YESTERDAY'S NEWS |48
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Tyler avala son verre d'un trait avant de faire signe au barman de le resservir. "Laissez la bouteille." Tyler avait besoin de réfléchir. A Casey. Ce n'était pas fini avec elle. Ils n'avaient pas rompu. Du moins c'est ce dont il s'était convaincu à Cancùn après s'être morfonds pendant tout son séjour. Il avait tenté de l'oublier et de passer à autre chose, mais tout ce qu'il avait fait c'était boire au bord de la piscine, le regard perdu dans le vague. Avant de faire pareil mais depuis sa chambre d'hôtel. Belles vacances... Mais il s'était également passé en boucle leurs paroles. Encore et encore. Et non, c'était impossible qu'ils aient rompus, pas vrai ? Ils n'avaient pas rompu. Mais plus Tyler buvait et plus il se disait qu'ils devraient peut-être. Après tout, il était nocif pour elle, cette soirée l'avait bien montré non ? Peut-être qu'il ne pouvait lui apporter que du malheur et de la souffrance. Ou peut-être pas. Tyler but un autre verre, et un autre encore et puis il arrêta de compter ces foutus verres. Parce qu'à présent il n'était sûr de rien. Il n'était plus sûr de sa relation. Il n'était pas sûr d'être fait pour elle. Il n'était pas sûr d'être bon pour elle. Mais le pire c'est l'idée que Casey n'avait peut-être plus envie d'être avec lui, qu'elle ne ressentait plus rien pour lui. Cette idée lui glaça le sang. Tyler eut la tête qui tournait. L'alcool, sa relation, ses réflexions ? Un peu tout ça sûrement. Pourtant ça n'avait jamais été son genre de se prendre la tête. Il avait l'habitude de draguer une jolie fille, de la ramener chez lui, et de la reconduire à la sortie le lendemain matin... avant de ne pas la rappeler et de ne plus jamais la revoir. Et ça, Casey et tout le reste, c'était beaucoup trop pour lui. C'était pas lui. Mais cette fille, accoudée au bar, blonde, poitrine généreuse, talons hauts et jupe trop courte, en train de commander une tournée de "Sex on the Beach". Ouais, ça c'était lui.
Sous son corps la blonde frémissait. Il venait de lui enlever sa petite culotte -enfin son string plus exactement- et la suite des événements était plutôt claire."A quoi tu penses ?" demanda t-elle en se mordant la lèvre inférieure. Tyler avait envie de répondre "Par pitié tais-toi." mais il se retint. Au lieu de ça il se contenta de l'embrasser. Une façon comme une autre de lui fermer le clapet. Il avait pas envie de parler. Il n'avait pas envie de penser. Il avait simplement envie de retrouver celui qu'il était. Du moins c'est ce qu'il pensait vouloir en tout cas. Parce que c'était plus facile de ne rien ressentir et de ne se soucier de personne d'autre que lui-même. Mais plus facile ne voulait pas dire "mieux", et au fond il savait bien que ça ne le rendrait pas heureux, ça ne l'avait jamais fait. La seule qui l'avait vraiment rendu heureux, c'était également celle qui le mettait au défi à chaque seconde passée ensemble. Mais c'était surtout celle qui était sur le point d'entrer et de le surprendre au lit avec une autre.
Sous son corps la blonde frémissait. Il venait de lui enlever sa petite culotte -enfin son string plus exactement- et la suite des événements était plutôt claire.
@Casey Griffith Je suis désolée
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Il fallait qu'elle le voit. Ce silence fait de bouderies gamines avait assez duré. Plus les jours passaient et plus Casey, qui ne s'était jamais interrogé sur les tenants et les aboutissants d'une relation, se sentait embourbée dans des sentiments contradictoires. Et de plus en plus oppressants. Elle avait beaucoup de choses à lui dire, avait-elle l'impression. Elle voulait lui apprendre que Mike était là, à Los Angeles, ce qui ça signifiait pour elle de voir ce représentant de son passé refaire surface dans sa vie. Elle avait envie de lui donner le dénouement de la réunion familiale, comment Carl avait abandonné les Griffith pour Mia et la détresse que cela avait provoqué chez eux - chez elle. L'impuissance qu'elle ressentait. Les incertitudes qui s'étaient installées, sur des aspects de son existence que jusqu'ici, elle n'avait jamais remis en question, car vivant au jour le jour. Maintenant que le lendemain existait, elle voulait simplement faire la paix avec Tyler.
Elle n'avait pas appelé, pas prévenu. Sur un coup de tête, elle avait quitté son lit et avait filé jusqu'à sa voiture - si bien que Trish, laquelle l'avait croisé dans le salon, lui avait demandé si elle comptait vraiment sortir en pyjama. La réponse était oui. Elle avait simplement enfilé une veste par-dessus son débardeur et mis des chaussures avant de sortir de la maison sans davantage d'explications. A peu de choses près, cette lubie lui en rappelait une qu'elle avait eu des mois plus tôt. Sauf qu'elle l'ignorait encore, mais le dénouement ne serait pas aussi agréable. Elle s'empêcha de réfléchir durant tout le trajet et encore moins lorsqu'elle grimpa les étages menant à l'appartement de l'ambulancier. Une pensée aurait suffi pour qu'elle fasse demi-tour. Arrivée devant la porte, elle voulut frapper avant de réaliser que cette dernière était entrouverte, aussi s'engagea-t-elle dans le couloir, au comble de l'appréhension. « Tyler ? » Pas de réponse. Elle commençait vraiment à s'inquiéter pour lui. « Tyler, t'es là ? » Elle capta des bruits provenant de la chambre. Si elle avait été dans son état normal, si son coeur n'avait pas battu aussi fort, alors elle aurait reconnu de quoi il s'agissait. Et elle n'aurait jamais, jamais, franchi les derniers mètres qui la séparaient de la pièce en question. « Tout va ... » Elle se stoppa sur le seuil, figée par la scène qui s'offrait à sa vue. Oh oui, tout allait visiblement très bien. La salive qu'elle parvint à avaler lui fit l'effet d'un caillou descendant dans l’œsophage. « Évidemment. » Simple constat, sobre, neutre. Demi-tour pour chemin inverse. Partir. Il fallait absolument qu'elle se tire d'ici.
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Il était tellement obnubilé par Casey qu'il croyait même l'entendre. Ce n'était pas sain. Cette relation n'était pas saine. Ou peut-être que si ? Il l'aimait après tout, non ? Non. C'était pas sain. C'était trop compliqué, ce n'était pas lui. Mais... Mais quoi ? Il ne savait même pas. Tyler aurait voulu mettre son cerveau en pause, le temps d'une soirée, et arrêter de penser à tout ça. A toutes ces complications dans sa vie. C'est ce qu'il tentait de faire avec cette bimbo de pacotille. Du moins jusqu'à ce que Casey apparaisse sur le seuil de la porte. Il la regarda sans comprendre, comme si elle n'était que le fruit de son imagination. "Evidemment." C'est à cet instant précis qu'il compris. Qu'il venait de tout gâcher. Parce qu'il ne voulait personne d'autre qu'elle, peu importe les complications. Mais il avait tout gâché. Putain de merde. Il se releva en vitesse et enfila un caleçon. "Dégage de chez moi. lâcha t-il à la blonde en lui envoyant ses fringues -enfin, quelques unes- au visage. Puis il se mit à courir. "Casey ! Attends, Casey, s'il te plait !" s'écria t-il tandis que la blonde le traitait probablement de connard. Tyler ouvrit la porte d'entrée à la volée et s'élança dans le couloir. Il fit la silhouette de Casey tourner au bout. "Casey s'il te plait attends !" cria t-il en courant de plus belle. Une fois à sa hauteur, il l'attrapa par le bras, se préparant déjà pour la claque monumentale qu'il allait probablement se prendre... Après tout, il l'aurait mérité. Il aurait mérité pire à vrai dire... "Casey attends je t'en prie, je suis désolé. Je... s'il te plait." Il ne savait même pas quoi dire en réalité. Son cerveau était en pleine ébullition, s'il se pensait perdu quelques minutes plus tôt, ce n'était rien en comparaison de ce moment précis.
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Elle aurait dû s'y attendre. Au fond, elle le savait. Elle avait toujours su que ça finirait par arriver. Parce que c'était Tyler et qu'il n'avait jamais prétendu changer pour elle. Parce qu'elle avait eu beau essayer de la faire taire, l'ignorer, la réprimer, sa raison n'avait cessé de lui rabâcher qu'elle finirait par s'y brûler. Qu'un type comme lui ne tiendrait pas longtemps avant de retrouver ses vieux démons. Peut-être qu'il l'avait déjà fait. Peut-être que ce n'était pas la première fois. Peut-être avait-elle été tellement aveuglée par cet amour infini qu'elle lui portait qu'en fait, elle se trimbalait avec des cornes depuis le début. Elle avait été stupide et serait certainement mortifiée de sa propre bêtise si, alors qu'elle remontait le couloir au pas de courses, elle n'avait pas été dans un état second.
L'étau d'une poigne sur son bras la ramena à la réalité. Brusquement.
Il avait dû l'appeler plusieurs fois sans qu'elle l'entende. Et maintenant, il s'excusait, il la priait. De quoi, au juste ? Elle fit brusquement volte-face. Maintenant que la surprise était passée, la colère montait. Lentement. Sûrement. « S'il te plaît quoi ? » Elle s'arracha à son étreinte avec violence. Pas de gifle mais c'était tout comme. Tout dans son regard clamait le dégout alors qu'elle le toisait de la tête aux pieds. « Et désolé de quoi ? Hein, t'es désolé de quoi ? De l'avoir baisé ou que je t'ai surpris avant que t'aies eu le temps de le faire ? Enfin, avec celle-là ! C'est moi qui suis navrée de vous avoir interrompu ! Retournes-y hein ! T'embarrasse pas pour moi !» A chaque phrase, le ton de sa voix montait un peu plus en octave. Les cris n'allaient pas tarder. Ils lui brûlaient la gorge même.
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Passez ses nerfs sur la pouffiasse qui avait cru bon de faire intervenir son ego blessé était tentant. Néanmoins, elle ne lui accorda pas un regard. Le bouc émissaire parfait - coupable, en plus de ça -, était juste devant elle. Elle échappa un ricanement où transpirait une méchanceté qu'elle ne se connaissait pas. C'était la douleur qui lui faisait ça. La brune avait l'impression que dès l'instant où elle avait passé le pied dans l'encadrement de cette porte, quelqu'un lui avait planté un couteau dans la poitrine et depuis, ne cessait de le remuer. Et ce quelqu'un, c'était Tyler. Tout était de sa faute. Si elle avait mal, c'était à cause de lui. Alors ses belles paroles, il pouvait se les garder. Elle n'avait aucun son, aucun goût, elle se perdait dans le vide béant qu'elle sentait se creuser dans ses entrailles. Quant à le suivre ? Encore ce rire grinçant. « Tu déconnes j'espère ? J'irai nul part avec toi ! Plus jamais ! Tu t'es bien assez foutu de ma gueule comme ça ! » Elle recula d'un pas. Ses joues prirent une couleur cramoisie qui n'augurait rien de bon. « Le pire, c'est que je peux même pas te traiter de sale con ! Tu fais juste ce que sais faire le mieux : prendre les choses et les jeter après. C'est moi, la conne, dans cette histoire ! D'avoir cru que ... Je sais même pas ce que j'ai cru. Que tu tenais à moi ? Que tu me respectais ? Que j'étais ... Différente ? Alors que je le savais, au fond. Je savais que t'étais une erreur et que je m'en mordrais les doigts. » Elle dut faire une pause, sa voix manquant de s'éteindre. Un peu plus et elle allait suffoquer. « Je savais que tu étais un gâchis monumental. » lâcha-t-elle finalement, consciente de l'insulte et persuadée qu'elle la pensait vraiment, jusque dans ses os. Et voilà que maintenant, elle sentait les larmes lui picoter les yeux. Elle inspira profondément. Hors de question qu'elle pleure. Pas pour lui. Il ne le méritait pas.
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Cette fois Casey avait perdu son calme. Elle ne le suivrait pas. Elle ne voulait pas l'écouter. Et au fond il ne pouvait pas la blâmer pour ça. Tyler se contenta donc de l'écouter lui débiter insultes et coups-bas, les uns après les autres. Il encaissa les coups, luttant pour ne pas montrer à quel point ça l'affectait. Il aurait voulu lui dire qu'il l'aimait, il aurait voulu pouvoir le lui avouer, mais... non, même à ce moment là, à ce moment où il savait que c'était sa dernière chance de le lui avouer il ne pouvait pas s'y résoudre. Et puis à quoi bon ? Après avoir tout gâché... Il n'était même plus sûr d'y croire lui-même. Mais différente elle l'était, du moins pour lui. C'était la seule pour qui il avait essayé, pour qui il aurait voulu réussir. Mais elle avait raison, ça n'avait été qu'une monumentale erreur. Tout ça, eux. Leur histoire. Jamais il n'aurait du aller chez elle ce jour là... En fait non, jamais il n'aurait du l'embrasser pour commencer. Cette histoire c'était sa faute à lui. Parce qu'il n'avait pas pu s'empêcher de détruire leur relation. Après tout c'était ce qu'il faisait toujours, même s'il n'en avait pas vraiment conscience. Il détruisait les relations, quelles qu'elles soient, il éloignait les gens de lui avant qu'ils ne prennent les devants. Stupide mécanisme de défense à la con. Parce que oui, c'était forcément ça. Mais ça ne l'empêchait pas d'avoir mal. C'était d'ailleurs la première fois qu'il avait aussi mal. Et même s'il aurait sûrement du la laisser partir, il ne tenait plus. "Si je tenais à toi ?! Mais évidemment que je tiens à toi putain ! Mais tu te rends compte de ce que tu dis un peu ?" Oui, cette fois c'était à lui de s'énerver. Parce qu'elle ne voulait peut-être pas entendre ce qu'il avait à dire mais lui, il en avait besoin. De toute façon qu'est-ce qu'il pourrait arriver de pire ? Leur relation était déjà finie. "Je ne mentais pas en disant que j'ai jamais cru en l'amour, au couple, au mariage, à toutes ces conneries. Mais tu sais quoi, bah avec toi je... commençais à y croire. Je me disais que finalement c'était peut-être pas des conneries !" Les mots sortaient tout seuls, sans même qu'il les comprenne vraiment. Est-ce qu'il venait vraiment de dire - à demi-mots - qu'il aurait presque pu l'épouser ? Sérieusement ? "Et si tu me crois pas, réfléchis vraiment. Tu crois que je t'aurais parlé de ma mère si je tenais pas à toi ? Si tu n'étais pas... différente ? Parce que personne d'autre n'est au courant. PERSONNE." Il s'arrêta une seconde, le temps de reprendre son souffle avant de se remettre à sa tirade que même lui trouvait incroyablement longue. Il ne pensait pas avoir autant de choses sur le coeur. Ou peut-être que ce n'était que le contre-coup des paroles de Casey qui l'avaient réveillé. "Tu connais mon histoire. Tu savais que c'était compliqué pour moi, et pourtant t'as pas arrêté de me pousser. Sans arrêt ! Alors ouais, excuse-moi de n'être qu'un homme et d'avoir mes limites et mes faiblesses ! Mais tu sais, on peut pas changer comme ça du jour au lendemain en un claquement de doigts ! Mais j'ai essayé, j'ai vraiment essayé. Alors tu vois, je suis pas sûr d'être le seul à blâmer pour tout ce merdier !" Tyler s'arrêta net, conscient d'avoir sûrement dit des choses qui dépassaient de loin sa pensée. Ou pas. A vrai dire tout était assez flou là, et "discuter" maintenant, les esprits échaudés, n'étaient certainement pas la meilleure des idées. Mais ce qui le frappait surtout c'est qu'en parlant sans vraiment y réfléchir, c'était comme s'il découvrait des vérités qu'il avait enfouies au fond de lui. Des vérités dont il était à présent conscient.
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Dommage, Tyler arrivait trop tard. Trop tard pour qu'elle le croit. Trop tard pour qu'elle lui laisse le bénéfice du doute. Trop tard pour qu'elle s'émeuve de ses révélations qui, pourtant, devaient lui coûter - certainement même davantage qu'elle l'aurait réalisé dans d'autres circonstances. Après avoir été aveugle, l'ambulancière se faisait sourde à la détresse qu'il tentait de lui communiquer. Elle n'entendait que l'ire injustifiée qu'il osait lui envoyer en plein visage, rejetant une partie de la faute sur elle. Estomaquée, elle le dévisagea comme s'il l'avait frappé. En tant cas, la douleur était la même. « Non mais t'es sérieux là ?! Tu t'es entendu parler ? Est-ce que t'es en train de dire que c'est à cause de moi si je viens de te trouver au lit avec une autre ?! » Elle secoua la tête, parcourue d'un rire frôlant l'hystérie. Le comble de mauvaise foi ! Le pompon sur la cerise de sa connerie adultère ! Ce qu'il subsistait de barrières à sa décence cédèrent sous le poids de l'affront. La rage supplanta tout le reste. Toute l'empathie, toute la tolérance ... Même le bon-sens. « Et tu veux quoi, un putain de pin's pour avoir agi comme un adulte pour une fois dans ta vie ? Pour avoir regardé autre chose que ton nombril ? Tu veux aussi une tape dans le dos et un "c'est bien, bro', au moins t'as essayé" ? Je t'ai rien demandé ! C'est pas moi qui suis venue te chercher, qui t'ai endormi avec des "je veux plus que ce qu'on a" ! Bordel de merde, je t'ai tout passé, j'ai tout fait pour que tu ne sentes aucune pression ! Une chose, je t'ai proposé une chose, que tu as accepté, pour mieux tout foutre en l'air le jour même en te comportant comme un ado attardé ! Parce que c'est ce que tu fais : tu fous tout en l'air ! Tu me fous en l'air ! » A chaque mot ponctué, elle y ajoutait un geste rageur de l'index. Il était hors de question qu'elle prenne la responsabilité de ses choix. Et encore moins de ses erreurs. D'ailleurs, puisqu'on en était au grand déballage, à parler de sa mère et autres bagages dont il s'encombrait, elle aussi avait un point de vue sur la question à partager. « Tu veux savoir ce que je pense, Tyler ? Tu utilises ta mère. Tu utilises ton histoire pour te complaire dans un malheur qui, au fond, t'arrange bien. Comme ça, tu peux continuer à vivre ta solitude bien tranquille, avec les autres pour bouc émissaires. Tu peux justifier que tout ce que tu abandonnes, tout ce que tu casses, c'est à cause de ta famille et de tout ce que t'as pas eu, sans jamais te dire que si voyais la vie sous un autre angle que celui de ta petite personne, tu pourrais, éventuellement, être heureux. Parce que tu veux pas être heureux. Sinon, comment tu pourrais expliquer au monde qu'au final, t'es juste un gros bébé qui refuse de grandir ? » Trop loin. Tout ceci allait vraiment trop loin. Une part d'elle en avait conscience. Mais l'autre l'avait largement supplanté. Celle qui voulait qu'il souffre autant qu'elle.
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Il s'était livré, comme jamais il ne l'avait fait avant. Comme jamais il n'aurait imaginé un jour le faire. C'était peut-être douloureux, ce moment était une véritable épreuve, une terrible épreuve dont il ne sortirait pas vainqueur, il le savait. Pourtant, ça restait tout de même une grosse étape pour lui, un pas de géant en avant. Mais, comme il s'y attendait, Casey était loin de le voir de la même manière. Il ignorait même si elle avait ne serait-ce écouté ce qu'il avait dit. Parce qu'à l'entendre tout ce qu'elle avait retenu c'est qu'il la tenait pour responsable de... son incartade. Ce qui n'était absolument pas le cas, et certainement pas ce qu'il avait dit. Au fur et à mesure qu'elle parlait - ou plutôt hurlait sous le coup de la fureur - Tyler serrait les mâchoires, tentant d'occulter cette sensation que son cœur était en train d'être déchiré, mis en lambeaux et piétiné, qu'on le rouait de coups sans qu'il ne puisse rien faire. Il se contentait de serrer les mâchoires, sentant ses yeux s'humidifier. A la fois parce que certaines des choses que Casey disait étaient vraies. Au fond, s'il voyait le monde autrement il pourrait être heureux, s'il ne repoussait pas les gens il pourrait être heureux. Mais il n'y arrivait pas. Parce que quoi qu'elle en dise ou pense, ce n'était pas aussi simple. Et ses mots lui faisaient terriblement mal. Peut-être même plus mal que de se dire qu'après ce soir il ne la reverrait peut-être plus jamais. "Tu n'as aucune idée de ce que j'ai vécu ! Toi t'as grandi avec une famille, dans une petite maison de banlieue avec des gens qui t'aiment alors tu..." Il inspira difficilement, il sentait qu'il allait suffoquer, que... oui, tout ça c'était trop. Et il ne pouvait plus continuer. C'était bien trop douloureux. "Je peux pas faire ça..." lâcha t-il dans un murmure, la voix étranglée. Il plongea alors son regard dans celui de Casey, vraisemblablement pour la dernière fois. "Je crois qu'on s'est tout dit." lâcha t-il d'un ton si plat que dans la situation ça avait presque l'air effrayant. Il resta une seconde immobile, la fixant toujours. Cette seconde lui parut durer une éternité. Mais le pire ce fut de se détourner d'elle, de lui tourner le dos et de retourner en direction de son appartement. Parce que ça sonnait vraiment comme des adieux, mais surtout parce qu'après ce qu'elle venait de lui dire, il préférait presque que ça en soit, des adieux.
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Je peux pas faire ça ... Elle avait pu. Lui, non. A la limite qu'elle avait franchi, il avait refusé de la rejoindre. Alors finalement, qui était le plus immature des deux ? Qui était resté bloqué à un stade où on pouvait tout attaquer, tout attraper, jeter et piétiner sans retenue ? Pas lui. Et parce que Casey réalisa immédiatement ce que cette dispute avait fait d'elle, elle le détesta encore plus. Elle se haït elle-même d'avoir franchi ce maigre fossé qui séparait la simple méchanceté réactionnelle à la cruauté pure et dure. Elle qui avait toujours été du côté des gentils, des bons, des justes ... Pour une ex-membre de l'US Army, il était de bon ton de se demander de qui elle se moquait. Comme Tyler, elle était un être humain à la chair faible. Et comme Tyler, elle avait était trop loin ce soir. Tout était brisé. Il n'y avait plus rien à sauver. Elle le regarda lui tourner le dos. Ne bougea pas. Néanmoins, elle, avait encore quelque chose à ajouter avant qu'ils ne se séparent. Pour de bon. « C'est moi qui démissionne. » Dernières paroles pour dernier acte de cette pièce mal mise en scène. Vouée à l'échec depuis le début. Elle ne vit pas si cette décision l'avait interpelé : elle dévala les escaliers et ne s'arrêta de courir que lorsqu'elle eut l'impression que toute la poussière qui avait remplacé son coeur s'était éparpillée aux quatre vents.
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