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YESTERDAY'S NEWS |48
- InvitéInvité
Casey Griffith
Avant de commencer, nous aimerions vous poser quelques questions sur votre personnage, afin d'en savoir davantage sur les motivations qui l'animent.
L'INTERROGATOIRE
La théorie de la relativité, pour me la raconter devant tous ces doc' prétentieux qui, sous prétexte qu'ils ont passé la moitié de leur vie sur les bancs de l'école, se permettent de me regarder de haut. « C'est juste l'ambulancière. » qu'ils disent. Et ça, c'est juste mon majeur, gros co ... Pardon. En plus, histoire de la jouer Einstein jusqu'au bout, je pourrais mettre ma brosse à cheveux à la poubelle et gagner un temps fou le matin, quand il faut descendre à la mine ! Elle est pas belle la vie ?
Mal à l'aise. Une fois
Si elle existe, je préfère qu'on ne me la donne pas, ce serait trop simple. Les petits bonheurs, ils se font au quotidien : quand un cœur qui a cessé de battre se ranime tout à coup, juste avant l'asystolie ; quand tu trouves, en rentrant chez toi, un gâteau préparé par ta mère avec un petit mot doux ; quand après une journée de service merdique et épuisante, ton coéquipier et toi vous prenez d'un fou-rire sans raison. C'est ça, le bonheur. Le mien. Et je ne l'échangerais pour rien au monde.
ta plus grande réussite à ce jour ?
Ma plus grande ambition dans la vie reste de retrouver cette putain de seconde chaussette dans la machine à laver ! A peu près comme la moitié de la population américaine, non ?
Non, en vrai, je n'en ai pas vraiment, d'ambitions. L'adrénaline quand la radio crachote l'adresse d'une intervention, cette vie soudain entre nos petits doigts de premières mains ... Je veux garder ça, pour l'instant. Mais peut-être qu'un jour je reprendrai le chemin de la fac et des études de médecine, qui sait ?
Quant à ma plus grande réussite, elle tient dans le fait que je me sens droite dans mes pompes. Je sais qui je suis, ce que je veux, pourquoi je fais ce que je fais. Et franchement, je considère ça comme déjà pas mal.
et jusqu’où serais-tu prêt(e) à aller pour la défendre ?
La vie, sans hésiter. A tout prix et contre n'importe quelles tempêtes. J'ai trop vu l'indifférence des grands face au sort des petits quand j'étais infirmière en Syrie. C'était au début, juste après le Printemps Arabe, quand on a décidé d'intervenir. Pendant que nos grandes gens en costume négociaient la fin d'un conflit dont on ne voit toujours pas le bout sept ans plus tard, les tirs faisaient tomber la population dans l'indifférence générale. Alors maintenant, je veux plus de ça. Je dis pas que je suis plus forte que la Faucheuse, mais à elle aussi, je lui fais un gros doigt d'honneur dès que possible !
qu’as-tu ressenti ?
Je suppose que piquer une paire de lunettes de soleil chez H&M pour impressionner les copines ne compte pas, alors on va dire, la première fois que j'ai tiré sur un joint. J'ai ressenti comme un soudain élan d'émancipation, de liberté intense. Dix ans plus tard et quelques pétards pour me détendre entre deux services à mon actif, je dirais que ce tout petit pied-de-nez à l'autorité me remplit toujours d'une certaine satisfaction.
Je fermerais le compte Instagram de Kim Kardashian. Sans déconner, dans quel monde une meuf avec pour seule compétence d'avoir un gros boule a pu acquérir une telle crédibilité ? Franchement, quand je slide sur mon téléphone et que je tombe sur ses photos, je me facepalm tellement que j'en manque de me casser le nez à chaque fois. Le bon truc à en retirer, toutefois, c'est que ça nous permet de rire un bon coup avec Tyler - d'après lui, je l'imite d'ailleurs très bien. Non, je ne m'amuse pas à faire les mêmes montages qu'elle et à les envoyer à mon coéquipier après, qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
Nous quelque chose que nous ignorons à ton sujet. Pardon, c'est plus fort que moi. Il paraît que j'ai un humour un peu discutable, passée une certaine heure. La fatigue, vous comprenez. Quand on est dans le jus, il faut être sérieux, alors on décompresse comme on peut ! Ca ne se voit pas vraiment, de prime abord. Il paraît que je fais timide, un peu déplacée dans le paysage. Je n'ai rien contre les contacts humains mais je me connais, moi et mes tendances aux boulettes. Le genre de nana qui pourrait crier « félicitations ! c'est pour quand ? » à une femme qu'elle vient de rencontrer, persuadée qu'elle est enceinte. Alors que non, c'est juste la dinde de Thanksgiving qui s'est installée sur ses hanches. Vous comprendrez donc que je préfère me faire discrète. Il en va de notre salut à tous.
DERRIÈRE L'ÉCRAN
Karma : [] It's all my fault [ ] I'm a mother fucker. Prénom/pseudo : Fly.Âge : Celui d'être ta grande soeur reloue qui essaie de te parler contraception et qui te dit « quand j'avais dix-huit ans, tu sais ... » Anniversaire : Le 12 juillet. Localisation : La Frônce.Présence : 4/7 en moyenne. Personnage ... [ ] inventé [] pré-lien. J'ai connu le forum : Par hasard, via une pub facebook.Et je le trouve : Super original dans sa présentation, bien fait, très complet et tout Ma plus grande peur : Les poissons on se moque pas ok Un dernier mot ? Carotte.
IMAGES Tearsflight
- InvitéInvité
FAITS DIVERS
These eyes are on fire.
Looks like a girl, but she's a flame / So bright, she can burn your eyes /Better look the other way / You can try but you'll never forget her name / She's on top of the world / Hottest of the hottest girls say / Oh, we got our feet on the ground / And we're burning it down / Oh, got our head in the clouds / And we're not coming down Alicia Keyes
Just an ordinary family
Rose Griffith était aux cent coups. Le sous-sol était tout simplement devenu une pataugeoire mêlant infâme mélasse de poussières, vieux jouets flottant et mousse odorante. « Carl ! CARL DÉPÊCHE-TOI DE RAMENER DES SEAUX ! MAIS VITE ! » Leur mère élevait très rarement la voix. Aussi, quand elle montait de plusieurs octaves, les enfants Griffith se précipitaient-ils soit très loin - pour échapper à son courroux -, soit très près de son giron. En l'occurrence, l'aîné de la fratrie débarqua-t-il fissa, le Saint-Graal entre ses bras adolescents. En l'absence de leur père, médecin militaire régulièrement en mission, c'était lui, l'homme de la maison. Il était très important qu'il ne manque pas à son rôle ! Et aujourd'hui que la machine à laver avait décidé de les lâcher et de tout inonder, leur mère avait désespérément besoin de lui. « Allez ! Allez ! » Ils écopèrent tant que possible un bon moment, avant de réaliser qu'il manquait quelque chose. Ou plutôt ... Quelqu'un. « Où est ta soeur ? » Le gamin ouvrit des yeux tous ronds, avant de froncer les sourcils. Sale gosse ! Déserteuse ! Elle devait ronfler à l'étage, se faire une bonne petite sieste en attendant que l'orage passe ! « CASEY ? BOUGE TON GROS CU... » « CARL ! » « Pardon, m'man. CASEY C'EST PAS LE MOMENT DE LAMBINER ! RAMÈNE-TOI ! » Pas de réponse. Ils attendirent quelques secondes. Ah, des pas venant du rez-de-chaussée ! L'espoir était donc toujours permis. Enfin, la silhouette de la gamine de dix ans apparut en haut des escaliers. A la vue de cette dernière, les deux autres Griffith en lâchèrent leurs récipients, s'éclaboussant un peu plus au passage. « Casey. Ma chérie. Pourquoi. Pourquoi es-tu en maillot de bain ? » trouva le courage de demander Rose, ses traits chiffonnés ne parvenant pas à se décider entre la colère et l'hilarité. La brune prit une pose de top model. « Le style, m'man. » Hairflip. « J'veux dire, tant qu'à mettre les fesses dans l'eau des égouts, autant que ce soit dans ma plus belle tenue ! » Silence. Stupéfaction. Finalement, ce fut un Carl désabusé qui brandit un seau vide. « Arrête tes conneries et écope, sirène ratée. » Sa soeur descendit les marches et attrapa le contenant, un regard d'infini mépris fraternel sur le visage. « C'est toi, le thon ! » « Ça suffit, vos chamailleries ! L'eau ne va pas s'évacuer toute se ... » Interrompue dans sa phrase par une éclaboussure en plein visage. Les enfants se tétanisèrent. C'était la fin. « Très bien. Puisque c'est comme ça ... » Un sourire naquit sur son visage fatigué. L'instant d'après, le sous-sol résonnait des rires de notre trio d'enfer alors qu'une véritable bataille de mousse et d'onde glacée s'engageait.
We will save the world.
Le ciel était d'un noir d'encre absolument magnifique. Dans cette pénombre, seul le bout incandescent d'une cigarette perçait l'étrange silence qui s'était abattu sur le désert d'Abu-Kamal. Ça et un bruit de pas feutrés. « Je t'entends, Mike. Reste pas près de cette tente, ça pue la mort. » Un rire répondit à Casey tandis que le soldat, famas en bandoulière, s'approchait. « Peut-être parce qu'elle est remplie de cadavres ? » La rhétorique n'avait rien de drôle et pourtant, ils avaient appris à en rire. Entre ça et pleurer, ils avaient choisi. Pleurer les morts ne les ramenaient pas. L'épidémie de typhus qui avaient emporté ceux-là était presque pire que les bombes, finalement. Alors oui, il valait mieux en rire. « Il paraît que tu pars la semaine prochaine. » La jeune femme haussa les épaules tout en tendant une clope au militaire. « Ouais. Démobilisée. Ils trouvent que six mois, ça suffit. » Les grandes pontes, à quelques milliers de kilomètres de là. C'était eux, le ils, ceux qui craignaient les SSPT et qui essayaient de renouveler les troupes, même médicales. Pour une guerre qu'on ne nommait pas, que l'essentiel de la population mondiale ignorait. Pour l'instant. Après tout, on était qu'en 2014. Il faudrait attendre encore quelques mois avant que le grand public soit secoué par les attentats. « Tu vas faire quoi ? » « Bah pas déserter, a priori. J'en sais rien. Trouver un boulot. M'envoyer des mojitos pour l'happy hour. M'inscrire sur Tinder. Reprendre ma vie, quoi. » Mike secoua la tête. « Tu sais que c'est pas si simple, hein ? » Casey grogna pour toute réponse. Évidemment qu'elle le savait. Avant la Syrie, elle avait fait huit mois en Afghanistan, puis était retournée deux mois à Los Angeles, le temps qu'on la réaffecte. Soixante longs jours où il lui avait fallu se réhabituer à la vie occidentale, à tous ces gens qui pouvaient marcher librement, à ne pas sursauter au moindre bruit, à se faire un hamburger de taré à toute heure du jour ou de la nuit. Enfer ou paradis, elle n'avait toujours pas décidé. « Casey ... Toi et moi ... » L'infirmière esquissa une moue contrite. L'interrompit aussitôt. « Y a pas de toi et moi, Mike. Toi, tu restes là, t'essaies de garder tes deux jambes et quand tu reviendras au pays ... Peut-être. On verra. » Il était gentil. Un sacré bon coup. Mais leur « couple » appartenait à la réalité des combats, se soufflait entre deux pans de tente, à la faveur de la lune. Hors du monde, dans une réalité qui appartenait aux expatriés. « Ok. Mais je lâcherai pas, Casey. » Cette fois, ce fut à elle de rire. « Ouais, c'est ça. Allez, je vais voir où en sont nos réfugiés. Bonne nuit, Mike. » Son uniforme froissa alors qu'elle se levait. Son compagnon s'empara de sa main. Elle la serra brièvement avant de filer. Ça s'arrêtait là. L'infirmière Casey Griffith n'aurait pas sauvé le monde, non. Elle avait simplement limité quelques dégâts. Adieu champ de bataille et bon retour à la vie de civile, Officier Griffith !
Maybe I could rest in peace.
« Madame Bernhal, s'il vous plaît, essayez de ne pas bouger, c'est difficile pour la piqure ... » Casey geignait, sa seringue à la main, l'autre, libre, tâtonnant à la recherche d'une veine sur le bras parcheminé de la vieille dame. Laquelle lui renvoya un regard outré. « Mais enfin, j'ai Parkinson, Mademoiselle ! » chevrota mémé. La brune rougit jusqu'à la racine de ses poils d'oreille. « Pa ... Pardon ... » Merde, quelle conne « Je vais prendre le relai, Casey. Prend ta pause déjeuner. » La voix de sa supérieure se voulait compatissante, toutefois, la jeune femme sentait toute l'intensité de ses reproches. « Je ne veux plus qu'elle m'approche ! » bêla la vieille tandis que l'autre infirmière la supplantait, tentant que calmer la vieille carne dont les membres avaient redoublé de tremblements.
Elle se hâta de trouver la sortie la plus proche, un violent besoin d'air se faisant sentir. Elle travaillait dans cette maison de retraite depuis trois mois à peine et plus les jours passaient, plus elle avait l'impression de devenir maladroite et incompétente. Un véritable échec pour cette soignante qui, à peine son diplôme de fin d'études du lycée obtenu, s'était engagée dans l'armée avec pour unique objectif, devenir infirmière militaire. Son crédit à l'état remboursé et considérant son travail de terrain, on l'avait rendu à la vie civile. Elle avait enchaîné les remplacements dans divers établissements, avant d'atterrir ici. Deux ans que ça durait, ces histoires de petits contrats. Peut-être était-il temps de se ranger ... Ou de faire autre chose ? Elle s'affala sur un banc réservé aux résidents et à leurs visiteurs. « Mais qui vois-je ! Mon infirmière préférée ! » Yéta Rosenberg, ses longues jambes osseuses tremblant au-dessus de son buste rendu bossu par l'âge, s'approchait d'elle avait un grand sourire planté sur ses lèvres peintes en rose fuchsia. « Bonjour Yéta ! Dites, on en a déjà parlé, mais ce rose et cette permanente, là, ça se fait plus depuis 1986 ... » La femme se laissa tomber à ses côtés dans un rire de gorge qui se termina en taux rauque. « Vous connaissez rien à la mode, vous, les jeunes. C'est, comment vous dites ? Vintage ? Je parie ma prochaine perfusion de morphine que ça sera dans tous les magasines de la prochaine saison ! » « Challenge accepté. » Yéta extirpa un cigarillo de sous sa robe de chambre en pilou citron. « C'est pas raisonnable, Yéta ... » La vieille dame balaya la réflexion d'un revers de main ridée. « Oh s'il te plaît, trésor ! J'ai quatre-vingt huit ans et un cancer du pancréas en stade terminal ! C'est pas comme si ça - elle désigna le bâtonnet - pouvait me tuer ! » Casey fut bien forcée de se ranger à son avis. Elle soupira. « Qu'est-ce qui te tracasse, mon petit oiseau ? J'ai entendu la vieille Martha beugler comme un âne. Je suppose que ça a un rapport. » « Humf. J'ai peut-être fait une petite boulette ... » « Boarf, t'en fais pas. Elle a aussi Alzheimer. Demain, elle aura oublié. » La brune se gratta l'arrière du crâne. « Mais pas la boss ... » Haussement d'épaules de la personne âgée. « Qu'elle aille se faire foutre. » « Yéta ! » « Cancer. Stade terminal. J'insulte qui j'veux. De toute façon, avec le balai qu'elle a dans le derrière, celle-là, ça lui ferait pas de mal. » Cette fois, Casey ne put s'empêcher de rire. Avant de prendre un air soudain tout à fait sérieux. Quelque chose lui trottait dans la tête. « Yéta, si vous aviez pu, vous auriez changé quoi dans votre vie ? » La Rosenberg lui avait raconté qu'elle avait émigré aux Etats-Unis juste après la guerre, pour venir retrouver son mari, rencontré en France - son pays d'origine. D'après elle, elle avait été danseuse de cabaret sous l'occupation et aidait les résistants en faisant passer des messages aux alliés. Vrai ou non, ce récit de vie l'avait aussitôt fasciné. Et elle s'était terriblement attachée à la vieille dame. « Mais rien du tout ! Ceux qui te diront le contraire seront des frustrés qui se seront contentés de subir et d'attendre que tout leur tombe tout cuit dans le gosier ! Même les mauvais choix peuvent avoir du bon, si on sait transformer l'essai ! D'où ça te vient cette question, hein ? » « Comme ça, comme ça ... » Entre deux volutes de fumée grisâtre, Yéta la fusilla de son regard pénétrant. « A d'autres, ma petite. Écoute une vieille carne qui a eu une longue, très longue vie, absolument fantastique ... T'as rien à faire ici. Tu t'emmerdes. Je le sais, tu le sais. En fait, tout le monde dans ce cimetière ambulant le sait. Pourquoi se forcer ? Lève-toi, prend tes affaires et va trouver quoi faire de tes petites mains trop douées pour torcher des vieux, tu veux bien ? » Casey en resta sans voix quelques instants. « Je suis si nulle que ça ? » « Comme infirmière, non. Mais ici, oui. Il te faut de l'action, du défi. Dans ce mouroir, le moment le plus excitant de la journée, c'est le bingo. Et Berthe triche tout le temps, cette vieille salope. » Nouveau rire. La Griffith se leva. « Je vous raccompagne à votre chambre ? » « Tu m'as prise pour une impotente ? Dégage de ma vue. » « Vous allez me manquer, Yéta. » Le sourire de cette dernière révéla les gencives de son dentier. « Apporte une bouteille de Bordeaux à mon enterrement, ça suffira comme cadeau d'adieu. »
Elle se hâta de trouver la sortie la plus proche, un violent besoin d'air se faisant sentir. Elle travaillait dans cette maison de retraite depuis trois mois à peine et plus les jours passaient, plus elle avait l'impression de devenir maladroite et incompétente. Un véritable échec pour cette soignante qui, à peine son diplôme de fin d'études du lycée obtenu, s'était engagée dans l'armée avec pour unique objectif, devenir infirmière militaire. Son crédit à l'état remboursé et considérant son travail de terrain, on l'avait rendu à la vie civile. Elle avait enchaîné les remplacements dans divers établissements, avant d'atterrir ici. Deux ans que ça durait, ces histoires de petits contrats. Peut-être était-il temps de se ranger ... Ou de faire autre chose ? Elle s'affala sur un banc réservé aux résidents et à leurs visiteurs. « Mais qui vois-je ! Mon infirmière préférée ! » Yéta Rosenberg, ses longues jambes osseuses tremblant au-dessus de son buste rendu bossu par l'âge, s'approchait d'elle avait un grand sourire planté sur ses lèvres peintes en rose fuchsia. « Bonjour Yéta ! Dites, on en a déjà parlé, mais ce rose et cette permanente, là, ça se fait plus depuis 1986 ... » La femme se laissa tomber à ses côtés dans un rire de gorge qui se termina en taux rauque. « Vous connaissez rien à la mode, vous, les jeunes. C'est, comment vous dites ? Vintage ? Je parie ma prochaine perfusion de morphine que ça sera dans tous les magasines de la prochaine saison ! » « Challenge accepté. » Yéta extirpa un cigarillo de sous sa robe de chambre en pilou citron. « C'est pas raisonnable, Yéta ... » La vieille dame balaya la réflexion d'un revers de main ridée. « Oh s'il te plaît, trésor ! J'ai quatre-vingt huit ans et un cancer du pancréas en stade terminal ! C'est pas comme si ça - elle désigna le bâtonnet - pouvait me tuer ! » Casey fut bien forcée de se ranger à son avis. Elle soupira. « Qu'est-ce qui te tracasse, mon petit oiseau ? J'ai entendu la vieille Martha beugler comme un âne. Je suppose que ça a un rapport. » « Humf. J'ai peut-être fait une petite boulette ... » « Boarf, t'en fais pas. Elle a aussi Alzheimer. Demain, elle aura oublié. » La brune se gratta l'arrière du crâne. « Mais pas la boss ... » Haussement d'épaules de la personne âgée. « Qu'elle aille se faire foutre. » « Yéta ! » « Cancer. Stade terminal. J'insulte qui j'veux. De toute façon, avec le balai qu'elle a dans le derrière, celle-là, ça lui ferait pas de mal. » Cette fois, Casey ne put s'empêcher de rire. Avant de prendre un air soudain tout à fait sérieux. Quelque chose lui trottait dans la tête. « Yéta, si vous aviez pu, vous auriez changé quoi dans votre vie ? » La Rosenberg lui avait raconté qu'elle avait émigré aux Etats-Unis juste après la guerre, pour venir retrouver son mari, rencontré en France - son pays d'origine. D'après elle, elle avait été danseuse de cabaret sous l'occupation et aidait les résistants en faisant passer des messages aux alliés. Vrai ou non, ce récit de vie l'avait aussitôt fasciné. Et elle s'était terriblement attachée à la vieille dame. « Mais rien du tout ! Ceux qui te diront le contraire seront des frustrés qui se seront contentés de subir et d'attendre que tout leur tombe tout cuit dans le gosier ! Même les mauvais choix peuvent avoir du bon, si on sait transformer l'essai ! D'où ça te vient cette question, hein ? » « Comme ça, comme ça ... » Entre deux volutes de fumée grisâtre, Yéta la fusilla de son regard pénétrant. « A d'autres, ma petite. Écoute une vieille carne qui a eu une longue, très longue vie, absolument fantastique ... T'as rien à faire ici. Tu t'emmerdes. Je le sais, tu le sais. En fait, tout le monde dans ce cimetière ambulant le sait. Pourquoi se forcer ? Lève-toi, prend tes affaires et va trouver quoi faire de tes petites mains trop douées pour torcher des vieux, tu veux bien ? » Casey en resta sans voix quelques instants. « Je suis si nulle que ça ? » « Comme infirmière, non. Mais ici, oui. Il te faut de l'action, du défi. Dans ce mouroir, le moment le plus excitant de la journée, c'est le bingo. Et Berthe triche tout le temps, cette vieille salope. » Nouveau rire. La Griffith se leva. « Je vous raccompagne à votre chambre ? » « Tu m'as prise pour une impotente ? Dégage de ma vue. » « Vous allez me manquer, Yéta. » Le sourire de cette dernière révéla les gencives de son dentier. « Apporte une bouteille de Bordeaux à mon enterrement, ça suffira comme cadeau d'adieu. »
Actually, I chose to live.
La jeune femme sauta de son tabouret à peine son amie fut-elle entrée dans le bar. De ses ongles manucurés, elle fit signe à la nouvelle arrivante de la rejoindre. Casey se fraya un pénible chemin parmi la foule jusqu'à atterrir dans les bras de Sonja. La belle indienne, sa meilleure amie depuis l'école primaire, était rayonnante, comme toujours. On ne pouvait pas en dire autant de la brune dont d'épais cernes ourlaient ses paupières. Elle lui rendit son étreinte avec chaleur. « Tu as une de ces têtes ... » déclara Sonja tout en tenant sa compagne à bout de bras. « Je sors de trente-six heures de service. Je peux pas garantir qu'il me reste pas du vomi dans les cheveux. » Ah, douce Saint-Patrick ! Un bonheur quand il s'agissait de venir s'enquiller quelques mojitos à l'happy hour - chose promise, chose due -, moins quand on était ambulancière et qu'il fallait récupérer les comas éthyliques à chaque coin de rue. Sonja grimaça. « Ew. Dégueu'. Tiens, j'ai déjà commandé pour toi. » « Tu es la meilleure, je t'aime et je veux t'épouser. » « Je doute que Rajeesh soit d'accord. » « J'emmerde Rajeesh. Il ne peut lutter contre notre amour. » fit-elle mine de s'emporter tout en s'installant. La première gorgée d'alcool sucré lui arracha un soupir extatique. « Aloooors ... » La brune se tourna vers elle, une flamme dans le regard attisa aussitôt la méfiance de Casey. Quand Sonja arborait ce genre de mine, ce n'était jamais bon signe. Elle préparait quelque chose. Un ragout de bestah, sûrement. « Comment est ton nouveau travail d'ambulancière ? » Ah ... Peut-être s'était-elle trompée ... « Génial ! » « Et ton partenaire ? » Non. Elle avait visé juste. Sonja avait forcément une idée derrière la tête. Elle avait eu le malheur de lui expliquer que son nouveau job - que certains auraient considéré comme un déclassement, au regard de ses compétences mais qui, à elle, lui était apparu comme une évidence - réclamait un travail en binôme et qu'en même temps que sa première journée, elle découvrirait son coéquipier. La sentence fut sans appel. Elle se rembrunit. « C'est un con. Il se la pète, il est lourd et j'avais à peine mis un pied dans la caserne qu'il commençait déjà à m'appeler la noob. J'aimerais le frapper. » Sonja parut terriblement déçue. « Tu es dure. Tu le connais à peine ! » « Ouais bah ça donne pas envie d'approfondir la relation, hein ! Je te jure que s'il redescend pas, je demande à être affectée ailleurs ! » L'indienne soupira. « On en reparle dans quelques mois. En attendant, trinquons à ta nouvelle vie ! » Casey se détendit. Elle ne voulait pas penser à cet imbécile de Tyler. Elle était venue pour passer un bon moment avec sa meilleure amie. Les verres tintèrent et déjà, elle n'y pensait plus.
Si elle avait su à quel point Sonja avait raison ... Quelques mois plus tard, le garçon lui deviendrait complètement indispensable, indissociable de sa propre personne. Yéta avait raison. Les regrets, l'attente, les chemins tous tracés ... C'était pour les bolosses.
Si elle avait su à quel point Sonja avait raison ... Quelques mois plus tard, le garçon lui deviendrait complètement indispensable, indissociable de sa propre personne. Yéta avait raison. Les regrets, l'attente, les chemins tous tracés ... C'était pour les bolosses.
IMAGES tumblr
- InvitéInvité
YAAAAAAAAAAAAAAAAAY
Bienvenue officiellement sur IAMF ! J'ai tellement hâte de lire ta fiche
(n'oublie pas le dégât des eaux )
Bienvenue officiellement sur IAMF ! J'ai tellement hâte de lire ta fiche
(n'oublie pas le dégât des eaux )
- InvitéInvité
Bienvenue Casey, Fly est ce que c'est la Fly d'Alienor, Andrew, Sam ? ( sorry si c'est une erreur )
- InvitéInvité
Bienvenue sur IAMF Bon courage pour la rédaction de ta fiche
- InvitéInvité
Tyler
Titus Ah non, pas du tout Merci
Merci à tous pour votre accueil !
Titus Ah non, pas du tout Merci
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