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YESTERDAY'S NEWS |48
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Tyler essayait simplement de brouiller les pistes, au moyen, parfaitement banal, de l'humour. Il essayait d'occulter le fait que Casey, son ex petite-amie, fricotait avec d'autres hommes. Et qu'elle en avait absolument tous les droits. Il n'avait pas son mot à dire. Il avait merdé, et c'était terminé. Mais voilà que c'était lui qui se retrouvait pris à son propre piège, perdu à chaque fois que Casey ouvrait la bouche. Est-ce qu'elle venait de dire qu'il était son genre ? Bon... leur temps ensemble l'avait pas mal prouvé. Mais était-ce vraiment le genre de truc qu'on disait à un ex ? Probablement pas. Comme on n'allait pas chez lui, prendre soin de lui. Comme on ne la laissait pas en contact d'urgence ou en code du portail... A moins de pas être passé à autre chose... Tout cela n'avait aucun sens, et cette situation était complètement folle, ubuesque. Tout ça ne rimait à rien. Et, c'était peut-être les médicaments, peut-être pas, mais Tyler en avait presque la tête qui tournait. Et puis là Casey prononça d'autres mots, provoquant d'autres... tourments. C'est pas mon mec. Y a pas de mec. Bien sûr que ça le mettait en joie ! Elle ne l'avait pas remplacé ! Tyler ne pouvait que s'en réjouir. Mais il n'avait pas le droit. Il voulait qu'elle soit heureuse après tout, n'est-ce pas ? Et visiblement il était impossible qu'elle le soit avec lui. C'était malheureusement la dure réalité des choses. Et la pilule avait du mal à passer. Que pouvait-il faire d'autre que s'effacer ? Pour elle. "Oh... je vois." Rester impassible. Rester impassible. Ne pas jubiler. Pourtant, quand Casey tourna le dos pour se rendre à la cuisine, Tyler ne put s'empêcher de réprimer un petit sourire. Sourire qui s'effaça aussitôt quand elle fit volte-face, lui demandant s'il était venu chez elle. Que pouvait-il dire ? Que pouvait-il faire ? Mentir, bien sûr. Tout plutôt que d'admettre qu'il s'était rendu chez elle dans l'optique de s'excuser, ayant même envisagé de la supplier à genoux de le pardonner. Bon, ok, peut-être pas. Ou peut-être. A vrai dire Tyler était incapable de prévoir son comportement aux alentours d'elle. Même aujourd'hui, après quoi, un mois de séparation ? Il était encore affecté. Alors oui, mentir semblait la seule alternative envisageable. "Disons plutôt que je suis... passé devant chez toi... Quand je prospectais. Tu sais, pour trouver cette baraque. Paraît que l'immobilier est un bon investissement. Je crois." Bien sûr qu'il s'en voulait. Tyler aurait voulu lui dire la vérité. Mais à quoi bon ? Si c'était seulement pour la faire souffrir... Non, il ne voulait pas ça. Alors tant pis, autant mettre des barrière, oublier et passer à autre chose. Seule alternative possible. "Je vous ai vu à travers une fenêtre. Et... j'ai sauté aux conclusions. Je suppose." dit-il avant de baisser les yeux, semblant être fasciné par la télécommande gisant dans ses mains. "Hum... mon feuilleton va commencer. Tu sais le soap sur NBC. C'était le seul truc qui buguait pas à l'hôpital et j'suis comme qui dirait devenu accro." Changer de sujet. Et fuir. Les deux combinés. C'était une autre alternative potable.
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Quelle réponse attendait-elle, au juste ? L'expression des mêmes remords que les siens, qu'il avait fait un pas vers elle, là où sa fierté - et sa honte - l'en avaient, elle, empêché ? Et à quel titre ? De mémoire, leur dernière rencontre avait été plus que houleuse. Tous les deux dans un couloir, lui à moitié nu, elle furieuse, tandis que l'objet - ou plutôt la personne - de leur dispute filait dans un nuage de parfum bon marché, son foutu string rose entre les doigts, à défaut d'avoir pu récupérer le beau brun entre ses jambes. Des excuses balbutiées que Casey avait refusé d'entendre, y répondant plutôt avec une dureté et un jugement cruel. S'il n'y avait pas eu cet accident, auraient-ils seulement repris contact un jour ? Elle en doutait. En tout cas, elle n'aurait jamais fait le premier pas. Comment s'imaginer qu'après ce qu'elle avait dit, lui aurait pu passer outre et chercher à la revoir ? Elle se faisait de drôles de faux-espoirs, le cœur gonflé certainement par l'abus de films à l'eau de rose - merci Sonja et à sa thérapie traitant « le mal par le mal ». Réalisant la bêtise de sa question, elle voulut lui dire de laisser tomber, que cela n'avait, de toute façon, aucune importance, quand Tyler prit son courage à deux mains pour affronter la tempête. "Disons plutôt que je suis... passé devant chez toi... Quand je prospectais. Tu sais, pour trouver cette baraque. Paraît que l'immobilier est un bon investissement. Je crois." Elle croisa les bras sous sa poitrine, un sourcil haussé au-dessus de son regard ahuri. « Attend ... Quoi ? » Elle n'en croyait pas ses oreilles. Soit il la prenait pour une courge, soit ... Soit, et bien oui, il mentait éhontément. Difficile de le lui reprocher alors que depuis qu'ils s'étaient retrouvés dans cette chambre d'hôpital et mise à part la petite déclaration sirupeuse de l'infirmière - laquelle était imputée à son état de faiblesse du moment, bien sûr -, tout n'était que non-dits entre eux. Il n'empêchait que c'était le prétexte le plus foireux qu'elle ait jamais entendu. La morphine était décidément très mauvaise pour l'imagination. Elle ne put retenir un sourire en réalisant quel vaudeville ils se jouaient, le tout dans une pièce dont le premier acte semblait ne jamais vouloir se terminer. C'était ridicule. Mais bien pratique pour la brune, dans la mesure où leur comédie lui permettait d'échapper autant à ses responsabilités qu'à la réalité. "Je vous ai vu à travers une fenêtre. Et... j'ai sauté aux conclusions. Je suppose." « Tyler ... » Son hilarité mourut aussi vite qu'elle était née. Pourquoi éprouvait-elle ce besoin soudain de le rassurer ? Des paroles qu'elle aurait trop vite regretté manquèrent de dévaler sa langue un peu trop bien pendue. Heureusement - ou pas -, l'ambulancier l'interrompit aussitôt, lui assurant qu'il avait soudain une vie pressante d'émission gériatrique, du genre Des jours et des vies ou n'importe quel autre programme en tête des distractions pour femme au foyer. « D'a ... D'accord. Je te dérange pas plus longtemps. » Elle aurait pu insister. Peut-être aurait-elle dû. Mais la Griffith était aussi téméraire qu'elle manquait de courage. Le mettre mal à l'aise en évoquant sa vie sexuelle - inexistante, rappelons-le -, ça, elle pouvait le faire. Le forcer à avouer quelque chose qui, visiblement, impliquait plus que chacun n'était capable d'entendre, non. Elle récupéra son sac et secoua le bras afin de regarder sa montre, accessoire devenu récemment indispensable depuis qu'elle avait intégré son nouveau poste. « Je dois passer chez mes parents. C'est un peu compliqué depuis ... Enfin, peu importe. - Elle doutait qu'il soit très intéressé par la défection de son frère et la dépression réactionnelle de sa mère. - Et aussi m'assurer que Trish a posté le chèque pour l'électricité ou je suis bonne pour me doucher à l'eau froide. » Elle ramassa le sac de médicaments et le mit bien en évidence sur la table basse. « Pas plus d'un paracétamol toutes les six heures. Evite les mouvements brusques et appelle-moi en cas d'urgence. Je repasse ce soir après mon ... Bref, j'ai un truc. Mais tu peux m'appeler, hein. » Elle qui avait essayé de rétablir une relation « normale » avec le jeune homme se retrouvait bien en difficulté, après ce dernier échange. Un dernier sourire contrit et elle s'éclipsa sans demander son reste. Non, vraiment, elle avait bien des qualités, mais le courage n'en faisait absolument pas partie quand il s'agissait de Tyler.
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