YESTERDAY'S NEWS |48
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Elle était toujours en pyjama. Mais au moins, elle avait cessé de courir sans but. A la place, dans la seconde ville des États-Unis qui ne dormait jamais, elle avait fait demi-tour pesamment jusqu'à la voiture qu'elle avait laissé à proximité de chez Tyler. Avec qui c'était terminé. Pour de bon. Pour toujours. C'était comme ça. Ça devait arriver, tu le savais. Ce fatalisme ne rendait pas le constat et encore moins les évènements de la soirée, plus supportables. Ni moins douloureux. Comme si on lui avait arraché le cœur pour y laisser un trou béant, suintant de sang et de larmes. Personne ne pouvait combler ça. Rien ne pourrait réparer ce qui avait été irrémédiablement brisé. Toutefois, même dans son malheur, Casey qu'il existait une personne dans ce monde moisi qui pourrait tenter d'endiguer l'hémorragie.
Elle n'avait aucune idée de la manière dont elle était parvenue à conduire jusqu'à Central sans renverser au moins une petite vieille ou foncer dans une bouche d'égout. D'ailleurs, elle ne se posa même pas la question. A la place, elle traîna sa carcasse vide jusqu'au second immeuble de la nuit - déjà bien avancée - et grimpa lourdement les escaliers. Ses dernières forces, elle les mit dans les coups qu'elle donna à la porte. Elle n'eut pas longtemps à attendre avant que le battant ne s'ouvre sur la seule silhouette qu'elle avait envie de voir. Sonja. « J'peux rester avec toi cette nuit ? » demanda-t-elle, piteuse, d'une voix rauque, les joues encore striées par des sillons de larmes séchées. Elle ne s'était jamais sentie aussi ridicule. Et elle s'en cognait complètement.
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Des coups à la porte dans la nuit. Ce n’est pas la première fois, qu’on se le dise. Mais qu’importent les activités de Sonja, qu’elle soit en train de dormir dans sa chambre, en pleine série ou de comater sur son canapé comme cette nuit-là, elle sait décoder ce que les frappements signifient. Et il y a une différence entre « j’ai trop bu, j’ai besoin d’un endroit où dormir pas trop loin de ma voiture », « allez viens on sort » et « j’ai besoin de toi ». Et c’est indéniablement cette dernière sorte qui apparaît, la faisant se redresser en sursaut. Elle essuie sa bouche pleine de glace au chocolat, ne réussissant qu’à en étaler un peu plus, ignore le pot ne contenant que de la crème dorénavant inutile sur la table basse pour aller ouvrir rapidement. Pour voir … « J'peux rester avec toi cette nuit ? » Casey. En train … de pleurer ? Ou qui a pleuré, en tous cas. N’ayant aucune envie d’attirer l’attention de son voisin-le-pervers (Clyde, 55 ans, avec un drapeau confédéré visible dès qu’il ouvre la porte, pour planter un peu le personnage), elle s’efface juste pour la laisser entrer. Mais, dès la porte fermée, elle l’attrape par les épaules pour plonger ses yeux dans les siens : « Mais Case’ ! Qu’est-ce qui se passe ? » Une partie d’elle se doute de ce qu’elle va lui répondre, mais elle veut le lui entendre dire avant de laisser éclater sa rage. Jamais, JAMAIS en plus de vingt ans elle n’a vu la jeune femme dans cet état. Et autant vous dire qu’elle est maintenant plus réveillée que jamais et lutte contre l’envie de la serrer contre elle juste pour pouvoir analyser ses expressions et comprendre. Même si en réalité, elle a déjà condamné quelqu’un : « Qu’est-ce qu’il a fait ? » Et si elle a essayé de toutes ses forces de rester neutre, c’est une grognement de tigresse qui s’est échappé de sa gorge.
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Comme l'ambulancière n'a pas davantage envie d'étaler ses problèmes sentimentaux devant Clyde-le-gros-dégueu, et aussi parce qu'après tout, elle a bien traversé la ville pour une bonne raison - enfin, la bonne personne -, elle se laisse entraîner à l'intérieur. Son corps lui fait l'effet d'un torchon qu'on aurait jeté dans la machine à laver, essorage à 500 000 tours, avant d'être recraché en un tas de tissu informe et humide. On dramatiserait à peine en affirmant qu'elle est sur le point de s'écrouler, mais là, pour filer la métaphore, elle a plutôt l'impression de sortir du ring après un match particulièrement violent. Qu'elle a perdu par K.O, d'ailleurs.
Un soupir proche du geignement répond à sa meilleure amie alors qu'après s'être dégagée de son étreinte mollement, elle traîne sa carcasse jusqu'au canapé dont elle l'a visiblement délogée. Son œil vide happe les restes d'un pot de glace entièrement fondu. Qu'à cela ne tienne : foutu pour foutu, elle l'attrape et entreprend d'en boire le contenu d'une traite, comme s'il s'agissait d'un breuvage beaucoup plus fort - et moins sucré. « Je prendrais bien une bouteille entière de ta vodka la moins chère et qui fait le plus mal à la tête. » réplique-t-elle à Sonja pour toute réponse à son accusation évidente. Elle sait. Elle a compris. Ça ne l'étonne pas. Elles se connaissent depuis trop longtemps, elle l'a vue revenir de trop loin - dans tous les sens du terme - pour ne pas avoir saisi ce qui, ou plutôt qui, pouvait la mettre dans un état pareil. Et comme son indienne préférée ne paraît guère encline à répondre à son caprice alcoolisé tant qu'elle ne lui aura pas tout avoué, elle finit par lâcher : « Elle était blonde avec des seins énormes et un putain de string rose. » Elle reporte le pot de glace à ses lèvres, histoire d'y laper jusqu'à la dernière goutte. « J'aurais pas dû aller chez lui ... J'aurais dû ... Tout arrêter avant que ça dégénère. J'ai dit des trucs horribles. Je suis trop conne. » Elle a un hoquet mais pas de larmes pour l'accompagner. Ou plus, en tout cas.
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