YESTERDAY'S NEWS |48
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La musique entêtante du bar lui vrille les tympans mais il ne l’écoute pas vraiment. Le regard perdu dans son verre de rhum, Jack fredonne un air bien différent de celui qui passe ici. Plus doux, moins métallique aussi, un de ces refrains qui ne donne certainement pas envie de trémousser ses fesses sur la piste de danse, comme le font les autres. Il n’a pas pour habitude de venir ici, dans ce genre de bar particulier, fortement connoté, mais il sait d’avance qu’ici, il ne risquera pas de croiser quelqu’un du boulot. Après tout, il imagine mal l’un de ces flics ultra-virils venir se déhancher ou même boire un verre dans un bar gay. Car c’est bien de ça qu’il s’agit et, s’il n’est pas venu ici, en tant que chasseur et encore moins en temps que proie, il apprécie la pseudo tranquillité des lieux, cette façon qu’ont les autres de ne pas venir aborder le brun ombrageux qu’il était. « Pour vous, de la part du blond, là-bas… » lui glisse le barman à l’oreille, devant hausser la voix pour se faire entendre et laissant coulisser vers lui un cocktail jaune orangé, agrémenté d’une ombrelle rose fuchsia. Il hausse un sourcil intrigué, le flic, comme il approche son nez pour savoir de quoi il retourne, reconnaissant des effluves de banane et de cannelle. Son regard se détourne, observant un moment celui qui a cru bon de lui offrir ce verre. Un blond, somme toute quelconque, les oreilles en chou-fleur, bien loin d’être suffisamment attrayant à ses yeux pour qu’il se laisse tenter par l’aventure. Et puis, après tout, c’est décidé, ce soir, il n’est pas vraiment d’humeur à une amourette rapide et passionnée. Surtout pas avec lui. Il décline poliment, repoussant le cocktail du bout des doigts avec un air dédaigneux qui en aurait vexé plus d’un. Ça ne manque d’ailleurs pas comme le blond en question passe derrière lui, l’œil mauvais, leurs épaules entrant en collision. Il aurait pu s’en offusquer, le McKenzie, mais il choisit de laisser couler ; après tout, ce type n’en vaut pas la peine, c’est ce qu’il se dit en replongeant ses lèvres dans son breuvage. Ses doigts tapotent nerveusement le rebord du comptoir, au rythme de la musique qui se déverse par les hauts parleurs du bar ; il n’a pas encore pris sa dose quotidienne d’héroïne. Par prudence, il évite de se balader avec une pochette sur lui, on ne sait jamais qui on pouvait rencontrer, tard le soir, et il n’aurait pas voulu se faire surprendre en possession de drogue par un flic lambda ou pire, par un de ses collègues. Cela aurait sans nul doute représenté un vilain caillou sur le parcours bien huilé de sa carrière. Il ne serait pas un autre Hector, terrassé par Achille à cause d’une stupide pierre…
La journée avait été longue, faite de patrouilles et de descentes en tous genres, dans des quartiers malfamés, notamment dans le sud de la ville, l’endroit où il vivait lui-même. Il fallait dire qu’entre ses dépenses pour ses doses et les crédits qu’il avait sur le dos, il n’avait pas franchement les moyens de se payer autre chose qu’un petit appartement là-bas. Souvent, quand il sortait de chez lui ou qu’il y rentrait, il n’était pas rare qu’il ne croise un dealer ou deux en train de trafiquer en bas de son immeuble, mais il fermait volontairement les yeux. Il n’aurait pas fallu qu’on sache qu’un flic habitait dans le coin, faute de quoi, il ne survivrait pas longtemps dans le coin… C’est d’ailleurs à la pensée d’un rail d’héroïne sniffée sur la table en verre de son salon qu’il émerge enfin de ses rêveries, terminant son verre d’une traite avant d’en recracher le contenu presque aussitôt comme il aperçoit, dans sa vision périphérique, un visage connu qu’il n’aurait jamais imaginé croiser par ici. Son supérieur hiérarchique, Jefferson Wesson. Rustre mais pas mauvais bougre, dans le fond, en cela au moins s’entendaient-ils bien, désormais. Il écarquille les yeux, un peu surpris, regardant autour de lui avec étonnement. C’est avec prudence et embarras qu’il s’approche du brun, se signalant par un léger salut de la main, aussi gêné de le voir là que d’y être surpris lui-même. « Tu ne te serais pas trompé de bar, dis… ? » Non, parce que Jeff risquait fort de voir rouge s’il surprenait les longs regards en coin que certains types laissaient déjà couler sur lui…
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there's a storm
Jack & Jeff
I see you coming, but I won’t step back
We don’t take kindly, being under attack
I hear the fear in every word that you say
I love the danger, let the wolves come out to play
We don’t take kindly, being under attack
I hear the fear in every word that you say
I love the danger, let the wolves come out to play
« Dis-moi où il se cache. »
Le flic à l’intérieur de la salle d’interrogation fait une drôle de gueule. Il n’a pas l’air d’aimer ce qui se prépare, et il a bien raison. Derrière la vitre, les yeux rivés sur le glace imperméable et opaque, Jefferson Wesson observe en silence le visage de l’albanais qui s’est retrouvé les mains et les poings liés à la chaise où il est assis. Il attend, comme un lion en cage, ses pupilles sombres observent et détaillent le visage du suspect qu’ils ont attrapé un peu plus tôt dans la matinée. En son fort intérieur, quelque chose de plus fort que ça gronde, une envie irrésistible d’entrer dans cette pièce et d’écraser son visage à même le sol, parce qu’il le reconnaît. Il le reconnaît et c’est déjà trop.
Qu’Ohri Nestan soit encore en vie, c’est trop.
« Dis-moi où se cache Neven ou je vais devoir laisser la main à mon collègue. »
L’albanais a un petit ricanement malsain, de celui qui roule sur la langue. C’est peut-être l’accent, mais Jeff s’est toujours dit que ça se ressemble vaguement au ricanement des hyènes.
« L’jeu du gentil et du mauvais flic… ? Pfft… »
Voilà qu’il pouffe de rire.
Lentement, Malik se lève. Il jette un regard à travers la vitre qui signifie clairement « tu peux venir ». Dans la foulée, il attrape sa veste, ramasse son gobelet de café et sort, l’air dépassé par la situation. On dirait un pauvre gars, quand il fait cette tête Malik, la tête du gars qui sait plus pourquoi il fait ce boulot, ou qui peut-être commence à sérieusement se lasser de cette attitude, de cette mauvaise foi qu’ont tous les criminels.
Ne serait-il pas plus sage d’avouer, d’assumer ? Il referme la porte derrière lui, croise le regard de Jeff un instant.
« Malik… »
« Je sais, Lieutenant » marmonne l’arabe entre sa fine barbe, « mais pas plus de sept minutes. »
Jefferson a un sourire en coin, et pose calmement sa main sur la poignée de la porte. Au même moment, Malik est derrière le pc qui contrôle la sécurité et surtout l’enregistrement des interrogatoires. Il tend la main et d’un petit mouvement qui semblerait tout à fait innocent, il éteint ce dernier qui affiche sur fond noir « redémarrage en cours ».
Quand il lève les yeux, Jefferson est entré dans la salle d’interrogatoire.
Les yeux d’Ohri croisent les siens, et on sent un instant la tension qui s’installe. L’albanais est comme figé face à la montagne qu’est l’américain. Avec sa gueule à faire peur au croquemitaine, ils se jaugent, mais ça ne dure pas plus de quelques secondes avant que Jeff ne ricane et ne lâche, d’une voix aussi grave que dangereuse :
« Je t’ai manqué, moj brat ? »
Quand il retire sa chevalière, l’albanais s’excite, mais Jeff ne dit rien. Au mieux, il rigole, étendant ses doigts devant lui.
« Nadam se da nećeš plakati. »
Ohri hurle, mais c’est déjà trop tard pour lui.
Le coup est parti.
Assis au bar, devant son Moscow Mule, il est calme. Il a toujours mal aux mains, notamment aux jointures de sa main droite, mais ça va bien mieux que tout à l’heure. Il s’amuse d’ailleurs à ouvrir et à fermer le poing plusieurs fois. Il repense aux dents explosées d’Ohri mais il a du mal à se tenir, du mal à se dire que tout ça, c’est bien réel.
Depuis la mort de Lisna, il vit comme dans un cauchemar sans fin. Chaque matin, quand il ouvre l’œil, il se dit qu’il entendra le rire d’Elie, et Lisna lui dira d’aller voir dans son berceau si elle ne s’est pas enfuie. La petite est vive, faut dire. Elle glisse par tous les trous, dès qu’un barreau n’est pas assez serré, voilà qu’elle gambade.
Qu’elle gambadait.
Il plonge ses yeux sombres dans son cocktail, d’un air presque étonné. C’est vrai qu’il est venu ici pour apaiser son âme, pour abrutir ce corps avec quelques grammes d’alcool. Il est venu à pieds. Il n’a pas peur de prendre la voiture, et puis, il tient bien l’alcool Jeff. Il a l’habitude. A l’armée, c’est comme ça qu’ils se détendaient, surtout à Haïti. Quand ils entraient dans les barraques des « autochtones », parce que c’est comme ça qu’ils les appelaient, pour leur prendre leur ‘ti punch. Il se souvient du sucre sur sa langue, mélangé à son sang quand il se cognait avec d’autres soldats.
Il se souvient, mais c’est lointain. Un vestige derrière la mare de sang.
Quand il porte sa main à son visage, il sent vaguement l’hémoglobine, ce léger, très léger arôme de fer sur ses jointures.
Ça sent la viande.
Trop plongé dans ses pensées, il ne voit même pas son gars – Jack McKenzie – s’approcher. Il reste là, les yeux rivés sur sa chevalière comme s’il la jauger après avoir perdu une pierre, mais non. Y a tout. Y a tout sauf la chaleur de ses mains d’avant, la chaleur des phalanges qui n’ont jamais tuées. Chaleur perdue à jamais.
C’est sa voix qui le sort de ses songes, un frisson lui remonte l’échine.
Pendant quelques secondes, Jefferson a les yeux plantés dans ceux de Jack. Il a l’air un peu con, comme ça, le visage figé et l’air étonné. Comment ça, « trompé de bar » ? Il jette un regard aux alentours, découvrant qu’il n’y a aucune nénette ici, mais c’est aussi pour ça qu’il est rentré. Parce qu’avec sa gueule d’ancien militaire, avec son nez cassé dix fois dans son enfance, il ne risque pas d’intéresser les petits éphèbes et les vieux croulants. Qui pourrait bien vouloir faire l’amour – ou juste baiser – au risque de mourir entre ses doigts dangereux ?
Il a un petit ricanement. Il se détend, soudainement. Même si les autres mecs, les gars, l’apprennent, personne ne douterait de Jeff. Ça lui ait arrivé pourtant. A l’armée, déjà, d’embrasser des mecs derrière une cabane. De se faire agripper le sexe entre deux tonneaux de punch et de se faire pomper le dard, en échange d’une main aidante. C’était une forme de solidarité. Fallait juste pas le dire.
Faut jamais rien dire.
« Je suis venu boire un verre, McKenzie, et je suis en train de… » il lui montre son verre, son Moscow Mule à moitié vide, « boire un verre. Je crois que je suis dans le bon bar, vu qu’ils m’ont servi ce que je voulais. »
Il feint l’ignorant, un instant, parce que soudain ses yeux noirs se plantent de nouveau sur le visage de McKenzie. Jeff n’est pas ambigu quand il le fait. Il est détaché. Inconscient, presque. Il se sent intouchable, ici, et c’est ce qu’il est. Même le videur fait pas sa taille.
« Et toi, t’es venu faire quoi, McKenzie ? Parce qu’en nous, t’as pas d’verre… »
Son sourire, long et fin, est sans équivoque.
Le flic à l’intérieur de la salle d’interrogation fait une drôle de gueule. Il n’a pas l’air d’aimer ce qui se prépare, et il a bien raison. Derrière la vitre, les yeux rivés sur le glace imperméable et opaque, Jefferson Wesson observe en silence le visage de l’albanais qui s’est retrouvé les mains et les poings liés à la chaise où il est assis. Il attend, comme un lion en cage, ses pupilles sombres observent et détaillent le visage du suspect qu’ils ont attrapé un peu plus tôt dans la matinée. En son fort intérieur, quelque chose de plus fort que ça gronde, une envie irrésistible d’entrer dans cette pièce et d’écraser son visage à même le sol, parce qu’il le reconnaît. Il le reconnaît et c’est déjà trop.
Qu’Ohri Nestan soit encore en vie, c’est trop.
« Dis-moi où se cache Neven ou je vais devoir laisser la main à mon collègue. »
L’albanais a un petit ricanement malsain, de celui qui roule sur la langue. C’est peut-être l’accent, mais Jeff s’est toujours dit que ça se ressemble vaguement au ricanement des hyènes.
« L’jeu du gentil et du mauvais flic… ? Pfft… »
Voilà qu’il pouffe de rire.
Lentement, Malik se lève. Il jette un regard à travers la vitre qui signifie clairement « tu peux venir ». Dans la foulée, il attrape sa veste, ramasse son gobelet de café et sort, l’air dépassé par la situation. On dirait un pauvre gars, quand il fait cette tête Malik, la tête du gars qui sait plus pourquoi il fait ce boulot, ou qui peut-être commence à sérieusement se lasser de cette attitude, de cette mauvaise foi qu’ont tous les criminels.
Ne serait-il pas plus sage d’avouer, d’assumer ? Il referme la porte derrière lui, croise le regard de Jeff un instant.
« Malik… »
« Je sais, Lieutenant » marmonne l’arabe entre sa fine barbe, « mais pas plus de sept minutes. »
Jefferson a un sourire en coin, et pose calmement sa main sur la poignée de la porte. Au même moment, Malik est derrière le pc qui contrôle la sécurité et surtout l’enregistrement des interrogatoires. Il tend la main et d’un petit mouvement qui semblerait tout à fait innocent, il éteint ce dernier qui affiche sur fond noir « redémarrage en cours ».
Quand il lève les yeux, Jefferson est entré dans la salle d’interrogatoire.
Les yeux d’Ohri croisent les siens, et on sent un instant la tension qui s’installe. L’albanais est comme figé face à la montagne qu’est l’américain. Avec sa gueule à faire peur au croquemitaine, ils se jaugent, mais ça ne dure pas plus de quelques secondes avant que Jeff ne ricane et ne lâche, d’une voix aussi grave que dangereuse :
« Je t’ai manqué, moj brat ? »
Quand il retire sa chevalière, l’albanais s’excite, mais Jeff ne dit rien. Au mieux, il rigole, étendant ses doigts devant lui.
« Nadam se da nećeš plakati. »
Ohri hurle, mais c’est déjà trop tard pour lui.
Le coup est parti.
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Assis au bar, devant son Moscow Mule, il est calme. Il a toujours mal aux mains, notamment aux jointures de sa main droite, mais ça va bien mieux que tout à l’heure. Il s’amuse d’ailleurs à ouvrir et à fermer le poing plusieurs fois. Il repense aux dents explosées d’Ohri mais il a du mal à se tenir, du mal à se dire que tout ça, c’est bien réel.
Depuis la mort de Lisna, il vit comme dans un cauchemar sans fin. Chaque matin, quand il ouvre l’œil, il se dit qu’il entendra le rire d’Elie, et Lisna lui dira d’aller voir dans son berceau si elle ne s’est pas enfuie. La petite est vive, faut dire. Elle glisse par tous les trous, dès qu’un barreau n’est pas assez serré, voilà qu’elle gambade.
Qu’elle gambadait.
Il plonge ses yeux sombres dans son cocktail, d’un air presque étonné. C’est vrai qu’il est venu ici pour apaiser son âme, pour abrutir ce corps avec quelques grammes d’alcool. Il est venu à pieds. Il n’a pas peur de prendre la voiture, et puis, il tient bien l’alcool Jeff. Il a l’habitude. A l’armée, c’est comme ça qu’ils se détendaient, surtout à Haïti. Quand ils entraient dans les barraques des « autochtones », parce que c’est comme ça qu’ils les appelaient, pour leur prendre leur ‘ti punch. Il se souvient du sucre sur sa langue, mélangé à son sang quand il se cognait avec d’autres soldats.
Il se souvient, mais c’est lointain. Un vestige derrière la mare de sang.
Quand il porte sa main à son visage, il sent vaguement l’hémoglobine, ce léger, très léger arôme de fer sur ses jointures.
Ça sent la viande.
Trop plongé dans ses pensées, il ne voit même pas son gars – Jack McKenzie – s’approcher. Il reste là, les yeux rivés sur sa chevalière comme s’il la jauger après avoir perdu une pierre, mais non. Y a tout. Y a tout sauf la chaleur de ses mains d’avant, la chaleur des phalanges qui n’ont jamais tuées. Chaleur perdue à jamais.
C’est sa voix qui le sort de ses songes, un frisson lui remonte l’échine.
Pendant quelques secondes, Jefferson a les yeux plantés dans ceux de Jack. Il a l’air un peu con, comme ça, le visage figé et l’air étonné. Comment ça, « trompé de bar » ? Il jette un regard aux alentours, découvrant qu’il n’y a aucune nénette ici, mais c’est aussi pour ça qu’il est rentré. Parce qu’avec sa gueule d’ancien militaire, avec son nez cassé dix fois dans son enfance, il ne risque pas d’intéresser les petits éphèbes et les vieux croulants. Qui pourrait bien vouloir faire l’amour – ou juste baiser – au risque de mourir entre ses doigts dangereux ?
Il a un petit ricanement. Il se détend, soudainement. Même si les autres mecs, les gars, l’apprennent, personne ne douterait de Jeff. Ça lui ait arrivé pourtant. A l’armée, déjà, d’embrasser des mecs derrière une cabane. De se faire agripper le sexe entre deux tonneaux de punch et de se faire pomper le dard, en échange d’une main aidante. C’était une forme de solidarité. Fallait juste pas le dire.
Faut jamais rien dire.
« Je suis venu boire un verre, McKenzie, et je suis en train de… » il lui montre son verre, son Moscow Mule à moitié vide, « boire un verre. Je crois que je suis dans le bon bar, vu qu’ils m’ont servi ce que je voulais. »
Il feint l’ignorant, un instant, parce que soudain ses yeux noirs se plantent de nouveau sur le visage de McKenzie. Jeff n’est pas ambigu quand il le fait. Il est détaché. Inconscient, presque. Il se sent intouchable, ici, et c’est ce qu’il est. Même le videur fait pas sa taille.
« Et toi, t’es venu faire quoi, McKenzie ? Parce qu’en nous, t’as pas d’verre… »
Son sourire, long et fin, est sans équivoque.
(c) DΛNDELION
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