YESTERDAY'S NEWS |48
- InvitéInvité
Meet the Happy People of the "-stan" Countries
Queenie ne savait pas trop à quoi s'attendre. Cette histoire-là avait commencé de la plus curieuse des façons. Elle y repensait encore en trimballant sa boîte d'effet personnel, fraîchement remerciée par le Whole Foods Market de Lafayette et déjà en route vers un entretien d'embauche. Il ne s'était pas passé une heure entre le moment où ce drôle de type l'avait abordée pour lui remonter le moral, le moment où il lui avait demandé ce qu'elle aimerait faire dans la vie - elle avait répondu "des glaces" - et le moment où il lui avait proposé de venir passer un entretien dans une pâtisserie du côté de Santa Monica dont elle n'avait jamais entendu parler : Le Faërie Cake.
Rien que le nom était fait pour elle. Visiblement, l'enseigne cherchait à se diversifier sur un territoire dominer par la glace à l'italienne, simplement ça n'était pas son coeur de métier. Queenie avait, en toute honnêteté, avoué qu'elle n'avait absolument aucun diplôme pour travailler en cuisine (elle n'avait d'ailleurs aucun diplôme tout court) mais ça n'avait pas dissuadé le type. Après coup, elle se demanderait pourquoi elle avait quand même trimballé sa boîte à effets jusque-là. Pour l'instant, elle en était encore à se demander si elle ne s'était pas juste endormie sur le banc dans le parc.
Une petite clochette l'accueillit quand elle poussa la porte de verre ainsi qu'une délicieuse odeur sucrée. De part et d'autre de l'entrée, les sucreries s'exhibaient toutes plus colorées les unes que les autres, parées des accessoires les plus appétissants. Et pourtant, on ne devinait pas ce qu'était la moitié d'entre eux. Quoiqu'il en soit l'effet de com' était au rendez-vous. La grande blonde en avait l'eau à la bouche.
« Je viens pour... », tout à coup, elle ne se sentait plus si sûre d'elle et la superbe brune qui s'était arrêtée d'essuyer une table rien que pour lui adresser un sourire ne faisait rien pour arranger cela, « ... on m'a dit de venir pour les entretiens. Pour les glaces. »
La brune haussa un sourcil presque sévère puis le chassa d'un autre sourire qui semblait tout de suite moins naturel...
« Asseyez-vous, je reviens. », concéda la brune avec un fort accent anglais.
Elle s'essuya les mains dans son tablier et tourna les talons d'un pas nerveux tandis que Queenie tirait la chaise qu'on lui avait indiquée, un peu en retrait de quelques clients qui savouraient un cupcake pour deux. Elle se sentait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C'est là qu'elle réalisa qu'elle avait toujours sa boîte à effet...
Rien que le nom était fait pour elle. Visiblement, l'enseigne cherchait à se diversifier sur un territoire dominer par la glace à l'italienne, simplement ça n'était pas son coeur de métier. Queenie avait, en toute honnêteté, avoué qu'elle n'avait absolument aucun diplôme pour travailler en cuisine (elle n'avait d'ailleurs aucun diplôme tout court) mais ça n'avait pas dissuadé le type. Après coup, elle se demanderait pourquoi elle avait quand même trimballé sa boîte à effets jusque-là. Pour l'instant, elle en était encore à se demander si elle ne s'était pas juste endormie sur le banc dans le parc.
Une petite clochette l'accueillit quand elle poussa la porte de verre ainsi qu'une délicieuse odeur sucrée. De part et d'autre de l'entrée, les sucreries s'exhibaient toutes plus colorées les unes que les autres, parées des accessoires les plus appétissants. Et pourtant, on ne devinait pas ce qu'était la moitié d'entre eux. Quoiqu'il en soit l'effet de com' était au rendez-vous. La grande blonde en avait l'eau à la bouche.
« Je viens pour... », tout à coup, elle ne se sentait plus si sûre d'elle et la superbe brune qui s'était arrêtée d'essuyer une table rien que pour lui adresser un sourire ne faisait rien pour arranger cela, « ... on m'a dit de venir pour les entretiens. Pour les glaces. »
La brune haussa un sourcil presque sévère puis le chassa d'un autre sourire qui semblait tout de suite moins naturel...
« Asseyez-vous, je reviens. », concéda la brune avec un fort accent anglais.
Elle s'essuya les mains dans son tablier et tourna les talons d'un pas nerveux tandis que Queenie tirait la chaise qu'on lui avait indiquée, un peu en retrait de quelques clients qui savouraient un cupcake pour deux. Elle se sentait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. C'est là qu'elle réalisa qu'elle avait toujours sa boîte à effet...
- InvitéInvité
IMRAN, EYAD MISRA
Propriétaire et gérant du Faëry Cake, pâtisserie renommée de Santa Monica, à Los Angeles. Il a la quarantaine passé, et on le connaît pour avoir toujours le sourire aux lèvres et des idées extravagantes. On aime ces gâteaux, et on se les arrache même jusqu'à Hollywood.
Imran Misra était un homme qui savait ce qu'il voulait. De tout petit, on lui avait dit qu'il fallait se battre pour obtenir ce que l'on voulait, pour réaliser ses rêves. Sa pâtisserie était son deuxième rêve. Oui, car le premier avait été de fonder une famille avec la femme qui était entrain de lui crier dessus comme une folle furieuse parce qu'il comptait embaucher une nouvelle personne au sein de son établissement, devant le regard médusé, de Khalid, Tiago, Hamza, et Kate, qui ne tardèrent pas à déguerpir de la cuisine.
A l'annonce de cette nouvelle, Imran eut un sourire qui s'étala le long de son visage basané, comme si elle lui avait parlé de la façon la plus normale du monde. Il embrassa son index avant de le frotter sur une photo de famille qu'il avait disposé à côté de l'écran de son ordinateur, où l'on pouvait voir cette même femme toute rouge qui lui crier dessus, et trois magnifiques enfants : Deux jumelles et un beau garçon. Il se leva de sa chaise, contourna son bureau, et embrassa sa femme sur la joue comme si de rien était avant de refermer la porte du bureau derrière lui.
Il venait d'aggraver son cas.
Elle allait le tuer.
Il s'excuserait.
Puis ils se réconcilieraient sur l'oreiller.
Avec un peu de chance, il lui ferait peut-être un autre enfant, si Dieu le voulait.
A cette idée, il sourit, et pénétra dans la boutique où il vit la jeune femme de tout à l'heure.
Fort heureusement, elle ne pleurait plus, ce qui l'empêcha du coup de se sentir mal à l'aise. Imran était habillé d'un magnifique pull rouge pétard, cachant une chemise orange citrouille dont le col dépassé négligemment. Il se gratouilla la barbe naissante, et il lui souhaita automatiquement la bienvenue.
« Bienvenue au Faëry Cake, Miss ! Ici, c'est le royaume des sucreries, et comme tu le vois, on y trouve de tout, et pour tous les goûts ! » Il lui fait un clin d'oeil, en s'approchant d'elle, pour lui serrer la main avec enthousiasme. « Asseyons-nous là-bas, voulez-vous ! » Il se dirigea automatiquement vers la table au fond de la salle, près du comptoir, sans pour autant s'asseoir. Il l'invita à le faire, avant de lui proposer : « Puis-je vous proposer un café, un chocolat, un thé avant que nous commencions ? »
Imran, ses cheveux en l'air, avait l'air tout, sauf d'être un homme d'affaires. C'était sa femme, qui gérait l'aspect administratif de la chose, afin de le brimer un peu dans ses idées toutes aussi loufoques que ses choix de couleurs vestimentaires. Ça lui allait terriblement bien. Il avait une certaine prestance que l'on acquiert avec l'âge. Mais c'était sans compter cette attitude presque innocente qu'il avait pour toiser les gens qui magnifiait le personnage au point de le rendre tellement attachant.
A l'annonce de cette nouvelle, Imran eut un sourire qui s'étala le long de son visage basané, comme si elle lui avait parlé de la façon la plus normale du monde. Il embrassa son index avant de le frotter sur une photo de famille qu'il avait disposé à côté de l'écran de son ordinateur, où l'on pouvait voir cette même femme toute rouge qui lui crier dessus, et trois magnifiques enfants : Deux jumelles et un beau garçon. Il se leva de sa chaise, contourna son bureau, et embrassa sa femme sur la joue comme si de rien était avant de refermer la porte du bureau derrière lui.
Il venait d'aggraver son cas.
Elle allait le tuer.
Il s'excuserait.
Puis ils se réconcilieraient sur l'oreiller.
Avec un peu de chance, il lui ferait peut-être un autre enfant, si Dieu le voulait.
A cette idée, il sourit, et pénétra dans la boutique où il vit la jeune femme de tout à l'heure.
Fort heureusement, elle ne pleurait plus, ce qui l'empêcha du coup de se sentir mal à l'aise. Imran était habillé d'un magnifique pull rouge pétard, cachant une chemise orange citrouille dont le col dépassé négligemment. Il se gratouilla la barbe naissante, et il lui souhaita automatiquement la bienvenue.
« Bienvenue au Faëry Cake, Miss ! Ici, c'est le royaume des sucreries, et comme tu le vois, on y trouve de tout, et pour tous les goûts ! » Il lui fait un clin d'oeil, en s'approchant d'elle, pour lui serrer la main avec enthousiasme. « Asseyons-nous là-bas, voulez-vous ! » Il se dirigea automatiquement vers la table au fond de la salle, près du comptoir, sans pour autant s'asseoir. Il l'invita à le faire, avant de lui proposer : « Puis-je vous proposer un café, un chocolat, un thé avant que nous commencions ? »
Imran, ses cheveux en l'air, avait l'air tout, sauf d'être un homme d'affaires. C'était sa femme, qui gérait l'aspect administratif de la chose, afin de le brimer un peu dans ses idées toutes aussi loufoques que ses choix de couleurs vestimentaires. Ça lui allait terriblement bien. Il avait une certaine prestance que l'on acquiert avec l'âge. Mais c'était sans compter cette attitude presque innocente qu'il avait pour toiser les gens qui magnifiait le personnage au point de le rendre tellement attachant.
- InvitéInvité
Il lui sembla qu'une éternité s'installait à table avec elle tandis qu'elle attendait que quelqu'un revienne vers elle. Curieusement, quelque chose lui disait que la superbe brune aux yeux vert électrique n'était pas au courant pour les entretiens. Queenie essaya de tendre l'oreille pour voir si quelques mots s'échappaient de derrière la porte où avait disparu la jeune femme mais la musique d'ambiance pseudo orientalisante et le double-battant hermétique de la cuisine la firent rapidement renoncer. Tout ce qu'elle put attraper ce fut : Glaces sans doute avec un point d'exclamation à la fin, un mot bizarre qui sonnait comme Kalbi (peut-être le nom d'un des employés qui venaient de pousser discrètement la porte pour échapper à la conversation) et bientôt. Mais elle avait saisi l'humeur générale, du moins celle de la brune. Quoiqu'il en soit, ce ne fût pas la brune qui ressortit de la cuisine mais le type avenant et bizarre du parc. Étrangement, lui avait l'air tout à fait jovial ! Drôle d'équipe.
Elle accepta bien volontiers un chocolat. Un café ou un thé aurait sans doute fait plus sérieux mais Queenie était bien loin de ce genre de calculs stratégiques. Et de toute façon, le chocolat, ça la représentait bien en somme.
Un instant, elle se demanda si son peut-être futur patron était très sucre. Avec son physique de poids plume, il n'en avait vraiment pas l'air mais en même temps, sa mine enjouée contredisait cette première impression. En plus, que ce soit le vendeur de roses en bas de chez elle, sa voisine Priyanka, ou le vendeur de kebab à côté de l'arrêt de bus, Queenie avait cette impression que ce type de personnes c'est-à-dire-les-gens-qui-ressemblaient-à-des-pakistanais-mais-qui-n'en-étaient-probablement-pas avaient toujours des pâtisseries au miel ou aux amandes à portée de main. Parfois les deux. Il avait sans doute dû tomber dans la pâtisserie de cette façon-là. C'était culturel. Donc c'était un sujet à ne surtout pas aborder ! Un peu comme l'assortiment de couleurs bizarres que portait le type. Ce devait aussi être culturel. Elle avait vu ça dans Coup de Foudre à Bollywood.
« La décoration est vraiment très jolie. C'est rare autant de rose dans un établissement tenu par un homme. », Queenie adorait le rose. Elle aurait pu lui en faire part ou s'en tenir là mais à ce moment précis, peut-être parce qu'elle avait déjà trop d'idées préconçues à maintenir en arrière-plan, cette conclusion lui échappa, « Sauf quand le patron est gay bien sûr. »
Parce que les gay adorent le rose, c'est le genre de choses qui se sait.
Elle accepta bien volontiers un chocolat. Un café ou un thé aurait sans doute fait plus sérieux mais Queenie était bien loin de ce genre de calculs stratégiques. Et de toute façon, le chocolat, ça la représentait bien en somme.
Un instant, elle se demanda si son peut-être futur patron était très sucre. Avec son physique de poids plume, il n'en avait vraiment pas l'air mais en même temps, sa mine enjouée contredisait cette première impression. En plus, que ce soit le vendeur de roses en bas de chez elle, sa voisine Priyanka, ou le vendeur de kebab à côté de l'arrêt de bus, Queenie avait cette impression que ce type de personnes c'est-à-dire-les-gens-qui-ressemblaient-à-des-pakistanais-mais-qui-n'en-étaient-probablement-pas avaient toujours des pâtisseries au miel ou aux amandes à portée de main. Parfois les deux. Il avait sans doute dû tomber dans la pâtisserie de cette façon-là. C'était culturel. Donc c'était un sujet à ne surtout pas aborder ! Un peu comme l'assortiment de couleurs bizarres que portait le type. Ce devait aussi être culturel. Elle avait vu ça dans Coup de Foudre à Bollywood.
« La décoration est vraiment très jolie. C'est rare autant de rose dans un établissement tenu par un homme. », Queenie adorait le rose. Elle aurait pu lui en faire part ou s'en tenir là mais à ce moment précis, peut-être parce qu'elle avait déjà trop d'idées préconçues à maintenir en arrière-plan, cette conclusion lui échappa, « Sauf quand le patron est gay bien sûr. »
Parce que les gay adorent le rose, c'est le genre de choses qui se sait.
- InvitéInvité
La jeune femme accepta un chocolat.
« Vous voulez du sucre dedans ? Du miel ? Oh, non, je sais, je vais vous rajouter des marshmallows, ça rend le chocolat tellement plus gourmand ! Vous allez voir, je le fais même fondre au chalumeau, ça fait spectacle ! »
Imran disparut aussitôt derrière le comptoir. Son air enjoué semblait ancrer dans son visage. On avait cette impression étrange qu'il était un condensé de bonne humeur et que jamais, il ne se tarirait. Il actionnait les manettes de sa machine à café pour faire bouillir le lait, sortant le cacao de l'armoire d'en dessous qu'il referma du bout du pieds, tout en chantant quelques mots d'arabe qu'il y avait dans la chanson. Puis, il sortit le paquet de marshmallows avant de saisir le chalumeau qu'il activa au dessus de son épaule pour voir s'il y avait toujours du gaz.
Une belle flamme jaillit. Il eut un sourire, puis il mélangea le cacao dans les deux tasses jusqu'à ce que le tout soit homogène, avant de poser quelques marshmallows à la surface du chocolat. Puis, il les fit fondre à l'aide du chalumeau jusqu'à ce qu'ils soient bien dorés. Enfin, il le rangea avant de saisir les deux tasses qu'il amena à la table. Il en posa une devant Queenie, puis une devant lui, au moment où il s'asseyait.
Elle enchaîna directement sur la décoration des lieux. Il sourit, content d'apprendre qu'elle aimait, puis elle frappa sans qu'il ne s'y attende. Sauf quand il est gay, bien sûr.
« Astagh firou'lah !* »
Avec tout le respect qu'il avait pour l'espèce humaine, il y avait des choses qu'Imran ne comprenait pas, et qu'il ne s'expliquait pas. L'homosexualité en faisait parti. Il n'avait rien contre ces gens, du moins, maintenant (Lorelei faisait un travail de fond depuis qu'elle le connaissait, c'est-à-dire, presque vingt ans). C'était purement religieux, bien entendu. Mais il avait appris à les tolérer, puis à parler et rigoler avec eux, voir même à s'en faire des amis. Cela lui avait pris du temps, bien entendu. Mais oser dire qu'il était gay ? Ou le sous-entendre ? Ça lui faisait toujours aussi mal.
« Je... » Non, il se retint, puis sourit après que son visage soit devenu plus blanc que le bord des marshmallows. « En Inde, par exemple, le rose signifie la Bienvenue. Du coup, ça a quelque chose de festif, de mignon, et tout. Puis c'est très sucré comme couleur ! »
C'était vrai. En Inde, c'était bel et bien le cas. Puis il aimait bien le rose. C'était voyant, c'était vivant. Bon, la jeune femme abusait un petit peu, car la décoration des lieux couvrait un large panel de couleurs chaudes. Tous les contenants étaient dorés (probablement du plaqué or) avec des cloches en verres. Il y avait des plantes aussi. Pas mal de fleurs, et de châles de couleurs. L'ambiance était féérique, tirée d'un des comptes des milles et une nuit. Et encore, elle n'avait pas vu le petit patio privatif, à l'arrière, qu'ils n'allaient pas tarder à ouvrir au printemps avec sa végétation luxuriante, sa fontaine et sa céramique de partout aux couleurs bleues, oranges et verts.
« Bon. Du coup, je me présente, je suis Imran Misra, je gère le Faery Cake depuis presque dix ans avec ma femme, Lorelei. Je voudrais que tu me parles un peu de toi, de ce que tu as fais jusqu'à maintenant, de ce que tu aimes, de ce que tu rêves, etc. »
Tout cela, en gardant un sourire enthousiaste, bien entendu.
*Qu'Allah me pardonne.
« Vous voulez du sucre dedans ? Du miel ? Oh, non, je sais, je vais vous rajouter des marshmallows, ça rend le chocolat tellement plus gourmand ! Vous allez voir, je le fais même fondre au chalumeau, ça fait spectacle ! »
Imran disparut aussitôt derrière le comptoir. Son air enjoué semblait ancrer dans son visage. On avait cette impression étrange qu'il était un condensé de bonne humeur et que jamais, il ne se tarirait. Il actionnait les manettes de sa machine à café pour faire bouillir le lait, sortant le cacao de l'armoire d'en dessous qu'il referma du bout du pieds, tout en chantant quelques mots d'arabe qu'il y avait dans la chanson. Puis, il sortit le paquet de marshmallows avant de saisir le chalumeau qu'il activa au dessus de son épaule pour voir s'il y avait toujours du gaz.
Une belle flamme jaillit. Il eut un sourire, puis il mélangea le cacao dans les deux tasses jusqu'à ce que le tout soit homogène, avant de poser quelques marshmallows à la surface du chocolat. Puis, il les fit fondre à l'aide du chalumeau jusqu'à ce qu'ils soient bien dorés. Enfin, il le rangea avant de saisir les deux tasses qu'il amena à la table. Il en posa une devant Queenie, puis une devant lui, au moment où il s'asseyait.
Elle enchaîna directement sur la décoration des lieux. Il sourit, content d'apprendre qu'elle aimait, puis elle frappa sans qu'il ne s'y attende. Sauf quand il est gay, bien sûr.
« Astagh firou'lah !* »
Avec tout le respect qu'il avait pour l'espèce humaine, il y avait des choses qu'Imran ne comprenait pas, et qu'il ne s'expliquait pas. L'homosexualité en faisait parti. Il n'avait rien contre ces gens, du moins, maintenant (Lorelei faisait un travail de fond depuis qu'elle le connaissait, c'est-à-dire, presque vingt ans). C'était purement religieux, bien entendu. Mais il avait appris à les tolérer, puis à parler et rigoler avec eux, voir même à s'en faire des amis. Cela lui avait pris du temps, bien entendu. Mais oser dire qu'il était gay ? Ou le sous-entendre ? Ça lui faisait toujours aussi mal.
« Je... » Non, il se retint, puis sourit après que son visage soit devenu plus blanc que le bord des marshmallows. « En Inde, par exemple, le rose signifie la Bienvenue. Du coup, ça a quelque chose de festif, de mignon, et tout. Puis c'est très sucré comme couleur ! »
C'était vrai. En Inde, c'était bel et bien le cas. Puis il aimait bien le rose. C'était voyant, c'était vivant. Bon, la jeune femme abusait un petit peu, car la décoration des lieux couvrait un large panel de couleurs chaudes. Tous les contenants étaient dorés (probablement du plaqué or) avec des cloches en verres. Il y avait des plantes aussi. Pas mal de fleurs, et de châles de couleurs. L'ambiance était féérique, tirée d'un des comptes des milles et une nuit. Et encore, elle n'avait pas vu le petit patio privatif, à l'arrière, qu'ils n'allaient pas tarder à ouvrir au printemps avec sa végétation luxuriante, sa fontaine et sa céramique de partout aux couleurs bleues, oranges et verts.
« Bon. Du coup, je me présente, je suis Imran Misra, je gère le Faery Cake depuis presque dix ans avec ma femme, Lorelei. Je voudrais que tu me parles un peu de toi, de ce que tu as fais jusqu'à maintenant, de ce que tu aimes, de ce que tu rêves, etc. »
Tout cela, en gardant un sourire enthousiaste, bien entendu.
*Qu'Allah me pardonne.
- InvitéInvité
Le chocolat était parfait. Juste ce qu'il fallait de sucre, à moins que ce ne fussent les marshmallows - la partie la moins raisonnable de cette collation - avec leur petit goût de rôti... Queenie se sera facilement calée devant la télé avec son gros plaid en laine pour le boire, mais bon : business is business !
Elle remercia aussi chaleureusement que la tasse était chaude puis, commença à le complimenter sur la décoration intérieure. Comme elle avait plutôt bon goût - à son sens - il allait de soit que tout ce qu'elle pourrait dire ne pourrait être pris que comme un compliment. Mentionner la sexualité du décorateur en chef ne faisait visiblement pas partie des choses à dire. Du moins c'est ce qu'elle en déduisit quand il s'étouffa à moitié devant elle. Elle en déduisit aussi qu'il n'était pas pakistanais mais qu'il venait plus probablement du Pays des Musulmans dont elle ne se rappelait plus exactement le nom car elle avait déjà entendu des gens s'étouffer à peu près de la même manière quand elle prenait le bus et que, le plus souvent, ces gens portaient soient un petit chapeau tout plat, une barbe mal entretenue, de jolis foulards colorés ou de longues robes qui faisaient un peu Casper le gentil fantôme mais qui n'avaient rien à voir avec Halloween. Comprenez qu'il faisait chaud dans le Pays des Musulmans. D'ailleurs il faisait chaud au Pakistan et en Californie aussi.
« Je... », tenta-t-il sans visiblement trop savoir comment lui dire les choses.
Queenie avait souvent vu ce genre d'expressions sur le visage des gens. Elle comprit tout de suite sa bourde :
« Ah mais rassurez-vous j'adoooore les gays ! J'ai plein d'amis qui sont gays. », jaugeant à l'expression de son vis-à-vis que ce n'était pas ce qu'elle pouvait penser des gays mais plutôt ce qu'elle pouvait penser de lui qui le chagrinait, elle corrigea immédiatement le tir, « Mais je dis pas ça pour vous ! Vous vous n'avez pas du tout l'air gay ... »
Mieux valait peut-être le laisser réorienter la conversation dans la direction qui lui conviendrait le mieux. Elle s'éclaircit la voix et le laissa parler, ses mains agrippant sous la table la lanière de son sac. C'était quand même plutôt mal engagé pour le poste si elle continuait à gaffer de la sorte.
Visiblement le rose n'avait rien à voir avec un affichage discret des préférences sexuelles du gérant. C'était encore un truc culturel qu'elle n'aurait pas pu deviner et d'ailleurs, comme beaucoup de ces trucs-là : cela venait de l'Inde (et pas du Pakistan).
« J'en avais aucune idée. », se contenta-t-elle de répondre de peur de s'enfoncer. Elle lui poserait la question si l'occasion se représentait plus tard dans la conversation. « C'est très joli en tout cas.»
Il continuait de sourire, ce qui était plutôt bon signe à moins que ça n'ait été complètement hypocrite mais Queenie était de ces gens qui ne voient pas si loin et se satisfont le plus souvent de l'impression générale. Quelque part, ça lui évitait souvent de tirer des conclusions en plus de celles qui découlaient des préjugés qu'elle avait tout naturellement ingurgités au fil de sa vie. Ils se suffisaient à eux-mêmes.
« Moi c'est Queenie. Queenie Bennett. Je vis à L.A. depuis... pouf depuis treize ans. Le temps passe tellement vite... », constata-t-elle presque à regret. C'est vrai qu'elle venait d'avoir trente ans. Parfois elle avait un peu du mal à avaler la pilule, « Je suis du Nevada à la base. », elle ne savait pas trop pourquoi elle le précisait. A vrai dire, ça n'apportait rien à son CV et d'ailleurs la plupart des gens qu'elle connaissait ne s'étaient même pas posé la question. « J'ai fait beaucoup de jobs différents, enfin vous verrez sur mon CV tout y est, sauf mon dernier emploi. C'était à la poissonnerie du Whole Food de Lafayette. J'ai pas spécialement de diplôme mais je suis du genre à m'investir à fond et les sucreries c'est tout ce que j'adore alors... », c'était assez perturbant de devoir dérouler le fil de son argumentaire "embauchez-moi tout de suite" sans qu'il ne lui pose de questions ou ne l'interrompe. En règle générale, on lui en posait tout un tas des questions. "Quel est votre signe astrologique ?", "Quels sont vos qualités pour le job ?", "Votre pire défaut ?", "Vous parlez d'autres langues ?", "Pourquoi avez-vous quitté votre précédent emploi ? Ah vous avez été virée... Pourquoi ?" Là elle se sentait complètement en roue libre, « Ma fille dit que je fais les meilleures glaces de la terre. Bon... c'est ma fille. Mais elle adore vraiment les glaces et je pense que même vous vous les adoreriez. »
Pourquoi fallait-il toujours qu'elle utilise ce mot ? Même. Dans 90% des cas les gens s'imaginaient qu'il y avait un non dit là derrière alors qu'il n'y avait rien de plus qu'un insupportable tic langagier.
Elle remercia aussi chaleureusement que la tasse était chaude puis, commença à le complimenter sur la décoration intérieure. Comme elle avait plutôt bon goût - à son sens - il allait de soit que tout ce qu'elle pourrait dire ne pourrait être pris que comme un compliment. Mentionner la sexualité du décorateur en chef ne faisait visiblement pas partie des choses à dire. Du moins c'est ce qu'elle en déduisit quand il s'étouffa à moitié devant elle. Elle en déduisit aussi qu'il n'était pas pakistanais mais qu'il venait plus probablement du Pays des Musulmans dont elle ne se rappelait plus exactement le nom car elle avait déjà entendu des gens s'étouffer à peu près de la même manière quand elle prenait le bus et que, le plus souvent, ces gens portaient soient un petit chapeau tout plat, une barbe mal entretenue, de jolis foulards colorés ou de longues robes qui faisaient un peu Casper le gentil fantôme mais qui n'avaient rien à voir avec Halloween. Comprenez qu'il faisait chaud dans le Pays des Musulmans. D'ailleurs il faisait chaud au Pakistan et en Californie aussi.
« Je... », tenta-t-il sans visiblement trop savoir comment lui dire les choses.
Queenie avait souvent vu ce genre d'expressions sur le visage des gens. Elle comprit tout de suite sa bourde :
« Ah mais rassurez-vous j'adoooore les gays ! J'ai plein d'amis qui sont gays. », jaugeant à l'expression de son vis-à-vis que ce n'était pas ce qu'elle pouvait penser des gays mais plutôt ce qu'elle pouvait penser de lui qui le chagrinait, elle corrigea immédiatement le tir, « Mais je dis pas ça pour vous ! Vous vous n'avez pas du tout l'air gay ... »
Mieux valait peut-être le laisser réorienter la conversation dans la direction qui lui conviendrait le mieux. Elle s'éclaircit la voix et le laissa parler, ses mains agrippant sous la table la lanière de son sac. C'était quand même plutôt mal engagé pour le poste si elle continuait à gaffer de la sorte.
Visiblement le rose n'avait rien à voir avec un affichage discret des préférences sexuelles du gérant. C'était encore un truc culturel qu'elle n'aurait pas pu deviner et d'ailleurs, comme beaucoup de ces trucs-là : cela venait de l'Inde (et pas du Pakistan).
« J'en avais aucune idée. », se contenta-t-elle de répondre de peur de s'enfoncer. Elle lui poserait la question si l'occasion se représentait plus tard dans la conversation. « C'est très joli en tout cas.»
Il continuait de sourire, ce qui était plutôt bon signe à moins que ça n'ait été complètement hypocrite mais Queenie était de ces gens qui ne voient pas si loin et se satisfont le plus souvent de l'impression générale. Quelque part, ça lui évitait souvent de tirer des conclusions en plus de celles qui découlaient des préjugés qu'elle avait tout naturellement ingurgités au fil de sa vie. Ils se suffisaient à eux-mêmes.
« Moi c'est Queenie. Queenie Bennett. Je vis à L.A. depuis... pouf depuis treize ans. Le temps passe tellement vite... », constata-t-elle presque à regret. C'est vrai qu'elle venait d'avoir trente ans. Parfois elle avait un peu du mal à avaler la pilule, « Je suis du Nevada à la base. », elle ne savait pas trop pourquoi elle le précisait. A vrai dire, ça n'apportait rien à son CV et d'ailleurs la plupart des gens qu'elle connaissait ne s'étaient même pas posé la question. « J'ai fait beaucoup de jobs différents, enfin vous verrez sur mon CV tout y est, sauf mon dernier emploi. C'était à la poissonnerie du Whole Food de Lafayette. J'ai pas spécialement de diplôme mais je suis du genre à m'investir à fond et les sucreries c'est tout ce que j'adore alors... », c'était assez perturbant de devoir dérouler le fil de son argumentaire "embauchez-moi tout de suite" sans qu'il ne lui pose de questions ou ne l'interrompe. En règle générale, on lui en posait tout un tas des questions. "Quel est votre signe astrologique ?", "Quels sont vos qualités pour le job ?", "Votre pire défaut ?", "Vous parlez d'autres langues ?", "Pourquoi avez-vous quitté votre précédent emploi ? Ah vous avez été virée... Pourquoi ?" Là elle se sentait complètement en roue libre, « Ma fille dit que je fais les meilleures glaces de la terre. Bon... c'est ma fille. Mais elle adore vraiment les glaces et je pense que même vous vous les adoreriez. »
Pourquoi fallait-il toujours qu'elle utilise ce mot ? Même. Dans 90% des cas les gens s'imaginaient qu'il y avait un non dit là derrière alors qu'il n'y avait rien de plus qu'un insupportable tic langagier.
- InvitéInvité
Queenie semblait bien trop nature pour cacher quelque chose de mauvais en elle. C'était du moins le point de vue d'Imran. On lui connaissait un certain talent sur la façon de juger les gens, et il ne se trompait presque jamais. C'était comme inné. Il ne savait l'expliquer, mais il était très réceptif aux auras des gens. Celle de Queenie par exemple était belle, douce, et pleine de chaleurs. Il ne faisait nul doute qu'il l'embaucherait. Elle lui avait semblé tellement déprimée tout à l'heure sur le banc, comme si elle avait connu échec, sur échec, et à voir son C.V qu'il survola pour faire genre. Imran voulait changer tout ça chez elle. Il voulait libérer son potentiel. Celui que personne ne voyait, mais qu'elle avait en elle. Une lumière qui inonderait les gens qu'elle rencontrerait.
Imran eut un léger sourire lorsqu'elle lui avoua que sa fille adorait ses glaces, que c'était les meilleures. Il porta son chocolat à hauteur de ses lèvres pour en avaler une rasade. C'était le genre d'anecdotes qu'il trouvait tout choupi, tout mignon, et qu'il le touchait personnellement. L'amour de la cuisine, mais surtout de la pâtisserie lui était venue comme ça. La bouille angélique de ses enfants qui s'allumait d'une réelle lumière lorsqu'ils aimaient ce qu'il faisait. Même sa femme n'y résistait pas. Preuve en était, elle l'avait encouragé dans son projet d'ouvrir une pâtisserie.
« J'en doute pas. J'en suis même sûr. » Il sourit, avant de lui demander : « Dites m'en plus sur votre fille, sur votre histoire personnelle. Vous semblez très proche d'elle. Elle a quelle âge ? »
Imran, lui, il pourrait en parler pendant des heures de ses enfants. De ses deux petites jumelles qui étaient de véritables pestes, mais qu'il adorait et qu'il chérissait de tout son être, et de son petit con de fils, qui était têtu comme sa mère, mais dont il aimait le regard et sa façon de s'opposer à lui (même si, on était tous d'accord là-dessus, c'était un gamin).
Imran eut un léger sourire lorsqu'elle lui avoua que sa fille adorait ses glaces, que c'était les meilleures. Il porta son chocolat à hauteur de ses lèvres pour en avaler une rasade. C'était le genre d'anecdotes qu'il trouvait tout choupi, tout mignon, et qu'il le touchait personnellement. L'amour de la cuisine, mais surtout de la pâtisserie lui était venue comme ça. La bouille angélique de ses enfants qui s'allumait d'une réelle lumière lorsqu'ils aimaient ce qu'il faisait. Même sa femme n'y résistait pas. Preuve en était, elle l'avait encouragé dans son projet d'ouvrir une pâtisserie.
« J'en doute pas. J'en suis même sûr. » Il sourit, avant de lui demander : « Dites m'en plus sur votre fille, sur votre histoire personnelle. Vous semblez très proche d'elle. Elle a quelle âge ? »
Imran, lui, il pourrait en parler pendant des heures de ses enfants. De ses deux petites jumelles qui étaient de véritables pestes, mais qu'il adorait et qu'il chérissait de tout son être, et de son petit con de fils, qui était têtu comme sa mère, mais dont il aimait le regard et sa façon de s'opposer à lui (même si, on était tous d'accord là-dessus, c'était un gamin).
- InvitéInvité
Il ne tenta même pas vaguement de la contredire. C'était curieux. Généralement, lorsque vous affirmiez être "le meilleur de la terre" en quoi que ce soit, les gens se dépêchaient soit de nuancer votre propos, de vous rire au nez ou de vous envoyer sur les roses sauf quand ils avaient un intérêt à jouer les hypocrites. Même Queenie était suffisamment fine d'analyse pour le savoir (c'était dire). Pourtant - peut-être était-ce dû à sa naïveté naturelle - elle n'avait pas l'impression qu'Imran se payait sa tête. Il semblait sincèrement convaincu par l'affirmation de Felicity. Venant de sa fille, Queenie acceptait toutes sortes de compliment : évidemment c'était sa fille. Mais ce type ? La belle blonde se contenta d'un sourire comme réponse, jugeant qu'il valait mieux ne rien ajouter pour ne pas se tourner en ridicule. Mieux valait se réserver pour le moment où elle aurait mieux cerné le personnage.
C'est à ce moment-là que lui décida de poser LA question. Celle qui mettait Queenie mal à l'aise entre toutes. L'âge de sa fille. C'était une question anodine en soit. Un peu comme "tu veux venir prendre un verre après le boulot ?". Mais comme toutes les questions anodines, elle nécessitait une réponse qui aurait demandé des années de recherche et développement pour être fiable et sans embâcle. Oui. L'âge de sa fille était un véritable embâcle à toute conversation pour elle. Non pas qu'elle ait eu honte de Felicity. Au contraire, c'était sa plus grande fierté. Mais elle savait pertinemment que les gens ne pouvaient pas s'empêcher de juger. Elle aurait sans doute fait la même chose à leur place. Avoir une fille qui avait la moitié de son âge quand on n'avait pas encore quarante pige, cela donnait d'emblée une certaine image d'elle. Avec ce genre de CV elle aurait pu postuler dans quasi n'importe laquelle des émissions de divertissement à destination de la ménagère de moins de cinquante ans qui aurait plus requis une vie de merde qu'une plastique de rêve. Et il y en avait un paquet. Queenie le savait, elle les suivait quasiment toutes.
« Eh bien... il n'y a pas grand chose à dire... », esquissa-t-elle alors qu'elle s'engageait dans la partie "recherche et développement" de sa réponse. Il devait donc y avoir un blanc assez conséquent entre cette première partie de réponse et sa suite. Blanc pendant lequel elle put constater qu'il n'y avait même pas un chewing-gum collé sous la table pour occuper ses doigts à autre chose qu'à se tordre nerveusement, «C'est vrai qu'on est très proches et très différentes à la fois, c'est drôle. C'est une fille brillante ! Elle vient de faire son entrée au lycée et elle donne déjà des cours particuliers vous vous rendez compte ? », il en déduirait, ou pas, que la gamine en question avait à peu près 14 / 15 ans soit la moitié de l'âge qui figurait sur le CV que Queenie lui avait donné au début de la conversation..., « Je sais que tous les parents sont en admiration devant leurs enfants mais moi je la trouve vraiment exceptionnelle. C'est un peu ma fierté. Vous avez des enfants vous aussi ? »
Renvoyer la balle c'était toujours mieux que de s'enfoncer et généralement les gens appréciaient. Et puis, Queenie avait remarqué qu'au-delà d'un certain degré de bronzage (les adeptes des cabines U.V n'entrant pas en ligne de compte), il y avait TOUJOURS des enfants. Ça aussi ce devait être culturel...
C'est à ce moment-là que lui décida de poser LA question. Celle qui mettait Queenie mal à l'aise entre toutes. L'âge de sa fille. C'était une question anodine en soit. Un peu comme "tu veux venir prendre un verre après le boulot ?". Mais comme toutes les questions anodines, elle nécessitait une réponse qui aurait demandé des années de recherche et développement pour être fiable et sans embâcle. Oui. L'âge de sa fille était un véritable embâcle à toute conversation pour elle. Non pas qu'elle ait eu honte de Felicity. Au contraire, c'était sa plus grande fierté. Mais elle savait pertinemment que les gens ne pouvaient pas s'empêcher de juger. Elle aurait sans doute fait la même chose à leur place. Avoir une fille qui avait la moitié de son âge quand on n'avait pas encore quarante pige, cela donnait d'emblée une certaine image d'elle. Avec ce genre de CV elle aurait pu postuler dans quasi n'importe laquelle des émissions de divertissement à destination de la ménagère de moins de cinquante ans qui aurait plus requis une vie de merde qu'une plastique de rêve. Et il y en avait un paquet. Queenie le savait, elle les suivait quasiment toutes.
« Eh bien... il n'y a pas grand chose à dire... », esquissa-t-elle alors qu'elle s'engageait dans la partie "recherche et développement" de sa réponse. Il devait donc y avoir un blanc assez conséquent entre cette première partie de réponse et sa suite. Blanc pendant lequel elle put constater qu'il n'y avait même pas un chewing-gum collé sous la table pour occuper ses doigts à autre chose qu'à se tordre nerveusement, «C'est vrai qu'on est très proches et très différentes à la fois, c'est drôle. C'est une fille brillante ! Elle vient de faire son entrée au lycée et elle donne déjà des cours particuliers vous vous rendez compte ? », il en déduirait, ou pas, que la gamine en question avait à peu près 14 / 15 ans soit la moitié de l'âge qui figurait sur le CV que Queenie lui avait donné au début de la conversation..., « Je sais que tous les parents sont en admiration devant leurs enfants mais moi je la trouve vraiment exceptionnelle. C'est un peu ma fierté. Vous avez des enfants vous aussi ? »
Renvoyer la balle c'était toujours mieux que de s'enfoncer et généralement les gens appréciaient. Et puis, Queenie avait remarqué qu'au-delà d'un certain degré de bronzage (les adeptes des cabines U.V n'entrant pas en ligne de compte), il y avait TOUJOURS des enfants. Ça aussi ce devait être culturel...
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