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YESTERDAY'S NEWS |48
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Basileus Amsalem
I am the tall dark stranger those warnings prepared you for
Avant de commencer, nous aimerions vous poser quelques questions sur votre personnage, afin d'en savoir davantage sur les motivations qui l'animent.
L'INTERROGATOIRE
Je veux embrasser et ne faire qu’un avec le concept de l’influence sociale. J’aimerais ressentir ce mouvement imperceptible et fluctuant qu’est l’influence, la voir voguer d’individu en individu, les nimber de son voile éthérée et leur insuffler dans leur fragile boîte crânienne, la volonté du groupe. Comprendre pourquoi l’effet de groupe agit en nous et fait pulser nos cerveaux comme la cocaïne ferait pulser les veines d’un camé. Pourquoi, un troupeau de moutons pourrait se transformer en meute de chacals et déchirer la viande, exploser les os d’un individu par la seule volonté de la pensée collective ?
Les rêves infestent mon esprit et s’y accrochent comme des virus spongieux. Je les vois comme des parasites car je sais qu’aucun d’eux ne pourra se réaliser. Je débecte avec férocité cette chimère utopique où je pourrais trouver le moyen de ramener ma mère à la vie, où j’arriverais à tenir une conversation avec mon père sans avoir envie de renverser les tables. J’exècre ce mirage où je me vois enfin réussir à faire quelque chose de ma vie, loin des arnaques et des mensonges, une vie simple et banale mais satisfaisante. Pour être au centre de tous, il faudrait déjà que j’ai l’occasion de m’y trouver.
Je suis un pare-feu oculaire, les regards glissent dans ma direction et divergent brusquement, comme renvoyé par une farouche contre-attaque, celle de l’insignifiance. Je n’accroche les mirettes de personne, vos regards me voient pour vous éviter de me rentrer dedans, mais l’information ne monte pas jusqu’au cerveau pour me faire exister pour autant. Sans doute suis-je trop fade pour attiser l’appétit vorace de votre vue toujours plus avide d’images phosphorescentes.
Se persuader d’être heureux tout simplement. Un psychologue français du XXe siècle, Emile Coué avait élaboré une méthode basée sur l’auto-suggestion, fondement pionnier du concept de la pensée positive. En vous imaginant heureux et en vous le répétant tous les jours, vous le deviendrez, tout est dans votre tête. Je trouve ce concept loin d’être idiot. Donnez un chèque à six chiffres, des bolides italiens et les plus belles femmes du monde à un homme, s’il décrète qu’il est malheureux, rien ne le fera changer d’avis. Cette logique quand on y pense, est aussi simple que débile. Maintenant que j’y réfléchis, l’être humain en général est absurde. C’est peut-être pour ça que nous n’avons toujours pas trouvé la recette du bonheur…
J’aimerais me sortir du bourbier dans lequel je me suis empêtré. Retirer toute cette boue qui macule ma vie et la voir glisser vers au sol, comme des gouttes d’eau sur le plumage d’un cygne. Comment aspirer à l’ambition quand le tremplin pour nous propulser s’est barré en nous crachant au visage en partant ? Si je devais partir demain, je ne pourrais me vanter que d’une seule réussite, celle d’avoir pu intégrer l’université hébraïque de Jérusalem. Ils devaient vraiment être en pénurie d’étudiants pour racler les fonds de tiroirs et me débusquer.
Question des plus sérieuses et qui pourtant laisse sur la langue un arrière-goût ironique. Ma vie est arrivée à un point où je n’ai plus grand chose à défendre ou qui m’importe réellement. Hormis peut-être mes trois petites soeurs. Je ne possède pas un sens de la famille très développé, et avec la mort de ma mère, on peut carrément dire qu’il a volé en éclats. Mais j’ai tellement eu l’habitude de m’occuper des mes soeurs qu’aujourd’hui ça reste fixé en moi comme une chose naturelle que de les défendre si jamais il leur arrivait malheur. Je n’ai pas de limites pour leur venir en aide, s’il faut aller casser des mandibules ou brûler des baraques pour elles, je le ferai. Mais vu ma situation, j’ai plus l’impression que c’est elles qui ont le plus de chance de venir me porter secour.
Se faire passer pour ce qu’on n’est pas, est-ce vraiment de l’illégalité ? Je n’oblige personne à me croire sur parole lorsque je leur dis que je suis issue d’une lignée de voyants de père en fils. Et en quoi suis-je fautif si les gens sont assez crédules pour me donner leur argent en espérant le faire fructifier dans des placements, alors qu’il repose au chaud sur mon compte bancaire ? Non je ne fais rien qui touche à la criminalité, je laisse ça aux racailles des bas-fonds.
Je ne vois pas vraiment ce que je pourrais changer s’il fallait refaire le monde. Au final, ça serait presque de l’énergie gaspillée inutilement. Vous pouvez vous acharner à refaire inlassablement votre potager, si vous utilisez à chaque fois des graines malades, il restera pourri. En refaisant le monde, les humains referont inéluctablement les mêmes erreurs, parce que c’est gravé dans leurs os comme des runes magiques, ça coule dans les veinures sous leur peaux craquelées. Je voudrais un monde paisible, et l’homme n’y a pas sa place, donc si je le remodelais, je supprimerais les hommes et les remplacerais par les dinosaures. C’est cool un diplodocus et ça massacre par l’endroit où il vit.
Un jour j’ai ouvert une ligne téléphonique et je me suis improvisé opératrice du téléphone rose. Sur mon ordi’, j’avais écumé tous les sites pornos possibles, enregistrant des phrases d’actrices X et modifiant les voix avec un logiciel pour qu’on ne les reconnaisse pas. Les clients appelaient et j’avais juste à appuyer sur une touche pour lancer les dialogues. Ça a marché jusqu’au jour où mon anti-virus a fait buguer le logiciel, que la voix de mon actrice disloque ses phrases et que le client comprenne qu’il se faisait rouler en entendant une voix aigre lui crier dans le combiné “ sein, sein, sein, oh oui mets y la langue, la base virale VPS a été mise à jour.” Ma ligne a été dénoncée le lendemain et j’ai dû la résilier en urgence avant que mon adresse soit remontée jusqu’aux autorités. C’est con parce que j’avais du succès et ça payait bien les factures.
DERRIÈRE L'ÉCRAN
Karma : Its all my fault Prénom/pseudo : Verendrye Âge : 24 ans Anniversaire : 24/09/1993 Localisation : France Présence : À peu près tous les jours sauf exception Personnage ... Personnage invente J'ai connu le forum : En y faisant naître cette peste d'Ochrate Et je le trouve : Comme d'hab', toujours aussi fucking perfect Ma plus grande peur : Les pieds. Un dernier mot ? Vous prendrez bien un petit jus pomme-basilic en attendant ?
IMAGES Eledhwen
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FAITS DIVERS
We are just lonely souls lost between reality and dreams.
Certains vivent pire, le temps est pénible, enfance malheureuse terrible, moins que ma mère, guerrière céleste. Sur l'étoile cachée par Pluton j'me suis vu moi-même dans un rêve funèbre j'me disais : "Dessine-moi un mouton". J'reviens d'un voyage interstellaire, d'une odyssée dans le cœur de nos mères et ce qu'elles m'ont dit m'a fait pleurer, on ne fait que s'entretuer.
Y a la compote de pomme qui lui bavait dans le creux du cou, c’était froid et gluant et une odeur atrocement sucré emplissait ses narines. “ La prochaine fois que tu veux pas d’un truc, dis-le au lieu de me le cracher dessus !” Il essayait de prendre la grosse voix de baryton de papa mais c’était qu’un mince filet de voix qui faisait vibrer ses cordes vocales. “ Pas bon…” Le mini Caligula qu’il tenait dans les bras se frottait les yeux avec ses petites mains potelées, la moue criarde sur le visage. “ Ouais bah c’est pas une raison, je veux pas que… Merde Esther tu fous quoi là, arrête ça ou tu vas griller comme une nugget !” Alourdi par son fardeau, il traversa cahin-caha la cuisine, manquant de trébucher sur les jouets en plastique, pour agripper le bas de pyjama d’une autre tête brune qui approchait dangereusement une fourchette de la prise murale. “ Nugget, nugget, nugget !” hurlait Arielle, le mot magique ayant suscité son intérêt gustatif. Seule Nancy restée prostrée au dessus de son bol de céréales, avec son visage marécageux aux yeux globuleux et lèvres fines et flasques. “ Surtout viens pas m’aider hein…” Il lançait des regards appuyés en direction de Rebecca, l’aînée, mais cette dernière était trop occupée à se graisser les lèvres de son horrible rouge à lèvre cramoisie. Papa écumait les routes de Californie, brûlant l’asphalte avec son camion aux milliers de diodes et ses jantes chromées, pendant que maman se créait des cheveux blancs avant l’heure en passant ses journées à l’hôpital pour jouer les infirmières. C’était à Basileus et Rebecca de s’occuper des trois plus petites, mais Becky était une sale vipère qui ne savait qu’ouvrir la gueule pour répandre son venin. “ Pourquoi je le ferais, tu t’en sors très bien tout seul. C’est même étonnant quand on sait que t’es qu’un minable qui fera jamais rien de sa vie.” “C’est clair que toi ton avenir est tout tracé vers le succès.” Ses mains tremblaient et faisaient presque vibrer le petit corps logé contre lui, il se forçait à ne pas lâcher Arielle pour prendre la fourchette d’Esther et la planter dans les yeux trop pailletés de son aînée. “ Ouais, c’est qu’une question de temps avant que je devienne célèbre et que j’aille bouger à Beverly Hills avec les autres stars.” cancana-t-elle alors qu’elle se remontait le soutien-gorge pour gonfler sa poitrine rembourrée à la ouate. Stars du X oui pensa-t-il alors qu’il épongeait les restes de compote qui avaient coulé jusqu’au t-shirt rempli de trous de mite.
La poussière lui collait aux rétines et il tentait de la faire déguerpir en frottant ses grosses paluches encore plus poussiéreuses contre des yeux rouges et larmoyants. Il détestait la poussière. Et l’Égypte n’était que du sable et de la poussière aux pays de Toutânkhamon et des autres rois aux uraeus d’or. Pendant qu’il continuait à aligner les caisses de fruits sur leurs étales, Ahmed le regardait de son seul oeil valide, l’embout de sa chicha vissée dans une bouche qui crachait autant de fumée qu’un volcan. “ Yâ rabbî ! Je comprend toujours pas ce qu’un juif comme toi fout dans le quartier, t’as pas froid aux yeux toi.” Basil se concentrait sur sa tâche, la chaleur lui faisait perler de grosses gouttes de sueur le long des tempes. “ Je suis pas juif. Je viens juste d’Israël.” “ Nem, nem donc t’es juif quoi.” Le jeune homme se retenait de ne pas empoigner une orange pour la balancer sur son employeur. Depuis son arrivée à Alexandrie, il avait écumé les petits boulots, mais ce patron là obtenait la palme du pire couillon à l’esprit obtus. En ramassant une nouvelle caisse, une boîte d’allumettes tomba de sa poche et en la ramassant, le goût de l’amertume lui emplit la bouche. Ça lui rappelait le jour où il avait tenté de brûler les cheveux de Rebecca avec l’allume-gaz, quand sa mère était entrée en furie dans l’appartement et avait foutue ses affaires pêle-mêle dans une valise. Parce qu’elle avait apprit que Papa aimait ramasser les jeunes femmes qui traînaient leurs sandales de strip-teaseuse sur le bitume pour les emmener au motel. Elle avait abandonné sa famille pour retourner dans sa ville natale à Jérusalem, la trois fois sainte, et Basileus l’avait suivie. Mieux valait ça que rester seul avec son père et Rebecca, quitte à abandonner les trois petites dernières. “ Et pourquoi t’es parti pour atterrir ici ?” “ J’avais pas assez de sous pour payer la fac alors j’ai dû laisser tomber.” “ Bon à rien.” Cette fois la caisse tomba plus lourdement sur l’étale, faisant trembler les fruits déjà disposés. Il avait intégré l’Université Hébraïque de Jérusalem dans un cursus en musicologie pour connaître le moindre secret des gammes, dompter les arpèges pour faire naître des papillons dans le creux du ventre de ceux qui l’écouteraient jouer de la guitare. Et puis l’accident de voiture était survenu comme un chien dans un jeu de quilles. Foutus freins déraillés qui avaient lâché et envoyé maman dans le décors puis entre quatre planches. Sans elle, les dettes pour payer le loyer et la fac s’étaient accumulées pour s’envoler comme des dollars sur un tapis de casino, jusqu’à l’obliger à fuir le pays. “ Tu vas te contenter de ta vie de kelb encore longtemps ?” Chien en arabe, ça sonnait plus agréable qu’en anglais. “ Le temps d’économiser un billet d'avion pour retourner à Los Angeles.” “ Bon à rien.”
“ Dégage Lucques je vois plus la télé !” Une pantoufle à la semelle usée et qui laissait filer la ouate sur un côté éventré passa au ras de la tête féline postée sur le meuble télé avant de claquer contre le mur au papier peint décollé. Noirette, Picholine et Olivière décollèrent avec la propulsion d’un avion à réaction pour foncer sur la proie de savate inanimée au sol. Il avait jamais compris la lubie de Daisy que de leur donner des noms d’olives française. Heureusement qu’elle avait été meilleure au lit que pour trouver des noms. Leur histoire s’était surtout écrite dans les draps du lit et sur les meubles cassés parce que Basil ne connaissait rien à la douceur lorsqu’il voulait prendre Daisy. Embrasser sa poitrine et donner des coups de reins c'était beaucoup plus intéressant que lui demander comment avait été sa journée. Ils n’avaient jamais rien à se dire. Alors il s’envoyaient en l’air pour faire passer le temps. Jusqu’à ce qu’elle claque la porte ce matin en laissant les quatre chats qu’elle avait elle-même ramenés. Parce qu’elle en avait marre de tout payer pendant qu’il foutait rien de ses journées et qu’au passage, il n’était rien d’autre qu’un sombre connard. Ça lui faisait une belle jambe au Basileus. Dehors la nuit avait jeté sous lourd manteau de velours sur Los Angeles et la pollution lumineuse empêchait les étoiles de briller. C’était comme ça à L.A, l’artificiel prenait toujours l’ascendant sur le naturel. Enfoncé dans son canapé aux ressorts pétés et qui sentait le vomi de chat, Basileus regardait les pubs défiler à l’écran, un carnaval de couleurs et de bruits unis dans le seul but de célébrer la consommation de masse. “ … n’hésitez plus et venez nous retrouver dans notre cabinet où notre équipe de voyants professionnels vous permettra d’apporter un éclaircissement sur votre vie présente et à venir…” Le reclus se redressa et le sofa émit un grincement de douleur, il observait attentivement cette pub remplie de visages aux dents toutes alignées et blanches. L’intérieur du cabinet était tapissé de tentures indiennes, des figurines de Bouddha côtoyaient pierres et gemmes mystiques. Plus Basileus restait la rétine collée à l’écran, plus une idée se creusait dans les méandres de son esprit. Maintenant que la bonne Daisy avait mis les voiles, il lui fallait trouver d’urgence une activité pour payer le loyer et surtout les croquettes. C’était un pari risqué mais à tenter, au point où il en était, il n’avait plus rien à perdre. Basileus ne croyait pas en l’art de la clairvoyance, ni au surnaturel ou autres dons. Basileus ne croyait plus en rien. Pas même en l’amour. Mais si des gens suffisamment crédules pouvaient se laisser berner aussi facilement, il comptait bien se tailler une part du gâteau et piller allègrement leur portefeuille.
Une sonnerie grinçante et usée hurla dans l’appartement, et Basileus alla ouvrir la porte pour laisser entrer la visiteuse. Elle avait la vingtaine, le teint grisâtre avec un nid d’oiseau en guise de coupe de cheveux et une coloration blonde qui bavait sur le jaune pisse. Dans son manteau trop petit pour contenir son corps trapu, elle ressemblait à un rôti de porc ficelé. “ Allez-y mettez-vous à votre aise et asseyez-vous.” lui indiqua-t-il en désignant la table où était disposée deux chaises de par et d’autres. Prenant place à son tour, il fit glisser le tarot de Marseille dans sa direction et en profita pour allumer de l’encens. L’odeur âcre ne tarda pas à emplir ses narines et il les fronça de dégoût. Qu’est-ce qu’il fallait pas faire pour être crédible… “ Qu’est-ce que vous voulez savoir ?” “ C’est pas à vous de me le dire ?” Basil réprima un rictus de mépris et battit les cartes nonchalamment, les coupa et les disposa sur la table. “ Je suis un voyant pas un X-Men, je ne lis pas dans les esprits.” Il lançait des regards peu rassurés en direction du chemisier de la blonde dont les boutons menaçaient de lui éclater à la figure. “ Bah… J’veux être actrice mais là je fais que de la figuration alors j’voulais savoir… beh… Si ma carrière allait évoluer ou pas…Ce genre de trucs quoi…” Cette fois-ci il dû se retenir de lever les yeux au ciel et de pousser un rire mesquin. Dans la ville du cinéma, il recevait des clients désireux d’être la futur star hollywoodienne à la pelle. Depuis qu’il s’était improvisé grand voyant, les affaires tournaient juste assez pour lui permettre de payer son loyer. Oracle, pendule divinatoire, cartes ordinaires et de tarot, boule de cristale, sans oublier les livres de chirologie pour apprendre à lire dans les mains, Basileus avait investi toutes ses économies dans la panoplie du charlatan, y compris du côté de la déco. Histoire de donner une aura mystique à son appartement misérable. Après quelques annonces postées dans les journaux, des prospectus collés sur les pare-brises et envoyés dans les boîtes aux lettres, les premiers clients n’avaient pas tardé à venir. Le boulot n’était pas des plus fatigants, il suffisait de laisser les gens parler pour cerner leur personnalité et leur problème, ensuite il leur dire ce qu’ils voulaient entendre. “ On va regarder ça.” Au moment même où il retourna la carte de l’Arcane, un tambourinement qui venait de la porte d’entrée lui fit relever la tête. “ Basileus, ouvre pauvre connard, je sais que t’es là !” hurlait une voix d’homme. La dame, les yeux agrandis par la peur, se retourna vers la source du bruit. “ Qui est-ce ?” demanda-t-elle d’une voix paniquée. “ Vous en occupez pas, c’est personne.” Mais l’inconnu continuait à cogner violemment la porte et Basileus commençait à se demander si elle tiendrait le coup. “Je veux mon fric ! Tony m’a dit que tes placements c’était du vent, j’vais te refaire le portrait sale escroc !” Son front se plissa d’inquiétude, il se demandait comme Tony avait réussi à découvrir que son fric n’avait pas été placé dans une nouvelle start-up mais sur le compte en banque de Basileus. Foutu Tony… Cette fois un immense fracas retentit dans l’appartement, celui de la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir en arrachant la moitié du chambranle avec elle. “ Je crois que nous allons devoir reporter notre séance à plus tard.” s’adressa-t-il à la dame, feignant un sourire courtois alors qu’un homme au visage rouge et boursouflé s’avançait vers lui en se frottant les poings comme pour mieux les lustrer avant de les fracasser sur le visage d’un Basil totalement indifférent à cette scène de chaos. Il avait fini par s’y habituer.
Nobody told me there’d be days like these. L.A, South, 11 ans.
Y a la compote de pomme qui lui bavait dans le creux du cou, c’était froid et gluant et une odeur atrocement sucré emplissait ses narines. “ La prochaine fois que tu veux pas d’un truc, dis-le au lieu de me le cracher dessus !” Il essayait de prendre la grosse voix de baryton de papa mais c’était qu’un mince filet de voix qui faisait vibrer ses cordes vocales. “ Pas bon…” Le mini Caligula qu’il tenait dans les bras se frottait les yeux avec ses petites mains potelées, la moue criarde sur le visage. “ Ouais bah c’est pas une raison, je veux pas que… Merde Esther tu fous quoi là, arrête ça ou tu vas griller comme une nugget !” Alourdi par son fardeau, il traversa cahin-caha la cuisine, manquant de trébucher sur les jouets en plastique, pour agripper le bas de pyjama d’une autre tête brune qui approchait dangereusement une fourchette de la prise murale. “ Nugget, nugget, nugget !” hurlait Arielle, le mot magique ayant suscité son intérêt gustatif. Seule Nancy restée prostrée au dessus de son bol de céréales, avec son visage marécageux aux yeux globuleux et lèvres fines et flasques. “ Surtout viens pas m’aider hein…” Il lançait des regards appuyés en direction de Rebecca, l’aînée, mais cette dernière était trop occupée à se graisser les lèvres de son horrible rouge à lèvre cramoisie. Papa écumait les routes de Californie, brûlant l’asphalte avec son camion aux milliers de diodes et ses jantes chromées, pendant que maman se créait des cheveux blancs avant l’heure en passant ses journées à l’hôpital pour jouer les infirmières. C’était à Basileus et Rebecca de s’occuper des trois plus petites, mais Becky était une sale vipère qui ne savait qu’ouvrir la gueule pour répandre son venin. “ Pourquoi je le ferais, tu t’en sors très bien tout seul. C’est même étonnant quand on sait que t’es qu’un minable qui fera jamais rien de sa vie.” “C’est clair que toi ton avenir est tout tracé vers le succès.” Ses mains tremblaient et faisaient presque vibrer le petit corps logé contre lui, il se forçait à ne pas lâcher Arielle pour prendre la fourchette d’Esther et la planter dans les yeux trop pailletés de son aînée. “ Ouais, c’est qu’une question de temps avant que je devienne célèbre et que j’aille bouger à Beverly Hills avec les autres stars.” cancana-t-elle alors qu’elle se remontait le soutien-gorge pour gonfler sa poitrine rembourrée à la ouate. Stars du X oui pensa-t-il alors qu’il épongeait les restes de compote qui avaient coulé jusqu’au t-shirt rempli de trous de mite.
Everybody know that i’m a mess. Alexandrie, 21 ans.
La poussière lui collait aux rétines et il tentait de la faire déguerpir en frottant ses grosses paluches encore plus poussiéreuses contre des yeux rouges et larmoyants. Il détestait la poussière. Et l’Égypte n’était que du sable et de la poussière aux pays de Toutânkhamon et des autres rois aux uraeus d’or. Pendant qu’il continuait à aligner les caisses de fruits sur leurs étales, Ahmed le regardait de son seul oeil valide, l’embout de sa chicha vissée dans une bouche qui crachait autant de fumée qu’un volcan. “ Yâ rabbî ! Je comprend toujours pas ce qu’un juif comme toi fout dans le quartier, t’as pas froid aux yeux toi.” Basil se concentrait sur sa tâche, la chaleur lui faisait perler de grosses gouttes de sueur le long des tempes. “ Je suis pas juif. Je viens juste d’Israël.” “ Nem, nem donc t’es juif quoi.” Le jeune homme se retenait de ne pas empoigner une orange pour la balancer sur son employeur. Depuis son arrivée à Alexandrie, il avait écumé les petits boulots, mais ce patron là obtenait la palme du pire couillon à l’esprit obtus. En ramassant une nouvelle caisse, une boîte d’allumettes tomba de sa poche et en la ramassant, le goût de l’amertume lui emplit la bouche. Ça lui rappelait le jour où il avait tenté de brûler les cheveux de Rebecca avec l’allume-gaz, quand sa mère était entrée en furie dans l’appartement et avait foutue ses affaires pêle-mêle dans une valise. Parce qu’elle avait apprit que Papa aimait ramasser les jeunes femmes qui traînaient leurs sandales de strip-teaseuse sur le bitume pour les emmener au motel. Elle avait abandonné sa famille pour retourner dans sa ville natale à Jérusalem, la trois fois sainte, et Basileus l’avait suivie. Mieux valait ça que rester seul avec son père et Rebecca, quitte à abandonner les trois petites dernières. “ Et pourquoi t’es parti pour atterrir ici ?” “ J’avais pas assez de sous pour payer la fac alors j’ai dû laisser tomber.” “ Bon à rien.” Cette fois la caisse tomba plus lourdement sur l’étale, faisant trembler les fruits déjà disposés. Il avait intégré l’Université Hébraïque de Jérusalem dans un cursus en musicologie pour connaître le moindre secret des gammes, dompter les arpèges pour faire naître des papillons dans le creux du ventre de ceux qui l’écouteraient jouer de la guitare. Et puis l’accident de voiture était survenu comme un chien dans un jeu de quilles. Foutus freins déraillés qui avaient lâché et envoyé maman dans le décors puis entre quatre planches. Sans elle, les dettes pour payer le loyer et la fac s’étaient accumulées pour s’envoler comme des dollars sur un tapis de casino, jusqu’à l’obliger à fuir le pays. “ Tu vas te contenter de ta vie de kelb encore longtemps ?” Chien en arabe, ça sonnait plus agréable qu’en anglais. “ Le temps d’économiser un billet d'avion pour retourner à Los Angeles.” “ Bon à rien.”
It's better to burn out, than to fade away. L.A. South, 24.
“ Dégage Lucques je vois plus la télé !” Une pantoufle à la semelle usée et qui laissait filer la ouate sur un côté éventré passa au ras de la tête féline postée sur le meuble télé avant de claquer contre le mur au papier peint décollé. Noirette, Picholine et Olivière décollèrent avec la propulsion d’un avion à réaction pour foncer sur la proie de savate inanimée au sol. Il avait jamais compris la lubie de Daisy que de leur donner des noms d’olives française. Heureusement qu’elle avait été meilleure au lit que pour trouver des noms. Leur histoire s’était surtout écrite dans les draps du lit et sur les meubles cassés parce que Basil ne connaissait rien à la douceur lorsqu’il voulait prendre Daisy. Embrasser sa poitrine et donner des coups de reins c'était beaucoup plus intéressant que lui demander comment avait été sa journée. Ils n’avaient jamais rien à se dire. Alors il s’envoyaient en l’air pour faire passer le temps. Jusqu’à ce qu’elle claque la porte ce matin en laissant les quatre chats qu’elle avait elle-même ramenés. Parce qu’elle en avait marre de tout payer pendant qu’il foutait rien de ses journées et qu’au passage, il n’était rien d’autre qu’un sombre connard. Ça lui faisait une belle jambe au Basileus. Dehors la nuit avait jeté sous lourd manteau de velours sur Los Angeles et la pollution lumineuse empêchait les étoiles de briller. C’était comme ça à L.A, l’artificiel prenait toujours l’ascendant sur le naturel. Enfoncé dans son canapé aux ressorts pétés et qui sentait le vomi de chat, Basileus regardait les pubs défiler à l’écran, un carnaval de couleurs et de bruits unis dans le seul but de célébrer la consommation de masse. “ … n’hésitez plus et venez nous retrouver dans notre cabinet où notre équipe de voyants professionnels vous permettra d’apporter un éclaircissement sur votre vie présente et à venir…” Le reclus se redressa et le sofa émit un grincement de douleur, il observait attentivement cette pub remplie de visages aux dents toutes alignées et blanches. L’intérieur du cabinet était tapissé de tentures indiennes, des figurines de Bouddha côtoyaient pierres et gemmes mystiques. Plus Basileus restait la rétine collée à l’écran, plus une idée se creusait dans les méandres de son esprit. Maintenant que la bonne Daisy avait mis les voiles, il lui fallait trouver d’urgence une activité pour payer le loyer et surtout les croquettes. C’était un pari risqué mais à tenter, au point où il en était, il n’avait plus rien à perdre. Basileus ne croyait pas en l’art de la clairvoyance, ni au surnaturel ou autres dons. Basileus ne croyait plus en rien. Pas même en l’amour. Mais si des gens suffisamment crédules pouvaient se laisser berner aussi facilement, il comptait bien se tailler une part du gâteau et piller allègrement leur portefeuille.
I’m destroying myself but i’m too tired to care. South, 26.
Une sonnerie grinçante et usée hurla dans l’appartement, et Basileus alla ouvrir la porte pour laisser entrer la visiteuse. Elle avait la vingtaine, le teint grisâtre avec un nid d’oiseau en guise de coupe de cheveux et une coloration blonde qui bavait sur le jaune pisse. Dans son manteau trop petit pour contenir son corps trapu, elle ressemblait à un rôti de porc ficelé. “ Allez-y mettez-vous à votre aise et asseyez-vous.” lui indiqua-t-il en désignant la table où était disposée deux chaises de par et d’autres. Prenant place à son tour, il fit glisser le tarot de Marseille dans sa direction et en profita pour allumer de l’encens. L’odeur âcre ne tarda pas à emplir ses narines et il les fronça de dégoût. Qu’est-ce qu’il fallait pas faire pour être crédible… “ Qu’est-ce que vous voulez savoir ?” “ C’est pas à vous de me le dire ?” Basil réprima un rictus de mépris et battit les cartes nonchalamment, les coupa et les disposa sur la table. “ Je suis un voyant pas un X-Men, je ne lis pas dans les esprits.” Il lançait des regards peu rassurés en direction du chemisier de la blonde dont les boutons menaçaient de lui éclater à la figure. “ Bah… J’veux être actrice mais là je fais que de la figuration alors j’voulais savoir… beh… Si ma carrière allait évoluer ou pas…Ce genre de trucs quoi…” Cette fois-ci il dû se retenir de lever les yeux au ciel et de pousser un rire mesquin. Dans la ville du cinéma, il recevait des clients désireux d’être la futur star hollywoodienne à la pelle. Depuis qu’il s’était improvisé grand voyant, les affaires tournaient juste assez pour lui permettre de payer son loyer. Oracle, pendule divinatoire, cartes ordinaires et de tarot, boule de cristale, sans oublier les livres de chirologie pour apprendre à lire dans les mains, Basileus avait investi toutes ses économies dans la panoplie du charlatan, y compris du côté de la déco. Histoire de donner une aura mystique à son appartement misérable. Après quelques annonces postées dans les journaux, des prospectus collés sur les pare-brises et envoyés dans les boîtes aux lettres, les premiers clients n’avaient pas tardé à venir. Le boulot n’était pas des plus fatigants, il suffisait de laisser les gens parler pour cerner leur personnalité et leur problème, ensuite il leur dire ce qu’ils voulaient entendre. “ On va regarder ça.” Au moment même où il retourna la carte de l’Arcane, un tambourinement qui venait de la porte d’entrée lui fit relever la tête. “ Basileus, ouvre pauvre connard, je sais que t’es là !” hurlait une voix d’homme. La dame, les yeux agrandis par la peur, se retourna vers la source du bruit. “ Qui est-ce ?” demanda-t-elle d’une voix paniquée. “ Vous en occupez pas, c’est personne.” Mais l’inconnu continuait à cogner violemment la porte et Basileus commençait à se demander si elle tiendrait le coup. “Je veux mon fric ! Tony m’a dit que tes placements c’était du vent, j’vais te refaire le portrait sale escroc !” Son front se plissa d’inquiétude, il se demandait comme Tony avait réussi à découvrir que son fric n’avait pas été placé dans une nouvelle start-up mais sur le compte en banque de Basileus. Foutu Tony… Cette fois un immense fracas retentit dans l’appartement, celui de la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir en arrachant la moitié du chambranle avec elle. “ Je crois que nous allons devoir reporter notre séance à plus tard.” s’adressa-t-il à la dame, feignant un sourire courtois alors qu’un homme au visage rouge et boursouflé s’avançait vers lui en se frottant les poings comme pour mieux les lustrer avant de les fracasser sur le visage d’un Basil totalement indifférent à cette scène de chaos. Il avait fini par s’y habituer.
IMAGES TUMBLR
- InvitéInvité
(pardon si j'ai pas le droit de poster ailleurs pour l'instant mais j'étais obligé voyez-vous)
- InvitéInvité
Mais quel choix d’avatar !
Rien que la première réponse aux questions, j’adore ! Je vais te suivre de près toi
Bienvenue du IAMF
Rien que la première réponse aux questions, j’adore ! Je vais te suivre de près toi
Bienvenue du IAMF
- InvitéInvité
Rebienvenue
Il a l'air super fun ce petit
Il a l'air super fun ce petit
- InvitéInvité
Pom Millais-Figueroa a écrit:
(pardon si j'ai pas le droit de poster ailleurs pour l'instant mais j'étais obligé voyez-vous)
Han merci beaucoup Et y a pas de soucis, tu peux me suivre aussi près que tu veuxArizona Harper-Duval a écrit:Mais quel choix d’avatar !
Rien que la première réponse aux questions, j’adore ! Je vais te suivre de près toi
Bienvenue du IAMF
Merci MossMoss Maxfield a écrit:reeee bienvenue.
GraciasMyles Townsend a écrit:Rebienvenue
Ah je confirme Merci à toiArya Walker a écrit:Rebienvenue
Il a l'air super fun ce petit
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