de prendre du recul. Mais ce qu'elle, elle avait fait ? Elle doutait qu'il passe outre. Surtout s'il avait cru en elle autant qu'il l'affirmait. D'ailleurs, il était fort probable qu'il ne veuille pas d'elle dans cette pièce dès que le brouillard se serait dissipé ; pour peu que ce ne soit pas déjà le cas. « Je devrais te laisser. Je peux appeler le médecin ou augmenter la morphine, si tu as mal. Prévenir quelqu'un aussi, peut-être. Dis-moi ... Dis-moi juste ce dont t'as besoin. » reprit-elle d'une voix qui se brisa légèrement sur les derniers mots, malgré tous ses efforts pour dissimuler la douleur que cette décision lui infligeait. C'est mieux comme ça pensa-t-elle, sur le point de se lever.
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La fatigue, la douleur, bien sûr qu'il ressentait tout ça. Mais plus que tout il voulait être conscient, il voulait comprendre ce qu'il s'était passé. Quoi que, ce n'était pas bien dur à deviner. Il avait joué au con ces derniers temps, il le savait. Il avait fait n'importe quoi, il avait complètement déraillé, parce qu'elle n'était plus là. Parce que Casey ne faisait plus partie de sa vie et que c'était bien trop dur à accepter. Loin des yeux loin du coeur, c'était une doctrine stupide ! L'absence est à l'amour ce qu'est au feu le vent : il éteint le petit, il allume le grand. Et malgré leur dernière rencontre plus que houleuse, cette citation lui paraissait tout de même beaucoup plus propice pour décrire leur relation. Du moins c'est ce qu'il ressentait. Ou croyait ressentir ? Oui, c'était un peu flou dans son esprit, et il préférait mettre ça sur le compte des médicaments. Puis il sentit que Casey allait s'échapper. Comment lui en vouloir ? Elle avait veillé sur lui, elle était restée à son chevet, d'ailleurs il ignorait depuis combien de temps, mais à la voir, ça ne faisait pas que cinq minutes qu'elle se rongeait les sangs. Tyler était ironiquement ravi de savoir qu'elle s'inquiétait pour lui, ou s'était inquiétée. Dans un sens ça montrait qu'elle tenait toujours à lui pas vrai ? Non, inutile de se faire de fausses idées. D'ailleurs, elle ne tarda pas à vouloir s'éclipser. "Tu sais ce dont j'ai besoin Casey..." répondit-il la voix quelque peu étranglée. Les mots étaient sortis tout seuls. Il mettait ça sur le compte des médicaments, et elle le ferait peut-être aussi avec un peu de chance. Au final, il avait l'occasion de dire ce qui lui passait par la tête, un peu sans se soucier des conséquences. "T'as vu ce qu'il m'arrive quand t'es pas près de moi ?" lança t-il avec son petit sourire caractéristique.
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Tu sais ce dont j'ai besoin Casey... Non, elle ne savait pas. Ou plutôt si, elle craignait de savoir et ne voulait pas l'entendre. Certainement parce que cela faisait écho à ses propres désirs et qu'ils n'apportaient rien de bon, ni à l'un ni à l'autre. Et que ça ne réglait rien. Et que ça ne facilitait pas les choses, loin s'en fallait. Et que cela leur faisait plus de mal que de bien. Et ... Et il en rajoutait une couche. Bien que profondément touchée, résistant à l'envie irrépressible de se serrer contre lui comme elle l'avait déjà fait tant de fois, l'infirmière sentit que la digue tremblait. Menaçait de céder. « C'est pas drôle, Tyler. » répliqua-t-elle brusquement, échauffée par son sourire cynique. Elle reconnaissait qu'il n'avait probablement pas toute sa tête - d'ailleurs, sans anti-douleurs, elle aurait parié qu'il ne serait pas laissé aller à de telles confessions, pour peu qu'il les pense vraiment - mais ni son corps ni son esprit n'étaient en mesure d'avaler la boutade. Les souvenirs des trois derniers jours se bousculaient dans sa mémoire et elle serra les poings. Car, finalement, il n'y avait pas eu que ces trois jours, il y en avait eu vingt-sept autres avant. Un mois d'agonie refoulée. Un mois sans lui. Et peut-être toute une vie à venir. Alors non, il n'avait pas le droit d'en rire, particulièrement alors qu'elle n'avait aucune idée de comment lui avait vécu leur séparation. Certainement mieux qu'elle, en tout cas. « On est venus me chercher en pleine garde. On m'a dit qu'un certain Tyler Alcott avait dit bonjour à un camion d'un peu trop près. On m'a empêché de rentrer dans la salle de trauma pendant que tu gisais là, inconscient et plein de sang. J'ai regardé les heures passer, à fixer une putain d'horloge, avant qu'on me dise que t'étais sorti du bloc et que t'allais t'en sortir. Je viens de passer les trois derniers jours dans cet hôpital, à attendre que tu te réveilles, à me demander si tu le ferais et si tu le faisais pas, ce que j'allais devenir sans toi. » Elle se força à prendre une inspiration. Hors de question de crier, inutile de perdre complètement ses moyens. Seulement, il fallait qu'elle le dise, que sorte tout ce qu'elle avait retenu ce dernier mois. « C'était pas rationnel, tu comprends ? Tu allais te réveiller et tu t'en remettrais. Mais mon cœur, lui, il en avait rien à foutre que ce soit rationnel ou pas. Je me suis demandée quarante fois si j'y étais pour quelque chose, à cause de ce que je t'avais dit - que j'aurais jamais dû dire d'ailleurs tellement c'était cruel et faux. Même si tu l'as cherché en préférant cette pouffiasse et peut-être d'autres. Même si tu m'avais fait du mal, toi aussi. Bref, c'est pas le sujet. » Elle s'engoulinait complètement dans son discours décousu, se passant une main nerveuse dans ses cheveux sales. Une larme perla, puis une deuxième, qu'elle s'empressa d'essuyer avant de finir : « J'ai vu des tas de gens mourir, j'ai fait plusieurs guerres et ... J'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Alors non, c'est pas drôle. » Il y avait de fortes chances pour qu'il se soit rendormi entre-temps. Aussi sincère que fut son espèce de tirade, elle n'était sans doute pas adaptée à quelqu'un qui sortait juste du coma. Tant pis. Maintenant que c'était dit, elle n'avait plus besoin de revenir dessus.
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La boutade était mal passée. En même temps, en écoutant le discours de Casey, c'était compréhensible. Elle avait eu peur pour lui, elle était restée à son chevet, elle s'était inquiétée. Ce que Tyler retenait surtout c'est qu'elle se demandait ce qu'elle deviendrait sans lui. Il était indéniable qu'elle tenait encore à lui. Mais il était encore plus évident qu'il avait été con. Il avait tout gâché et il avait failli se tuer en jouant à des jeux stupides, pour quoi ? Un peu d'adrénaline ? Lui-même ignorait ce qui le poussait à faire ce genre de choses, il ignorait pourquoi il avait ce besoin irrépressible de se mettre en danger pour se sentir vivant. Même si cette fois la réponse s'imposait un peu à lui: sans Casey il s'était senti vide, inutile, insignifiant. Il avait besoin d'elle, et il avait tenté de combler ce vide en faisant les mauvais choix, comme toujours. "T'as rien a te reprocher Casey..." marmonna t-il alors que le brouillard continuer de s'évaporer peu à peu, rendant ses idées subitement plus claires, mais la douleur également plus vive. Il savait déjà qu'il ne tiendrait pas longtemps avant d'appuyer sur la pompe à morphine. Ou c'était peut-être elle qui le ferait, pour l'endormir et l'empêcher de dire des choses qu'ils regretteraient peut-être tous les deux. "T'avais raison... Je m'arrange toujours pour gâcher toutes mes chances d'être heureux... je sais pas pourquoi je fais ça, peut-être qu'au fond je me dis que je le mérite pas..." continua t-il d'une voix triste, fronçant les sourcils. Qu'est-ce qui était le plus douloureux ? Les blessures à vif de l'accident trois jours plus tôt, ou parler de Casey et du fait qu'il l'avait perdue ? Les deux se valaient. "Mais t'y est pour rien, et crois-moi je suis désolé. Pour tout ce que j'ai fait et... ce que tu as enduré à cause de moi..." Là ça aurait été le bon moment pour se rendormir, mais Tyler luttait. Il voulait continuer à la voir, à lui parler, même s'il redoutait sa réaction. Bien sur qu'elle ne le pardonnerait pas, et que tout ne serait pas effacé entre eux. C'était une évidence. Il avait déconné et maintenant c'était fini, même s'ils avaient tout deux des sentiments mutuels, ils étaient néfastes l'un pour l'autre. "Pardonne moi..." avait-il finalement lâché dans un murmure, comme une supplique, avant de subitement sombrer dans le sommeil, trop accablé par la douleur pour rester conscient une seconde de plus.
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Elle ignorait quoi lui répondre. Pour la première fois, la jeune femme n'avait aucune parole rassurante en tête, rien qui lui venait pour adoucir la peine qu'il ressentait. La fatigue, sûrement. Épuisée de ces trois derniers jours, de ce dernier mois à vivre en apnée, à en avoir oublié ce qu'était de respirer dans un étau dans la poitrine. Il était désolé et elle aussi. Elle lui avait fait du mal et lui également. Réaliser qu'ils ne pouvaient pas être séparés mais pas ensemble non plus, comme ça, au détour d'une conversation ... C'était pire qu'une bonne vieille dispute. Car on pouvait se réconcilier de ces dernières, les oublier une fois digérées. A contrario, on ne pouvait rien contre la réalité. « Tyler, arrête ... » murmura-t-elle sans conviction alors qu'il s'excusait du mal qu'il lui avait causé. Elle ne voulait pas plus de ces mots-là que de ses pensées. Elle le voulait lui. Et il ne fallait pas. Cette injustice était finalement plus douloureuse que tout le reste. Heureusement pour Tyler, Morphée reprenait ses droits. Qu'au moins un des deux ait un peu de répit. « C'est déjà fait, bébé. » répliqua-t-elle contre le front de l'ambulancier avant d'y déposer un long baiser. Puisqu'elle était presque certaine qu'il ne l'avait pas entendu, elle pouvait se le permettre. Au moins ça, avant la toute fin.
Durant les cinq jours suivants, elle lutta pour ne pas retourner dans sa chambre. Elle doutait qu'il ait envie de la voir. Dans les faits, la manœuvre était encore plus compliquée dans la mesure où elle bossait dans l'hôpital où il était soigné. S'il l'avait demandé, son père, lequel l'avait opéré et assurait le suivi post-opératoire, se garda bien de le lui dire. Il refusait d'ailleurs de répondre à toutes ses questions, aussi s'était-elle tournée vers ses collègues infirmières du service - double difficulté à résister à la tentation de lui rendre visite. Toutefois, ce jour-là, alors qu'elle effectuait son espionnage quotidien, la brune de l'accueil lui donna une information qui l'obligea à revoir sa distance forcée. « Comment ça 'il veut personne à domicile' ? » Sa collègue haussa les épaules, blasée. « C'est pas le premier. » Casey s'empara des formulaires sur le bureau. « C'est ce qu'on va voir. » Elle ne réfléchit pas davantage avant de franchir les quelques mètres qui la séparaient de la chambre et d'en ouvrir la porte sans frapper. « Tu rentreras pas tout seul. Et tu vas remplir ça. » lâcha-t-elle sans préambule en brandissant sa liasse de feuille d'un geste péremptoire, à en faire trembloter la manche de sa blouse. Celle-là même flanquée de nounours multicolores et de cupcakes souriants ... On l'avait mise en renfort en pédiatrie pour la journée. Pour la crédibilité, on repasserait.
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Quand Tyler s'était réveillé il était seul. La visite de Casey était assez floue dans son esprit, tellement qu'il se disait que c'était peut-être même un rêve. Après tout, ce qu'elle avait dit, ou ce qu'il avait cru entendre, ça lui paraissait irréel. Mais en appuyant sur le bouton de l'infirmière, c'est elle qu'il espérait voir apparaître. Ce ne fut malheureusement pas le cas. Les jours qui suivirent non plus. Tyler ne voyait pas passer le temps. Les cinq jours qui suivirent furent rythmés par des siestes sous morphine, des examens médicaux à répétition et quelques visites de son chirurgien qui n'était autre que Christopher Griffith. Heureusement le médecin savait être professionnel et n'avait pas mentionné une seule fois Casey. Ou peut-être que cette dernière n'avait rien dit quant à leur séparation ? Lors de ces cinq longs jours Tyler s'était souvent posé la question, en vérité il s'était posé beaucoup de questions. C'est qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à faire dans sa chambre d'hôpital, surtout qu'il ne pouvait pas quitter le lit. Il était même forcé de demander l'aide d'une infirmière pour aller dans la salle de bains. On avait vu plus glamour... Au final c'était peut-être mieux que Casey ne soit pas passée.
Tyler regardait un programme débile à la télévision, un programme à la "feux de l'amour" qui avait réussi à le rendre accro en seulement cinq jours, quand on lui avait annoncé qu'il allait pouvoir sortir. Il attendait ce moment avec impatience. Seul bémol: on lui demandait de prendre une assistance à domicile. Hors de question. Il refusait catégoriquement. Il savait qu'il allait galérer avec sa jambe dans le plâtre et ses côtes fêlées mais c'était seulement l'affaire de quelques semaines pas vrai ? Il survivrait. Pas la peine d'avoir quelqu'un en permanence pour prendre soin de lui, de toute façon il s'était toujours débrouillé seul, il ne voyait pas en quoi ça devrait faire exception. Seulement Casey ne semblait pas être de son avis. Elle débarqua dans la chambre quelques heures plus tard alors qu'il mangeait le pudding rouge dégueulasse spécial hôpital - qui au final était pas si terrible que ça. Son ex - oui parce que c'est ce qu'elle était désormais - brandissait une liasse de feuilles en lui intimant qu'il ne rentrerait pas seul. Il sourit et reposa le pot sur la table."Bonjour à toi aussi, rayon de soleil !" lança t-il d'un ton excessivement joyeux. Une petite pique au fait qu'il ne l'avait plus vue depuis des jours ? Ou parce qu'elle avait une blouse avec des nounours et des cupcakes ? Probablement un peu des deux, dans tous les cas ça le faisait marrer. "T'es mignonne à croquer dis donc !" reprit-il du même ton en ajustant un peu sa position. C'était étrange de la voir maintenant, alors qu'il avait les idées bien en place. Tyler appréhendait ce moment à vrai dire, c'était aussi pour cela qu'il se montrait aussi blagueur, ça avait toujours été une sorte de mécanisme de défense, qu'il utilisait aussi pour détendre l'atmosphère et désamorcer les situations compliquées. Et là c'était précisément ce que c'était. Parce qu'au final, il ignorait quelles pourraient être leurs relations à présent. "Et il est hors de question que je signe ça. J'ai pas besoin d'une infirmière à domicile. Enfin... si tu veux me convaincre je serais ravi d'écouter tes arguments..." proposa t-il, une lueur de défi dans le regard.
Tyler regardait un programme débile à la télévision, un programme à la "feux de l'amour" qui avait réussi à le rendre accro en seulement cinq jours, quand on lui avait annoncé qu'il allait pouvoir sortir. Il attendait ce moment avec impatience. Seul bémol: on lui demandait de prendre une assistance à domicile. Hors de question. Il refusait catégoriquement. Il savait qu'il allait galérer avec sa jambe dans le plâtre et ses côtes fêlées mais c'était seulement l'affaire de quelques semaines pas vrai ? Il survivrait. Pas la peine d'avoir quelqu'un en permanence pour prendre soin de lui, de toute façon il s'était toujours débrouillé seul, il ne voyait pas en quoi ça devrait faire exception. Seulement Casey ne semblait pas être de son avis. Elle débarqua dans la chambre quelques heures plus tard alors qu'il mangeait le pudding rouge dégueulasse spécial hôpital - qui au final était pas si terrible que ça. Son ex - oui parce que c'est ce qu'elle était désormais - brandissait une liasse de feuilles en lui intimant qu'il ne rentrerait pas seul. Il sourit et reposa le pot sur la table.
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Il ne paraissait même pas surpris. Ou alors, il le cachait bien. A la place d'un regard réprobateur pour avoir envahi son espace privé, il lui décocha le sourire. Oui, celui qui la faisait fondre à peu près à tous les coups. C'était bas. Et vile. Et Tyler. Qui ne le faisait sans doute même pas exprès, tellement il était naturel chez lui d'être horriblement craquant. Pour autant, elle ne se laissa pas décontenancer : ignorant ses salutations enjouées, elle se contenta de rebondir à la remarque sur son vêtement. « Je sais, les gosses essaient tous de me mordre depuis ce matin, comme si j'étais un putain de gâteau géant. » rétorqua-t-elle donc rapidement. Elle eut tout de même le bon goût de piquer un léger fard. De fait, elle avait totalement oublié comment elle était attifée et donc, le merveilleux prétexte qu'elle donnait à son ex-collègue - et tout court - pour se moquer d'elle. Toutefois, on ne pouvait nier que ça avait le mérite d'apaiser l'ambiance entre eux. Si bien que Casey se surprit à oublier ce qu'il s'était passé entre eux. Sans réfléchir, elle contourna le lit et vint s'assoir à côté du jeune homme. « Pousse-toi un peu. Et arrête de lorgner mes cupcakes, tu louches. » Elle déposa les papiers sur la tablette, juste à côté de l'espèce de gelée fluo non identifiée. Comme si le manque de traçabilité de la chose allait l'empêcher de faire ce qu'elle s'apprêtait à faire ... C'est-à-dire s'en emparer pour la bouloter. Classique. Casey restait Casey et se passait de permission s'agissant de son estomac. « Tu vas me dire que t'as besoin de personne, c'est ça ? » lâcha-t-elle d'un ton amusé, la bouche à moitié pleine. Mi-figue mi-raisin, cela dit. Elle se demandait comment il avait atterri dans ce camion et probablement foutu Baby en l'air. « J'en ai deux pour toi, des arguments : jambe et cassée. Ah et aussi : côtes et fêlées ! Ça fait beaucoup trop de trucs brisés dans cette histoire pour qu'on te laisse te débrouiller. Pour que je te laisse te débrouiller. » Elle reposa le pot vide. Curé, plus exactement. A croire qu'elle n'avait pas mangé depuis des jours. Quoi qu'à en juger par son tee-shirt qui flottait plus que d'ordinaire, c'était tout à fait probable. Si ses cernes s'étaient résorbés, elle ne paraissait pas en grande forme physique pour autant. « Je connais de supers infirmières libérales. Genre top five de la piqure et du renouvellement de pansement. C'est à peine si tu verras qu'elles sont là. » Surprenant sa mine toujours aussi peu convaincue, elle finit par lever les yeux au ciel et soupirer de frustration. « Écoute, c'est ça ou ... Moi. » Elle n'en revenait pas de l'avoir sorti, celle-là. Pour sa défense, depuis plus d'une semaine, elle le savait en sécurité entre ces quatre murs. L'idée qu'il s'en retourne dans le monde réel, seul, là où elle ne pouvait plus atteindre, lui redonnait des nœuds à l'estomac et la bouche sèche. Elle ne plaisantait vraiment pas en disant qu'elle avait eu la peur de sa vie.
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