YESTERDAY'S NEWS |48
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« Je sais pas, maman, il me parle pas de ces trucs-là ! Appelle Carl et demande-lui directement ! » Tenant son téléphone d'une main, Casey essayait désespérément d'enfiler sa veste et de repérer ses clefs de voiture dans le bordel de la cuisine. Les Cooper partis, elle regrettait surtout le majordome, Nigel, et que leur femme de ménage habituelle, Tabatha, soit en vacances. Mais surtout, elle regrettait d'avoir répondu à cet appel ! Rose Griffith était aux cent coups car elle venait d'apprendre par une amie de la voisine de la cousine de sa coiffeuse - ou un truc du genre - que son frère aîné aurait rompu avec sa petite amie. Enfin, sa fiancée. Carl sortait avec Malia depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvienne - peut-être dix ans - et le mariage était prévu l'année prochaine. Était, oui, puisque apparemment, l'un des deux - ou les deux ? - avait décidé de rompre son engagement. Sauf que l'ambulancière n'en savait strictement rien. La concernant, ses échanges avec son aîné étaient sporadiques, se limitant au déjeuner mensuel avec leurs parents. Non pas qu'ils ne s'entendaient pas, simplement, ils n'avaient pas grand-chose à se dire. Alors se confier leurs problème, surtout de couple ? Non décidément, Rose frappait à la mauvaise porte. « Mamaaaaaaaaan ! Je-ne-sais-pas ! Arrête d'écouter les ragots et va à la source ! Je dois retrouver Sonja et je suis déjà super à la bourre ! Je te laisse ! Je t'aime ! » Et elle raccrocha. Il n'y avait que ça qui fonctionnait avec sa douce maman quand elle était dans cet état. Rose fulminerait deux minutes dans son coin, nettoierait sa cuisine pour se calmer et ensuite, elle se déciderait probablement à appeler Carl. Puis, à la rappeler elle pour lui faire un compte-rendu. Classique. En attendant, elle devait filer.
Les cheveux à peine coiffés, débraillée d'avoir sauté du lit et dans ses fringues en quatrième vitesse après une nuit trop courte, elle finit par se garer dans le quartier où habitait sa meilleure amie environ une demi-heure plus tard. Evidemment, en traversant la rue, elle manqua se faire renverser par un taxi un peu trop pressé qu'elle insulta copieusement. Arrivée devant l'immeuble, elle tapa rapidement le code et fila jusqu'au deuxième étage. La politesse étant une notion depuis longtemps oubliée entre les deux jeunes femmes et leur vingt ans d'amitié, elle ouvrit la porte d'entrée sans frapper. « Je suis làààààààààààà ! Pardon pour le retaaaaaaard ! Ma mère a appelé parce que Carl serait plus avec Mia ou je sais pas quoi et j'arrivais plus à m'en débarrasser ! » brailla-t-elle dans le couloir, avant de s'avancer dans le salon. « Mais maintenant, mon amour, je suis toute à toi ! » termina-t-elle avec emphase, un grand sourire aux lèvres, en ouvrant les bras afin que sa belle indienne vienne s'y réfugier pour un de ces câlins qu'elles adoraient. De ceux qui empêchaient Sonja de bouder son manque de ponctualité trop longtemps.
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Elle est en retard, bien évidemment. Sonja a déjà eu le temps de filmer ET poster son tuto beauté du jour, à savoir comment dissimuler ses cernes après une folle soirée. Et par folle soirée, entendez juste « insomnie », cette fois, pas de chat vidéo avec Rajeesh, malgré ses nombreux messages insistants (et photos explicites à l’appui !) ni sortie alcoolisée. Ce qui n’a pas la moindre importance étant donné qu’elle est maintenant parfaite, que ses sandales sont assorties à ses lunettes de soleil et qu’il ne manque que … « Je suis làààààààààààà ! Pardon pour le retaaaaaaard ! Ma mère a appelé parce que Carl serait plus avec Mia ou je sais pas quoi et j'arrivais plus à m'en débarrasser ! » Sans frapper, parce que depuis le temps, ce n’est plus la peine, évidemment. L’Indienne attend son amie de pied ferme, au milieu du salon, une moue désapprobatrice aux lèvres en train de tapoter sa montre d’un index agacé. « Mais maintenant, mon amour, je suis toute à toi ! » Elle tient la pose quelques secondes, juste pour lui signifier que non, elle n’est pas dupe, et que oui, elle lui en veut. Ça ne dure cependant pas, parce qu’elles n’ont pas le temps pour ces bêtises : « Tu arriveras à l’heure, un jour ? » Les yeux se veulent désapprobateurs mais elle se jette rapidement dans ses bras, la serrant contre elle : « T’as de la chance que j’t’aime, ma chérie, j’aurais déjà demandé le divorce vingt fois, sinon ! » Une par année. Comme si. « Et comment ça Carl n’est plus avec Mia ? »
S’activant, elle retourne vers sa table basse et éteint son ordinateur, non sans avoir noté que le nombre de vues est déjà prometteur. Ce qui lui arrache un sourire alors qu’elle empoche son portable et attrape son sac de créateur, payé par son dernier cachet : « J’y crois pas, j’ai déjà la robe en plus ! » Pour l’accompagner, bien évidemment, qui d’autre qu’elle pour l’aider à piller le bar, le buffet et noter tous les garçons d’honneur sur une échelle de « passable » à « dans mon lit ce soir ». Juste noter, bien évidemment. « Dis-moi que tu vas l’appeler ! » Pas qu’elle pense nécessairement que ce soit une bonne idée, mais Sonja ne peut résister à un potin bien croustillant : « Je te partie qu’il l’a trompée … avec sa collègue, Lila ! » Elle l’attrape par la main, l’entraînant dans son sillage : « Ou non, ELLE l’a trompé avec Lila ! » Elles arrivent déjà à la porte, il n’y a pas de temps à perdre. Elles ont la journée pour elles deux et elle a envie d’en profiter au maximum : « Mais attends, on ne devait pas acheter ta tenue aujourd’hui ? » Entre autres articles. Les boutiques n’ont qu’à bien se tenir quand elles s’y mettent à deux.
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Casey garde les bras ouverts, une petite moue de supplique comique aux lèvres. Elle sait que Sonja va craquer. Au point qu'elle pourrait deviner les secondes qui la séparent de leur étreinte amicale. Cinq, quatre, trois .... A un, le parfum délicieusement familier de sa meilleure amie l'enveloppe et elle sourit. Encore plus à ses paroles. « Pour te répondre : seulement au boulot, tu ne pourrais pas vivre sans moi et il semblerait. » Trois questions en une. Trop balèze Griffith ! Elle laisse finalement l'indienne lui échapper, sortant son propre téléphone alors que celle-ci s'affaire à préparer leur départ. Ainsi qu'à râler parce qu'évidemment, Sonja a déjà prévu tout son ensemble, certainement des boucles d'oreille à la pédicure pour ... Dans un an. « Tu pourrais peut-être la recycler pour un autre mariage. Quoi qu'ils ont le temps de se remettre ensemble dix fois, d'ici là. Je te parie que maman a encore surréagi. Tu la connais ! » Si la brune adore sa mère, rapport au fait que c'est la meilleure maman du monde, elle sait aussi que Rose a tendance à s'emballer un peu vite. Au moins, on sait de qui la jeune femme a hérité ce trait de caractère. Ce n'est pas le très retenu Christopher qui aurait pu lui transmettre ce gêne-là. « Tu sais très bien que non ! Quand j'appelle Carl, c'est seulement si j'ai un problème de bagnole. Ou si je devais me retrouver accusée d'un meurtre. Le orange me va pas au teint. » Elle s'en amuse mais en réalité, elle guette un signe de Rose. Elle espère que la cousine de la tante par alliance de la soeur de l'esthéticienne a fait de l'intox, parce qu'elle n'a aucune envie de voir son grand dadet de rouquin de frère malheureux. Cela dit, elle pourra peut-être l'engager quand elle aura été arrêtée pour injures slash harcèlement sur cette petite conne de Mia. Non, elle n'a jamais pu piffrer sa belle-sœur.
A la certitude de Sonja selon laquelle l'un des deux aurait fauté avec l'associée de Carl, elle hausse un sourcil perplexe. Avec sa meilleure amie, il faut être multitâches : se déplacer tout en parvenant à afficher des expressions de faciès éloquentes. Un jeu qu'elle maîtrise parfaitement. « Si elle a fait ça, je lui crève ses pneus. Et brûle son chien. » Un fichu yorkshire à la con qui essaie toujours de se frotter à votre jambe quand il n'essaie pas de la bouffer. Lui aussi, elle le hait. Un jour, elle en fera de la chair à saucisses. « Mais si c'est Carl, je sabre le champagne ! » s'exclame-t-elle en riant tandis qu'elles ressortent de l'appartement. Rire redoublant à la dernière interrogation de son amie. « Quelle tenue ? Je comptais y aller en short et tongs, ça suffit pas ? » Elle se dépêche de filer dans le couloir, gloussant toujours, avant que Sonja ne lui assène une bonne claque derrière la tête. On ne rigole pas avec la mode ! Jamais ! « Allez viens, bébé, je suis garée comme un âne et j'ai vu une contractuelle à l'autre bout du pâté de maisons ! Manquerait plus que je me fasse encore aligner ! »
Ouf, pas de prune ! Casey grimpe du côté conducteur de son vieux tacot qui tousse alors qu'elle allume le moteur. Elle a cette voiture, une vieille Ford de 86, depuis qu'elle a eu son permis - dix ans, donc. L'habitacle empeste encore le patchoulis de son ancienne propriétaire, une grand-mère qui ne s'en servait que pour faire ses courses. Le must du must ? Après s'être battue contre un arbre alors qu'elle avait bu, c'est à se demander comment le pare-choc arrière - scotché de toute part -, tient encore. « Centre commercial nord ? » demande-t-elle, accompagné d'un regard entendu. Ils ont les meilleurs donuts au nutella et à la chantilly du monde. Et ça, Sonja le sait autant qu'elle.
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Elle a beau râler, elle sait que Casey a raison : elle ne pourrait pas vivre sans elle. Elle est à peu de choses près son premier texto / appel de la journée et bien souvent le dernier. C’est comme ça. Même si parfois, elle la fait criser, comme quand elle lui parle de réserver la tenue qu’elle a prévue pour un autre mariage : Mais ça ne va pas ? s’indigne-t-elle comme si elle venait de lui suggérer d’y aller vêtue d’un sac poubelle : Elle est suffisamment scandaleuse pour faire passer Mia pour un épouvantail tout en étant assez classe pour ne pas faire vulgaire … hors de question que je fasse ça à une autre ! Oui, il faut savoir que si Casey déteste quelqu’un, il y a peu de chances pour que cette personne trouve grâce aux yeux de l’Indienne. Une question de solidarité féminine, m’voyez. Doigts croisés pour qu’effectivement ce ne soit qu’une fausse alerte à la Griffith, elle la détaille des pieds à la tête, une grimace lui confirmant que le orange, non, c’est impossible, pas avec ce teint. Une couleur qu’elle peut se permettre par contre. Chacune son truc. Tu pourrais quand même faire une exception, c’est une fashion emergency, argumente-t-elle, et Shiva sait que c’est une priorité absolu pour la Rampaj, même avant un incendie – sauf si cela concerne un centre commercial, bien évidemment. Et en parlant d’incendie … Lui tenant la porte, elle se permet une objection : Mieux vaut le renverser avec ta voiture, proprement, on le lui fera empailler et on lui enverra anonymement. Sourire malicieux aux lèvres, elle referma la porte : Ecoute, je sais que tu as toujours rêvé qu’ils se séparent pour qu’on soit enfin officiellement de la même famille, mais si le type de Carl, c’est Mia, je n’ai aucune chance. Cliché à souhait, Sonja a effectivement eu un crush, adolescente, pour le frangin de sa meilleure amie. Lubie qui lui est allègrement passée depuis, mais c’est toujours drôle d’en reparler. Et il faut bien avouer qu’il y a quand même pire que le Griffith.
Pourchassant Casey dans les couloirs en l’invectivant pour son idée complètement inacceptable de tenue: Moi vivante, même pas en rêve ! TU M’ENTENDS GRIFFITH !, elle se dépêche, pestant entre ses dents : Et voilà, ça arrive avec une heure de retard et ça me fait courir après, pour la forme. Les doigts parcourant le capot de l’engin comme pour lui dire bonjour, elle se permet tout de même de souligner : Je me demande toujours quand cette bagnole va nous tuer pour se venger de tout ce qu’on lui a fait subir. Entre les lattes renversés, les rayures quand Casey avait eu la bonne idée de la laisser conduire, des bosses dont elle tairait la provenance … elle en avait vu des vertes et des pas mûres ! Et Sonja n’avait vraiment pas hâte de voir venir l’heure de sa retraite. Le patchouli lui convient évidemment, lui rappelant pas mal de souvenirs, de l’habitacle et d’autres endroits. Ses yeux trouvent ceux de Case quand elle lui fait une proposition qu’elle ne peut refuser, sachant très bien où elle veut en venir : Evidemment … et pied au plancher, j’t’attendais, je n’ai RIEN AVALÉ ! assène-t-elle d’un ton accusateur. Et l’estomac, c’est sacré. Et qu’on se le dise, elle est prête à faire la drama queen en pleine file d’attente pour qu’on les serve en priorité. Ou à envoyer Casey draguer un serveur. Sortant son portable et la mini-enceinte de son sac, elle fit retentir Blank Space en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et jeta un regard par-dessous à son amie, derrière l’écran de ses lunettes de soleil : Et j’t’entends beaucoup parler des histoires de ton frère, mais j’suis en attente de la suite des tiennes. S’il y avait une suite. Mais vous pouvez être sûre qu’avec Casey, il y a toujours un nouvel épisode. Sa série préférée pour vivre sa vie amoureuse et sexuelle par procuration. Enfin … Avec un petit « previously on », s’il te plaît, je m’y perds un peu je t’avoue. Faux. Mais elle ne s’en lasse pas et compte la faire parler le plus possible d’elle pour qu’elle ne lui retourne surtout pas la question.
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« Prie Ganesh quand tu dis un truc pareil, tu sais que Polly t'entend ! » s'était-elle exclamée, faussement terrorisée, alors que Sonja s'inquiétait du retour de karma que Polly - la voiture, donc, de son petit nom donné au lycée par les deux jeunes femmes - pourrait leur faire subir. Aussitôt, comme pour dissuader l'engin de transformer la boutade en prédiction fatale, elle s'engage dans l'artère principale. Sans clignotant. Provoquant donc un concert de klaxons nerveux. Oups. Il lui faut souvent un temps d'adaptation pour se rappeler qu'elle n'est pas au volant d'une ambulance et que donc, elle n'a pas la priorité partout où elle passe. « Oh ça vaaaaa ! Ta gueule, pouffiasse ! » braille-t-elle dans le rétroviseur intérieur, ratant presque la réplique de sa meilleure amie. Contraste saisissant, après son petit chapelet d'injures, elle éclate de rire. « Genre tu te laisserais mourir de faim ! Pas à moi, mon petit cœur ! » Il neigerait au Nigeria avant que l'une ou l'autre délaisse son estomac pour quelque raison que se soit. D'ailleurs, c'était grâce à cet organe vital qu'elles étaient devenues les meilleures copines, en primaire. Un paquet de gâteaux et une briquette de jus de fruits partagés, et voilà, le grand amour était né.
Un feu rouge oblige Casey à s'arrêter, la laissant fredonner en chœur avec Taytay en paix, sans distraction de circulation pour l'en empêcher. Cependant, c'est sans compter sur sa merveilleuse indienne et son goût prononcé pour tous les aspects de sa vie - en sus de sa curiosité naturelle. Elles n'ont guère eu le temps de se voir ces dernières semaines et bien qu'elles aient échangé un million de textos et se soient appelé au moins une fois par jour, le fait est qu'elles en sont plutôt restées aux événements légers du quotidien. Les choses sérieuses, importantes, sont réservées à leurs entrevues. Elles se le sont promis depuis le retour de Casey de Syrie. Néanmoins, alors que l'ambulancière réalise qu'elle va devoir passer à la casserole - et pas dans le bon sens de l'expression, cette fois -, elle doute que cet argument pèse dans la balance quand elle va lui avouer qu'elle lui cache un gros loup depuis plusieurs semaines. « Arrête ! Toi, te perdre ? Tu n'oublies jamais rien ! » plaisante-t-elle, préparant le terrain. Et repoussant l'échéance aussi, un peu. Quoi qu'elle aurait pu pousser le vice jusqu'à demander si la mémoire d'éléphant était un truc d'indiens, rapport au fait que si elle ne se trompe pas, ces animaux sont sacrés là-bas. C'est dire si elle prend sur elle. « Sinon, pas grand-chose, tu sais. La routine, tout ça tout ça ... » lâche-t-elle d'un ton désinvolte. Trop. Au vu du regard de Sonja, elle ne l'a pas crue une demie-seconde. Dans un soupir, Casey se décide à rendre les armes. Il faudra bien qu'elle le lui dise, de toute façon. « Bon. Tu te souviens de la soirée bowling avec les gars de la caserne, du gros vent que j'ai foutu à Clayton, de ma cuite improvisée et ... Bref ! Tu m'avais demandé ce que Tyler faisait chez moi. Et en fait, c'était pas la première fois qu'il venait. » Baboum. La nouvelle a l'effet d'une bombe, elle le sent bien, même si elle s'obstine à regarder la route plutôt que l'expression probablement ahurie de son amie. Il est des choses inaliénables et normalement, le fait que le binôme ne se côtoie que très peu en-dehors de leur travail, donc qu'il ne mette pas le pied l'un chez l'autre, semblait en faire partie. « Et avant ça, c'était moi qui étais allée chez lui. » Badoum bis. Elle déglutit. Ça va faire mal. Très mal. « On a ... Bon. La première fois, j'ai passé la nuit chez lui et je me suis vite tirée à l'aube - déjà, parce que j'étais réquisitionnée pour un carambolage et aussi, parce que j'avais fait une grosse connerie en passant la nuit avec lui. Après, on a essayé de pas en reparler mais on a dû le faire, tu sais, par rapport au boulot et ... On s'était dit que surtout, il fallait rester juste amis, que c'était mieux - après qu'il m'ait limite traitée de traînée, mais ça, c'est une autre histoire. Breeeef, je sais pas ce qu'il s'est passé - si, elle savait très bien - mais le soir où on a dîné ensemble toi et moi, tu te souviens ? Il m'a rejoint chez moi. Là encore, on a essayé de limiter les dégâts avant que ça aille vraiment trop loin. D'où la soirée bowling entre collègues de la caserne ! Quoi que tu te doutes que là, il s'est rien passé tellement j'étais séchée. Et puis, on a repris comme si de rien n'était, jusqu'à ce qu'il débarque à la maison la semaine dernière et me dise qu'il voulait plus, que je réalise que moi aussi et ... Qu'on se voit presque tous les jours depuis. » Elle a tout débité d'une traite, sent que ses joues ont stupidement rougi. Elle ose une œillade vers Sonja, la mine défaite. Elle sent, elle sait qu'elle va mal prendre qu'elle lui ait dissimulé un truc pareil. « Je t'en supplie, m'en veux pas ! J'avais l'intention de te le dire, je te jure ! C'est juste que ... Si je t'en avais parlé, alors j'aurais dû mettre des mots dessus et j'étais complètement paumée ! Dans le déni, aussi. Je savais pas ce que c'était. Je le sais toujours pas d'ailleurs ! Tout ce que je sais c'est que ... C'est drôlement bien. Sur tous les points imaginables. » Enfin, aveux faits, elle consent à se taire. Guettant la sentence telle une enfant prise la main dans le pot de confiture.
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Bon, d’accord, concède-t-elle quand Casey lui dit ne pas la croire deux secondes quand elle dit ne rien avoir mangé, J’ai avalé une barre de céréales. UNE barre de céréales ! Ca ne compte pas. Surtout quand il s’agit d’une produit soit-disant beauté, censé illuminer le teint grâce à sa hauteur teneur en éléments riches en vitamines. Elle fera une vidéo sur le sujet le lendemain, si leur virée ne se transforme pas en une soirée épique et qu’elle est en état de montrer sa frimousse à l’écran le matin suivant. Very unlikely, tout le monde en conviendra. Ça attendra quelques jours de plus. Il y a des priorités dans la vie, encore une fois, et sa meilleure amie en est une. Comme effectivement les moindres aspects de sa vie, desquels elle ne risque pas de se lasser, elles se raconteront toujours tout quand elles seront vieilles, en maison de retraite, et qu’elles auront échangé leurs dentiers par erreur. Elle reste donc silencieuse, préférant la passer sous le grill de son regard plutôt que risquer de perdre sa couverture si rapidement. Pas une mince affaire, mais visiblement la Griffith a suffisamment à cacher pour que cela passe inaperçu et … et le déluge annoncé la laisse comme deux ronds de flan. Littéralement. Bouche à moitié ouverte, portable négligemment posé dans sa main avec le poignet cassé dans un angle de diva, elle la fixe, ouvre la bouche, la referme, alors que l’ampleur de ce qu’elle vient d’apprendre la frappe finalement. Quoi ? Secouant la tête pour essayer de se reprendre, elle laisse tomber son téléphone dans son sac, faisant pivoter ses fesses et son buste pour détailler son amie, focalisée sur la route, évidemment – et tant mieux, vu ce qui va suivre. Non, attends, se reprend-elle, ce n’est pas assez. Je voulais dire : QUOIIIIIIIIII ?
Son hurlement de prima dona fait se retourner plusieurs personnes dans leur décapotable, mais elle n’en a pas grand-chose à faire. Ce qu’elle vient d’apprendre est beaucoup trop énorme. A bien des égards. Tu m’as MENTI ? Moi qui te raconte toujours TOUT ?! Ce n’est pas tout à fait vrai, mais à ce moment-là elle ne pense qu’aux détails potentiellement humiliants de sa (non) relation avec Rajeesh de laquelle elle ne lui a jamais rien tu. Mais quelque chose d’aussi énorme … Tu te rends compte que tu nous as privées d’au moins cinq sorties shopping pour te trouver de la lingerie et accessoirement des tenues assorties à tes humeurs et au message que tu voulais faire passer, que tu t’en rendes compte ou non ? Sans compter les litres de glace éclusés pour comprendre ce que tu ressens vraiment ? Elle la comprend, quelque part, mais une part d’elle aussi se sent un peu trahie, même si elle ne l’exprime pas comme ça. Rien qu’un peu de shopping ne puisse effacer, bien sûr, mais tout de même. Elle se retourne vers la route alors qu’elle continue, implacable : On se fait un resto tous les trois le weekend prochain. Et c’est non négociable. Avant que Casey ne lui raconte ça, ils se sont déjà croisés, à plusieurs reprises, mais dans un lieu public et sans possibilité de le cuisiner pour voir ce qu'il a dans le ventre. Mais ça change tout, il le faut, maintenant. Et, elle ne bougera pas de ses positions. Il y a une bénédiction ou non à donner. Et j’ai besoin de savoir pourquoi il t’a traitée de traînée avant de décider si je lui laisse son appareil génital quand on se verra pour la première fois. Parce que personne n’insulte impunément Casey, qu’il couche / sorte avec ou pas. Surtout pas dans ce cas-là, d’ailleurs. Ses yeux dévient de nouveau, après un long silence. Parce qu’il y a une question qu’elle n’a pas posée, et il est de son devoir de le faire, dans un soupir désabusé : Est-ce que t’es heureuse ? Parce que c’est bien évidemment tout ce qui compte. Le reste est accessoire.
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Elle attend. Ses doigts crispés sur le volant, le cou légèrement rentré dans ses épaules, Casey attend l'impact. Ose un œil vers sa meilleure amie et découvre son air stupéfait, pose de diva influenceuse à l'appui. Soit elle va me passer le savon du siècle, soit ... Soit elle va user de son exagération coutumière pour dissimuler ses airs vexés. Dans le mile, deuxième option ! Malgré elle, l'ambulancière ne peut réprimer un sourire : voilà exactement pourquoi elle ne lui a rien dit, c'est évident. S'imaginer dans un magasin de lingerie, ou encore à s'engouffrer des litres de crème glacée en parlant de ses sentiments est extrêmement malaisant. Et ça, Sonja en a tout à fait conscience, aussi ne s'est-elle pas gênée pour tomber dans l'exagération. Mais Casey sait qu'elle n'y aurait pas échappé - au moins aux questions, somme toutes assez légitimes. Sa belle indienne n'est pas du genre à lâcher un « ah okay cool » et à passer à autre chose, contrairement à elle. « Je t'ai pas menti ! J'ai juste ... omis la vérité ! » se défend-elle mollement. Il faut au moins l'exigence de Sonja pour lui faire retrouver toute son énergie. « Quoi ? Non ! Tu veux le faire flipper ?! Crois-moi, il a pas besoin de ça ! » Un dîner en trio. Doux bébé Jésus. Elle n'imposera jamais un truc pareil à Tyler, celui-ci étant déjà suffisamment sur la réserve comme ça - enfin, pas pour toutes leurs activités, cependant. Mais disons que pour le reste, mieux valait y aller par toutes petites étapes. « Laisse tomber, c'était un malentendu. Il croyait que je courrais deux lièvres à la fois et ... La journée avait été longue. » Excuse la plus moisie du monde, dans la mesure où elle aurait bien pu se taper l'intégralité d'une équipe de foot, l'insulte n'avait pas lieu d'être. Le contexte était à replacer pour comprendre la raison pour laquelle, justement, il avait gardé son service trois-pièces. Une intervention compliquée, deux jeunes gens effarouchés remplis d'hormones dans la même pièce ... Les mots pouvaient rapidement dépasser certaines pensées. Elle n'avait pas été en reste niveau insultes, d'ailleurs - une sombre histoire du nombre de MST qu'il devait se traîner, ce genre de joyeusetés. A ses côtés, sa meilleure amie soupire et Casey sent, forte de deux décennies d'amitié, que les prochaines paroles de Sonja ne vont pas manquer de l'ébranler. T'es heureuse ? Une fois encore, elle ne s'est pas trompée.
« Oui. » La réponse est simple. Sobre. Elle a jailli du plus profond de sa poitrine et loin de la rassurer, cette spontanéité l'inquiète quelque peu. Parce qu'elle craint que cet aveu de bonheur ne soit pas gratuit, qu'elle doive passer à la caisse d'une manière ou d'une autre. Sauf qu'elle ne peut pas contrôler cette sensation de plénitude qui l'a envahie depuis qu'ils se fréquentent. A dire vrai, elle ne contrôle plus grand-chose. « Il est gentil, il est attentionné, il a de l'humour, de la conversation ... En gros, tout ce qu'il avait déjà en tant que binôme mais en encore mieux. Parce que maintenant, il y a le sexe avec. Et putain, ça aussi c'est génial ! » Rien que d'y penser ... Le moment est mal choisi, Griffith. Très mal choisi. Les joues légèrement empourprées, elle se racle la gorge, mais ne peut s'empêcher de lâcher : « ... Le meilleur coup de toute ma vie, je te jure. Si seulement tu pouvais connaître ça ! » Au-delà d'un écran et d'un logo Skype, s'entend. Soudain, elle réalise qu'un étrange silence s'est installé. Sonja, se taire ? Faisant fi de toute prudence, elle détourne les yeux de la route pour la regarder. « Sonjaaaaaaa ? Toi aussi tu caches quelque chose à ta BFF-de-la-vie-entière-que-tu-aimes-plus-que-les-mojitos-et-les-enchiladas, hein ? » Oeillade soupçonneuse et moue faussement accusatrice. Chacune son tour de passer à la casserole - au sens propre et figuré, visiblement.
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« Parce que tu crois que tu as le choix ? T’es choue, darling. » Il s’agit plus d’une provocation que d’autre chose, elle n’a pas techniquement les moyens de les contraindre à cette entrevue, mais il y en aura une. Et non, certainement pas un dîner formel dans lequel elle le mettrait extrêmement mal à l’aise en jouant le rôle … non, pas des parents, en jouant son propre rôle, celle de la meilleure amie soucieuse du bien-être de celle qui partage sa vie depuis plusieurs décennies et qui a donc ses intérêts à cœur. Et croyez-moi quand je vous dis que c’est bien pire que la famille. Surtout qu’elle n’a pas eu le droit à ce genre de dramas, donc elle ne va pas se gêner pour en rajouter. Mais sans doute plus dans un bar, au détour d’une soirée. Elle ne pourrait pas garder son sérieux plus de deux minutes si elle les alignait entre des fourchettes à n’en plus finir et des plats au nom ronflant. Et puis elle n’est qu’étudiante, après tout ! Mais il ne s’en tirera pas comme ça, et elle non plus. Même si elle vient déjà d’avoir pas mal de détails, incluant donc cette insulte qu’elle n’est pas prête d’oublier, explications de Casey ou pas à l’appui – qu’elle gratifie d’un sifflement agacé, signifiant tout à fait « et tu crois que c’est une excuse ? Not to me, girl ! » - il va lui en falloir évidemment plus, beaucoup plus. Et tout d’abord la chose la plus importante. S’il la rend heureuse. Et la réponse, cette fois-ci, la satisfait, et elle ne se prive pas de le montrer par un hochement de tête appréciateur. Elle lui décrit l’homme idéal, très clairement et elle ne peut être que ravie pour elle. Sans chercher ses mots, en plus. L’Indienne coule un regard en coin vers son amie, un petit sourire aux lèvres. Foi de Rampaj, ce n’est pas tous les jours qu’un mec la fait sourire comme ça.
« ... Le meilleur coup de toute ma vie, je te jure. Si seulement tu pouvais connaître ça ! » L’effet sur Sonja est immédiat. Persuadée que Casey est plongée dans les pensées qui semblent l’animer, elle pince les lèvres, le regard perdu sur la route quelques secondes. Et dans des souvenirs de draps froissés, de corps se cognant contre le mur et de … « Sonjaaaaaaa ? Toi aussi tu caches quelque chose à ta BFF-de-la-vie-entière-que-tu-aimes-plus-que-les-mojitos-et-les-enchiladas, hein ? » Encore une fois, bénie soit sa carnation l’empêchant de rougir honteusement à l’accusation directe de son amie. Passant la main dans ses cheveux, elle envisage l’espace d’un instant de mentir de manière éhontée, pour éviter d’avoir à le dire à haute voix. Mais un regard en direction de Casey lui fait comprendre qu’elle ne l’emportera pas au paradis, surtout pas après lui avoir fait une scène pour dissimulation de vérité. Alors … alors ses yeux accrochent son téléphone, pour s’assurer qu’il n’est pas en train d’appeler la mauvaise personne au mauvais moment et soupire, renversant sa tête contre l’appui-tête du fauteuil pour confesser, dans un gémissement : « J’ai couché avec Dexter Summer. » L’entendre est … cru. Et pire. Elle se plaque une main sur les lèvres, horrifiée, avant de se tourner vers son amie, se sentant obligée de se justifier immédiatement : « Je ne savais pas qui c’était, j’avais bu et … enfin juste, c’est arrivé… la première fois. » Elle grimace, se pinçant l’arrête du nez en se replaçant correctement : « Et c’est stupide. Et je ne devrais pas. Mais … mais qu’est-ce que c’est bon, » gémit-elle, complètement frustrée. Elle secoue la tête, sans trop y croire, alors que le parking est enfin en vue. Et il n’annonce pas sa libération, loin de là. « Je suis une personne horrible. » Succomber aux charmes d’un des plus grands séducteurs de LA. Vous parlez d’un cliché.
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