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YESTERDAY'S NEWS |48
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Leopoldino "Dino" Luciano
Nul ne saurait décrire le monstre, aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de cris inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et de l'ordre cosmique. - H.P. Lovecraft
La raison n'est pas toujours bonne. Faut pas croire, mais trop de raison dans les sentiments, ça les abîme souvent. Quelqu'un a dit, je crois que c'est un mexicain, que la raison qui ne dort jamais produit des monstres . - T. Ben Jelloun
L'INTERROGATOIRE
La psyché humaine, sans aucun doute. Les pensées, les désirs, les fantasmes des autres. La peur ou les cauchemars ne sont pas intéressants à connaître, bien trop aisés de les deviner, de les provoquer. Tous les hommes sont faits du même sang, de la même chaire, mais il y a encore bien des choses qui les séparent les uns des autres. Leopoldino est un « sociopathe » bien éduqué, intelligent et lucide sur sa propre condition. C’est-à-dire un enfant au potentiel dangereux excessivement élevé, mais qui se fond dans la foule, sourit, et feint de « ressentir », sans jamais frôler le plaisir même de l’empathie. Il en ignore tout, n’en a qu’à peine les contours, indéfinissables, source de frustration parfois, parfois… d’autres fois, il ne regrette pas d’être « autre chose », d’être « inhumain ». S’il pouvait, il aimerait « ressentir » une fois dans sa vie autre chose que ce vide sans fond au fond de son bide.
S’il n’avait qu’un seul rêve à réaliser – et il y travaille tous les jours depuis qu’il a sept ans maintenant – ce serait de tuer Giuseppe Genovese. De lui régler son compte, à lui, et à tous ses hommes de main, de réduire à néant leur influence, leur famille, d’égorger et d’étriper sa femme et ses quatre filles. Il faudrait plus d’une journée entière pour que Dino prenne le temps d’expliquer tous les plans, tous les complots qu’il a fomentés depuis qu’il est tout jeune pour en arriver là où il est aujourd’hui. Pour obtenir vengeance, de venger ce sang qui un jour l’a recouvert de la tête aux pieds, de ce sang qui n’était pas le sien.
Du reste, Leopoldino a une aisance en public qui n’est pas sans rappeler les orateurs les plus charismatiques. Il impose naturellement par sa haute taille (il a longtemps été surnommé « ramoscello », qui signifie brindille en italien par son père), mais aussi par sa voix grave et posée. Futur avocat ou juriste, il ne sait pas encore quel métier de couverture il prendra à la sortie de ses études, mais il n’a aucune gêne, aucune honte, à aucun moment. Assumer avec un sourire charmant est souvent une défense imparable, même dans les situations les plus humiliantes et les plus difficiles à gérer.
C’est après tout comme ça qu’il a géré l’assassinat de sa famille sous ses yeux.
Sans vouloir s’y attarder, la tête de Giuseppe serait la victoire totale. Les mains et les yeux de ses quatre filles seraient aussi très certainement jouissifs. Le bonheur de sa sœur et la sécurité de ses deux frères sont des choses auxquels il s’attache également, parce que malgré son statut de sociopathe, il éprouve un grand attachement sentimental à ces derniers. Parce qu’ils font partis de la « famille », qu’ils sont « le sang » et le sang c’est important en Italie. Il aimerait qu’ils embrassent tous sa vision des choses, qu’ils soient tous à la hauteur, mais sa petite sœur et le petit dernier de la famiglia n’ont pas l’air d’être intéressé par les histoires de vengeance de leur aîné, et le cadet est assez réservé quant à la probabilité que ça arrive un jour.
Il pourrait dire que le fait de se faire passer pour un petit génie et un camarade charmant et serviable est une chose qu’il trouve remarquable. Le tout petit garçon qu’il était, détecté très jeune par un psychanalyste mais très vite retiré par son oncle, ce petit sauvage qui s’amusait à découper les chats du quartier a bien grandi. Qui irait soupçonné quelque chose derrière ce visage d’ange, ce sourire parfait et ce menton encore imberbe ?
Ses ambitions sont toujours les mêmes depuis la fussillade du Costello. Tuer Giuseppe, devenir le parrain de la famille de Los Angeles, redorer le blason perdu des Luciano. Mourir n'est qu'une donnée futile.
La famille est une chose importante. D’aussi loin qu’il se souvienne, Dino n’a jamais eu d’empathie pour les « autres ». Même sa mère n’avait pas le plaisir de connaître les sourires de son fils. Sa relation avec son père était très dure, faite d’une éducation stricte et catholique. Rapidement Dino a cru qu’il n’était qu’un petit diable, et puis au fur et à mesure, il s’est dit qu’il n’était qu’un homme. Un homme sans peur. Un homme dangereux. Un homme prêt à tout pour défendre ses deux frères et sa sœur, n’ayant pas réussi à sauver la Mama et sa seconde sœur. N’ayant pas eu la chance de sauver son père.
Plus jamais. Voilà ce qu’il en pense, le petit Leopoldino. Plus jamais on ne prendra un de ses jouets.
Comme tous les enfants de mafieux, Dino a commencé très tôt les affaires. D’abord par de petits trafics, du racket, des levées de fonds. Guetteur dans les ruelles crades, puis rapidement dans les lupanars. Correct le garçon, jamais à reluquer les nénettes, mais pas pédé. « Un vrai italien », qu’on dit de Leopoldino.
La première fois qu’il tue, c’est à quatorze ans. Dans une ruelle où il vient de chaparder un butin. Un homme le coince dans la ruelle. Un seul coup de poignard au niveau du ventre, il s’effondre naturellement au sol. Dino le regarde de longues minutes, lui retire son téléphone et s’en va. L’homme est mort, vidé de son sang. Qui aurait aidé un noir dans une ruelle sombre appelant à l’aide ?
Depuis, il a enchaîné les échanges de drogue, les ramassages d’alcool de contrebande, le recel, et tout ce qu’on a bien pu lui confier. C’est un homme de confiance, Dino, et comme son grand-père avant lui, il joue finement et se trouve toujours au bon endroit au bon moment. Alors que c’aurait pu être difficile de passer après le Capo del tutti capi, Dino en a fait une force. Le « digne héritier ».
Sa notoriété dans le milieu est telle que depuis qu’il a 7 ans, la Famille de Los Angeles attends (ou non) l’avènement de « Lucky Luciano ».
Rien, absolument rien.
Il n’existe rien dans le cœur de Dino que le vide et l’ennui.
Il n’y a cependant rien que la souffrance des autres et la domination qui l’excitent et comblent le vide en lui. C’est ce qu’il appelle « son démon avide », ce petit monstre de compagnie qui guide sa main quand sa raison se perd, quand il le relâche au bon moment, au bon endroit.
S’il pouvait refaire le monde, il supprimerait sans doute Giuseppe, mais il n'enlèverait rien de la mort de son père. Après tout, c'est ce qui l'a forgé.
Dans le milieu où il est né, Dino a pu longuement et avec appréciation être « ce qu’il est vraiment ». Celui qu’il appelle « son oncle » a en effet permis à l’enfant de libérer ses pulsions, de trouver des stratagèmes et de se fondre dans la masse. Aujourd’hui, Dino est un garçon charmant et serviable au sein de la faculté. C’est un étudiant remarquable, et son intelligence naturellement aiguisée n’a jamais cessé de croître pour de mauvais desseins. Aucun professeur saurait discerner la tromperie tant tout est bien ficelé. A l’image d’un Ted Bundy bien né, Leopoldino est souvent vu sur le campus en train d’aider les jeunes filles en difficulté, il travaille selon les dires très durs pour payer ses études mais est toujours « bien fringué ». C’est un bourge au cœur d’or. Sa réputation est excellente, bon sur tous les points.
Si seulement c’était le juste reflet de Lucky Luciano…
DERRIÈRE L'ÉCRAN
Karma : I'm a mother fucker. Prénom/pseudo : Mélissa/Sha(krilege). Âge : 25 yo. Anniversaire : 6/6. Localisation : Le Mans (72). Présence : 6/7. Personnage ... inventé. J'ai connu le forum : Grâce à Danyal ! Et je le trouve : Ma plus grande peur : Même pô peur. Un dernier mot ? Musique Maestro !
IMAGES MISERUNT &
DAVID PRAT's INSTA
DAVID PRAT's INSTA
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FAITS DIVERS
On ne mange pas le diable sans en avaler les cornes.
En bref :
Leopoldino est le premier fils de Cesio Luciano, héritier de la famille Luciano, du nom de celui qui fut un jour à la tête de l’empire qu’est la Cosa Nostra, grande hydre de la mafia italienne. Elevé dans l’idée de reprendre les affaires de famille, il assiste Cesio pour « apprendre le métier », même si ce n’est pas très à cheval avec les règles.
Pour ses sept ans, il est témoin de l’assassinat de son père, du consigliere et de deux capi. Au même moment, sa mère est également la proie d’un assassinat qui emporta au passage Nina et Gabriele, son frère et sa sœur. Le commanditaire n’est autre que Giuseppe Genovese. Par ces attentats, ce dernier gagne le contrôle de la famille Genovese à New-York, obligeant Pietro et Livio à se rediriger à Los Angeles et rejoindre la famille de Los Angeles, alors dirigée d’une main de fer par un proche de Cesio, Peter Milano.
Dino comprend rapidement que s’il veut survivre et se venger, il lui faudra grandir rapidement, mettre en place très rapidement un plan qu’il travaille avec ses oncles. L’idée fleurit petit à petit dans son esprit, à savoir s’emparer de la place de Peter. La mort de Peter Milano en 2012, assassiné en pleine rue par Nick Di Giorgio, laisse la place à une ère sombre à Los Angeles. Après une vague terrible et une guerre interne, le Massacre du Marché de Venice met un terme à une période de doute. Pippo Luciano prend le pouvoir en 2014, s’impose naturellement. Livio devient officiellement son Underboss, tandis qu’il s’entoure d’un Costello en consigliere.
Actuellement Caporegime, Dino ne laisse rien au hasard et vise bien sûr la tête de Giuseppe Genovese. Il sait également que s’il le fait maintenant, il déclarera une nouvelle guerre interne et ce n’est pas le moment, pas avec la menace Mexicaine qui grossit. Il vaut bien mieux travailler à resserrer les liens de la Cosa Nostra et de la Yiddish Connexion, en guettant la mafia irlandaise qui ne sait pas sur quel terrain elle joue.
Il faut attendre. Dino attend depuis qu’il a sept ans.
Et quand ça sera le bon moment…
Ça sera sale.
Désormais étudiant en droit et gestion du patrimoine pour pouvoir remplir au mieux son rôle au sein de l'entreprise familiale et reprendre notamment la direction des Casinos de la ville, Dino Luciano n'a pas l'air d'être ce qu'il est en vérité.
C’est un garçon charmant et serviable au sein de la faculté, toujours accessible malgré qu’il soit bien vu comme « un fils de bourge ». Il n’en reste pas moins « un bon catholique », du genre à ne pas faire le Spring Break et à être bien sous tout rapport. Et en plus, il est intelligent !
Comme tous les autres « high-functioning sociopaths », c’est un être dangereux et effrayant qui sait particulièrement bien manipuler son entourage. L’entraînement de son oncle lui a permis de laisser libre court à ses pulsions tout en les raisonnant de sorte à ne jamais être pris la main dans le sac. Patient et rusé, il ne lui reste qu’une grosse année à l’école, après quoi il aura le choix de s’impliquer tout entièrement en tant que Caporegime, ou bien de continuer encore un peu ses études.
Le choix lui ait laissé par Livio, son oncle qui l’estime et de qui il est très proche.
‹ Salvatore « Lucky » Luciano † (1897-1962) + Igea Lusconi † (1902-1958)
Dans les couloirs de l’hôpital, l’ambiance est tendue. De nombreux policiers sont là, les bras croisés et observent d’un œil nerveux les portes de chaque côté, comme s’ils attendaient quelque chose. Derrière eux, tout petit pour son âge, il y a ce petit garçon, le visage maculé de sang mais il ne semble pas blesser. Assis sur une chaise, il attend, les mains posées sur ses genoux et le regard fixe sur ses chaussures qu’il ne bouge même pas. Comme une petite statue, il est figé, le visage pâle et le regard vide.
Derrière le comptoir de l’hôpital de Bensonhurst, Gwendoline jette un œil à sa collègue qui range les dossiers de façon nonchalante. Elle tapote un moment avec ses ongles sur le bois blanc laqué, avant de ne plus pouvoir se retenir et murmure, à l’adresse de Mary Rose :
– Il a quoi le gamin là-bas ?
La chef de service lève un moment les yeux, puis rapidement les baisse et continue de trier les derniers documents qu’elle a reçu depuis ce matin.
– Tu ne devrais pas poser de question, Gwen. Ces gens-là sont dangereux… Elle marmonne tout bas, un léger frisson lui remontant l’échine au même moment. C’est une histoire de règlement de compte…
La blonde qui jusqu’à maintenant zyeuter nerveusement vers les policiers se retient de s’exclamer. Ses yeux de nouveau rivés sur le visage livide du petit garçon, elle a une petite moue peinée, pleine de compassion sans doute. Elle doit imaginer qu’il est une victime, que ses petites mains n’ont jamais rien fait de mal, qu’il a été plongé dans ce monde sans même le vouloir. Elle n’a pas tout à fait faux non plus, même si le regard hagard du garçonnet ne laisse rien transparaître de ses pensées à ce moment-là.
De nouveau la curiosité la pique et elle tourne son visage vers Mary Rose qui s’acharne à écrire au stylo sur une surface plastique au lieu de se lever et de prendre le marqueur à deux pas derrière elles :
– Pourquoi ils sont à l’hôpital ?
A nouveau, la rousse a un petit moment d’hésitation et préfère garder le silence. Elle se demande si c’est vrai que les mafieux ne tuent pas les femmes ? C’est peut-être qu’une légende. Elle ne veut pas avoir à faire à eux. Elle ne veut pas avoir d’histoire, mais les yeux brillants de Gwen lui annoncent clairement que si elle ne crache pas le morceau, elle aura le droit à son regard perçant toute la soirée. Ce regard terriblement ennuyeux.
– Son père est en salle d’opération. Il a reçu des balles, une dizaine dans le corps. Elle marque un moment de pause alors le visage de Gwen se décompose en imaginant probablement la scène : Les enquêteurs ont raconté que le père s’est mis devant son fils. Le petit n’a rien, mais il y a deux morts et trois blessés graves… Il n’y aura sans doute plus aucun blessé dès demain matin.
L’air de la blonde se recompose doucement, reprenant de la substance. Ses doigts tapotent désormais sa joue alors qu’elle observe un sixième policier entrer dans le couloir et filer vers ses collègues. Elle en profite pour se lever et prendre le marqueur et revenir au bureau, le tendant à Mary Rose :
– C’est horrible. Il a tout vu.
– Ça n’a pas l’air de le tourmenter plus que ça, remarque la rousse en remerciant d’un mouvement de la tête Gwen.
– Il doit être en état de choc.
Un petit « humpfr » pour toute réponse, les deux infirmières se taisent. Au bout du couloir, on entend à demi-mot les messes basses des policiers. Gwendoline essaye de se concentrer alors que du coin de l’œil elle voit parfaitement le profil de l’enfant. Il vient tout juste de lever le visage, de planter ses yeux parfaitement noirs dans ceux de l’inspecteur qui s’est agenouillé pour se mettre à sa hauteur.
Elle n’entend pas tout, mais elle arrive à percevoir sur les lèvres de l’homme – heureusement celui-là n’a pas de moustache ou de barbe. Au fur et à mesure qu’il parle, elle esquisse une petite moue qui n’échappe pas à sa collègue.
– Gwen, siffle-t-elle, ne t’en mêle pas. On est à Bensonhurst ici.
Le quartier de la Little Italy n’est certainement pas le coin le plus saint de tout New York, mais elle n’a pas peur. Les policiers sont là. Ils font leur travail, pas vrai ? Elle enfonce cette fois son menton dans la paume de sa main alors qu’elle attend. Elle se demande si c’est normal qu’il n’y ait plus aucune entrée à cette heure de la nuit, un samedi soir. D’habitude le hall est bondé. Ou peut-être que c’est une réquisition de la part de la police fédérale ?
Le gamin reste particulièrement muet. A chaque question de l’inspecteur, il hoche négativement la tête et ses yeux regardent ailleurs. La blonde ne peut qu’imaginer la douleur qui le transperce à ce moment-là. Un si petit garçon… Elle soupire et finalement, passant outre les règles, elle sort d’un placard de larges pièces de tissue aseptisées et approche des policiers et du gamin.
– Madame, vous n’êtes pas autorisée à…
– Je sais bien, Monsieur, elle a un sourire désolé, mais le petit… Il a le visage couvert de sang. Est-ce que je peux au moins le laver ? Ce serait plus digne.
Le regard du flic glisse jusqu’au visage de son supérieur qui reste figé, un instant, puis finalement hoche la tête. Le policier s’écarte alors et Gwen approche, ouvre les pochettes et tend au garçonnet les compresses. Il hésite, un instant, puis finalement tend la main et en attrape une, sans un mot, sans un « merci ». Il essuie calmement le sang de son père, celui-là même qui lui barre le visage. Quand elle se redresse avec un sourire satisfait, Dino est toujours là, mutique et froid.
– Cicero, un flic appelle l’inspecteur qui se retourne, lâchant des yeux le garçon, on vient de recevoir un appel de la centrale… Il y a un petit silence, le flic jette un regard au gosse, puis finalement lâche entre ses dents : Ils ont trois nouveaux morts sur les bras, à Los Angeles.
Le garçon relève les yeux, aussitôt.
– Le procureur vient d'annoncer que Fedora Luciano est morte.
Un silence, alors que tous les regards se portent sur le visage de Dino. Ce dernier s’est figé, de nouveau, comme au moment où le corps sans vie de son père l’a écrasé. Où il s’est retrouvé coincé contre son dos, où il a entendu la voix grave et déjà morte de son père lui dire de ne pas bouger, de ne surtout pas bouger.
« Jure moi de me venger, mon fils »
Le gamin est mortifié. Son visage doucement se décompose, mais c’est de la colère, plus que de la peine. Une colère sourde, violente, qui doucement le prend aux tripes. Il a envie d’écraser quelque chose. Il a envie de tuer. De tous les tuer.
Oui, de tous les tuer.
(...)
Silence dans la salle d’attente. Fin de nuit difficile, mais le chirurgien sort la mine défaite. Un échec. Pas étonnant quand on sait que les balles ont réduit à néant sa rate et percé des trous de trois centimètres dans ses poumons. Dino ne s’attendait pas à un autre verdict, aussi il reste calme quand le policier lui explique mot à mot ce qui va se passer. Livio va venir le chercher, il est en route depuis la veille. Il a dû avoir un « contre-temps », mais il va venir quand il sera certain que tout est sous contrôle et que le fils ne risque rien.
Silence quand Gwendoline est sur la fin de son shift. Elle prépare ses affaires. Mary-Rose est déjà partie au vestiaire, mais elle, elle guette encore le petit. Quand elle s’en approche d’ailleurs – sans savoir si elle devrait vraiment – c’est pour lui donner une couverture chaude.
Elle n’a cependant pas le temps de faire trois pas que Livio Luciano entre dans le hall de l’hôpital, seul. Il n’a pas d’arme, mais porte une chemise blanche et des bretelles qui lui donnent un petit air vintage. Quand Dino le voit, il se lève aussitôt, vacille car ses jambes sont endolories. Le flic pose sa main sur son épaule pour le tenir en place alors que l’inspecteur Cicero pose ses yeux noirs dans ceux de l’oncle qui s’approche.
– Signore, semble-t-il sourire alors qu’il approche calmement.
– C’est un peu tard, Luciano.
Il a un sourire en coin, sourire pincé, gêné. Il y a quelque chose qui l’agace. Dino arrive facilement à percevoir les sentiments sur le visage de Livio. Il peut aussi deviner qu’il est peiné. La famille, c’est important. Perdre Cesio n’était pas prévu, même si la mort d’Orfeo plus tôt dans l’année avait laissé croire que leur empire allait tôt ou tard être mis à mal. Pas de cette façon. On avait pensé à Pippo. Plus vulnérable, grande gueule. Tuer Cesio était une chose, mais tuer Fedora et ses deux enfants…
Le visage de Livio devient dur.
– Nous avons tous un travail très prenant, Signore. Mais c’est terminé. Il tend sa main vers son neveu : Vieni, Dino.
Le gamin jette un regard au policier qui relâche aussitôt sa prise sur lui. Il se faufile entre les adultes et se plante à droite de son oncle, sous le regard ennuyé de Gwen qui sert contre elle la couverture.
– Toutes mes condoléances à la famille Luciano pour cette terrible nuit.
L’inspecteur soutient un instant le regard de Livio, mais rapidement, il perd à ce jeu et détourne les yeux. Un instant, il y a le silence, le plus profond, le plus terrible qui soit. Un silence qui prend à la gorge. Pesant et lourd de douleur. Dino ne comprend pas vraiment ce qui se passe, mais il sent la tension dans chaque morceau de son oncle. Il sait que la Mama est morte, et que le Papa aussi… Mais qu’importe ?
– Grazie, répond aimablement l’oncle, sur ce, si je peux remplir les documents pour… la dépouille de mon frère…
Le regard du gangster tombe sur Gwendoline qui est figé depuis cinq minutes au milieu d’eux. Elle tend naïvement la couverture vers le Luciano :
– Oui, oui… Je pensais juste que… Il fait assez frais, ici…
Le mafieux jette un œil à la couverture, quelque chose le dérange, mais il chasse cette part de lui qui désormais se méfiera de chaque chose, de chaque mot, de chaque mouvement vers lui. Ils sont seuls, désormais, et les heures qui vont suivre cette soirée seront les plus sombres de la famille Luciano. Au son de leurs larmes, au goût de leur sang, les rapaces vont venir, affamés comme s’ils avaient passé cent ans dans le désert.
Livio attrape finalement la couverture et la donne négligemment à Dino. Ce dernier s’enroule sans un mot à l’intérieur, suit Livio en silence jusqu’au comptoir. Il faut rapatrier Cesio à la maison, après que le coroner ait fait son travail. Pas besoin d’identification : le gamin l’a fait pour eux, à la seconde même où ils l’ont tiré hors du restaurant à l’entrée sud de Bensonhurst.
Il signe les documents en silence, présente son passeport, tout, il règle tout. Il n’y a plus que lui.
– Vous vous appelez comment, Miss ?
Gwendoline relève les yeux des documents qu’elle tient fermement. Elle plante ses yeux bleus dans les yeux noirs du Luciano. Livio la toise de sa hauteur. Ils sont tous grands dans la famille. Tous trop grands. Des proies faciles.
– Gwendoline… Gwendoline Singer.
Elle a les joues un peu roses. Dino imagine que c’est l’effet que fait Livio aux femmes. Il ne dit rien, le garçon, s’emmitoufle dans la couverture alors que son oncle ramasse ses affaires, range son passeport et sa carte d’identité et ils s’en vont, sans plus un mot. Dans la voiture garée pas très loin de l’hôpital, il y a Gigi et Franky qui attendent. Y a deux autres voitures dans la même rue, les leurs, la famille.
Ils entrent à l’arrière du cortège.
– Heureux d’te voir, Dino !
Gigi a un petit sourire en coin. C’est le seul à sourire alors que l’ambiance est aussi lugubre qu’elle devrait être. Le garçonnet a un petit sourire en retour, parce que la douleur qui était en lui s’est évanouie au moment même où elle aurait dû naître. Comme si elle n’avait jamais existé. Il jette un regard par la fenêtre teintée alors que le paysage file. Ils rentrent chez eux ?
– Mama è morta ?
Livio croise les bras, ses yeux ne quittent pas le rétroviseur avant où il observe le chauffeur. Franky n’a pas détourné le regard une seule fois. Il a les yeux rivés sur la route.
– Fedora, Nina et Gabriele ont été tué hier soir, à la villa. La nouvelle est abrupte, mais le gamin ne réagit qu’à peine. Livio met ça sur le compte de son jeune âge, même s’il est vrai qu’il n’a jamais vu Dino pleurer ou être ému par quoi que ce soit. On rentre.
Le gosse joue nerveusement avec ses doigts alors qu’un million d’idées et de pensées assaillent son esprit au même moment. Quelque chose en lui est en train de se mettre en route.
– Les policiers disent qu’on t’a retrouvé sous Cesio, dans le restaurant.
Dino fronce légèrement les sourcils, comme s’il avait du mal à se souvenir. Ses yeux se perdent de nouveau à observer ses chaussures. Il y a encore du sang dessus. Sur son pantalon aussi. Et ses vêtements. Mais la couverture cache tout, sauf ses belles chaussures couleur du sang.
– Papa s’est mis devant moi. Il a pris toutes les balles.
– Genovese va être rouge quand il va apprendre qu’ils t’ont raté, ricane Gigi.
– Et l'infirmière ? Gwendoline Singer ?
– Elle m'a lavée le visage et elle m'a donné une couverture.
– On lui fera porter des fleurs pour la remercier.
– Les flics t’ont posé des questions ? Le regard de Livio n’a pas bougé, mais il a acquiesé à la proposition de Gigi. C'est ce qu'ils font toujours. Remercier avec des fleurs les amis. Fleurir les tombes des ennemis.
– Oui, mais je n’ai pas répondu.
– Et Cesio ?
Silence dans la voiture, pesant, lourd, terrible. Dino a un sourire amusé alors qu’il se souvient.
– Quand le flic de Brooklyn lui a demandé qui lui avait tiré dessus, Papa a répondu : nessuno mi ha sparato. (personne ne m'a tiré dessus)
Leopoldino est le premier fils de Cesio Luciano, héritier de la famille Luciano, du nom de celui qui fut un jour à la tête de l’empire qu’est la Cosa Nostra, grande hydre de la mafia italienne. Elevé dans l’idée de reprendre les affaires de famille, il assiste Cesio pour « apprendre le métier », même si ce n’est pas très à cheval avec les règles.
Pour ses sept ans, il est témoin de l’assassinat de son père, du consigliere et de deux capi. Au même moment, sa mère est également la proie d’un assassinat qui emporta au passage Nina et Gabriele, son frère et sa sœur. Le commanditaire n’est autre que Giuseppe Genovese. Par ces attentats, ce dernier gagne le contrôle de la famille Genovese à New-York, obligeant Pietro et Livio à se rediriger à Los Angeles et rejoindre la famille de Los Angeles, alors dirigée d’une main de fer par un proche de Cesio, Peter Milano.
Dino comprend rapidement que s’il veut survivre et se venger, il lui faudra grandir rapidement, mettre en place très rapidement un plan qu’il travaille avec ses oncles. L’idée fleurit petit à petit dans son esprit, à savoir s’emparer de la place de Peter. La mort de Peter Milano en 2012, assassiné en pleine rue par Nick Di Giorgio, laisse la place à une ère sombre à Los Angeles. Après une vague terrible et une guerre interne, le Massacre du Marché de Venice met un terme à une période de doute. Pippo Luciano prend le pouvoir en 2014, s’impose naturellement. Livio devient officiellement son Underboss, tandis qu’il s’entoure d’un Costello en consigliere.
Actuellement Caporegime, Dino ne laisse rien au hasard et vise bien sûr la tête de Giuseppe Genovese. Il sait également que s’il le fait maintenant, il déclarera une nouvelle guerre interne et ce n’est pas le moment, pas avec la menace Mexicaine qui grossit. Il vaut bien mieux travailler à resserrer les liens de la Cosa Nostra et de la Yiddish Connexion, en guettant la mafia irlandaise qui ne sait pas sur quel terrain elle joue.
Il faut attendre. Dino attend depuis qu’il a sept ans.
Et quand ça sera le bon moment…
Ça sera sale.
Désormais étudiant en droit et gestion du patrimoine pour pouvoir remplir au mieux son rôle au sein de l'entreprise familiale et reprendre notamment la direction des Casinos de la ville, Dino Luciano n'a pas l'air d'être ce qu'il est en vérité.
C’est un garçon charmant et serviable au sein de la faculté, toujours accessible malgré qu’il soit bien vu comme « un fils de bourge ». Il n’en reste pas moins « un bon catholique », du genre à ne pas faire le Spring Break et à être bien sous tout rapport. Et en plus, il est intelligent !
Comme tous les autres « high-functioning sociopaths », c’est un être dangereux et effrayant qui sait particulièrement bien manipuler son entourage. L’entraînement de son oncle lui a permis de laisser libre court à ses pulsions tout en les raisonnant de sorte à ne jamais être pris la main dans le sac. Patient et rusé, il ne lui reste qu’une grosse année à l’école, après quoi il aura le choix de s’impliquer tout entièrement en tant que Caporegime, ou bien de continuer encore un peu ses études.
Le choix lui ait laissé par Livio, son oncle qui l’estime et de qui il est très proche.
La famiglia
‹ Salvatore « Lucky » Luciano † (1897-1962) + Igea Lusconi † (1902-1958)
- ‹ Francesco « The Tall Guy » Luciano † (1929-1976) + Gabriella Anastasio † (1927-1948)
- ‹ Bartolomeo « Le Limier » Luciano † (1948-1999) + Concetta Costello † (1950-2012)
- ‹ Cesio « Little Caesare » Luciano † (1972-2000) + Fedora Masseria † (1973-2000)
- ‹ Leopoldino « Lucky » Luciano (1993)
‹ Vincini « Vitto » Luciano (1995)
‹ Nina Luciano † (1996-2000)
‹ Mona Luciano (1996)
‹ Gabriele Luciano † (1998-2000)
‹ Tadeo Luciano (1997)
‹ Livio « L’Exécuteur » Luciano (1978)
‹ Orfeo « La Sulfateuse » Luciano † (1979-2000)
HOME SWEET HOME
Dans les couloirs de l’hôpital, l’ambiance est tendue. De nombreux policiers sont là, les bras croisés et observent d’un œil nerveux les portes de chaque côté, comme s’ils attendaient quelque chose. Derrière eux, tout petit pour son âge, il y a ce petit garçon, le visage maculé de sang mais il ne semble pas blesser. Assis sur une chaise, il attend, les mains posées sur ses genoux et le regard fixe sur ses chaussures qu’il ne bouge même pas. Comme une petite statue, il est figé, le visage pâle et le regard vide.
Derrière le comptoir de l’hôpital de Bensonhurst, Gwendoline jette un œil à sa collègue qui range les dossiers de façon nonchalante. Elle tapote un moment avec ses ongles sur le bois blanc laqué, avant de ne plus pouvoir se retenir et murmure, à l’adresse de Mary Rose :
– Il a quoi le gamin là-bas ?
La chef de service lève un moment les yeux, puis rapidement les baisse et continue de trier les derniers documents qu’elle a reçu depuis ce matin.
– Tu ne devrais pas poser de question, Gwen. Ces gens-là sont dangereux… Elle marmonne tout bas, un léger frisson lui remontant l’échine au même moment. C’est une histoire de règlement de compte…
La blonde qui jusqu’à maintenant zyeuter nerveusement vers les policiers se retient de s’exclamer. Ses yeux de nouveau rivés sur le visage livide du petit garçon, elle a une petite moue peinée, pleine de compassion sans doute. Elle doit imaginer qu’il est une victime, que ses petites mains n’ont jamais rien fait de mal, qu’il a été plongé dans ce monde sans même le vouloir. Elle n’a pas tout à fait faux non plus, même si le regard hagard du garçonnet ne laisse rien transparaître de ses pensées à ce moment-là.
De nouveau la curiosité la pique et elle tourne son visage vers Mary Rose qui s’acharne à écrire au stylo sur une surface plastique au lieu de se lever et de prendre le marqueur à deux pas derrière elles :
– Pourquoi ils sont à l’hôpital ?
A nouveau, la rousse a un petit moment d’hésitation et préfère garder le silence. Elle se demande si c’est vrai que les mafieux ne tuent pas les femmes ? C’est peut-être qu’une légende. Elle ne veut pas avoir à faire à eux. Elle ne veut pas avoir d’histoire, mais les yeux brillants de Gwen lui annoncent clairement que si elle ne crache pas le morceau, elle aura le droit à son regard perçant toute la soirée. Ce regard terriblement ennuyeux.
– Son père est en salle d’opération. Il a reçu des balles, une dizaine dans le corps. Elle marque un moment de pause alors le visage de Gwen se décompose en imaginant probablement la scène : Les enquêteurs ont raconté que le père s’est mis devant son fils. Le petit n’a rien, mais il y a deux morts et trois blessés graves… Il n’y aura sans doute plus aucun blessé dès demain matin.
L’air de la blonde se recompose doucement, reprenant de la substance. Ses doigts tapotent désormais sa joue alors qu’elle observe un sixième policier entrer dans le couloir et filer vers ses collègues. Elle en profite pour se lever et prendre le marqueur et revenir au bureau, le tendant à Mary Rose :
– C’est horrible. Il a tout vu.
– Ça n’a pas l’air de le tourmenter plus que ça, remarque la rousse en remerciant d’un mouvement de la tête Gwen.
– Il doit être en état de choc.
Un petit « humpfr » pour toute réponse, les deux infirmières se taisent. Au bout du couloir, on entend à demi-mot les messes basses des policiers. Gwendoline essaye de se concentrer alors que du coin de l’œil elle voit parfaitement le profil de l’enfant. Il vient tout juste de lever le visage, de planter ses yeux parfaitement noirs dans ceux de l’inspecteur qui s’est agenouillé pour se mettre à sa hauteur.
Elle n’entend pas tout, mais elle arrive à percevoir sur les lèvres de l’homme – heureusement celui-là n’a pas de moustache ou de barbe. Au fur et à mesure qu’il parle, elle esquisse une petite moue qui n’échappe pas à sa collègue.
– Gwen, siffle-t-elle, ne t’en mêle pas. On est à Bensonhurst ici.
Le quartier de la Little Italy n’est certainement pas le coin le plus saint de tout New York, mais elle n’a pas peur. Les policiers sont là. Ils font leur travail, pas vrai ? Elle enfonce cette fois son menton dans la paume de sa main alors qu’elle attend. Elle se demande si c’est normal qu’il n’y ait plus aucune entrée à cette heure de la nuit, un samedi soir. D’habitude le hall est bondé. Ou peut-être que c’est une réquisition de la part de la police fédérale ?
Le gamin reste particulièrement muet. A chaque question de l’inspecteur, il hoche négativement la tête et ses yeux regardent ailleurs. La blonde ne peut qu’imaginer la douleur qui le transperce à ce moment-là. Un si petit garçon… Elle soupire et finalement, passant outre les règles, elle sort d’un placard de larges pièces de tissue aseptisées et approche des policiers et du gamin.
– Madame, vous n’êtes pas autorisée à…
– Je sais bien, Monsieur, elle a un sourire désolé, mais le petit… Il a le visage couvert de sang. Est-ce que je peux au moins le laver ? Ce serait plus digne.
Le regard du flic glisse jusqu’au visage de son supérieur qui reste figé, un instant, puis finalement hoche la tête. Le policier s’écarte alors et Gwen approche, ouvre les pochettes et tend au garçonnet les compresses. Il hésite, un instant, puis finalement tend la main et en attrape une, sans un mot, sans un « merci ». Il essuie calmement le sang de son père, celui-là même qui lui barre le visage. Quand elle se redresse avec un sourire satisfait, Dino est toujours là, mutique et froid.
– Cicero, un flic appelle l’inspecteur qui se retourne, lâchant des yeux le garçon, on vient de recevoir un appel de la centrale… Il y a un petit silence, le flic jette un regard au gosse, puis finalement lâche entre ses dents : Ils ont trois nouveaux morts sur les bras, à Los Angeles.
Le garçon relève les yeux, aussitôt.
– Le procureur vient d'annoncer que Fedora Luciano est morte.
Un silence, alors que tous les regards se portent sur le visage de Dino. Ce dernier s’est figé, de nouveau, comme au moment où le corps sans vie de son père l’a écrasé. Où il s’est retrouvé coincé contre son dos, où il a entendu la voix grave et déjà morte de son père lui dire de ne pas bouger, de ne surtout pas bouger.
« Jure moi de me venger, mon fils »
Le gamin est mortifié. Son visage doucement se décompose, mais c’est de la colère, plus que de la peine. Une colère sourde, violente, qui doucement le prend aux tripes. Il a envie d’écraser quelque chose. Il a envie de tuer. De tous les tuer.
Oui, de tous les tuer.
(...)
Silence dans la salle d’attente. Fin de nuit difficile, mais le chirurgien sort la mine défaite. Un échec. Pas étonnant quand on sait que les balles ont réduit à néant sa rate et percé des trous de trois centimètres dans ses poumons. Dino ne s’attendait pas à un autre verdict, aussi il reste calme quand le policier lui explique mot à mot ce qui va se passer. Livio va venir le chercher, il est en route depuis la veille. Il a dû avoir un « contre-temps », mais il va venir quand il sera certain que tout est sous contrôle et que le fils ne risque rien.
Silence quand Gwendoline est sur la fin de son shift. Elle prépare ses affaires. Mary-Rose est déjà partie au vestiaire, mais elle, elle guette encore le petit. Quand elle s’en approche d’ailleurs – sans savoir si elle devrait vraiment – c’est pour lui donner une couverture chaude.
Elle n’a cependant pas le temps de faire trois pas que Livio Luciano entre dans le hall de l’hôpital, seul. Il n’a pas d’arme, mais porte une chemise blanche et des bretelles qui lui donnent un petit air vintage. Quand Dino le voit, il se lève aussitôt, vacille car ses jambes sont endolories. Le flic pose sa main sur son épaule pour le tenir en place alors que l’inspecteur Cicero pose ses yeux noirs dans ceux de l’oncle qui s’approche.
– Signore, semble-t-il sourire alors qu’il approche calmement.
– C’est un peu tard, Luciano.
Il a un sourire en coin, sourire pincé, gêné. Il y a quelque chose qui l’agace. Dino arrive facilement à percevoir les sentiments sur le visage de Livio. Il peut aussi deviner qu’il est peiné. La famille, c’est important. Perdre Cesio n’était pas prévu, même si la mort d’Orfeo plus tôt dans l’année avait laissé croire que leur empire allait tôt ou tard être mis à mal. Pas de cette façon. On avait pensé à Pippo. Plus vulnérable, grande gueule. Tuer Cesio était une chose, mais tuer Fedora et ses deux enfants…
Le visage de Livio devient dur.
– Nous avons tous un travail très prenant, Signore. Mais c’est terminé. Il tend sa main vers son neveu : Vieni, Dino.
Le gamin jette un regard au policier qui relâche aussitôt sa prise sur lui. Il se faufile entre les adultes et se plante à droite de son oncle, sous le regard ennuyé de Gwen qui sert contre elle la couverture.
– Toutes mes condoléances à la famille Luciano pour cette terrible nuit.
L’inspecteur soutient un instant le regard de Livio, mais rapidement, il perd à ce jeu et détourne les yeux. Un instant, il y a le silence, le plus profond, le plus terrible qui soit. Un silence qui prend à la gorge. Pesant et lourd de douleur. Dino ne comprend pas vraiment ce qui se passe, mais il sent la tension dans chaque morceau de son oncle. Il sait que la Mama est morte, et que le Papa aussi… Mais qu’importe ?
– Grazie, répond aimablement l’oncle, sur ce, si je peux remplir les documents pour… la dépouille de mon frère…
Le regard du gangster tombe sur Gwendoline qui est figé depuis cinq minutes au milieu d’eux. Elle tend naïvement la couverture vers le Luciano :
– Oui, oui… Je pensais juste que… Il fait assez frais, ici…
Le mafieux jette un œil à la couverture, quelque chose le dérange, mais il chasse cette part de lui qui désormais se méfiera de chaque chose, de chaque mot, de chaque mouvement vers lui. Ils sont seuls, désormais, et les heures qui vont suivre cette soirée seront les plus sombres de la famille Luciano. Au son de leurs larmes, au goût de leur sang, les rapaces vont venir, affamés comme s’ils avaient passé cent ans dans le désert.
Livio attrape finalement la couverture et la donne négligemment à Dino. Ce dernier s’enroule sans un mot à l’intérieur, suit Livio en silence jusqu’au comptoir. Il faut rapatrier Cesio à la maison, après que le coroner ait fait son travail. Pas besoin d’identification : le gamin l’a fait pour eux, à la seconde même où ils l’ont tiré hors du restaurant à l’entrée sud de Bensonhurst.
Il signe les documents en silence, présente son passeport, tout, il règle tout. Il n’y a plus que lui.
– Vous vous appelez comment, Miss ?
Gwendoline relève les yeux des documents qu’elle tient fermement. Elle plante ses yeux bleus dans les yeux noirs du Luciano. Livio la toise de sa hauteur. Ils sont tous grands dans la famille. Tous trop grands. Des proies faciles.
– Gwendoline… Gwendoline Singer.
Elle a les joues un peu roses. Dino imagine que c’est l’effet que fait Livio aux femmes. Il ne dit rien, le garçon, s’emmitoufle dans la couverture alors que son oncle ramasse ses affaires, range son passeport et sa carte d’identité et ils s’en vont, sans plus un mot. Dans la voiture garée pas très loin de l’hôpital, il y a Gigi et Franky qui attendent. Y a deux autres voitures dans la même rue, les leurs, la famille.
Ils entrent à l’arrière du cortège.
– Heureux d’te voir, Dino !
Gigi a un petit sourire en coin. C’est le seul à sourire alors que l’ambiance est aussi lugubre qu’elle devrait être. Le garçonnet a un petit sourire en retour, parce que la douleur qui était en lui s’est évanouie au moment même où elle aurait dû naître. Comme si elle n’avait jamais existé. Il jette un regard par la fenêtre teintée alors que le paysage file. Ils rentrent chez eux ?
– Mama è morta ?
Livio croise les bras, ses yeux ne quittent pas le rétroviseur avant où il observe le chauffeur. Franky n’a pas détourné le regard une seule fois. Il a les yeux rivés sur la route.
– Fedora, Nina et Gabriele ont été tué hier soir, à la villa. La nouvelle est abrupte, mais le gamin ne réagit qu’à peine. Livio met ça sur le compte de son jeune âge, même s’il est vrai qu’il n’a jamais vu Dino pleurer ou être ému par quoi que ce soit. On rentre.
Le gosse joue nerveusement avec ses doigts alors qu’un million d’idées et de pensées assaillent son esprit au même moment. Quelque chose en lui est en train de se mettre en route.
– Les policiers disent qu’on t’a retrouvé sous Cesio, dans le restaurant.
Dino fronce légèrement les sourcils, comme s’il avait du mal à se souvenir. Ses yeux se perdent de nouveau à observer ses chaussures. Il y a encore du sang dessus. Sur son pantalon aussi. Et ses vêtements. Mais la couverture cache tout, sauf ses belles chaussures couleur du sang.
– Papa s’est mis devant moi. Il a pris toutes les balles.
– Genovese va être rouge quand il va apprendre qu’ils t’ont raté, ricane Gigi.
– Et l'infirmière ? Gwendoline Singer ?
– Elle m'a lavée le visage et elle m'a donné une couverture.
– On lui fera porter des fleurs pour la remercier.
– Les flics t’ont posé des questions ? Le regard de Livio n’a pas bougé, mais il a acquiesé à la proposition de Gigi. C'est ce qu'ils font toujours. Remercier avec des fleurs les amis. Fleurir les tombes des ennemis.
– Oui, mais je n’ai pas répondu.
– Et Cesio ?
Silence dans la voiture, pesant, lourd, terrible. Dino a un sourire amusé alors qu’il se souvient.
– Quand le flic de Brooklyn lui a demandé qui lui avait tiré dessus, Papa a répondu : nessuno mi ha sparato. (personne ne m'a tiré dessus)
IMAGES FEU ARDENT
- InvitéInvité
Je ne connaissais pas David Prat avant ce soir, mais il a une bouille de fifou.
Bienvenue sur le forum, n'hésites pas à me mpotter en cas de besoin.
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- InvitéInvité
Merciii tout le monde !
Oui David Prat est choupidou
Bon bah j'ai fait le plus gros, demain le restant
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Bon bah j'ai fait le plus gros, demain le restant
- Kai NortonReserve Unit
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Dollars : 3774
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Date d'inscription : 09/10/2017
Avatar : Adam Senn
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Autres comptes : Eden H. Snow & James L. Blackwell
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Mon personnage, en 5 mots : Farceur - Sportif - Romantique - Attachant - Bagarreur
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Études (passées ou en cours) : Diplômé Management + Sport Basket
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Situation sentimentale : C'est ... compliqué
Avec : une pianiste
Puissant ce personnage !!!!!!!!!!!!!! Bienvenue par ici
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