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YESTERDAY'S NEWS |48
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Trop aimable, vraiment. Un coup de main au cas où elle ne s'en sortirait pas ? Certainement parce qu'elle-même craignait de ne pas se montrer à la hauteur - le stress du premier jour, sans doute -, elle se sentit infantilisée. Il fallait dire que dans la mesure où ils se connaissaient depuis quoi, vingt minutes ? Oui, à peine. Forcément, elle ne savait pas s'il voulait juste se montrer sympa ou s'il essayait d'assoir sa position de mâle dominant. Et puis, soyons honnêtes, vu leurs débuts, elle avait tendance à pencher pour la seconde hypothèse. « Ça devrait aller, hein. Crois-le ou pas, mais je sais écrire. » ronchonna-t-elle alors qu'elle mettait enfin la main sur la précieuse feuille vierge. Elle commença à la remplir, tentant de se concentrer pour ne pas faire d'erreur, quand son coéquipier la sortit de sa tâche en lui proposant d'allumer la sirène. Malgré elle, son visage s'éclaira. « Y a qu'à demander ! » Étrangement, celle-là lui brisait beaucoup moins les tympans. Un peu plus et on aurait dit une gamine pour la journée des papas au travail à qui la géniteur proposait d'appuyer elle-même sur le bouton. Bien qu'elle douta franchement qu'au regard de ce qui l'attendait, un père emmène sa gamine sur le terrain. « C'est ça, on se bouge ! » alpagua-t-elle les automobilistes qui s'écartaient sur leur passage, laissant échapper un rire à la remarque de Tyler. A défaut de lui être vraiment sympathique, il avait le mérite d'avoir de l'humour.
Toutefois, dès l'instant où l'action commença véritablement, la brune se montra particulièrement docile. Quand des vies étaient en jeu, les guerres d'ego ou de sexe n'avaient plus lieu d'être. De plus, Tyler étant le plus expérimenté, il était naturel qu'elle se range à ses ordres. Carrément étonnée du sérieux et de l'organisation avec lesquels il prenait les choses en main. Un instant stupéfaite, quoi que se gardant de le laisser paraître, elle le regarda s'éloigner une micro seconde avant de récupérer le matériel. Lorsqu'elle le rejoignit, un instant plus tard, Moïse avait encore fait quelques miracles sur les badauds, tandis que son mouton de pâture qu'elle était déposait la civière, aux aguets mais en retrait. Du moins, jusqu'à ce que son binôme lui propose d'intervenir. Elle arqua un sourcil mais acquiesça. Pédagogue, en plus. « Bonjour, Monsieur. Je m'appelle Casey. On va bien s'occuper de vous, alors vous pouvez vous détendre. » Plus facile à dire qu'à faire, elle en était bien consciente, aussi lui adressa-t-elle son sourire le plus rassurant tandis qu'elle s'emparait d'un masque à oxygène et confiait le monitoring à Tyler. « Ça va vous aider à respirer. Voilà, doucement. Faites comme moi. » Inspirant et expirant lentement, un œil sur les courbes de l'ECG, l'autre sur leur patient, elle en oubliait tout ce qui se passait autour d'eux, ses réflexes de soignante aguerrie prenant le pas sur tout le reste. Au bout de quelques minutes, à force de mimétisme et aidé par l'oxygène artificiel, l'homme parut se calmer quelque peu, sa fréquence cardiaque leur signifiant qu'il reprenait pied. « Il est stable. On peut l'emmener, je pense. » informa-t-elle son collègue, déjà prête à s'emparer de la civière. Ce n'était peut-être pas une crise cardiaque, néanmoins, même pour un simple malaise, mieux valait ne pas tenter le diable.
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Tyler s'écarta et laissa Casey prendre la main. L'observant, et surveillant ses moindres faits et gestes, du coin de l'oeil, il se chargea de de dissiper un peu plus la foule qui restait autour d'eux. Bande de sales cons de voyeurs morbides... Autant ça le gênait pas de passer - presque - pour un héros aux yeux d'une assemblée, autant il ne supportait pas qu'on ne respecte pas les patients et leurs familles. "Tu penses ou t'en es sûre ?" demanda Tyler en haussant un sourcil. Il regarda Casey se préparer à bouger le patient, mais il l'arrêta d'un geste avant de s'adresser à la serveuse. "Mademoiselle ? Vous pouvez me dire s'il est tombé ou s'est cogné la tête ?" La pauvre semblait toujours en état de choc. Elle inspira pour reprendre ses esprits. "Je.. je sais pas, je crois qu'il venait pour s'asseoir et... oui je crois qu'il est tombé." dit-elle un peu confuse. Tyler la remercia avant de se tourner vers Casey. "Dans le doute met lui un collier cervical et après on pourra le bouger."
Moins d'une minute plus tard l'homme était allongé sur le brancard que Tyler et Casey jusque dans l'ambulance. Tyler laissa Casey monter à l'arrière et reprit sa place derrière le volant. Il sortit un petit carnet d'une de ses poches et commença à y faire quelques notes - ce qui ne prit que quelques secondes. Il démarra alors, direction l'hôpital le plus proche. Quelques minutes plus tard ils étaient à l'hôpital, en train de léguer leur patient aux urgentistes. "Homme, la quarantaine environ. Malaise cardiaque, possible trauma cranien. Il n'a pas réussi à parler depuis qu'on la prit en charge." lança Tyler à l'urgentiste qui, avec un de ses collègues, prit le relais et emmena le patient à l'intérieur. "Bon viens, faut faire signer la fiche comme quoi le patient a bien été livré à l'hôpital. Ensuite on pourra y aller." Heureusement c'était en général le genre de trucs qui prenait dix secondes à tout péter. Ils n'eurent pas beaucoup à patienter avant d'enfin pouvoir retourner à l'ambulance. "Alors, première vraie intervention sur le terrain ?" demanda Tyler en démarrant, prêt à retourner à la caserne, sauf si la radio se rallumait et les appelait ailleurs.
Moins d'une minute plus tard l'homme était allongé sur le brancard que Tyler et Casey jusque dans l'ambulance. Tyler laissa Casey monter à l'arrière et reprit sa place derrière le volant. Il sortit un petit carnet d'une de ses poches et commença à y faire quelques notes - ce qui ne prit que quelques secondes. Il démarra alors, direction l'hôpital le plus proche. Quelques minutes plus tard ils étaient à l'hôpital, en train de léguer leur patient aux urgentistes. "Homme, la quarantaine environ. Malaise cardiaque, possible trauma cranien. Il n'a pas réussi à parler depuis qu'on la prit en charge." lança Tyler à l'urgentiste qui, avec un de ses collègues, prit le relais et emmena le patient à l'intérieur. "Bon viens, faut faire signer la fiche comme quoi le patient a bien été livré à l'hôpital. Ensuite on pourra y aller." Heureusement c'était en général le genre de trucs qui prenait dix secondes à tout péter. Ils n'eurent pas beaucoup à patienter avant d'enfin pouvoir retourner à l'ambulance. "Alors, première vraie intervention sur le terrain ?" demanda Tyler en démarrant, prêt à retourner à la caserne, sauf si la radio se rallumait et les appelait ailleurs.
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Bordel ! Le risque de commotion ! C'était la base, pourtant. Toujours sécuriser la nuque du patient. Et elle avait oublié. Pourtant, elle était loin d'en être à son coup d'essai - sans mauvais jeu de mots. Quoi que, jusqu'ici, son travail était venu en suivant des premiers secours, voire des médecins, ce qui expliquait son manque de réflexe. Elle fronça légèrement le nez, agacée de son propre manque de réflexes. Et que ça ait eu lieu devant son nouveau coéquipier, pour ne rien arranger. Super, maintenant, en plus de te croire juste baisable, il va penser que t'es incompétente. s'admonesta-t-elle intérieurement. Toutefois, elle ne lut ni reproches ni victoire dans le regard de Tyler. Acquiesçant à son ordre, la brune remplaça son geste vers la civière par celui d'attraper le collier cervical. « Simple précaution, vous en faites pas ! » annonça-t-elle à l'homme dont les yeux s'étaient à nouveau écarquillés de terreur. Elle lui souleva délicatement la nuque que l'objet enserra bientôt fermement. « Je reste avec vous. » le rassura-t-elle encore une fois alors qu'aidée de son binôme, ils l'entraînaient vers l'ambulance. Et en effet, Alcott reprit le volant, Casey étant assignée à l'arrière avec le malade. Ses prunelles bondissaient de la silhouette tétanisée à qui elle parlait gentiment, aux diverses notes qu'elle prenait, retenant scrupuleusement les constantes qui s'affichaient. Une fois à l'hôpital, elle eut du mal à se défaire de la main de l'homme, lequel l'avait attrapé, son aphasie retenant le remerciement que trahissait son regard. Elle lui renvoya un sourire avant de l'abandonner aux bons soins des médecins. C'était bizarre. Elle ne saurait probablement jamais s'il s'en était sorti. Ni qui il était. A ça aussi, elle devrait s'y habituer.
De retour dans l'ambulance, elle passa une main sur son visage rougi par l'effort avant de se tourner vers l'ambulancier dont la question ne l'avait pas surprise. « Pas depuis un certain temps, en tout cas. Ça se voit tant que ça ? » interrogea-t-elle à son tour, une petite moue contrite déformant ses lèvres. Elle avait bien conscience de ne pas avoir spécialement brillé pour leur première sortie. Toutefois, si la vie lui avait bien appris une chose, c'était que la perfection n'existait pas. Et que les erreurs servaient à ne pas être reproduites. Soudain, la radio se remit à crachoter. « Tyler ? Tu es là ? » La voix féminine que leur rapportaient les ondes ne se voulaient pas sympathique. Au contraire, elle paraissait franchement agacée. « Je sais que tu m'entends, Alcott. Et je voulais te dire que tu étais vraiment un sale connard. Oui, tu m'as bien entendu, un C-O-N-N-A-R-D. J'apprends quoi, que t'as couché avec Mary aussi ? Alors qu'on s'était vu la veille et que j'attends encore que tu me rappelles ? M'adresse plus jamais la parole en-dehors du boulot, enfoiré ! » Et puis, après un soupir rageur, plus rien. D'abord sous le choc, la Griffith finit par articuler un : « C'était quoi ... ça ?! » hilare. Elle ne s'y était donc pas trompée : son binôme était un vrai Don Juan. Elle hésitait entre éclater de rire et se frapper la tête contre le tableau de bord pour fêter sa malchance.
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C’était sans animosité aucune que Tyler avait fait la réflexion à Casey. Elle devait apprendre après tout. Certes elle avait une formation initiale. Mais sur le terrain c’était pas la même chose. Lui aussi avait fait des erreurs au tout début. Sauf que dans ce métier les erreurs n’étaient pas permises. Dans leur boulot une erreur ça se terminait en général avec un mort sur les bras, et sur la conscience. Et il y avait déjà assez de morts accidentelles pour qu’ils en rajoutent avec des erreurs. Autant l’y préparer. Il garda son speech pour lui le temps d’amener leur patient à l’hôpital. Il y avait des priorités et les patients étaient toujours prioritaires. Une fois qu’ils l’eurent déposés et qu’ils eurent récupéré leur papier, Tyler se tourna vers Casey. “Hein ? Non mais je te demandais comment t’avais trouvé ta première intervention !” lança Tyler en laissant échapper un rire. “Allez Miss j’ai la tête toute retournée, il est temps de te réunir avec ce gâteau au chocolat je crois!” s’exclama Tyler en retournant dans l’ambulance quand soudain la radio se ralluma. Tyler écouta sans broncher le discours rageux de… Cristal ? Jane ? Merde c’était quoi son nom déjà à elle ? Déjà qu’il était nul pour retenir les prénoms, mais alors en plus pour reconnaître la voix… “Ça c’était Mary qui a raconté à sa soeur qu’on a couché ensemble.” répondit Tyler en haussant les épaules d’un air désinvolte. “T’en fais pas, ça devrait pas arriver souvent. Enfin… ça devrait plus. J’ai pas l’habitude de coucher avec les collègues.” Il se tourna alors vers Casey, un grand sourire sur son visage. “Mais pour toi je suis prêt à faire une exception…” lâcha t-il en haussant les sourcils de façon plus que suggestive. Puis la radio se ralluma, cette fois pour leur signaler une nouvelle urgence. Ni une, ni deux Tyler mis les gaz en direction du lieu indiqué. “Avant qu’on arrive, je voulais juste faire deux trois remarques sur tout à l’heure.” Il pris à droite sur une grande avenue toute sirènes dehors, les véhicules se poussant sur leur passage, se stoppant pour leur permettre de slalomer entre les voitures. “Pas la peine de te présenter, on s’en fout. Chaque seconde compte, en te présentant tu perds des secondes précieuses qui peuvent être cruciales pour - PUTAIN BOUGE TA CAISSE ENFOIRÉ - je disais quoi ? Ouais crucial pour sauver la vie de quelqu’un. Et fais gaffe à rien oublier. Quant t’es ambulancier tu dois bosser vite et bien. La moindre erreur peut coûter une vie. Désolé si je te met la pression, mais être ambulancier c’est ça.” Tyler disait ça sans animosité aucune, ni reproche. Il voulait simplement qu’elle soit consciente de savoir dans quoi elle s’embarquait. On devenait pas ambulancier sur un coup de tête, pour déconner. Ce boulot c’était des responsabilités. Et il fallait être prêt à les assumer. “Mis à part ça, t’as pas mal déchiré pour une première. Et puis… on oublie pas sa première fois…” Il lui fit un clin d’oeil avant d’enfin arriver sur les lieux de leur seconde intervention.
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La brune en venait à se demander si une photo de son coéquipier n'était pas accrochée dans la salle de repos du centre d'appel, bardée d'insultes au feutre, les yeux crevés et quelques seringues plantée en plein front. Franchement, ça ne l'aurait pas étonné plus que ça. Surtout vu la désinvolture avec laquelle il prenait la chose. Son sourire commença à s'effacer face à sa réaction, plus encore lorsqu'il profita de cet intermède pour lui glisser encore une fois l'une de ses petites phrases de lover. « Trop bien pour toi, l'oublie pas, collègue. » grogna-t-elle avec mauvaise humeur. Peut-être que lui n'avait aucune éthique à ce niveau-là, mais elle, si. Et de toute façon, il n'était pas son genre de mec. Mais alors, pas du tout. Trop suggestif, trop nonchalant, trop musclé et le type sexy qui en avait conscience et en jouait. Vraiment, non merci. Heureusement, la radio se chargea d'interrompre ce qui allait être le second round d'une petite remise à plat. Casey en était à mémoriser le code pour un accident de la circulation quand l'ambulancier revint sur leur première intervention. Qu'il la sermonne sur son erreur, elle aurait pu l'entendre. De toute façon, elle était là pour apprendre et s'améliorer. En revanche, qu'il remette en question ses méthodes d'approche, ça, elle n'avait pas l'intention de laisser passer - tout comme la voiture que Tyler avait vertement invectivé. « Wowowo ! On se calme, Dr Carter ! Peut-être que toi, t'es monotâche, mais me concernant, ça fait longtemps que j'ai appris à faire deux choses à la fois. D'accord, je viens juste d'être diplômée, mais avant d'atterrir dans cette ambulance, j'étais déjà infirmière. Et pas de celles qui piquent le gras des petits vieux en médecine générale ou donnent des sucettes à leurs petits-enfants en pédiatrie. L'armée, t'as noté quand j'ai évoqué le sujet ? » l'interrogea-t-elle, sourcils haussés, alors que leurs regards se croisaient brièvement entre deux coups de volant. « Syrie et Afghanistan, plus précisément. Zones de front. Alors les urgences et le prix d'une vie, je connais. Donc si j'ai envie de donner mon nom tout en prenant le pouls de quelqu'un, je le ferai. Chacun sa méthode, chéri. » La jeune femme n'aimait pas se vanter, et d'ailleurs, là n'était pas son intention. Il s'agissait davantage de remettre les choses dans leur contexte, ainsi que le communiquait le ton de sa voix. Ni fier, ni accusateur, simplement informatif. Et un peu moqueur sur la fin, il fallait le dire. « Cela dit, t'es pas mauvais non plus. Ça peut marcher entre nous, si t'as pas peur de l'engagement sur du long terme. » termina-t-elle, se gardant bien de relever son énième allusion graveleuse, préférant retourner la situation sur une note tout à fait différente. Il n'était pas prêt de se débarrasser d'elle.
En parlant de zone de front ... Un coup d'oeil suffit à l'ambulancière pour déterminer que ce qui s'était passé sur cette avenue était grave. Deux véhicules étaient entrés en collision : plus précisément, une berline et un camion, tête contre cul à grande vitesse. Le capot de la première était enfoncé presque jusqu'au pare-brise. Pare-brise d'où dépassait une tête ensanglantée. Un adolescent. Mort, elle en était à peu près sûre. D'ailleurs, les pompiers le désincarcéraient sans se presser. La conductrice, certainement la mère de famille, gisait sur son siège, les yeux clos. Et sur la banquette arrière, des pleurs d'enfants résonnaient entre les hurlements de sirène. « Je comprends pas ... Je m'étais arrêté au feu rouge et tout à coup, il y a eu une grosse secousse et quand j'ai regardé dans le rétro, j'ai vu la voiture et ... » Casey n'entendit pas le reste du discours du routier sous le choc, que la police avait entraîné à l'écart. Les deux ambulanciers, leur matériel sur le dos, couraient déjà vers les blessés. C'était là que tout se jouait. La façon dont ils se coordonneraient sans avoir à échanger, face à une situation aussi critique. Toutefois, la brune n'y pensa pas un instant, laissant faire son instinct. Ou plutôt, leur instinct. Tandis que Tyler dégageait la femme, elle se chargea du gamin derrière. Un petit garçon de trois ans à peine, le visage rougi par les larmes, congestionné à force de pleurer. « Comment ça se passe devant ? » De son côté, elle détachait le rehausseur. Le petit semblait aller bien, malgré ses hurlements sans discontinuer. Difficile, dans ses conditions, de déterminer s'il avait quelque chose de cassé ou une hémorragie. En tout cas, elle ne voyait rien d'apparent. Ce qui ne voulait rien dire, malheureusement, sans examens approfondis à l'hôpital, elle ne pouvait rien faire de plus que tâter sa nuque, ses membres, le prendre dans ses bras et le confier au premier pompier qu'elle croisa. L'instant d'après, elle rejoignait son binôme, lequel s'acharnait sur la poitrine de la patiente. L'ECG était désespérément plat. Elle l'aida à la choquer. Une minute s'écoula. Puis deux. Jusqu'à quinze. Toujours rien. « Elle est en asystolie depuis dix-sept minutes. » commenta-t-elle sobrement, avant de poser sa main sur le poignet d'Alcott le plus délicatement possible. Il fallait arrêter le massage. « Ça suffit. »
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Tyler n'appréciait pas tellement la façon dont elle lui avait parlé. Il essayait simplement de l'aider et de lui montrer les ficelles du métier comme on dit. Et elle l'envoyait carrément chier. Oui, cette fille c'était bien une vraie emmerdeuse. Et c'était sa coéquipière à présent. Et il allait falloir faire avec. Heureusement que Tyler n'était pas rancunier, ni du genre à s'offusquer du moindre truc, plutôt du genre à s'amuser de tout et de rien, de tout prendre à la rigolade. Heureusement. Sinon il n'aurait pas pu laisser passer son pétage de plomb pseudo-féministe (ou pas). "Sauf que t'es pas à la guerre ici chérie. Et jusqu'à preuve du contraire infirmière et ambulancier c'est pas la même chose. Et je suis ambulancier depuis presque six ans, toi depuis vingt minutes." Tyler lui lança une petite moue qui visait plus à détendre l'atmosphère qu'autre chose. Inutile de rentrer dans un gros débat stupide. En plus c'était pas le moment du tout puisqu'ils arrivaient sur les lieux d'un accident. Un accident pour le moins terrible. Une famille qui s'était encastrée dans un camion. A l'avant la mère était inconsciente couchée sur son volant, à côté un adolescent avait la tête à travers le pare-brise et n'avait pas survécu au choc, et enfin à l'arrière un enfant pleurait mais semblait aller plutôt bien au vu des circonstances. Tandis que Casey allait à l'arrière, les pompiers s'occupaient de désincarcérer le gamin du parebrise, Tyler se rendit à l'avant s'occuper de la mère de famille. Premier réflexe: le pouls. Putain dieu merci elle respire. Il lui mit un collier cervical avant de la faire basculer vers l'arrière pour qu'il puisse la faire sortir de la voiture plus facilement. Maintenant qu'elle n'était plus affalée sur le volant on discernait parfaitement son ventre rond. "Oh putain. Elle est enceinte. Elle respire. Et elle est enceinte. Elle devait être en train d'accoucher et a sûrement perdu le contrôle." lança Tyler en la sortant du véhicule. Une fois qu'elle serait installée sur le brancard ils la mettraient dans l'ambulance et fonceraient jusqu'à l'hôpital le plus proche, ils feraient une césarienne en urgence et sauveraient la mère et le bébé. C'était ce que Tyler espérait, quand soudain la femme se mit à avoir des convulsions. "Merde elle bradycardise !" Tyler sortit les palettes, quelques secondes plus tard il la choquait et le pouls se stabilisait. Avant que son cœur s'arrête tout simplement. "Non mais c'est pas possible ! Respire ! T'as pas intérêt à mourir..." marmonna Tyler entre ses dents en commençant un massage cardiaque. "Bats-toi, pour tes gosses putain." en continuant son massage cardiaque. Casey le rejoignit et l'aida à la choquer à intervalles réguliers mais rien n'y faisait. Puis il sentit la main de l'ambulancière sur son poignet, pour lui dire d'arrêter. C'était fini il n'y avait plus rien à faire. Tyler se releva avant de s'écarter du corps inerte de la femme enceinte. "Je préviens le central. Prépare le gamin pour le transport." dit-il simplement en repartant vers l'ambulance. Il prit la radio et informa le central. En tant qu'ambulanciers ils ne pouvaient ni déclarer un décès ni transporter les morts, il fallait prévenir la police qui faisait venir un médecin, enfin bref un bordel sans nom. Une fois l'appel à la radio fait. Tyler attendit que Casey le rejoigne. Il chercha le pendentif autour de son cou, il appartenait à sa mère. Ils n'avaient jamais été proches mais il tenait à elle, il l'aimait, elle était sa seule famille après tout. Et ça lui faisait mal de penser que ce gosse de trois ans à peine n'avait plus de famille lui non plus. Avec un peu de chance ils retrouveraient son père. Il serrait le médaillon tellement fort qu'il cassa la chaîne. "Et merde." lança t-il d'un ton las. Puis Casey monta. "Allez, on y va." Le reste du voyage se fit en silence, pour Tyler en tout cas. Il ne rêvait que d'une chose c'était se foutre sous la douche à la caserne et laver le sang et la sueur, et oublier cette intervention.
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Elle avait observé la scène en silence, sans faire le moindre commentaire - jusqu'à ce qu'elle se permette sa dernière intervention, en tout cas. Ni son regard, ni son attitude toute dédiée aux soins de la patiente, ne trahissait la moindre émotion. N'importe qui l'ayant surprise aurait d'ailleurs pu croire que la mort imminente de la femme et de son enfant à naître la laissait indifférente et ... Il aurait été bien loin de la réalité. Si elle n'avait pas encore acquis tous les réflexes de sa nouvelle profession, elle avait conservé ceux de ses années dans l'armée. Tyler avait tort : la guerre, c'était partout dans le monde, chaque jour. Seulement, certaines étaient épargnées par les bombes, voilà tout. La lutte pour la vie n'avait pas de frontières. « Je m'en occupe. » répliqua-t-elle simplement en retirant aussitôt sa main. Elle eut un dernier regard pour la mère de famille et son ventre proéminent : l'enfant qui y avait grandi n'aurait jamais la chance de respirer. S'ils avaient été à l'hôpital, peut-être une césarienne aurait-elle pu être pratiquée en urgence, mais il était trop tard pour ça. Là encore, ce n'était malheureusement pas la première fois qu'elle assistait à ce genre de dénouement macabre. A dire vrai, elle avait déjà vu pire - pour peu que l'horreur ait une échelle de mesure.
Le petit récupéré auprès de son collègue pompier, elle renonça à l'allonger sur une civière. Il ruait tellement en tout sens que si fracture il y avait, il risquait de l'empirer. Et ce n'était pas comme si on pouvait faire entendre raison à un enfant de trois ans. Elle monta donc à l'arrière avec le gosse hurlant toujours de peur - et peut-être de douleur, bien qu'elle en douta - entre les bras. Pendant que Tyler reprenait le volant, elle ouvrit sa veste et cala le petit garçon contre elle, lui murmurant quelques paroles de réconfort inintelligibles à l'oreille. La comptine que son père lui chantait quand elle-même était enfant après un cauchemar, lors de ses trop rares séjours à la maison, lui revint, aussi essaya-t-elle de l'apaiser en la faisant partager à son tour. Elle chantait comme une casserole et pourtant, les effets positifs ne tardèrent pas à se faire sentir. Aux pleurs se succédèrent quelques hoquets, gémissements, avant qu'il ne se calme tout à fait. C'était déjà ça de pris. Une fois arrivés à l'hôpital, elle dut pourtant le détacher de son étreinte, ce qui eut pour effet de réveiller la tempête. « Enfant d'environ trois ans, victime d'un AVP avec probablement sa mère et son frère, décédés sur les lieux. Pas d'hémorragie externe, ni traumas apparents. Pupilles réactives mais possibles traumas et contusions internes. Trop agité pour qu'on puisse le déterminer. » énonça-t-elle par-dessus les hurlements. Les urgentistes s'éloignèrent avec le petit et l'ambulancière dut ignorer la vague glaciale qui lui parcourut les veines. C'était comme ça. C'était terminé. Ou presque. « Où est-ce qu'on signe leur foutu papier, ici ? Qu'on se casse. » demanda-t-elle à son binôme, ne cherchant plus à dissimuler sa fatigue naissante. Son tee-shirt était mouillé de larmes et ses clavicules, rougies à force d'avoir été empoignées par le gamin.
Leur office terminé, Casey n'eut pu qu'à souhaiter que la radio ne tintinnabule pas pour la troisième fois consécutive. Dieu sembla l'entendre, puisqu'ils purent rentrer à la caserne sans encombres. Et dans le plus grand des silences. Aucun des deux ne paraissait avoir envie de parler de ce qui venait d'avoir lieu. Aussi se contenta-t-elle de remplir la feuille d'intervention tandis que Tyler conduisait - un peu sèchement, semblait-il. « Va te laver, j'irai après. » lui proposa-t-elle quand ils se furent garés. Elle ignorait comment, mais elle sentait que c'était ainsi que ça devait se passer. Qu'il avait besoin, certainement plus qu'elle, de se décrasser de ces sales évènements. Elle le laissa donc prendre la première place sous la douche alors qu'elle se laissait tomber sur le canapé de la salle de repos en grognant. Sacrée première journée. Elle retira au moins sa veste et ses bottes, histoire d'avoir un peu plus de confort, puis abîma son esprit dans les réseaux sociaux. Rien de mieux pour poser le cerveau. Elle en était encore là, bave pointant au coin des lèvres, lorsque l'ambulancier revint. « Tu sais que j'imite vachement bien Kim Kardashian ? » Question complètement sortie de nulle part, s'il en était. Et prononcée sur un ton léger. Comme si de rien n'était. Après tout, c'était peut-être ce qui les sauvait de la folie, d'en avoir un peu.
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