YESTERDAY'S NEWS |48
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freedom is a state of mind
Princesse de Beverly Hills, perdue loin de ses terres dorées. Princesse au trop grand coeur. Princesse déchue. L'ironie était cruelle. Elle ne pouvait se trouver dans les murs gris de la prison sans penser que c'était sa place, à elle aussi. Qu'un jour elle troquerait la cage dorée de son sang et de son nom contre celle, moins brillante, des geôles des forces de l'ordre.
Elle l'aurait mérité.
Les méchants des contes de fées n'obtenaient pas de fin heureuse. Dans la vie réelle non plus. Tout ce qu'elle pouvait souhaiter, c'était qu'on lui pardonnerait ses crimes, dans l'au-delà. Qu'on comprendrait qu'elle n'avait pas eu le choix. Une vie pour une vie. Celles de ses proches contre celles de ceux qui se tenaient sur le chemin des ambitions de son père. Dans la nature, tout avait un prix, et c'était à elle de le payer. Le payer de son coeur et de ses valeurs.
Et malgré tout, on ne pourrait lui arracher ce qu'elle était réellement.
C'était de bonne grâce qu'elle avait accepté le stage à l'infirmerie de la prison. Avec enthousiasme qu'elle avait accepté. Tout ce qu'elle voulait, c'était aider. Améliorer un peu un monde qu'elle contribuait à pervertir. Soigner. Sauver. Ç’aurait dû être tout ce qu'elle était. Loin de sa cage dorée, dans sa blouse d'infirmière, les cheveux juste retenus par un stylo qu'elle avait oublié là quelques heures plus tôt, elle était plus elle-même qu'elle ne l'avait rarement été. Là était sa place. Aider ceux qui le nécessitaient. Elle s'y était habituée, à ces criminels qui croisaient son chemin tous les jours, s'était habituée à ce qu'ils l'interpellent, régulièrement, s'était habituée à balayer leurs propositions d'un sourire amusé. Ils n'étaient pas pires qu'elle, au fond. Tous dans le même bateau. Elle s'était habituée aux murs gris et à la nourriture médiocre. S'était habituée à la compagnie du médecin qu'elle suivait dans son stage - aussi absent qu'il fût ce jour-là. Ce job à l'infirmerie de la prison, c'était la raison pour laquelle elle se levait tous les matins.
Et c'était une excellente raison.
Dommage que tout parvienne à son terme.
S'arrachant à ses pensées, elle finit d'étudier un rapport d'analyses et plante son stylo au-dessus de son oreille - énième crayon perdu dans sa masse de cheveux blonds. L'infirmerie était vide, et elle était seule. A croire que la journée avait été calme. Pas de rixe, pas de blessés, pas de travail pour elle. Elle avait parlé trop vite. Fracas devant sa porte, et elle relève brusquement la tête de ses papiers, qu'elle laisse tomber sur un bureau, sans la moindre considération. Trop calme, la journée. Un gardien traîne un détenu tuméfié sur l'un des lits de consultation, et s'éloigne sans un mot. Il n'en avait pas besoin. Une rixe, bien sûr. Quoi d'autre?
Et l'identité du blessé ne pouvait la surprendre outre mesure. Sa bouche se plisse en une moue inquiète, et elle s'empresse de mettre la main sur des compresses et de la solution alcoolique. 'Ça va piquer. Tu dois avoir l'habitude.' Et, sans lui laisser le temps de protester, elle nettoie les plaies, consciencieusement, avec l'application et le dévouement qui la caractérisaient. Puis elle sourit, d'un semi-sourire malicieux et relève le menton de son patient d'un doigt. 'Je sais que tu adores me voir, Graham, mais il faut vraiment que tu arrêtes de te prendre des raclées.' Graham. L'une des perles qui se dissimulait dans le charbon. Elle s'était tant méfiée de lui, au début. Graham, le parricide, Graham qu'elle ne parvenait pas à cerner. Graham, qu'elle avait fini par comprendre. Graham, trop gentil pour ce monde, Graham, victime de la rage des autres détenus. Graham, à qui elle s'était attachée, qui la troublait plus qu'elle ne souhaitait l'admettre, Graham qui allait profondément lui manquer.
Elle étouffe ses regrets, se compose un masque plus professionnel. 'Où es-tu blessé? Majoritairement, je veux dire.' Ses yeux qui se font inquiets, parce qu'elle est incapable de prédire ce qui lui arriverait, quand elle serait partie.
@graham b. singleton
Elle l'aurait mérité.
Les méchants des contes de fées n'obtenaient pas de fin heureuse. Dans la vie réelle non plus. Tout ce qu'elle pouvait souhaiter, c'était qu'on lui pardonnerait ses crimes, dans l'au-delà. Qu'on comprendrait qu'elle n'avait pas eu le choix. Une vie pour une vie. Celles de ses proches contre celles de ceux qui se tenaient sur le chemin des ambitions de son père. Dans la nature, tout avait un prix, et c'était à elle de le payer. Le payer de son coeur et de ses valeurs.
Et malgré tout, on ne pourrait lui arracher ce qu'elle était réellement.
C'était de bonne grâce qu'elle avait accepté le stage à l'infirmerie de la prison. Avec enthousiasme qu'elle avait accepté. Tout ce qu'elle voulait, c'était aider. Améliorer un peu un monde qu'elle contribuait à pervertir. Soigner. Sauver. Ç’aurait dû être tout ce qu'elle était. Loin de sa cage dorée, dans sa blouse d'infirmière, les cheveux juste retenus par un stylo qu'elle avait oublié là quelques heures plus tôt, elle était plus elle-même qu'elle ne l'avait rarement été. Là était sa place. Aider ceux qui le nécessitaient. Elle s'y était habituée, à ces criminels qui croisaient son chemin tous les jours, s'était habituée à ce qu'ils l'interpellent, régulièrement, s'était habituée à balayer leurs propositions d'un sourire amusé. Ils n'étaient pas pires qu'elle, au fond. Tous dans le même bateau. Elle s'était habituée aux murs gris et à la nourriture médiocre. S'était habituée à la compagnie du médecin qu'elle suivait dans son stage - aussi absent qu'il fût ce jour-là. Ce job à l'infirmerie de la prison, c'était la raison pour laquelle elle se levait tous les matins.
Et c'était une excellente raison.
Dommage que tout parvienne à son terme.
S'arrachant à ses pensées, elle finit d'étudier un rapport d'analyses et plante son stylo au-dessus de son oreille - énième crayon perdu dans sa masse de cheveux blonds. L'infirmerie était vide, et elle était seule. A croire que la journée avait été calme. Pas de rixe, pas de blessés, pas de travail pour elle. Elle avait parlé trop vite. Fracas devant sa porte, et elle relève brusquement la tête de ses papiers, qu'elle laisse tomber sur un bureau, sans la moindre considération. Trop calme, la journée. Un gardien traîne un détenu tuméfié sur l'un des lits de consultation, et s'éloigne sans un mot. Il n'en avait pas besoin. Une rixe, bien sûr. Quoi d'autre?
Et l'identité du blessé ne pouvait la surprendre outre mesure. Sa bouche se plisse en une moue inquiète, et elle s'empresse de mettre la main sur des compresses et de la solution alcoolique. 'Ça va piquer. Tu dois avoir l'habitude.' Et, sans lui laisser le temps de protester, elle nettoie les plaies, consciencieusement, avec l'application et le dévouement qui la caractérisaient. Puis elle sourit, d'un semi-sourire malicieux et relève le menton de son patient d'un doigt. 'Je sais que tu adores me voir, Graham, mais il faut vraiment que tu arrêtes de te prendre des raclées.' Graham. L'une des perles qui se dissimulait dans le charbon. Elle s'était tant méfiée de lui, au début. Graham, le parricide, Graham qu'elle ne parvenait pas à cerner. Graham, qu'elle avait fini par comprendre. Graham, trop gentil pour ce monde, Graham, victime de la rage des autres détenus. Graham, à qui elle s'était attachée, qui la troublait plus qu'elle ne souhaitait l'admettre, Graham qui allait profondément lui manquer.
Elle étouffe ses regrets, se compose un masque plus professionnel. 'Où es-tu blessé? Majoritairement, je veux dire.' Ses yeux qui se font inquiets, parce qu'elle est incapable de prédire ce qui lui arriverait, quand elle serait partie.
@graham b. singleton
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freedom is a state of mind
Lenham
« Today I choose life. Every morning when I wake up I can choose joy, happiness, negativity, pain... To feel the freedom that comes from being able to continue to make mistakes and choices - today I choose to feel life, not to deny my humanity but embrace it. »
Ici, tout est réglé à la minute près. L’heure à laquelle les gardiens sont relevés par d’autres collègues, l’heure à laquelle nous commençons à être embêtés par ces derniers pour abandonner nos lits. Les fouilles quotidiennes pour tenter de mettre la main sur d’éventuelles armes blanches, sur de la drogue et autres produits de contrefaçon. Les voir tout retourner me fait toujours sourire à l’intérieur, croient-ils qu’ils ont le pouvoir sur les taulards qui évoluent en prison depuis dix, quinze, parfois trente ans ? De jeunes gardiens qui découvrent le métier face à de véritables requins au tableau de chasse déjà bien garni. Les planques sont intelligemment étudiées, personne ne pourrait soupçonner leur présence dans les cellules. Je me tiens loin de tous ces trafiques mais personne ne peut se targuer d’éviter d’être témoin de ce genre de magouilles illégales. Je tolère ce qu’abritent ces murs, pas le choix, il en va de ma sécurité. Je pourrais tenter de balancer tout ce petit monde mais je n’obtiendrais rien d’autre qu’un passage simplifié par la case cimetière. Je ne suis pas suicidaire à ce point. J’aurais pu y songer lorsque je suis arrivé ici, mes premières semaines ont été vraiment compliquées. A présent, je crois m’être habitué à la prison. Je ne parviendrais probablement jamais à accepter complètement mon emprisonnement ni même d’être constamment oppressé par les autres détenus. C’est bien simple, tu dois être sur tes gardes en permanence ici. Je suis bien trop gentil pour le système carcéral, je ne parviens pas à m’empêcher de sourire aux gens lorsque je croise leur regard, impossible de faire autrement et je sais très bien que cela revient à verser du sang en plein milieu d’un océan infesté de monstres… Tu attires le malheur sur ta propre personne en laissant une ouverture à tous ces requins attirés par le sang neuf.
Cinq mois, voilà cinq mois que je suis en prison. Je fête ce nouvel anniversaire comme un enfant le ferait, comme s’il s’agissait de quelque chose positif alors qu’au final, cela n’a rien de positif. Quoique… Je n’ai à présent plus quinze ans à faire, quatorze ans et sept mois. Difficile de garder le sourire après un tel constat et pourtant… Yet I smile. Je refuse que toutes mes qualités soient sacrifiées en taule, je refuse de laisser cette partie de moi agoniser et rendre son dernier souffle avant que je sois libéré. Qui sait, avec un comportement exemplaire, en m’investissant dans les activités proposées en prison, en travaillant sur les infrastructures comme d’autres prisonniers, peut-être que ma mère sera abaissée. J’ai envie de croire en ma bonne étoile, ma présence ici est pleinement justifiée, je suis un criminel et je mérite d’être puni pour ce que j’ai fait. De là à être puni pendant quinze longues années ? Difficile d’estimer le juste prix quand tu as assassiné une personne, peu importe les circonstances, une personne est morte de tes mains. De quoi poser la question du prix d’une vie sacrifiée.
Le sang versé a fini par attirer les requins. Ce n’est pas la première fois, probablement pas la dernière. J’ai été frappé plusieurs fois, je n’ai pas rendu les coups, désireux d’éviter de rentrer dans leur jeu et d’être puni à mon tour par les gardiens. J’essaye d’éviter à tout prix les rapports, je ne tiens pas à me faire repérer ici. Je compte sur la discrétion et pour l’heure… C’est raté. Deux gardiens volent à mon secours, embarquent les trois taulards en isolement tandis qu’un autre maton est chargé de m’escorter jusqu’à l’infirmerie. J’aurais presque l’impression de devoir m’excuser d’avoir été blessé tellement il semble énervé d’avoir à bouger son gros cul pour m’emmener là-bas. Il souffle, son haleine est à vomir, elle me donne la nausée et me pousse à baisser la tête pour contenir une grimace horrifiée. Lorsque je sortirai d’ici, je lui ferai livrer un tube de dentifrice. Espérons qu’il comprenne le message. Je me retrouve dans une pièce que je connais pas cœur, j’ai déjà été attaqué plusieurs fois et j’ai passé plus d’heures à récupérer ici plutôt qu’à être dans ma cellule. Tant mieux, je me sens plus en sécurité ici. Et puis elle est là… Lena.
Lena, elle est arrivée il y a quelques semaines ici, ce doit faire deux mois. Au départ, elle évitait un maximum d’interagir avec nous, avec moi. Je crois qu’elle a compris que je n’avais pas le même profil que les autres. Il existe des exceptions, nous ne sommes pas tous des enfoirés en prison. Au fil de mes passages à l’infirmerie, elle s’est peu à peu ouverte à moi. Elle est la dose d’humanité qui me permet de tenir et… Ouais… Savoir qu’elle s’apprête à rendre la blouse, qu’elle s’apprête à m’abandonner à son tour me mine un peu. C’est difficile de gérer le départ des seules personnes qui croient en ta bonté. Personne ne sera là pour me tendre la main, pour m’accueillir avec ce sourire qu’elle m’adresse lorsqu’elle arrive finalement au lit sur lequel je suis allongé. « Rien de tel qu’un picotement pour te rappeler que t’es en vie ! » J’ai l’habitude d’être confronté à pire, même ces violences entre prisonniers ne parviennent pas à se hisser aussi haut que les branlées que j’ai pu prendre par mon père, ce fumier qui aura eu le plaisir de m’arracher à ma propre vie en passant l’arme à gauche.
Elle me taquine et fait s’étirer mes lèvres en un large sourire. « C’est un cas de force majeur, je ne pouvais pas te laisser partir sans dire aurevoir ! » Je n’ai pas forcé le destin, mais je m’estime plutôt heureux d’avoir cette opportunité. Je la regarde longuement, incapable de dissimuler mes émotions. C’est peut-être là que se trouve le plus gros du problème, j’ai tellement menti à tout le monde pour protéger mon père ces dernières années qu’à présent j’ai l’impression de ne plus être capable de dissimuler mes émotions. J’ai été libéré d’un poids, j’aurais aimé parvenir à me libérer autrement qu’en me sentant soulagé par sa mort mais bon… On fait avec les moyens du bord. Je baisse la tête pour soulever mon t-shirt, ma peau est brûlante, comme toujours. « L’un de mes assaillants avait une petite lame, j’crois qu’il voulait faire un pacte de sang. » J’essaie toujours de dédramatiser la situation, c’est ma manière à moi de me préserver de toutes ces galères, de tout cette merde qui ne cesse de s’abattre sur mes épaules. J’attrape en douceur l’une de ses mains et la glisse contre ma peau pour effectuer une pression avec cette compresse, nos deux mains l’une contre l’autre, sur la plaie, au niveau de mon pec gauche, très proche de ce cœur qui se met soudainement à trahir ma fébrilité. Comment ne pas réagir quand elle est soudainement si proche de moi. « Il faut faire pression sur la plaie… C’est ça ? J’ai bien appris mes leçons ? »
@Lena J. Abelli-Rhodes
Cinq mois, voilà cinq mois que je suis en prison. Je fête ce nouvel anniversaire comme un enfant le ferait, comme s’il s’agissait de quelque chose positif alors qu’au final, cela n’a rien de positif. Quoique… Je n’ai à présent plus quinze ans à faire, quatorze ans et sept mois. Difficile de garder le sourire après un tel constat et pourtant… Yet I smile. Je refuse que toutes mes qualités soient sacrifiées en taule, je refuse de laisser cette partie de moi agoniser et rendre son dernier souffle avant que je sois libéré. Qui sait, avec un comportement exemplaire, en m’investissant dans les activités proposées en prison, en travaillant sur les infrastructures comme d’autres prisonniers, peut-être que ma mère sera abaissée. J’ai envie de croire en ma bonne étoile, ma présence ici est pleinement justifiée, je suis un criminel et je mérite d’être puni pour ce que j’ai fait. De là à être puni pendant quinze longues années ? Difficile d’estimer le juste prix quand tu as assassiné une personne, peu importe les circonstances, une personne est morte de tes mains. De quoi poser la question du prix d’une vie sacrifiée.
Le sang versé a fini par attirer les requins. Ce n’est pas la première fois, probablement pas la dernière. J’ai été frappé plusieurs fois, je n’ai pas rendu les coups, désireux d’éviter de rentrer dans leur jeu et d’être puni à mon tour par les gardiens. J’essaye d’éviter à tout prix les rapports, je ne tiens pas à me faire repérer ici. Je compte sur la discrétion et pour l’heure… C’est raté. Deux gardiens volent à mon secours, embarquent les trois taulards en isolement tandis qu’un autre maton est chargé de m’escorter jusqu’à l’infirmerie. J’aurais presque l’impression de devoir m’excuser d’avoir été blessé tellement il semble énervé d’avoir à bouger son gros cul pour m’emmener là-bas. Il souffle, son haleine est à vomir, elle me donne la nausée et me pousse à baisser la tête pour contenir une grimace horrifiée. Lorsque je sortirai d’ici, je lui ferai livrer un tube de dentifrice. Espérons qu’il comprenne le message. Je me retrouve dans une pièce que je connais pas cœur, j’ai déjà été attaqué plusieurs fois et j’ai passé plus d’heures à récupérer ici plutôt qu’à être dans ma cellule. Tant mieux, je me sens plus en sécurité ici. Et puis elle est là… Lena.
Lena, elle est arrivée il y a quelques semaines ici, ce doit faire deux mois. Au départ, elle évitait un maximum d’interagir avec nous, avec moi. Je crois qu’elle a compris que je n’avais pas le même profil que les autres. Il existe des exceptions, nous ne sommes pas tous des enfoirés en prison. Au fil de mes passages à l’infirmerie, elle s’est peu à peu ouverte à moi. Elle est la dose d’humanité qui me permet de tenir et… Ouais… Savoir qu’elle s’apprête à rendre la blouse, qu’elle s’apprête à m’abandonner à son tour me mine un peu. C’est difficile de gérer le départ des seules personnes qui croient en ta bonté. Personne ne sera là pour me tendre la main, pour m’accueillir avec ce sourire qu’elle m’adresse lorsqu’elle arrive finalement au lit sur lequel je suis allongé. « Rien de tel qu’un picotement pour te rappeler que t’es en vie ! » J’ai l’habitude d’être confronté à pire, même ces violences entre prisonniers ne parviennent pas à se hisser aussi haut que les branlées que j’ai pu prendre par mon père, ce fumier qui aura eu le plaisir de m’arracher à ma propre vie en passant l’arme à gauche.
Elle me taquine et fait s’étirer mes lèvres en un large sourire. « C’est un cas de force majeur, je ne pouvais pas te laisser partir sans dire aurevoir ! » Je n’ai pas forcé le destin, mais je m’estime plutôt heureux d’avoir cette opportunité. Je la regarde longuement, incapable de dissimuler mes émotions. C’est peut-être là que se trouve le plus gros du problème, j’ai tellement menti à tout le monde pour protéger mon père ces dernières années qu’à présent j’ai l’impression de ne plus être capable de dissimuler mes émotions. J’ai été libéré d’un poids, j’aurais aimé parvenir à me libérer autrement qu’en me sentant soulagé par sa mort mais bon… On fait avec les moyens du bord. Je baisse la tête pour soulever mon t-shirt, ma peau est brûlante, comme toujours. « L’un de mes assaillants avait une petite lame, j’crois qu’il voulait faire un pacte de sang. » J’essaie toujours de dédramatiser la situation, c’est ma manière à moi de me préserver de toutes ces galères, de tout cette merde qui ne cesse de s’abattre sur mes épaules. J’attrape en douceur l’une de ses mains et la glisse contre ma peau pour effectuer une pression avec cette compresse, nos deux mains l’une contre l’autre, sur la plaie, au niveau de mon pec gauche, très proche de ce cœur qui se met soudainement à trahir ma fébrilité. Comment ne pas réagir quand elle est soudainement si proche de moi. « Il faut faire pression sur la plaie… C’est ça ? J’ai bien appris mes leçons ? »
@Lena J. Abelli-Rhodes
(c) DΛNDELION
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Graham, l'inébranlable lumière dans la prison. Graham, qui ne renonce jamais. Graham, qui ne cesse jamais de sourire, de s'accrocher, de positiver. Graham, qui lui sourit plus encore. Graham, qui lui manquerait tant, quand elle serait partie. Dans quelle réalité, dans quel univers aurait-elle seulement pu envisager qu'elle en vienne à regretter la présence, la compagnie d'un taulard?
Leurs conversations.
Ses sourires.
Leurs moments volés.
« Rien de tel qu’un picotement pour te rappeler que t’es en vie ! » Elle lui sourit, lui tapote affectueusement la main, et tente tant bien que mal de se reconcentrer sur sa tâche.
Aurait-elle pu seulement envisager que de quitter ce job, que de quitter cette prison lui causerait tant de peine? Ces murs gris, qu'elle regretterait, elle le sait. Mais Graham sourit encore, et la peine s'efface, disparaît dans le néant. « C’est un cas de force majeur, je ne pouvais pas te laisser partir sans dire aurevoir ! » Le sourire s'éteint lentement. La peine, qui la submerge, encore une fois.
Tant de personnes laissées derrière elle.
Tant de personnes qu'elle a éloignées derrière des murs infranchissables.
Et ceux auxquels elle s'est attachée, malgré tout, ceux qu'elle refuse de laisser.
Parce qu'elle sait qu'elle ne pourra revoir Graham, dès lors qu'elle aura quitté la prison. Deux univers différents, deux univers opposés. Elle est la fille d'un génie du crime, et dort dans des draps de satin tous les soirs. Il est coincé dans une cellule grise, avec des criminels à qui la justice a tourné le dos.
Lorsqu'elle quitterait cette prison, ce serait pour séparer définitivement leurs chemins.
Et l'idée est difficile à accepter.
Parenthèse éphémère, parenthèse merveilleuse de fragilité.
'Tu vas me manquer.' La voix vaguement rauque, la peine et les regrets sous-jacents, l'aveu échappé. Trop de non-dits, trop de choses qu'elle aurait aimé dire. Le trouble qui revient, encore, qui l'envahit, encore. Et le torse de Graham qui apparaît, son t-shirt retiré pour exposer la plaie. Et son coeur à elle qui s'emballe, quand il ne le devrait pas. Et son coeur à elle qui se serre en contemplant la contusion. Qui pour prendre soin de lui, qui pour le soigner quand elle serait absente? « L’un de mes assaillants avait une petite lame, j’crois qu’il voulait faire un pacte de sang. » Une pointe d'humour, et elle lâche un petit rire. 'La prochaine fois, tu lui diras d'éviter les pactes de sang, et tu lui diras que tu es réservé, compris?' Yeux plissés d'amusement, rire dans ses iris verts.
Incroyable qu'il parvienne à ramener de la joie dans cet endroit sinistre.
Incroyable qu'il y ramène de la vie et des rires.
Mais bientôt, il attrape sa main, et elle ne rit plus. Rire qui meurt dans sa gorge, trouble qui la noie. Main qu'il garde dans la sienne, qu'il pose sur son torse, sur la plaie, si près, si près de son coeur. Ses joues qui deviennent brûlantes, son propre coeur qui tambourine dans sa poitrine comme le galop de mille chevaux. Celui de Graham qui pulse sous ses doigts - à moins que le torrent de sang qui déferle dans ses oreilles et ses veines à chaque battement effréné ne l'aveugle. 'Graham...' Ses yeux qui accrochent ceux de son patient, incapables de s'en détacher. « Il faut faire pression sur la plaie… C’est ça ? J’ai bien appris mes leçons ? » Pensées qui s'effilochent, qui lui glissent entre les doigts comme une rivière sauvage et tumultueuse. Il lui faut un instant pour reprendre ses esprits, un instant pour parvenir à réfléchir de nouveau.
C'est un jeu dangereux, auquel ils jouent.
Une valse sur un fil.
'C'est tout à fait ça.' Ses doigts qui s'entremêlent à ceux de Graham, et la pression légère qu'elle applique sur la plaie. Et ce coeur qui bat vite, si vite. C'est le temps qu'elle refuse de laisser fuir. Voler encore quelques secondes, une autre éternité. Sa paume qui appuie sans relâche sur la peau entaillée pour limiter les saignements. Son esprit dans un incendie dévastateur. 'Dis-moi si je te fais mal.'
Leurs conversations.
Ses sourires.
Leurs moments volés.
« Rien de tel qu’un picotement pour te rappeler que t’es en vie ! » Elle lui sourit, lui tapote affectueusement la main, et tente tant bien que mal de se reconcentrer sur sa tâche.
Aurait-elle pu seulement envisager que de quitter ce job, que de quitter cette prison lui causerait tant de peine? Ces murs gris, qu'elle regretterait, elle le sait. Mais Graham sourit encore, et la peine s'efface, disparaît dans le néant. « C’est un cas de force majeur, je ne pouvais pas te laisser partir sans dire aurevoir ! » Le sourire s'éteint lentement. La peine, qui la submerge, encore une fois.
Tant de personnes laissées derrière elle.
Tant de personnes qu'elle a éloignées derrière des murs infranchissables.
Et ceux auxquels elle s'est attachée, malgré tout, ceux qu'elle refuse de laisser.
Parce qu'elle sait qu'elle ne pourra revoir Graham, dès lors qu'elle aura quitté la prison. Deux univers différents, deux univers opposés. Elle est la fille d'un génie du crime, et dort dans des draps de satin tous les soirs. Il est coincé dans une cellule grise, avec des criminels à qui la justice a tourné le dos.
Lorsqu'elle quitterait cette prison, ce serait pour séparer définitivement leurs chemins.
Et l'idée est difficile à accepter.
Parenthèse éphémère, parenthèse merveilleuse de fragilité.
'Tu vas me manquer.' La voix vaguement rauque, la peine et les regrets sous-jacents, l'aveu échappé. Trop de non-dits, trop de choses qu'elle aurait aimé dire. Le trouble qui revient, encore, qui l'envahit, encore. Et le torse de Graham qui apparaît, son t-shirt retiré pour exposer la plaie. Et son coeur à elle qui s'emballe, quand il ne le devrait pas. Et son coeur à elle qui se serre en contemplant la contusion. Qui pour prendre soin de lui, qui pour le soigner quand elle serait absente? « L’un de mes assaillants avait une petite lame, j’crois qu’il voulait faire un pacte de sang. » Une pointe d'humour, et elle lâche un petit rire. 'La prochaine fois, tu lui diras d'éviter les pactes de sang, et tu lui diras que tu es réservé, compris?' Yeux plissés d'amusement, rire dans ses iris verts.
Incroyable qu'il parvienne à ramener de la joie dans cet endroit sinistre.
Incroyable qu'il y ramène de la vie et des rires.
Mais bientôt, il attrape sa main, et elle ne rit plus. Rire qui meurt dans sa gorge, trouble qui la noie. Main qu'il garde dans la sienne, qu'il pose sur son torse, sur la plaie, si près, si près de son coeur. Ses joues qui deviennent brûlantes, son propre coeur qui tambourine dans sa poitrine comme le galop de mille chevaux. Celui de Graham qui pulse sous ses doigts - à moins que le torrent de sang qui déferle dans ses oreilles et ses veines à chaque battement effréné ne l'aveugle. 'Graham...' Ses yeux qui accrochent ceux de son patient, incapables de s'en détacher. « Il faut faire pression sur la plaie… C’est ça ? J’ai bien appris mes leçons ? » Pensées qui s'effilochent, qui lui glissent entre les doigts comme une rivière sauvage et tumultueuse. Il lui faut un instant pour reprendre ses esprits, un instant pour parvenir à réfléchir de nouveau.
C'est un jeu dangereux, auquel ils jouent.
Une valse sur un fil.
'C'est tout à fait ça.' Ses doigts qui s'entremêlent à ceux de Graham, et la pression légère qu'elle applique sur la plaie. Et ce coeur qui bat vite, si vite. C'est le temps qu'elle refuse de laisser fuir. Voler encore quelques secondes, une autre éternité. Sa paume qui appuie sans relâche sur la peau entaillée pour limiter les saignements. Son esprit dans un incendie dévastateur. 'Dis-moi si je te fais mal.'
- Spoiler:
- @graham b. singleton, mille pardons pour le retard
- InvitéInvité
freedom is a state of mind
Lenham
« Today I choose life. Every morning when I wake up I can choose joy, happiness, negativity, pain... To feel the freedom that comes from being able to continue to make mistakes and choices - today I choose to feel life, not to deny my humanity but embrace it. »
Il y aura un avant et un après Lena. Ce fut déjà le cas depuis son arrivée, elle a transformé cette infirmerie, égayé chaque seconde de mes passages ici. Avant elle, tout n’était qu’obscurité, à l’image des autres employés de l’infirmerie : austère. Jamais le moindre sourire décroché, jamais la moindre parole gentille. C’est parfois à se demander s’ils ont conscience que nous sommes des êtres humains comme les autres. J’ai bien compris que certains de mes colocataires étaient de véritables monstres, des hommes assoiffés de haine, de violence et de sang. J’ai eu le loisir de croiser leur chemin, d’en être la victime… Je le suis encore aujourd’hui. Par chance, nous ne sommes pas tous comme eux, il ne s’agit que d’une minorité qui, comme pour tous les éléments négatifs, prend malheureusement toujours l’ascendant sur l’ensemble. S’ils n’étaient pas là, les prisonniers seraient peut-être davantage considérés et respectés. L’être humain fait des erreurs, c’est dans ses gènes, il a été programmé de la sorte. Nous tirons des leçons des coups du sort, de nos propres échecs et avançons en prenant soin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Atterrir en prison, c’est probablement avoir commis une énorme erreur. Peut-on vraiment considérer ce qui m’a permis de décrocher un tel sésame comme une erreur de parcours ? Quelles étaient mes options ? Qu’attendait la Justice ? Ah oui, que je ne fasse pas preuve d’un sens de la préservation, que je ne fasse pas appel à mon instinct de survie. La légitime défense m’a été refusée, difficile à avaler quand toutes les preuves menaient à ce constat.
Là, le temps d’une consultation, parfois pendant plusieurs heures le temps de me remettre de mes émotions, et de mes blessures par la même occasion, tout change. Elle n’a probablement pas la moindre idée de tout ce qu’elle m’a apporté et pourtant… Si ce n’était pour me noyer dans ses magnifiques yeux à nouveau, pour retrouver le sourire à travers le sien… Si elle n’était pas là pour me pousser à continuer… Dieu seul sait où j’en serais. Lena m’a remis sur les rails, elle est parvenue à me redonner foi en l’Homme, en sa bonté. La savoir aussi proche du départ me ravage malgré toutes mes tentatives de faire bonne figure. Qu’adviendra-t-il de moi après son départ ? Faudra-t-il que je me contente d’accepter le fait que je redeviendrai un numéro, un animal noyé parmi une foule d’autres animaux ? C’est ce que nous sommes pour ces employés de l’infirmerie, des matricules.
Je me livre à elle, complètement à découvert le temps d’une confession. La laisser partir sans avoir droit à de véritables adieux m’était inconcevable. Je ne parviens pas à employer ce terme, adieux. Je me refuse à admettre cette éventualité. Il ne s’agit que d’un aurevoir, rien de plus, il ne peut en être autrement. Son sourire si revigorant disparait et laisse transparaitre une tristesse qui me détruit à l’intérieur. Je lui attrape, en douceur pour éviter d’être accusé d’agression par un gardien, la main que je prends entre les miennes. « Non, s’il te plait… T’as pas le droit d’être triste, tu ne peux pas me laisser cette image de toi comme dernier souvenir ! » Comment suis-je censé y trouver du réconfort ? Toutes les personnes qui viennent me rendre visite au parloir ont ce regard, celui de la dernière visite, du dernier moment passé l’un avec l’autre. Je ne suis pourtant pas dans le couloir de la mort… Quoique…
Tu vas me manquer. Les yeux me brûlent et emportent ma fierté six pieds sous terre. Je caresse du bout du pouce sa main et baisse la tête. « A moi aussi… Terriblement. » Elle était la seule interaction que j’avais avec les autres ici, la seule en qui je pouvais avoir confiance. Elle est exceptionnelle, resplendissante… La perdre me fait diablement plus mal que ce que j’avais imaginé jusqu’alors. J’opte pour un rattrapage à base de second degré pour fuir ce moment qui me laisse à découvert, il est rare que je m’expose de cette manière. Faire preuve de sensibilité en prison, c’est mourir. Tu dois donner l’impression d’être un monstre pour survivre, c’est comme ça… C’est S. Yael Wiedermann qui me l’a appris récemment. Un surprenant professeur, membre de l’un des gros groupes de la prison. « Réservé ? A qui ? » J’ai à nouveau la force d’affronter son regard, l’œil rieur, malicieux. Le son de son rire communicatif, sa joie de vivre… Je serais prêt à me faire blesser mille fois encore pour pouvoir partager un tel moment à ses côtés une fois de plus… Juste une fois… One last time.
Je la guide, lui offre une exploration intimiste contre ma peau, contre ce torse musclé qui a tellement été mis à mal par les conditions dans lesquelles nous évoluons ici. J’ai maigri, j’ai perdu des muscles aussi… Je ne suis plus que l’ombre de celui que j’étais avant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, j’ai la gorge nouée, mon estomac l’est encore plus. Je suis effrayé à l’idée qu’elle se rende compte que mon cœur bat à tout rompre sur son passage… Il bat pour elle. Nos doigts s’entremêlent sur ma plaie pour exercer une pression salvatrice. « Ne t’inquiètes pas, je n’ai plus mal à présent ! » Comment pourrait-elle ne serait-ce que me faire du mal ? Ah non… Attendez… Elle peut… En m’abandonnant ici. Mes yeux se perdent dans les siens et mes dents s’écrasent frénétiquement contre ma lèvre inférieure. Je suis hypnotisé, perdu dans son regard, noyé par toutes ces sensations, par tous ces sentiments que j’ai perdu l’habitude de ressentir. « Je peux ? » Je demande en approchant ma main libre de son visage. « Tu as… Un cil ! »
@Lena J. Abelli-Rhodes
Là, le temps d’une consultation, parfois pendant plusieurs heures le temps de me remettre de mes émotions, et de mes blessures par la même occasion, tout change. Elle n’a probablement pas la moindre idée de tout ce qu’elle m’a apporté et pourtant… Si ce n’était pour me noyer dans ses magnifiques yeux à nouveau, pour retrouver le sourire à travers le sien… Si elle n’était pas là pour me pousser à continuer… Dieu seul sait où j’en serais. Lena m’a remis sur les rails, elle est parvenue à me redonner foi en l’Homme, en sa bonté. La savoir aussi proche du départ me ravage malgré toutes mes tentatives de faire bonne figure. Qu’adviendra-t-il de moi après son départ ? Faudra-t-il que je me contente d’accepter le fait que je redeviendrai un numéro, un animal noyé parmi une foule d’autres animaux ? C’est ce que nous sommes pour ces employés de l’infirmerie, des matricules.
Je me livre à elle, complètement à découvert le temps d’une confession. La laisser partir sans avoir droit à de véritables adieux m’était inconcevable. Je ne parviens pas à employer ce terme, adieux. Je me refuse à admettre cette éventualité. Il ne s’agit que d’un aurevoir, rien de plus, il ne peut en être autrement. Son sourire si revigorant disparait et laisse transparaitre une tristesse qui me détruit à l’intérieur. Je lui attrape, en douceur pour éviter d’être accusé d’agression par un gardien, la main que je prends entre les miennes. « Non, s’il te plait… T’as pas le droit d’être triste, tu ne peux pas me laisser cette image de toi comme dernier souvenir ! » Comment suis-je censé y trouver du réconfort ? Toutes les personnes qui viennent me rendre visite au parloir ont ce regard, celui de la dernière visite, du dernier moment passé l’un avec l’autre. Je ne suis pourtant pas dans le couloir de la mort… Quoique…
Tu vas me manquer. Les yeux me brûlent et emportent ma fierté six pieds sous terre. Je caresse du bout du pouce sa main et baisse la tête. « A moi aussi… Terriblement. » Elle était la seule interaction que j’avais avec les autres ici, la seule en qui je pouvais avoir confiance. Elle est exceptionnelle, resplendissante… La perdre me fait diablement plus mal que ce que j’avais imaginé jusqu’alors. J’opte pour un rattrapage à base de second degré pour fuir ce moment qui me laisse à découvert, il est rare que je m’expose de cette manière. Faire preuve de sensibilité en prison, c’est mourir. Tu dois donner l’impression d’être un monstre pour survivre, c’est comme ça… C’est S. Yael Wiedermann qui me l’a appris récemment. Un surprenant professeur, membre de l’un des gros groupes de la prison. « Réservé ? A qui ? » J’ai à nouveau la force d’affronter son regard, l’œil rieur, malicieux. Le son de son rire communicatif, sa joie de vivre… Je serais prêt à me faire blesser mille fois encore pour pouvoir partager un tel moment à ses côtés une fois de plus… Juste une fois… One last time.
Je la guide, lui offre une exploration intimiste contre ma peau, contre ce torse musclé qui a tellement été mis à mal par les conditions dans lesquelles nous évoluons ici. J’ai maigri, j’ai perdu des muscles aussi… Je ne suis plus que l’ombre de celui que j’étais avant. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, j’ai la gorge nouée, mon estomac l’est encore plus. Je suis effrayé à l’idée qu’elle se rende compte que mon cœur bat à tout rompre sur son passage… Il bat pour elle. Nos doigts s’entremêlent sur ma plaie pour exercer une pression salvatrice. « Ne t’inquiètes pas, je n’ai plus mal à présent ! » Comment pourrait-elle ne serait-ce que me faire du mal ? Ah non… Attendez… Elle peut… En m’abandonnant ici. Mes yeux se perdent dans les siens et mes dents s’écrasent frénétiquement contre ma lèvre inférieure. Je suis hypnotisé, perdu dans son regard, noyé par toutes ces sensations, par tous ces sentiments que j’ai perdu l’habitude de ressentir. « Je peux ? » Je demande en approchant ma main libre de son visage. « Tu as… Un cil ! »
@Lena J. Abelli-Rhodes
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Refuser de s'attacher. Se détourner. Laisser les gens derrière soi. Et avancer. Toujours. C'était ce qu'on lui avait appris, les paroles sacrées qu'elle avait acceptées dès l'enfance. Sans jamais réussir à les appliquer. Coeur trop tendre, coeur trop sensible. Elle n'a jamais su être celle que son père attendait. L'aînée implacable et inflexible. Comment aurait-elle pu l'être alors qu'il y avait Tessa? Qu'il y avait toujours eu Tessa? Tessa, qui l'avait emplie d'un amour infini alors même qu'elles n'étaient pas nées. Tessa, qui lui avait appris ce qu'était qu'aimer.
Jamais elle n'aurait pu être celle qu'on attendait d'elle.
Elle n'était pas assez forte pour laisser les gens derrière elle.
Et elle ne pourrait laisser Graham, non plus.
Graham, qui perçoit sa peine dès qu'elle la laisse apparaître. « Non, s’il te plait… T’as pas le droit d’être triste, tu ne peux pas me laisser cette image de toi comme dernier souvenir ! » Elle se force vaguement à sourire, dissimule les regrets et la tristesse. Enfouit tout, et sourit. Comme on lui a si bien appris à le faire. 'Alors je ne serai pas triste et toi non plus. Compris?'
Mensonges et dissimulation. Jamais elle n'aurait pensé s'y réfugier volontairement. Mais elle sait que l'instant est décisif et que les chemins vont se séparer. Certaines personnes n'était peut-être tout simplement pas destinées à marcher ensemble. Certaines routes étaient peut-être juste destinées à se scinder.
« A moi aussi… Terriblement. » Le coeur qui se déchire un peu plus encore. Sa peine, celle de Graham. Mais elle le maintient, le sourire, maintient la façade. Ses doigts à lui sur sa paume à elle, et tout ce qu'elle ne dit pas, et ne dira pas. Il détend l'atmosphère, elle entre dans son jeu. Un moyen de dissimuler la peine, de maintenir l'illusion. « Réservé ? A qui ? » Un instant, le masque se craquelle, et le sourire qu'elle affiche est purement, véritablement sincère. Elle hausse les épaules, presque avec négligence. 'Au D. Abott, bien sûr. Je ne vois pas qui ça pourrait être, sinon.' Et elle rit, et il rit, et c'est probablement le meilleure remède qu'elle puisse jamais offrir à quiconque. Et peut-être était-ce son caractère éphémère qui le rendait si précieux.
Des instants volés dans le temps.
Un moment dans une éternité.
Peut-être que c'était ça, l'intérêt.
Et le prix à payer était lourd. Quitter Graham, pour de bon. Graham et sa trop grande âme, Graham et son trop grand coeur. Graham, qui s'était taillé une place dans sa vie sans même lui laisser le choix. Graham, qui s'était imposé sans espoir de retour.
Sans lui laisser une chance.
Leurs doigts entremêlés sur la plaie, alors qu'elle se noie dans le torrent de ses battements de coeur, terrifiée à l'idée de franchir la ligne jaune. Seul patient à l'ébranler ainsi. Le seul. Et chaque contact, chaque effleurement comme une menace. Et une promesse, aussi. Fruit interdit - et plus défendu encore, parce qu'elle devrait partir. Sans retour possible. « Ne t’inquiètes pas, je n’ai plus mal à présent ! » Ses yeux qui accrochent ceux de Graham sans qu'elle ne prononce un mot, océan vert dans lequel elle se laisse emporter. C'était elle qui avait mal. Le coeur serré et emporté dans un tambourinement qu'elle était incapable d'arrêter.
« Je peux ? » Des mots qui ne la ramènent qu'à peine dans le réel, et elle hausse un sourcil interrogateur. Médecin de pacotille, qui, trop absorbée par son patient, se laisse distraire loin de ses devoirs. « Tu as… Un cil ! » Mais cette main près de son visage, ce contact sur sa joue, et elle se fige complètement.
Elle s'était trompée. Il était là, le moment décisif. Le sang qui pulsait trop vite dans sa carotide, après des semaines de regards échangés et de minutes volées. Il avait fallu qu'il soit dans sa prison, bien sûr, et elle dans la sienne. Le karma et ses surprises. Dans une autre vie, dans une autre réalité, les choses auraient probablement été différentes. Mais c'était sa vie et sa réalité, et elle devait faire avec. Il était en prison. Elle ne pouvait l'en faire sortir.
Mais les doigts sur sa joue lui murmurent le contraire, vagues chimères. Et sans même qu'elle ne le décide, sa main libre se pose sur la sienne à lui, et c'est un vague sourire qui lui échappe. Emporté dans le torrent des palpitations de son coeur à elle, de son coeur à lui, de ses émotions brutes et de ses pensées en désordre. Et la terrible envie de ralentir le temps. 'Graham, ce n'est pas...' Un souffle, qui meurt de lui-même. Pas une bonne idée. Elle ne parvient pas à se convaincre elle-même.
Ses doigts qui glissent de la plaie pour se poser délicatement sur sa joue à lui ne trompent personne non plus.
Pas une bonne idée.
Le feu et la tempête dans ses veines, et elle est sourde à toute raison.
Pas une bonne idée.
@graham b. singletonJamais elle n'aurait pu être celle qu'on attendait d'elle.
Elle n'était pas assez forte pour laisser les gens derrière elle.
Et elle ne pourrait laisser Graham, non plus.
Graham, qui perçoit sa peine dès qu'elle la laisse apparaître. « Non, s’il te plait… T’as pas le droit d’être triste, tu ne peux pas me laisser cette image de toi comme dernier souvenir ! » Elle se force vaguement à sourire, dissimule les regrets et la tristesse. Enfouit tout, et sourit. Comme on lui a si bien appris à le faire. 'Alors je ne serai pas triste et toi non plus. Compris?'
Mensonges et dissimulation. Jamais elle n'aurait pensé s'y réfugier volontairement. Mais elle sait que l'instant est décisif et que les chemins vont se séparer. Certaines personnes n'était peut-être tout simplement pas destinées à marcher ensemble. Certaines routes étaient peut-être juste destinées à se scinder.
« A moi aussi… Terriblement. » Le coeur qui se déchire un peu plus encore. Sa peine, celle de Graham. Mais elle le maintient, le sourire, maintient la façade. Ses doigts à lui sur sa paume à elle, et tout ce qu'elle ne dit pas, et ne dira pas. Il détend l'atmosphère, elle entre dans son jeu. Un moyen de dissimuler la peine, de maintenir l'illusion. « Réservé ? A qui ? » Un instant, le masque se craquelle, et le sourire qu'elle affiche est purement, véritablement sincère. Elle hausse les épaules, presque avec négligence. 'Au D. Abott, bien sûr. Je ne vois pas qui ça pourrait être, sinon.' Et elle rit, et il rit, et c'est probablement le meilleure remède qu'elle puisse jamais offrir à quiconque. Et peut-être était-ce son caractère éphémère qui le rendait si précieux.
Des instants volés dans le temps.
Un moment dans une éternité.
Peut-être que c'était ça, l'intérêt.
Et le prix à payer était lourd. Quitter Graham, pour de bon. Graham et sa trop grande âme, Graham et son trop grand coeur. Graham, qui s'était taillé une place dans sa vie sans même lui laisser le choix. Graham, qui s'était imposé sans espoir de retour.
Sans lui laisser une chance.
Leurs doigts entremêlés sur la plaie, alors qu'elle se noie dans le torrent de ses battements de coeur, terrifiée à l'idée de franchir la ligne jaune. Seul patient à l'ébranler ainsi. Le seul. Et chaque contact, chaque effleurement comme une menace. Et une promesse, aussi. Fruit interdit - et plus défendu encore, parce qu'elle devrait partir. Sans retour possible. « Ne t’inquiètes pas, je n’ai plus mal à présent ! » Ses yeux qui accrochent ceux de Graham sans qu'elle ne prononce un mot, océan vert dans lequel elle se laisse emporter. C'était elle qui avait mal. Le coeur serré et emporté dans un tambourinement qu'elle était incapable d'arrêter.
« Je peux ? » Des mots qui ne la ramènent qu'à peine dans le réel, et elle hausse un sourcil interrogateur. Médecin de pacotille, qui, trop absorbée par son patient, se laisse distraire loin de ses devoirs. « Tu as… Un cil ! » Mais cette main près de son visage, ce contact sur sa joue, et elle se fige complètement.
Elle s'était trompée. Il était là, le moment décisif. Le sang qui pulsait trop vite dans sa carotide, après des semaines de regards échangés et de minutes volées. Il avait fallu qu'il soit dans sa prison, bien sûr, et elle dans la sienne. Le karma et ses surprises. Dans une autre vie, dans une autre réalité, les choses auraient probablement été différentes. Mais c'était sa vie et sa réalité, et elle devait faire avec. Il était en prison. Elle ne pouvait l'en faire sortir.
Mais les doigts sur sa joue lui murmurent le contraire, vagues chimères. Et sans même qu'elle ne le décide, sa main libre se pose sur la sienne à lui, et c'est un vague sourire qui lui échappe. Emporté dans le torrent des palpitations de son coeur à elle, de son coeur à lui, de ses émotions brutes et de ses pensées en désordre. Et la terrible envie de ralentir le temps. 'Graham, ce n'est pas...' Un souffle, qui meurt de lui-même. Pas une bonne idée. Elle ne parvient pas à se convaincre elle-même.
Ses doigts qui glissent de la plaie pour se poser délicatement sur sa joue à lui ne trompent personne non plus.
Pas une bonne idée.
Le feu et la tempête dans ses veines, et elle est sourde à toute raison.
Pas une bonne idée.
- InvitéInvité
- Spoiler:
- Je partage ça, l'air de rien, parce que ma playlist spotify était en mode "découverte de la semaine" et je suis tombé sur une chanson que je ne connaissais pas et qui collait étrangement à ce que j'écrivais (même si je n'ai rien compris aux paroles avant d'aller les traduire après avoir terminé ma réponse. J'pose ça là, sait-on jamais, ça pourrait te parler aussi. :)
freedom is a state of mind
Lenham
« Today I choose life. Every morning when I wake up I can choose joy, happiness, negativity, pain... To feel the freedom that comes from being able to continue to make mistakes and choices - today I choose to feel life, not to deny my humanity but embrace it. »
Nous sommes là tous les deux, à la différence que dans quelques heures, elle s’en ira. Putain ce que cela fait mal de l’admettre tout haut, de cette manière. Lena est arrivée il y a quoi, deux mois, peut-être même un petit peu plus. Le personnel médical a été chargé de nous l’introduire et de nous mettre en garde. Tout comportement déviant et irrespectueux à son égard serait formellement puni. Logique, une étudiante n’est pas là pour se faire harceler par des détenus et pour ressortir d’ici en milieu de stage de validation, traumatisée à vie et incapable de poursuivre dans une telle direction. Imaginer, pendant ne serait-ce qu’une seconde, que Lena était du genre à être facilement intimidable revenait à très mal la connaitre et à grandement la sous-estimer.
Chaque détenu foulant le sol de l’infirmerie est probablement passé par là : le désir naissant très grandement facilité par l’enfermement et l’absence de femmes à contempler. L’envie de se frotter à une telle beauté quitte à lui manquer de respect, dans un but purement bestial, primaire et rabaissant. Une première tentative et un énorme panneau stop enfoncé tout droit dans leur gorge après qu’ils aient été remis à leur place par cette beauté fatale. Peut-être que mon comportement m’a immédiatement différencié des autres, je n’ai pas eu cette stupide réaction. Bien au contraire, j’ai eu un mal fou à la regarder dans les yeux après avoir ressenti ce recul qu’elle imposait dès le départ de par l’intonation de sa voix, de par la distance qu’elle conservait physiquement. C’est dans ces moments-là que tu reprends ta condition de taulard, ou sous-merde d’une société entière, dans la figure. Mon dossier ne jouait probablement pas en ma faveur non plus, qui pourrait éprouver de la sympathie pour un mec qui a assassiné son père… Ah, attendez… Quelqu’un qui disposerait de toutes les informations pour contextualiser les événements grossièrement synthétisés en deux phrases. Quelques mots censés aider à cerner les profils de chacun. Elle a surement été surprise, chaque fois un petit peu plus.
Surpris, je l’ai été également. Témoin de ma propre renaissance, le sursaut, une bouffée d’air frais à respirer pour ne pas suffoquer. Elle m’a permis de retrouver le sourire, deux, peut-être trois mois… Ce fut bien trop court, j’aimerais qu’elle reste, qu’elle reste pour les autres, qu’elle reste pour moi. Je n’ai pas le droit de l’admettre, je me l’interdis. Elle ne mérite pas de partir sur une telle note, elle mérite d’être heureuse, de ne pas avoir le cœur aussi serré que le mien. Elle ne ressentira surement pas ce vide immense que son départ laissera à la prison. Les autres prisonniers non plus, certains regretteront sa douceur, son humanité, mais tout le monde finira éventuellement par l’oublier. Pas moi. Mission impossible. Je me refuse à l’oublier. « Compris ! » Et l’Oscar de l’interprétation masculine revient à… Tu parles d’un acteur, on peut entendre mon cœur se briser à dix kilomètres à la ronde. Je suis à l’agonie, sur la réserve. Je puise dans mes dernières forces pour maintenir un semblant de neutralité, elle ne doit pas se rendre compte que j’ai mal… Que mon corps tout entier se meurt à l’idée de ne plus pouvoir l’avoir à ses côtés.
Comment ne pas fondre pour un tel sourire mutin. Mes lèvres s’étirent, mon cœur s’emballe. Des étoiles, j’ai des étoiles dans les yeux. Je pourrais passer des heures là, en silence, à la regarder. Elle est magnifiquement solaire. En vie… Bien trop innocente pour un tel endroit. Pourvu que personne ne l’abime à l’extérieur. « Le Dr Abott… Qui d’autre ! » Je répète en hochant les épaules, complice d’une ânerie laissant une place immense à mon imagination. A une partie de moi qui se rêve réservé, marqué par ses doigts, par sa présence, par son odeur, par son être. Et puis le voilà, un cil, déposé là, sur sa peau. Une première rupture face à cette relation censée être professionnelle. Elle n’est plus mon médecin, je ne suis plus son patient. Toutes ces étiquettes insignifiantes disparaissaient les unes après les autres tandis que je m’autorise pour la première fois à effleurer son visage. Je n’aurais jamais osé auparavant… Je me le suis toujours interdit. Mes doigts chassent ce petit morceau de son être, rien ne devrait venir entacher une telle beauté et longent sa mâchoire. Sa peau se soulève à une vitesse affolante, son cœur doit battre tellement vite… Tout comme le mien. Ses doigts glissent contre mon visage et me font perdre pied. Je n’entends plus rien d’autre que les battements de mon cœur, je ne vois plus rien d’autre qu’elle, je ne sens plus rien d’autre que son délicieux parfum. Je suis prisonnier, une fois de plus. « Fais un vœu ! » N’est-ce pas la coutume quand tu trouves un cil sur le visage de quelqu’un d’autre ? Mon cœur tout entier brûle d’un feu qui me perturbe, me fait trembler et faillir. « J’ai déjà fait le mien ! » Pourvu que nos chemins se rejoignent, tôt ou tard. J’ai perdu la raison, plus rien n’importe si ce n’est accomplir ce pour quoi je semble être là à présent. Mes doigts se montrent plus fermes, sans pour autant la violenter, bien au contraire. Ils attirent son visage tout près du mien. Si près que je peux sentir son souffle chaud contre mes lèvres. Un souffle dont j’ai besoin pour rester en vie, un souffle contre lequel je plaque mes lèvres fiévreusement. ô mais qu'as-tu fait Graham ?
@Lena J. Abelli-Rhodes
Chaque détenu foulant le sol de l’infirmerie est probablement passé par là : le désir naissant très grandement facilité par l’enfermement et l’absence de femmes à contempler. L’envie de se frotter à une telle beauté quitte à lui manquer de respect, dans un but purement bestial, primaire et rabaissant. Une première tentative et un énorme panneau stop enfoncé tout droit dans leur gorge après qu’ils aient été remis à leur place par cette beauté fatale. Peut-être que mon comportement m’a immédiatement différencié des autres, je n’ai pas eu cette stupide réaction. Bien au contraire, j’ai eu un mal fou à la regarder dans les yeux après avoir ressenti ce recul qu’elle imposait dès le départ de par l’intonation de sa voix, de par la distance qu’elle conservait physiquement. C’est dans ces moments-là que tu reprends ta condition de taulard, ou sous-merde d’une société entière, dans la figure. Mon dossier ne jouait probablement pas en ma faveur non plus, qui pourrait éprouver de la sympathie pour un mec qui a assassiné son père… Ah, attendez… Quelqu’un qui disposerait de toutes les informations pour contextualiser les événements grossièrement synthétisés en deux phrases. Quelques mots censés aider à cerner les profils de chacun. Elle a surement été surprise, chaque fois un petit peu plus.
Surpris, je l’ai été également. Témoin de ma propre renaissance, le sursaut, une bouffée d’air frais à respirer pour ne pas suffoquer. Elle m’a permis de retrouver le sourire, deux, peut-être trois mois… Ce fut bien trop court, j’aimerais qu’elle reste, qu’elle reste pour les autres, qu’elle reste pour moi. Je n’ai pas le droit de l’admettre, je me l’interdis. Elle ne mérite pas de partir sur une telle note, elle mérite d’être heureuse, de ne pas avoir le cœur aussi serré que le mien. Elle ne ressentira surement pas ce vide immense que son départ laissera à la prison. Les autres prisonniers non plus, certains regretteront sa douceur, son humanité, mais tout le monde finira éventuellement par l’oublier. Pas moi. Mission impossible. Je me refuse à l’oublier. « Compris ! » Et l’Oscar de l’interprétation masculine revient à… Tu parles d’un acteur, on peut entendre mon cœur se briser à dix kilomètres à la ronde. Je suis à l’agonie, sur la réserve. Je puise dans mes dernières forces pour maintenir un semblant de neutralité, elle ne doit pas se rendre compte que j’ai mal… Que mon corps tout entier se meurt à l’idée de ne plus pouvoir l’avoir à ses côtés.
Comment ne pas fondre pour un tel sourire mutin. Mes lèvres s’étirent, mon cœur s’emballe. Des étoiles, j’ai des étoiles dans les yeux. Je pourrais passer des heures là, en silence, à la regarder. Elle est magnifiquement solaire. En vie… Bien trop innocente pour un tel endroit. Pourvu que personne ne l’abime à l’extérieur. « Le Dr Abott… Qui d’autre ! » Je répète en hochant les épaules, complice d’une ânerie laissant une place immense à mon imagination. A une partie de moi qui se rêve réservé, marqué par ses doigts, par sa présence, par son odeur, par son être. Et puis le voilà, un cil, déposé là, sur sa peau. Une première rupture face à cette relation censée être professionnelle. Elle n’est plus mon médecin, je ne suis plus son patient. Toutes ces étiquettes insignifiantes disparaissaient les unes après les autres tandis que je m’autorise pour la première fois à effleurer son visage. Je n’aurais jamais osé auparavant… Je me le suis toujours interdit. Mes doigts chassent ce petit morceau de son être, rien ne devrait venir entacher une telle beauté et longent sa mâchoire. Sa peau se soulève à une vitesse affolante, son cœur doit battre tellement vite… Tout comme le mien. Ses doigts glissent contre mon visage et me font perdre pied. Je n’entends plus rien d’autre que les battements de mon cœur, je ne vois plus rien d’autre qu’elle, je ne sens plus rien d’autre que son délicieux parfum. Je suis prisonnier, une fois de plus. « Fais un vœu ! » N’est-ce pas la coutume quand tu trouves un cil sur le visage de quelqu’un d’autre ? Mon cœur tout entier brûle d’un feu qui me perturbe, me fait trembler et faillir. « J’ai déjà fait le mien ! » Pourvu que nos chemins se rejoignent, tôt ou tard. J’ai perdu la raison, plus rien n’importe si ce n’est accomplir ce pour quoi je semble être là à présent. Mes doigts se montrent plus fermes, sans pour autant la violenter, bien au contraire. Ils attirent son visage tout près du mien. Si près que je peux sentir son souffle chaud contre mes lèvres. Un souffle dont j’ai besoin pour rester en vie, un souffle contre lequel je plaque mes lèvres fiévreusement. ô mais qu'as-tu fait Graham ?
@Lena J. Abelli-Rhodes
(c) DΛNDELION
- InvitéInvité
Deux beaux menteurs, qu'ils étaient là. Acteurs de talent dans une pantomime tragique. Belles paroles, mots vides de sens envolés dans le vent. Comme le seraient bientôt ces instants. Un vieux souvenir, qui s'évaporerait comme tant d'autres. On ne se souviendrait bientôt plus de la stagiaire du médecin de la prison. Il en viendrait une autre pour la remplacer. D'autres détenus pour remplacer ceux qui partiraient, ballet incessant dont on oublierait si vite les danseurs. Elle-même ne serait plus qu'un joli souvenir. Une partie d'elle souhaitait avoir changé quelque chose - amélioré le quotidien de ceux qui vivaient là.
'J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.' Après tout, n'étaient-ce pas là les mots qu'Hippocrate mettrait dans sa bouche, quelques années plus tard? Servir et protéger, soigner et apaiser.
Peut-être qu'elle n'avait rien changé, au fond. Son passage dans la prison comme parenthèse trop éphémère.
Mais elle, elle avait changé.
Elle avait appris à voir les choses différemment, à observer la situation d'un autre oeil, plus compatissante, plus souple. Et c'était avec Graham, qu'elle avait commencé. Graham, qu'elle avait si vite jugé, au début. Graham, trop doux, trop généreux, trop bon. Graham, qui avait gardé ses distances avec elle, qui l'avait toujours respectée. Graham, qu'elle avait trouvé si séduisant, dès les premiers temps, et sur qui elle avait immédiatement tiré un trait. Son patient, la promesse muette qu'elle s'était faite elle-même. Graham, qui malgré tout, s'était frayé un chemin dans son coeur paniqué, de sa force tranquille, coulée de lave qui modifiait les fondations du monde - ses fondations. Graham, qu'elle aurait pu fréquenter, dans une autre vie.
Graham, qu'elle ne reverrait plus jamais.
Elle n'avait jamais aimé les jamais. Les toujours non plus. C'était absolu, les toujours et les jamais. Mais elle était trop absolue. Elle aimait sa soeur sans limite, aimait trop et trop fort. Et elle s'était trop attachée à Graham. Envisager un instant de rester. Réaliser que ce ne serait que prolonger la lente torture.
Torture à laquelle elle s'abandonnait désormais sans retenue. Les doigts de Graham sur sa joue, et les siens sur son visage à lui. Des lignes de feu qu'il traçait sur sa peau, mille aiguilles là où il la touchait. Toujours incapable du moindre mouvement, toujours incapable de détacher les yeux de lui, de se détourner de ces doigts sur sa joue. Il est le détenu, et pourtant, elle est aussi condamnée que lui, dans cette prison. Et les chaînes qui enferrent ses poignets sont de ceux que l'on ne sait détruire.
« Fais un vœu ! » Son cœur qui se déchire dans sa cage thoracique engloutit probablement de son craquement les séismes qui agitent les zones les plus sauvages du monde. Elle ne croit pas aux vœux. Ne croit pas aux coïncidences et aux chances. Elle refuse de s'accrocher à un mirage, à un vague espoir, s'ancre dans le présent. Mais pour la tradition, elle fait un voeu. Pas pour elle. Mais pour lui. Elle lui souhaite de s'en sortir, et de remonter la pente. De quitter cette prison, et de recommencer à zéro, loin de ses fantômes et de ses erreurs. « J’ai déjà fait le mien ! » Et en un sens, elle le lit presque dans ses yeux à lui, ce voeu.
Mais elle refuse de laisser son destin entre les mains du destin, encore une fois. Cette histoire, elle l'écrira elle-même, pauvre mortelle. Au fond, elle sait. Ils ont déjà franchi la ligne jaune, tous les deux. 'Je crois que je l'ai fait, ce voeu. Il est ici, et maintenant.' Un souffle qui s'envole, défiance aux étoiles et aux dieux. Elle ne reviendra pas en arrière. Sa promesse jetée aux flammes.
'Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j’y manque.'
Qu'ils la méprisent tous, et Hippocrate le premier.
Alors elle s'abandonne complètement au feu qui brûle dans ses veines depuis son arrivée. Trois mois aux côtés de Graham, sans s'autoriser le moindre écart. Graham, le seul à avoir conservé ses distances, le seul qu'elle autorisait désormais à la toucher. Elle se laisse emporter, ne réfléchit plus. Sa raison bâillonnée, noyée dans le torrent qui l'engloutit complètement. Elle n'est plus qu'incendie, et c'est par lui qu'elle se consume. Et lorsqu'enfin ses lèvres s'écrasent contre les siennes, c'est par son souffle qu'elle respire.
Trois mois.
Elle ne contrôle plus rien.
C'est son corps qui est aux commandes, consumé de désir et du manque qui s'annonce. Elle l'embrasse avec une fièvre qu'elle s'était rarement vue, ses mains qui glissent dans ses cheveux, la plaie encore ouverte de Graham oubliée dans un coin obscur de sa psyché alors qu'elle cherche à combler désespérément la distance qui les sépare encore, son souffle devenu trop rare dans sa poitrine.
Plus de retour en arrière possible, désormais. Ils avaient sauté, tous les deux. Et elle refusait d'admettre qu'elle n'avait pas de parachute, dans cette histoire. Que le sol et la fin se présentaient, inévitables.
'J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité.' Après tout, n'étaient-ce pas là les mots qu'Hippocrate mettrait dans sa bouche, quelques années plus tard? Servir et protéger, soigner et apaiser.
Peut-être qu'elle n'avait rien changé, au fond. Son passage dans la prison comme parenthèse trop éphémère.
Mais elle, elle avait changé.
Elle avait appris à voir les choses différemment, à observer la situation d'un autre oeil, plus compatissante, plus souple. Et c'était avec Graham, qu'elle avait commencé. Graham, qu'elle avait si vite jugé, au début. Graham, trop doux, trop généreux, trop bon. Graham, qui avait gardé ses distances avec elle, qui l'avait toujours respectée. Graham, qu'elle avait trouvé si séduisant, dès les premiers temps, et sur qui elle avait immédiatement tiré un trait. Son patient, la promesse muette qu'elle s'était faite elle-même. Graham, qui malgré tout, s'était frayé un chemin dans son coeur paniqué, de sa force tranquille, coulée de lave qui modifiait les fondations du monde - ses fondations. Graham, qu'elle aurait pu fréquenter, dans une autre vie.
Graham, qu'elle ne reverrait plus jamais.
Elle n'avait jamais aimé les jamais. Les toujours non plus. C'était absolu, les toujours et les jamais. Mais elle était trop absolue. Elle aimait sa soeur sans limite, aimait trop et trop fort. Et elle s'était trop attachée à Graham. Envisager un instant de rester. Réaliser que ce ne serait que prolonger la lente torture.
Torture à laquelle elle s'abandonnait désormais sans retenue. Les doigts de Graham sur sa joue, et les siens sur son visage à lui. Des lignes de feu qu'il traçait sur sa peau, mille aiguilles là où il la touchait. Toujours incapable du moindre mouvement, toujours incapable de détacher les yeux de lui, de se détourner de ces doigts sur sa joue. Il est le détenu, et pourtant, elle est aussi condamnée que lui, dans cette prison. Et les chaînes qui enferrent ses poignets sont de ceux que l'on ne sait détruire.
« Fais un vœu ! » Son cœur qui se déchire dans sa cage thoracique engloutit probablement de son craquement les séismes qui agitent les zones les plus sauvages du monde. Elle ne croit pas aux vœux. Ne croit pas aux coïncidences et aux chances. Elle refuse de s'accrocher à un mirage, à un vague espoir, s'ancre dans le présent. Mais pour la tradition, elle fait un voeu. Pas pour elle. Mais pour lui. Elle lui souhaite de s'en sortir, et de remonter la pente. De quitter cette prison, et de recommencer à zéro, loin de ses fantômes et de ses erreurs. « J’ai déjà fait le mien ! » Et en un sens, elle le lit presque dans ses yeux à lui, ce voeu.
Mais elle refuse de laisser son destin entre les mains du destin, encore une fois. Cette histoire, elle l'écrira elle-même, pauvre mortelle. Au fond, elle sait. Ils ont déjà franchi la ligne jaune, tous les deux. 'Je crois que je l'ai fait, ce voeu. Il est ici, et maintenant.' Un souffle qui s'envole, défiance aux étoiles et aux dieux. Elle ne reviendra pas en arrière. Sa promesse jetée aux flammes.
'Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j’y manque.'
Qu'ils la méprisent tous, et Hippocrate le premier.
Alors elle s'abandonne complètement au feu qui brûle dans ses veines depuis son arrivée. Trois mois aux côtés de Graham, sans s'autoriser le moindre écart. Graham, le seul à avoir conservé ses distances, le seul qu'elle autorisait désormais à la toucher. Elle se laisse emporter, ne réfléchit plus. Sa raison bâillonnée, noyée dans le torrent qui l'engloutit complètement. Elle n'est plus qu'incendie, et c'est par lui qu'elle se consume. Et lorsqu'enfin ses lèvres s'écrasent contre les siennes, c'est par son souffle qu'elle respire.
Trois mois.
Elle ne contrôle plus rien.
C'est son corps qui est aux commandes, consumé de désir et du manque qui s'annonce. Elle l'embrasse avec une fièvre qu'elle s'était rarement vue, ses mains qui glissent dans ses cheveux, la plaie encore ouverte de Graham oubliée dans un coin obscur de sa psyché alors qu'elle cherche à combler désespérément la distance qui les sépare encore, son souffle devenu trop rare dans sa poitrine.
Plus de retour en arrière possible, désormais. Ils avaient sauté, tous les deux. Et elle refusait d'admettre qu'elle n'avait pas de parachute, dans cette histoire. Que le sol et la fin se présentaient, inévitables.
- Spoiler:
- cette chanson.
damn.
toujours pas remise.
te lire dessus, c'était trop de feels, mamma mia, alors merci de la jolie découverte
#teamplaylistspotifypourrp
- InvitéInvité
freedom is a state of mind
Lenham
« Today I choose life. Every morning when I wake up I can choose joy, happiness, negativity, pain... To feel the freedom that comes from being able to continue to make mistakes and choices - today I choose to feel life, not to deny my humanity but embrace it. »
Je me tiens là, à sourire bêtement, à feindre une joie de vivre qui n’a cessé de s’amenuir depuis mon arrivée ici. Mes souffrances habilement dissimulées derrière l’un de ces masques, prêt à surfer sur un océan de différentes émotions pour protéger Lena de la vérité. Pour la protéger de ce que je suis vraiment : abimé. Inutile d’avoir poursuivi de grandes études pour le comprendre, il faudrait seulement s’armer de patience et user de manipulation pour faire ressurgir mes véritables émotions. Derrière les sourires, la bonne humeur, l’humour… Derrière tous ces artifices de comédien, il ne reste qu’une âme en plein tourment, brûlée vive, morceau après morceau, parcelle après parcelle. De quel droit pourrais-je me plaindre de mes souffrances alors que ces dernières semaines n’ont été que calme et répit ? La prison ne s’est peut-être pas arrêtée de tourner, le monde ne s’est soudainement pas mis en pause pour m’offrir un entracte revigorant… Non, mais croiser le chemin de cette déesse au regard bleu perçant aura réellement mis fin à mes souffrances. La savoir si près de la sortie, si proche du départ me ramène à ma piètre condition. Je ne suis qu’un prisonnier parmi tant d’autres, une énième victime désignée par le système pour avoir osé se glisser dans la peau du bourreau le temps de s’attribuer une quelconque forme de justice. Mon histoire n’est pas censée connaitre un happy ending, la fin heureuse, elle n’appartient qu’à Lena. Je n’ai été, et je ne serais, rien de plus qu’un personnage voué à l’accompagner sur ce parcours initiatique qui est le sien. Un guide parmi tant d’autres, prêt à laisser sa place à celui qui pourra lui apporter les éléments nécessaires pour atteindre la prochaine étape de sa vie. Voilà la différence entre elle et moi. Sa vie n’est pas terminée, les perspectives d’avenir sont nombreuses. Que dire de mon existence ? Ruinée, gâchée et affiliée à ce maudit endroit pour la dizaine d’années à venir. Mon destin est scellé. Pourquoi serais-je franc avec Lena ? A quel but ? Qui serais-je pour agir aussi égoïstement en lui imposant un fardeau aussi lourd que le mien ? En imposant un tel poids sur d’aussi frêles et innocentes épaules ? Son départ ravive des flammes qui, depuis son arrivée, ne cessaient de perdre du terrain mais jamais je ne le lui avouerai. Je puise dans ses magnifiques yeux la force nécessaire pour poursuivre ce petit jeu d’acteur et laisse mon sourire insuffler à mon visage une gaité qui n’existe plus que dans mes rêves les plus fous.
Combien de fois me suis-je mis en danger dans l’ombre, pour la protéger. Mes poings s’en souviennent, mes articulations abimées un petit peu plus à chaque coup que j’ai pu donner lorsque j’entendais un prisonnier manquer de respect à Lena. Lorsque d’autres se livraient à une compétition déplorable pour s’emparer d’un graal beaucoup trop précieux. Jamais je n’aurais supporté que l’un d’entre eux ne pose ne serait-ce qu’une phalange sur cet ange. Elle devait être préservée à tout prix et elle l’aura été jusqu’au bout… Du moins, à ma connaissance. Aurait-elle pu taire les agissements de ces compagnons de galère, de tous ces chiens au comportement déviant que la prison n’aura jamais fait qu’aggraver ? Je ne crois pas, ses yeux trahissent ses pensées tout comme ils se font miroir du feu qui me dévore à présent. Je perds pied, emporté par une folie que je suis prêt à embrasser, à accueillir en moi. Tant pis pour le danger, que les flammes achèvent leur sombre dessein en embrasant mon esprit… Je suis prêt à vendre mon âme au Diable, à renoncer au peu qu’il me reste si cela me permet de m’abandonner à elle.
Disparue, ma raison. Envolée, ma timidité. Plus rien ne semble pouvoir m’arrêter si ce n’est mon cœur, bondissant avec perte et fracas dans ma poitrine. Il bat si vite, si fort, puissant et malmené comme ce fut beaucoup trop rarement le cas jusqu’à présent. Il est là, il est réellement présent. Moi qui croyais disposer uniquement d’un organe de façade, censé tromper l’ennemi… Je me rends compte qu’il est toujours là, qu’il exulte dans ma poitrine, ramené à la vie par des sentiments qu’il m’est impossible de dissimuler une seconde de plus. Son corps est si proche et pourtant si éloigné du mien, j’ai ce réflexe bestial de l’attraper par la taille pour pouvoir mieux la soulever, lui offrir un bref aperçu de ce que pourrait être l’apesanteur avant de l’amener jusqu’à moi, contre moi, à califourchon, de part et d’autre de mon bassin. Un geste qui me ramène immédiatement à la réalité et impose un cessez le feu que j’accueille avec contrariété. A bout de souffle, mes lèvres si proches de celles de Lena, je cherche son approbation du regard, soudainement si intimidé. « Je… Pardonne moi si je dépasse les bornes. » Comment ne pas perdre la tête face à elle ? Elle est tout ce dont je pourrais rêver, tout ce dont n’importe qui devrait rêver ! Et au milieu de toutes ces hésitations, de toutes ces incertitudes, de toute cette adrénaline... Un cœur qui ne cesse d'accélérer le tempo, au bord du gouffre, si proche d'imploser. Tu es fou Graham, fou d'elle !
@Lena J. Abelli-Rhodes
Combien de fois me suis-je mis en danger dans l’ombre, pour la protéger. Mes poings s’en souviennent, mes articulations abimées un petit peu plus à chaque coup que j’ai pu donner lorsque j’entendais un prisonnier manquer de respect à Lena. Lorsque d’autres se livraient à une compétition déplorable pour s’emparer d’un graal beaucoup trop précieux. Jamais je n’aurais supporté que l’un d’entre eux ne pose ne serait-ce qu’une phalange sur cet ange. Elle devait être préservée à tout prix et elle l’aura été jusqu’au bout… Du moins, à ma connaissance. Aurait-elle pu taire les agissements de ces compagnons de galère, de tous ces chiens au comportement déviant que la prison n’aura jamais fait qu’aggraver ? Je ne crois pas, ses yeux trahissent ses pensées tout comme ils se font miroir du feu qui me dévore à présent. Je perds pied, emporté par une folie que je suis prêt à embrasser, à accueillir en moi. Tant pis pour le danger, que les flammes achèvent leur sombre dessein en embrasant mon esprit… Je suis prêt à vendre mon âme au Diable, à renoncer au peu qu’il me reste si cela me permet de m’abandonner à elle.
Disparue, ma raison. Envolée, ma timidité. Plus rien ne semble pouvoir m’arrêter si ce n’est mon cœur, bondissant avec perte et fracas dans ma poitrine. Il bat si vite, si fort, puissant et malmené comme ce fut beaucoup trop rarement le cas jusqu’à présent. Il est là, il est réellement présent. Moi qui croyais disposer uniquement d’un organe de façade, censé tromper l’ennemi… Je me rends compte qu’il est toujours là, qu’il exulte dans ma poitrine, ramené à la vie par des sentiments qu’il m’est impossible de dissimuler une seconde de plus. Son corps est si proche et pourtant si éloigné du mien, j’ai ce réflexe bestial de l’attraper par la taille pour pouvoir mieux la soulever, lui offrir un bref aperçu de ce que pourrait être l’apesanteur avant de l’amener jusqu’à moi, contre moi, à califourchon, de part et d’autre de mon bassin. Un geste qui me ramène immédiatement à la réalité et impose un cessez le feu que j’accueille avec contrariété. A bout de souffle, mes lèvres si proches de celles de Lena, je cherche son approbation du regard, soudainement si intimidé. « Je… Pardonne moi si je dépasse les bornes. » Comment ne pas perdre la tête face à elle ? Elle est tout ce dont je pourrais rêver, tout ce dont n’importe qui devrait rêver ! Et au milieu de toutes ces hésitations, de toutes ces incertitudes, de toute cette adrénaline... Un cœur qui ne cesse d'accélérer le tempo, au bord du gouffre, si proche d'imploser. Tu es fou Graham, fou d'elle !
@Lena J. Abelli-Rhodes
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