YESTERDAY'S NEWS |48
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Les journées s’étirent, et lentement, je m’habitue à nouveau à la vie sous les projecteurs, les flashs, le manque de vie privée qui autrefois faisait partie de mon quotidien. Je baisse les yeux sur mon téléphone portable, pour y lire l’adresse à laquelle je me rends ce soir, et l’envoyer à mon chauffeur. Accessoirement, je remarque un nouveau message, de mon agent, et je soupire devant ses mots. Tu es sûre de toi pour ce soir ? Question déjà posée deux fois depuis la veille où je lui ai annoncé que je comptais me rendre à un des galas de charité annuels, organisés par une association qui me tenait à cœur. Chaque année, je m’y rendais. Excepté l’année dernière… Pour des raisons assez évidentes. Je ne pouvais pas me cacher chez moi éternellement. Je suis revenue pour une bonne raison. Et il était temps de revenir officiellement, de montrer à la sphère d’Hollywood et à Los Angeles que non, je n’ai pas dit mon dernier mot malgré cette « pause » imposée qui a laissé place à des spéculations. On a tenté de me préserver de tout ça. De m’empêcher de lire les informations, la presse, d’aller sur les réseaux sociaux. A la place, j’ai eu le droit au suivi psychologique, aux thérapies de groupe, aux visites de mes proches, rares, puisque peu savaient réellement où j’étais passée. Un vrai fantôme. Et je devais mon retour d’entre les morts ce soir, sans faire de faux pas. Je ferme les yeux pendant qu’on termine de me maquiller et de me coiffer, et au loin, j’ouvre un œil pour observer la sublime robe Ralph & Russo blanche qu’on m’a choisie. Comme si ça allait suffire pour que tu te trouves jolie. Une fois prête, je me redresse pour rejoindre la robe, dont j’effleure le tissu du bout des doigts. Derrière moi, la voix de ma styliste se fait entendre, soucieuse. « J’ai dû la demander sur mesure… elle était trop grande pour tes hanches, même dans leur plus petite taille. » Je détache le tissu du cintre, ignorant délibérément la remarque de la jeune femme qui, je le sais, essaie de me faire passer un message. « Tu m’aides à la mettre ? »
Il est vingt heures, et la réception bat son plein au Los Angeles Theatre, dans le restaurant duquel se déroule l’évènement, comme chaque année. Cette fois-ci, l’association voulait permettre la construction de plusieurs écoles dans certains villages africains. Les personnalités défilent, nombreuses sont celles qui viennent me féliciter de ma tenue, expriment leur joie de me savoir de retour. La moitié probablement doit être sincère. Le maître de la soirée prend la parole un instant, pour nous inviter à prendre place à table. Et alors que j’entre dans le restaurant, une femme m’interpelle, m’indique qu’elle va me conduire à ma place. Ma place ? Alors que je la suis, je remarque assez rapidement aux étiquettes posées sur chaque assiette qu’un plan de table a été mis en place. Et arrivée devant mon siège, je me fige quand je vois la silhouette qui m’est voisine. C’est pas vrai… Et alors que je m’apprête à me tourner vers la jeune femme pour demander s’il n’y a pas moyen de changer de place, s’il n’y a pas une erreur, ou pire, pour demander qui a oser nous mettre côte à côte, je constate qu’elle s’est déjà évaporée pour diriger d’autres personnes. Que des dizaines de paires d’yeux sont posées sur nous entre deux discussions. Et après une grande inspiration, je tire ma chaise en silence, pour m’installer aux côtés de Nino. Mon cœur est serré, j’en ai la nausée. Depuis plus d’un an, je l’évite comme on évite la peste, rongée par le remord, la honte, la tristesse. Le cœur brisé, et pourtant, je suis la seule à blâmer. Pendant un an sans poser les yeux sur ne serait-ce qu’une photo, j’avais l’espoir de parvenir à passer à autre chose. La réalité est toute autre : J’ai encore chacun de ses traits gravés jusque dans les os. A ce point-là, c’est même plus avoir quelqu’un dans la peau. Le regard rivé sur mon assiette, je joue avec une fourchette pour m’occuper. En apparence du moins, parce que dans ma tête, c’est le chaos le plus complet. Pourquoi est-il là ? S’il y a bien une personne que je n’attendais pas ici, c’était mon ex petit-ami. Après tout, je suis celle qui l’a emmené ici pour la première fois.
@Nino Elkann-BorreomeoIl est vingt heures, et la réception bat son plein au Los Angeles Theatre, dans le restaurant duquel se déroule l’évènement, comme chaque année. Cette fois-ci, l’association voulait permettre la construction de plusieurs écoles dans certains villages africains. Les personnalités défilent, nombreuses sont celles qui viennent me féliciter de ma tenue, expriment leur joie de me savoir de retour. La moitié probablement doit être sincère. Le maître de la soirée prend la parole un instant, pour nous inviter à prendre place à table. Et alors que j’entre dans le restaurant, une femme m’interpelle, m’indique qu’elle va me conduire à ma place. Ma place ? Alors que je la suis, je remarque assez rapidement aux étiquettes posées sur chaque assiette qu’un plan de table a été mis en place. Et arrivée devant mon siège, je me fige quand je vois la silhouette qui m’est voisine. C’est pas vrai… Et alors que je m’apprête à me tourner vers la jeune femme pour demander s’il n’y a pas moyen de changer de place, s’il n’y a pas une erreur, ou pire, pour demander qui a oser nous mettre côte à côte, je constate qu’elle s’est déjà évaporée pour diriger d’autres personnes. Que des dizaines de paires d’yeux sont posées sur nous entre deux discussions. Et après une grande inspiration, je tire ma chaise en silence, pour m’installer aux côtés de Nino. Mon cœur est serré, j’en ai la nausée. Depuis plus d’un an, je l’évite comme on évite la peste, rongée par le remord, la honte, la tristesse. Le cœur brisé, et pourtant, je suis la seule à blâmer. Pendant un an sans poser les yeux sur ne serait-ce qu’une photo, j’avais l’espoir de parvenir à passer à autre chose. La réalité est toute autre : J’ai encore chacun de ses traits gravés jusque dans les os. A ce point-là, c’est même plus avoir quelqu’un dans la peau. Le regard rivé sur mon assiette, je joue avec une fourchette pour m’occuper. En apparence du moins, parce que dans ma tête, c’est le chaos le plus complet. Pourquoi est-il là ? S’il y a bien une personne que je n’attendais pas ici, c’était mon ex petit-ami. Après tout, je suis celle qui l’a emmené ici pour la première fois.
Il est bientôt une heure du matin, quand Cassie entre dans la voiture qu'elle a appelée un peu plus tôt dans la soirée. Elle a vingt-et-un ans, elle danse avec les étoiles, tout lui réussit, et ce soir, elle a proposé innocemment à Nino de l'accompagner à ce gala de charité où elle se rend déjà depuis deux ans, chaque année. Nino, ce charmant mannequin qu'elle fréquente depuis quelques semaines déjà, depuis ce jour où ils ont posé ensemble pour GQ magazine. Le mannequin en vogue, l'actrice récompensée, le binôme qui marche sur papier. Et dans la réalité ? Elle vacille sur ses talons aiguilles, mais sa main reste fermement ancrée dans celle du brun alors qu'elle bascule sur le siège arrière de la voiture. Cassiopeia, elle doit rentrer. Mais Cassiopeia, elle a pas envie de le laisser, pas ce soir. « Rentres avec moi. » A mi-chemin entre demande et affirmation, l'actrice elle lève ses grands yeux verts dans ceux du jeune homme. Elle a passé une bonne soirée, Cassie. Une bonne soirée de plus avec lui. Et pour une fois, elle voudrait étirer un peu les choses, prolonger l'instant.
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