YESTERDAY'S NEWS |48
- InvitéInvité
wicked game
► Queenie & Dino ► mars 2018 ►ambiance
Il passe souvent dans cette rue, rarement en voiture. Ça lui permet de goûter aux odeurs qui ne ressemblent en rien à ce qu’il connaît. Quand il est curieux, il flâne au milieu des badauds, hume même les parfums et les vapeurs qui s’élèvent à Santa Monica, se fond avec plaisir dans les délices qu’on lui offre, mais aujourd’hui, ce n’est pas vraiment le cas. Il est occupé.
Derrière son masque impassible, il suit son flair, ses yeux sombres glissent sur les visages anonymes qui s’imposent à lui, parfois même qui le bousculent sans un désolé, sans un pardon. Il ne répond pas, Dino, il avance sur le trottoir de béton, tout petit en comparaison des gratte-ciels qui fleurissent à Los Angeles.
Il est tout petit, Dino Luciano, malgré sa taille, il est jeune et déjà si vieux. Il se sent minuscule, et il y a un quelque chose de grisant à passer inaperçu dans sa poursuite. D’obsédant aussi, dans la traque. Si personne ne le voit, alors qui pourrait le juger pour ce qu’il est – ou ce qu’il n’est pas ? Il pourrait très bien glisser sa main sur l’arme qui orne sa ceinture, coincée entre son jeans et le creux de ses reins. Il lui suffirait d’une seconde pour l’attraper et tirer. Un petit mouvement du pouce pour faire sauter la sécurité et « boom ».
La cervelle du japonais décorerait les trottoirs, de la même façon que celle de John Lennon, en moins innocemment, en plus colorée peut-être.
« Matte. »
Mais peut-être pas aujourd’hui.
L’italien se fige, un instant. Le nippon se retourne, l’air suspicieux, mais déjà Dino plonge ses mains dans ses poches, tapotant d’un air surpris et inquiet sa veste. Il en sort rapidement son téléphone qu’il allume et pianote au hasard quelque chose, approchant de son oreille l’appareil. Il mime bien, Dino, il a des années d’expérience à ça. Des années à se faire passer pour ce qu’il n’est pas. Un petit chien bien dressé, qu’il dit Pippo, un singe savant qui se ferait presque passer pour un homme bien, sans avoir l’air d’un monstre. Surtout pas.
« Zio! Pensavo di venire stasera, dimmi che non ti dà fastidio? Ho una grande notizia da annunciarvi! »
Il s’exclame, de cette façon caricaturale qu’ont les américains de voir les italiens. Il en joue, un peu, et le japonais se retourne mais il a éteint son téléphone. Il n’est peut-être pas repéré, mais il sent que le vent tourne. Le vent tourne, et il ne sent pas bon pour lui.
« Ti porto una torta, stai bene? »
Il jette un regard sur la gauche et pour paraître le plus naturel, il entre dans le magasin, le téléphone toujours accroché à l’oreille. Le japonais est dans son dos. Sur le trottoir, à quelques mètres. Il attend alors quelques secondes – et ce n’est pas très grave car plusieurs personnes sont devant lui à ce moment-là – pour finalement raccrocher et ranger de nouveau son téléphone dans sa poche.
Son visage reste détendu et souriant. Ce n’est qu’un joli masque fait de poussière de fée, mais ça a le mérite d’être aisé à imiter, contrairement à la peine sincère et aux sourires désolés, si subtils et authentiques.
Le bonheur et la joie ne sont que de faux sentiments. L’allégresse n’est qu’une bouteille de villageoise, et le désir qu’un aphrodisiaque aux courbes féminines.
Comme celles de @Queenie Bennett.
« Bonjour Signorina. »
Il aurait sans doute fallu utiliser « signora » mais Dino usait du charme légendaire des italiens. Il avait découvert la facilité de faire rougir les femmes, et encore plus sa faculté à capturer leur cœur. Ce n’était peut-être pas un super pouvoir très utile, mais ça avait toujours ses avantages.
« Vous n’avez plus de barfi ? »
Le sourire qu’il a est charmant, comme toujours.
Mais charmant, c’est dangereux.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|