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YESTERDAY'S NEWS |48
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Tyler se regardait dans le miroir de l'entrée d'un air sceptique. Il était mal à l'aise. Première fois qu'il mettait un costume. Un vrai. Avec la veste, la chemise, la cravate et tout le toutim. En théorie il allait pouvoir tomber la veste assez rapidement, il faisait assez chaud aujourd'hui, alors avec un peu de chance... Tyler tritura encore une fois le nœud de cravate qu'il avait plus ou moins passé deux heures à faire. Il était de travers, mais au moins ça ressemblait à un nœud de cravate. Par contre qu'est-ce que ça serrait ! Quelle idée il avait eu aussi d'accompagner Casey aux fiançailles de son frère ! Oui, ce même frère qu'ils avaient vu quelques jours (une semaine peut-être) plus tôt, coincé dans une femme à cause de la rencontre malencontreuse entre un piercing et un stérilet. Heureusement pour eux tout s'était bien terminé. Ils avaient été séparés et aucun dommage physique n'était à signaler. En ce qui concernait les dommages psychologiques c'était autre chose... "Casey ? Est-ce que tu es..." Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Casey apparut alors. Tyler écarquilla les yeux. Il ne l'avait jamais vu comme ça et..."Wow tu es..." Ironiquement, il était tant attiré par la vue de Casey dans cette tenue qu'il la déshabillait du regard. "On peut avoir combien de temps de retard ?" demanda t-il avec un petit sourire en coin, ce sourire qui voulait absolument tout dire.
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Cette foutue robe était plus serrée que les cuisses d'une nonne. Attend un peu que tu rentres à Los Angeles, Sonja, tu vas m'entendre : en anglais, en hindi, bref, dans toutes les langues possibles ! Casey pestait intérieurement contre sa meilleure amie, auteure de cet achat compulsif, tout en remontant la fermeture éclair, laquelle parcourait d'ailleurs le tissu de haut en bas - pratique à enlever, beaucoup moins à enfiler. Heureusement qu'elle avait peu de poitrine ou elle n'aurait carrément pas pu respirer. Elle espérait que sa mère apprécierait l'effort : en plus de la robe, elle avait même pris la peine de se maquiller et de coiffer ses cheveux à peu près correctement. De toute façon, Rose Griffith l'aurait amené manu-militari dans sa chambre d'enfant et lui aurait passé une de ses propres tenues si elle avait eu le malheur de ne pas respecter le dress-code imposé par Mia. Oui, Mia. Pas Anne. Anne était la probable erreur d'une journée quand Mia était la fiancée de son frère. Enfin, l'était redevenue ... Décidément, elle n'avait pas tout suivi. Si Carl l'avait bel et bien appelé une fois sorti des urgences, elle ne lui avait posé aucune question concernant la jeune femme avec qui Tyler et elle l'avaient trouvé en « fâcheuse posture » et donc, encore moins sur l'état de sa relation avec Mia. Peut-être l'aurait-elle fait si elle avait su que moins de deux jours plus tard, leur mère ne l'avait pas appelé, aux anges, pour la prévenir qu'une garden-party était organisée chez les Griffith pour fêter dignement les fiançailles de son aîné - après un an de fiançailles, il était temps. Ou pas.
De fait, et après au moins cinq minutes d'hésitation, elle avait proposé à Tyler de l'accompagner. Ils avaient officialisé à peine quelques jours plus tôt et quoi ? Elle voulait déjà le présenter à toute la famille ? Pas de traquenard, avait-elle promis. Donc non, rien à voir. La vérité, c'était qu'elle avait plus peur de se retrouver seule face à la smala Griffith-Flowers - la famille de Mia, que de provoquer un arrêt cardiaque chez son compagnon. C'était dire à quel point elle appréhendait. Naturellement, elle n'en avait rien dit à l'ambulancier, se contentant de lui transmettre l'invitation avec sa nonchalance habituelle, sous prétexte qu'ils pourraient manger et se prendre une cuite à l’œil. Le plus étonnant dans tout ça, c'était qu'il avait accepté. Résultat, le jour venu, ils se trouvaient chez elle, prêts au départ d'une longue journée. Enfin, presque ... « Pas un seul petit quart d'heure, malheureusement ! » répliqua-t-elle avait un sourire au moins aussi lubrique, une sensation familière se réveillant dans un endroit qu'aucun roman pour public non-averti n'aurait autorisé. « Je crois que je vais soumettre l'idée au Capitaine que le costume trois-pièces devienne le nouvel uniforme ... » Dieu qu'il était beau. Non, pas beau. Absolument et diaboliquement magnifique. Perchée sur ses hauts talons, elle le rejoignit et l'embrassa un poil trop longuement. Elle dut appeler toute sa maîtrise pour ne pas entreprendre de lui arracher chaque bouton de chemise avec les dents. L'appréhension avait tendance à décupler sa libido. Plus que d'habitude, en tout cas. « Ta voiture ou la mienne ? » La merveille ou sa poubelle d'ado dont elle refusait de se débarrasser ? Elle supposait que le choix était vite fait, cependant, dans la mesure où elle était toujours serrée contre lui, il valait vraiment mieux se distraire l'esprit en changeant de sujet.
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Ces derniers jours Tyler n'avait cessé de se maudire pour avoir accepté l'invitation de Casey. Il se demandait bien ce qui l'avait poussé à accepter d'ailleurs. Mais en la voyant arriver dans cette robe, tout ces doutes semblaient subitement oubliés. Il ne craignait plus de rencontrer la famille de celle qui était officiellement sa petite-amie - terme qui lui paraissait ridicule d'ailleurs. Il ne craignait plus d'être ridicule dans ce costume. Non, tout ce qu'il voyait c'était elle et à quelle point elle était resplendissante et... sexy. Terriblement sexy. Il aurait voulu déchirer leurs vêtements et passer le reste de la journée à "baptiser" chaque centimètre carré de cette maison. "Oh tu sais, cinq minutes suffisent quand on sait s'y prendre..." répliqua t-il sans se départir de son petit sourire. Casey s'approcha de lui et l'embrassa. Et soudain ses pensées se firent plus confuses que jamais. Il n'y avait plus que la sensation de Casey entre ses bras, les images de leurs derniers ébats défilant dans son esprit. Oui, cette journée allait être très longue. "Est-ce qu'il y a vraiment besoin de demander ? En plus si je dois résister à l'envie de t'arracher cette robe autant que j'ai le plaisir de conduire Baby !"
Quelques minutes plus tard Tyler ouvrait la portière passager à Casey tel un véritable gentlemen avant de s'installer au volant. Il démarra la voiture et enfin ils étaient partis en direction de la maison des Griffith. Plus la route défilait, plus l'angoisse de Tyler reprenait ses droits. Il n'avait jamais rencontré les parents de qui que ce soit. Il n'était jamais allé à une fête de fiançailles non plus. C'était beaucoup à encaisser d'un coup pour lui. Il était sur le point de rencontrer toute la famille de Casey, ce n'était pas rien ! D'après le peu de connaissances qu'il avait sur les relations, ce genre de trucs était un énorme pas en avant. Et en toute franchise, Tyler n'était pas complètement sûr d'être prêt à une telle chose. S'il venait c'était pour elle, pour Casey, parce qu'elle le lui avait demandé et qu'il pouvait rien lui refuser. Ce qui lui faisait d'autant plus peur soit dit en passant. Tout ça, oui c'était vraiment beaucoup pour Tyler."Bon, refait moi le briefing de ta famille. C'est quoi déjà les sujets à éviter avec ton père ?" demanda t-il nerveusement en se remettant à tripoter son noeud de cravate.
Quelques minutes plus tard Tyler ouvrait la portière passager à Casey tel un véritable gentlemen avant de s'installer au volant. Il démarra la voiture et enfin ils étaient partis en direction de la maison des Griffith. Plus la route défilait, plus l'angoisse de Tyler reprenait ses droits. Il n'avait jamais rencontré les parents de qui que ce soit. Il n'était jamais allé à une fête de fiançailles non plus. C'était beaucoup à encaisser d'un coup pour lui. Il était sur le point de rencontrer toute la famille de Casey, ce n'était pas rien ! D'après le peu de connaissances qu'il avait sur les relations, ce genre de trucs était un énorme pas en avant. Et en toute franchise, Tyler n'était pas complètement sûr d'être prêt à une telle chose. S'il venait c'était pour elle, pour Casey, parce qu'elle le lui avait demandé et qu'il pouvait rien lui refuser. Ce qui lui faisait d'autant plus peur soit dit en passant. Tout ça, oui c'était vraiment beaucoup pour Tyler.
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Un petit sourire complice répondit à l'évidence : Baby, ça allait sans dire. Au moins qu'un plaisir se dessine dans le paysage de cette journée. Casey se voulait détendue - et elle l'était davantage après cette courte séquence entre les bras du jeune homme -, sauf que bien qu'elle n'en montra rien, son estomac s'était noué. Elle détestait ce genre de réunions impliquant les Flowers. Dès qu'ils débarquaient dans la petite banlieue où elle avait grandi, sa mère se faisait soudain un devoir de faire passer les Griffith pour plus chics qu'ils ne l'étaient en réalité. Assiette propre à chaque plat, traiteur, décoration de table et draps en coton outrageusement chers dans la chambre d'amis ... Les noëls étaient devenus une fête pompeuse où, alors qu'enfant, un joyeux bordel régnait dès six heures du matin, il fallait désormais assortir la couleur du ruban du paquet aux boules du sapin. Une horreur. Elle craignait que cette célébration-ci soit la pire de toutes.
« Quel homme galant. Je savais que je t'avais bien choisi. » se moqua-t-elle gentiment alors que Tyler lui tenait la portière. La voiture de sport entama sa route en de deux ronronnements, Casey vérifiant son maquillage dans le petit miroir du pare-soleil. A la demande de l'ambulancier, ses sourcils se froncèrent légèrement. Un topo ? Il n'allait pas être déçu. « Ma mère était professeure de littérature anglaise avant de préférer devenir femme au foyer. Parle-lui Shakespeare ou Hemingway et tu l'auras dans la poche. Ma grand-mère Alma a quatre-vingt ans et me rappelle Yéta - ou le contraire. C'est la meilleure pour mettre des malaises d'anthologie en parlant de sa jeunesse folle pendant les fêtes, ce qui est absolument génial. En général, maman l'empêche de porter des toasts, comme tu t'en doutes hein. Ensuite, tu as oncle Robert l'alcoolique sûrement venu taper du fric : s'il te propose un "plan financier juteux", décline poliment et dirige-le vers le bar, il te lâchera la grappe dès qu'il aura le nez dans un verre de whisky. Tante Jane, bigote invétérée, qui a des œillères dès que ça concerne le problème de bouteille de son mari mais qui n'en rate pas une si jamais tu as le malheur de blasphémer. Leur plus grand fils, enfin mon cousin Daniel, est adorable, mais ne parle que de pêche à longueur de temps. Je suppose qu'il y aura aussi sa sœur Mary, avec ses quatre mouflets qui courent partout ... A fond dans l’œuvre de Jésus, elle aussi. Je suppose qu'elle se fait un devoir de repeupler la Terre avant l'apocalypse. Putain, j'espère qu'elle aura pas encore mis un col claudine et un serre-tête ou je sens que je vais pas pouvoir m'empêcher de lui demander comment ça se passe à l'école ... » En tout cas, environ six oncles et tantes et douze cousins de tous âges devraient être présents. Juste du côté de Carl. Alors de celui de Mia ... « Globalement, tout le monde est plutôt sympa chez nous. En revanche, pour les parents de Mia ... Des gros riches bien nés. Pas comme Trish ou ses parents, si tu veux. De bons gros cons. Comme Mia, en fait. » Drôle de façon de parler de sa future belle-sœur. « Elle n'a jamais pu m'encadrer et crois-moi, c'est réciproque. Elle est avec Carl depuis le lycée. Superficielle, autoritaire, toujours à lui dire quoi faire, à tout contrôler ... » Elle s'ébroua comme si un frisson lui avait parcouru l'échine. « Bref. Le meilleur pour la fin : mon père. Ne lui parle pas de toute équipe qui ne soit pas les Lakers sauf si c'est pour les dégommer, ni de tes études de médecine arrêtées, ni de politique migratoire, ni du super boulot que je fais avec toi, ni ... Tu sais quoi ? Pour ton bien, essaie de répondre juste par oui ou par non jusqu'à avoir un bon coup dans le nez ! » Consciente que le portrait qu'elle en dressait était loin d'être rassurant, elle lui adressa un sourire qui se voulait tranquille, posant sa main sur la cuisse de Tyler. Il avait beaucoup plus de mal qu'elle à cacher sa nervosité. « Tout ira bien. Et si c'est pas le cas, on pourra toujours filer par derrière avec une bouteille de champagne et aller se l'enfiler sous ces fameux gradins de mon lycée dont je t'avais parlé ! Tu sais, ceux où je me faisais peloter en secret ... » Douce perspective d'échappatoire, non ? Il fallait lui faire confiance pour toujours avoir un plan de secours.
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Tyler regretta presque d'avoir posé la question. Presque. Casey s'était lancée dans un interminable monologue, décrivant une famille des plus... burlesque. Oncle alcoolique qui proposait des plans louches, la tante qui fermait les yeux sur son mari et critiquait et reprenait tout le monde, leur fille, une grenouille de bénitier avec trop de gosses. Mais ce n'était pas vraiment ça qui intéressait Tyler. Il voulait plutôt savoir comment se comporter, ou ne pas se comporter, face aux parents de Casey. Particulièrement son père. Tyler savait charmer les femmes, de tout âge. Mais rencontrer le père de ses conquêtes ? Enfin non, ce terme était loin de décrire ce que Casey était pour lui. Merde, que ça pouvait être compliqué tout ça. Les relations. "Et si on allait directement sous les gradins et qu'on zappait la fête ?" proposa Tyler, laissant échapper un petit rire plus nerveux que jamais.
Finalement ils arrivèrent sur les lieux de la fête. Il ne leur avait pas fallu très longtemps d'ailleurs. Tyler regrettait presque de ne pas avoir pris le tacot de Casey, avec cette épave ils seraient encore sur la route. Avec un peu de chance un des pneus aurait éclaté, ils auraient appelé une dépanneuse qui ne se serait déplacée qu'au bout d'une heure, ils auraient assouvi leurs pulsions sur la banquette arrière en attendant qu'elle n'arrive... Ouais, décidément aujourd'hui il n'avait pas fait les bons choix."J'ai l'impression d'avoir 14 ans et d'être convoqué dans le bureau du proviseur pour avoir foutu le feu au gymnase. D'ailleurs c'était même pas moi c'était Tracy Windham qui avait laissé son fer à boucler sur une serviette..." Tyler soupira avant d'attraper la main de Casey. "Tu voudras toujours de moi si ta famille me déteste ?" lança Tyler sur le ton de la plaisanterie en esquissant un sourire. Oui c'était une blague, mais au fond... Tyler était vraiment préoccupé par tout ça.
Finalement ils arrivèrent sur les lieux de la fête. Il ne leur avait pas fallu très longtemps d'ailleurs. Tyler regrettait presque de ne pas avoir pris le tacot de Casey, avec cette épave ils seraient encore sur la route. Avec un peu de chance un des pneus aurait éclaté, ils auraient appelé une dépanneuse qui ne se serait déplacée qu'au bout d'une heure, ils auraient assouvi leurs pulsions sur la banquette arrière en attendant qu'elle n'arrive... Ouais, décidément aujourd'hui il n'avait pas fait les bons choix.
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Proposition tentante, s'il en était. Vu les bons souvenirs qu'elle gardait de ces petites séances de préliminaires sous les gradins, l'idée d'y emmener Tyler était plus que séduisante. Malheureusement, elle n'avait plus seize ans et un sens du devoir beaucoup plus développé qu'à l'époque. Quelle tristesse. « Me tente pas trop, bébé. Tu sais que je suis facilement corruptible. » répliqua-t-elle en faisant mine de remonter un peu plus sa main sur sa cuisse. Elle espérait que ce petit jeu de mots et de gestes aiderait l'ambulancier à se détendre, mais visiblement, sa tentative était vaine. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, après le portrait coloré qu'elle lui avait fait de ce qui l'attendait. D'un autre côté, lui mentir aurait été encore pire. Et encore, elle ne lui avait pas parlé de Jerry, le cousin fossoyeur à l'humour aussi noir que son métier ... Oui, bon, il fallait bien laisser quelques surprises !
Stationnés devant la maison de son enfance, la brune laissa son regard être happé par les rubans blancs dont Mia avait enturbanné le lierre du porche - oui, un truc pareil, c'était forcément une des ses idées pourries. Même de la rue, on pouvait entendre la musique classique - de la musique classique, bordel ! - raisonner depuis le jardin de derrière. A en juger par le nombre de voiture déjà garées, ils allaient devoir se taper la tournée des présentations. Ô joie ! Elle avait espéré qu'ils arrivent parmi les premiers afin que Tyler ne soit pas direct jeté dans le grand bain. C'était raté. Un rire lui échappa pourtant à la comparaison qu'il fit avec son anecdote de lycée. « Certaines savent pas quoi inventer pour sécher la gym ! » s'exclama-t-elle tout en tournant à nouveau son attention vers lui. Son sourire s'effaça aussitôt. Il avait l'air au bord de l'apoplexie. Et véritablement mal à l'aise. Elle serra ses doigts entre les siens. « Tu plaisantes ? Je t'épouserai sur-le-champ plutôt ! » Oui, alors, non. Mauvaise blague, vraiment, face à quelqu'un qui risquait de s'étrangler avec sa cravate à la perspective d'assister à sa première sortie « officielle ». Tant pis, le mal était fait. Soudain sérieuse, elle se pencha vers lui. « Blague à part, personne ne va te détester, parce que tu es un mec absolument génial. Le meilleur, en fait, tu te rappelles ? Ils s'en rendront compte comme moi je l'ai su tout de suite ... Ou presque. On m'a toujours dit que j'étais un peu longue à la détente. » Elle déposa un nouveau baiser sur ses lèvres avant de se redresser et d'inspirer un grand coup. « Allez ! Du courage, Monsieur Alcott ! » Puis, elle s'extirpa de l'habitacle. Timing parfait. A peine commençaient-ils à remonter l'allée que la porte d'entrée s'ouvrit, révélant une Casey avec vingt-cinq ans de plus et un sourire rayonnant. Rose Griffith. « Te voilà enfin, ma chérie ! Tu es splendide ! - la mère serra rapidement sa fille contre elle, le temps de lui glisser un -Je t'avais dit 12h30 et il est 12h35 ... » Saleté de Mia de ... « Maman, je te présente Tyler ! » répondit-elle à la place en lui désignant le concerné, un grand sourire aux lèvres. Rose marqua un temps d'arrêt en dévisageant le jeune homme. « Quand tu m'as dit que tu venais accompagnée, je pensais qu'il s'agissait de Sonja mais ... Mince ! Que je suis impolie ! Je suis ravie de vous rencontrer, bien évidemment ! Appelez-moi Rose ! » Les yeux de Rose pétillaient. Elle avait toujours eu un faible pour les beaux garçons, ce qui ne manqua de beaucoup amuser Casey, surtout quand sa mère s'empressa de donner une accolade chaleureuse à son cavalier. Bien que troublée, sa mère n'en avait pas perdu les manières enthousiastes qui la caractérisaient. Maintenant, on savait de qui l'ambulancière les tenait. « Suivez-moi, je suis sûre que tout le monde a hâte de faire votre connaissance ! Et de te revoir, ma chérie, bien sûr. » Ils n'eurent donc d'autre choix que de s'exécuter, traversant rapidement le couloir de la maison où plusieurs photos de famille les lorgnait, avant d'atterrir dans le jardin où la fête "battait déjà son plein". Expression surfaite considérant l'atmosphère guindée qui se dégageait d'une partie de l'assemblée, tandis que l'autre - les Griffith, à coup sûr - riait un peu trop fort aux oreilles délicates de la première. Mais ce ne fut pas ce qui surprit la jeune femme. « Putain, un ange de glace ! Sans déconner ! » grogna-t-elle, ahurie, en toisant la structure qui surplombait un gigantesque buffet. « Casey ! Surveille ton langage, je te prie ! » répliqua sa mère d'un ton crispé avant de héler Carl non loin. Malgré le fait qu'ils étaient en banlieue, la décoration, avec sa tente blanche en plein milieu, ses nappes immaculées, ses cocktails de crevette et son violoniste engagé pour l'occasion, laissait à croire qu'ils avaient atterri dans un quartier huppé. A la grimace de sa mère, elle sut qu'elle aussi en avait conscience et que ça ne lui plaisait pas plus que ça. Putain de Mia.
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Merde c'était pas la première allusion au mariage. Certes elle plaisantait mais... si elle plaisantait toujours sur le même sujet c'est que c'était pas franchement anodin quand même ! Il se faisait sûrement des idées. Mais bon, les plaisanteries, la fête de fiançailles du frangin, la rencontre avec absolument toute la famille... Non, décidément Tyler était loin d'être rassuré. Mais il essayait tout de même de faire bonne figure. Casey l'entraîna alors vers la porte d'entrée qui s'ouvrit à la volée. La mère de Casey était vraiment très belle, on voyait bien la ressemblance entre elles deux, c'était assez troublant. La même mais avec vingt-cinq années de différence. Alors qu'elles échangeaient quelques mots auxquels Tyler ne prêtait pas la moindre importance, il sentait comme une sorte de pincement dans son cou. Très désagréable. Ni une ni deux, il asséna une tape au moustique qui était venu faire de lui son dîner. C'était vraiment pas son jour aujourd'hui... Finalement il s'avança vers la mère de Casey. "Ravi de faire votre connaissance Madame Griffith" dit-il un peu maladroitement. Cette dernière se montra bien plus chaleureuse que le cadre de la fête ne le laissait à penser. Elle l'invita à l'appeler Rose puis l’enlaça brièvement avant de l'entraîner vers le "cœur de la fête" pour le présenter à tout le monde. La remarque "grossière" fit rire Tyler. Il s'était retenu de prononcer les exacts mêmes mots. Un ange de glace non mais sérieusement... Où est-ce qu'il avait atterri ? Rose se mit à rameuter la smalla avant de se retourner vers Tyler et de lui proposer des sushis. "Vous... ce sont des sushis ? C'est... original! C'est rare de voir ça sur des buffets. Enfin, pas que je sois un expert mais..." Tyler arrêta son babillage et remercia Rose avant de prendre ce qui ressemblait à un sushi à l'ananas. Etrange mais après tout pourquoi pas ? Mais à la première bouchée il se rendit vite compte que ça n'avait rien à voir avec de l'ananas. "Mmh c'est... fort en bouche. Qu'est-ce que c'est ?" demanda t-il, luttant pour ne pas tout recracher d'un coup. "Des sushis au caroube. Mia trouvait que la fête manquait d'une touche d'exotisme. Il faut reconnaître que c'est original." répondit Rose en faisant une moue qui en disait long sur ce qu'elle pensait vraiment de tout ça. "C'est... surprenant." Tyler avala à grand peine le riz gluant et l'immonde caroube qui allait avec avant d'attraper deux flûtes de champagne qu'il tendit galamment à Casey et sa mère. Il en attrapa une troisième pour lui. Il lutta contre l'envie de la boire cul-sec pour enlever l'immonde goût de ce sushi et se contenta de prendre une petite gorgée convenable. Merde, si tout était aussi guindé par ici, jamais il n'aurait sa place. Il ne tiendrait pas bien longtemps comme ça.
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Il faisait des efforts, vraiment. Et rien que pour ça, la niaise qu'elle devenait en pensées à son contact, avait encore plus envie de lui murmurer des mots doux dégoulinant de miel. Heureusement pour Tyler, la situation ne s'y prêtait vraiment pas et de toute façon, le sushi qu'elle avait eu le malheur de fourrer dans sa bouche face à l'insistance de sa mère l'empêchait de prononcer le moindre mot. Rose l'avait certainement fait exprès. « Putain c'est dégueulasse ... » murmura-t-elle à son binôme, du riz encore collé à son palais, oscillant entre l'envie de rire et un début de nausée. Elle s'empara de la flute qu'il lui tendait et sans gêne aucune contrairement à Tyler, la vida d'un trait. « Sacrée descente, Cassos. » se moqua son frère, lequel avait enfin réussi à se dégager d'un groupe de vieux à chapeaux pour les rejoindre. Rose, quant à elle, s'éloigna au même moment afin d'aller s'assurer que tout se passait bien en cuisine. « Il faut au moins ça pour survivre aux lubies de Mia. » « Commence pas. » « Toi, commence pas. » Malgré ce que leurs paroles pouvaient laisser croire, l'un comme l'autre souriait. « Tu te souviens de Tyler, je suppose ? » interrogea-t-elle avec une petite grimace malicieuse. Bien décidé à ne pas se laisser décontenancé par sa cadette, il tendit la main à l'ambulancier afin de la lui serrer. « Difficile de l'oublier. Content de te revoir habillé. » Et bizarrement, il l'était - content et effectivement, habillé. Costume trois pièces pour lui aussi, chaussures en cuir italien. Ridicule sur ce grand roux dégingandé, il paraissait déguisé. Il se tourna à nouveau vers sa sœur. « Vous m'expliquez ? Tu amènes tes collègues de boulot aux fêtes de famille maintenant ? » « Je te fais un dessin, monsieur-fiancé-mais-pas-trop-mais-oui ? » « Tu sais pas de quoi tu parles ... » Carl était plus pâle que d'ordinaire, ses yeux furetant d'un bout à l'autre du jardin. On aurait dit qu'il cherchait une échappatoire à cette célébration. La sienne, rappelons-le. « Carl, ça va ? » A peine eut-elle le temps de s'inquiéter qu'une voix retentit dans leur dos. Cheveux aussi flamboyants que ceux de son fils malgré là aussi deux décennies de plus, aura écrasante, Christopher Griffith venait à leur rencontre. « Ma fille qui vient accompagnée d'un homme ! C'est bien une première ! » Tyler eut droit à une nouvelle poignée de main bien virile. « Christopher Griffith. Le père de Carl et Casey. Votre nom ? » La jeune femme leva les yeux au ciel. « On dirait que tu lui demandes son matricule, papa. » « Et alors ? Si vous en avez un, je le veux aussi. » Toutefois, malgré le ton péremptoire de l'officier qu'il avait longtemps été, son expression était avenante. Moins flippant que prévu, la rencontre avec le paternel.
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C'est alors que Carl débarqua.
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Casey connaissait suffisamment son père pour reconnaître ses émotions réelles derrière les masques qu'il revêtait. Il n'était pas hostile à Tyler, loin de là, mais clairement, il le jaugeait. Il n'avait pas besoin de les prononcer pour imaginer les mille questions qu'il avait envie de poser, à commencer par « qu'est-ce que vous faites dans la vie ? ». Basique et simple, en théorie. En pratique, tout ce qui concernait la vie professionnelle des relations de sa fille prenait un tournant sinueux dès que cela ne répondait pas à ses standards. Le premier et seul - jusqu'à l'ambulancier - garçon qu'elle lui ait présenté l'avait appris à ses dépends. A l'époque simple lycéen, il s'était vu rabroué quand il avait avoué en plein repas qu'il comptait prendre une année sabbatique après son diplôme et envisageait par la suite de devenir menuisier, comme son père. Inutile de rapporter la dispute qui s'en était suivie entre Christopher et Casey tellement l'évidence s'imposait. « De même, Alcott. » répliqua le père Griffith, sans que l'on puisse déterminé si c'était la vérité ou non. Avant qu'il ait pu embrayer sur un autre sujet, Tyler, certainement mal à l'aise face à tant de fraicheur, eut la bonne idée d'en revenir à la jeune femme. « Ah bah si, tiens ! Profitons-en tant que Mia n'est pas encore là ! » Elle l'attrapa par la main et s'apprêta à prendre congé des deux autres hommes de sa vie quand son père l'arrêta d'une petite pression sur son épaule. « Comme tu ignores mes appels, je compte sur toi pour qu'on discute un peu plus tard. Par rapport à la proposition que je t'ai faite. » Elle se dégagea un peu plus sèchement que nécessaire. « On verra. » Tel fils tel père, sa réaction ne surprit pas Christopher le moins du monde. « Quant à vous, j'espère que nous pourrons apprendre un peu plus à nous connaître. » termina-t-il à l'adresse de Tyler. Autant dire qu'elle s'empressa de les faire quitter le jardin avant que son paternel ne lui braque une lampe dessus et ne prenne l'accent allemand.
Son sourire et sa nonchalance coutumière retrouvés, elle lui fit d'abord faire le tour du rez-de-chaussée - dont le salon, encombré des nombreux cadeaux qui attendaient les futurs mariés - sans cesser de déblatérer. Soit elle avait pris sa proposition très au sérieux, soit elle cherchait à éviter toutes questions avant qu'ils soient sûrs d'être seuls. Chaque pièce avait son anecdote et, surtout, le charme d'un endroit respirant les souvenirs autant que l'investissement dans le présent. Aussi chaleureux que Rose, en somme. Rien à voir avec l'atmosphère guindée du dehors. « Normalement, on est plutôt hamburgers au barbecue, glacière remplie de bières et fêtes de voisinage. Ça, là ... C'est Mia. Ma mère essaie vraiment de lui faire plaisir. » crut-elle bon de se justifier alors qu'ils grimpaient les escaliers menant à l'étage. Peut-être qu'elle ressemblait davantage à la fille qu'elle aurait voulu avoir : stable, coquette, stéréotype féminin sur pattes ... Cette pensée la hantait depuis longtemps, bien qu'elle l'ait à chaque fois repoussé. La prendre en compte aurait signifié renier qui elle était et elle s'aimait bien ainsi. D'ailleurs, Rose ne lui avait jamais préféré sa belle-fille, ou du moins, jamais fait sentir. Elle s'en contentait. « Je t'épargne le tour des chambres, puisque je suis certaine qu'une seule t'intéresse vraiment ! » Elle ouvrit la première porte à leur droite d'un geste théâtral. « Tadaaaa ! » Vieux papier-peint à fleurs délavé, posters de stars de la pop depuis longtemps has-been et cache-misère, des étagères en bois où trônait quelques trophées et médailles ... Sans compter les antiques peluches, reliques de son enfance. Aucun doute, c'était bien l'ancienne antre de Casey. « Bienvenue dans le musée de Casey Griffith ! Entrée gratuite pour tout voyageur dans le temps super bien gaulé ! »
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