YESTERDAY'S NEWS |48
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unholy night
aurora & nina
(eastside, june 2017)
Livrée à elle-même, cette fois c'est pour de bon, quand maman lui a annoncé pleine de dépit qu'elle jetait officiellement l'éponge. Depuis, cohabiter sur le même toit devient un calvaire sans nom et Nina s'est jetée la tête la première dans des affaires douteuses pour s'offrir un semblant d'indépendance, un avenir à consolider. Trop vite, et un peu mal, forcément. Les options sont réduites, quand le sort n'a jamais joué en ta faveur. C'est tellement simple, de tomber là-dedans. Surtout quand personne ne te retient. En deux, trois clics, à vrai dire. Internet est vaste, un nid à désespérés qu'elle a su dénicher comme on trouve la perle rare, qui étaient prêts à donner une grasse somme pour l'exhiber devant des collègues ou simplement rompre à une solitude qui les habitaient pour quelque raison que ce soit. Le tout saupoudré d'un jeu de séduction insipide. Elle s'en est délectée, l'inconsciente, voyant gonfler la somme qui la rapprochait petit à petit de ses rêves. Mais la réalité l'a rattrapée vitesse grand v. Trop nombreux sont ceux qui ne se contentent certainement pas de ta belle gueule et ta capacité à tenir une conversation. D'un flirt ridicule, on passe à des faveurs concrètes. Les attentes ne sont plus les mêmes. Alors elle n'a eu d'autre choix que de se résoudre à monnayer ses charmes pour le bon vouloir de ceux qui souhaitent un tout autre genre de compagnie. Elle s'y est essayée une fois, puis une deuxième. La troisième, c'est pour ce soir et elle peine sévèrement à faire face au miroir pour se préparer. Elle a les idées noires, se sent déjà si sale. Mais l'entrée à l'université est désormais à portée de mains, à quelques centaines d'euros près. La nécessité se fait d'autant plus grande et les prix qu'on lui propose deviennent forcément plus alléchants. Pas le choix gamine, prend sur toi et serre les dents.
Elle s'engouffre dans le salon presque entièrement plongé dans la pénombre, contourne le sofa où maman Singleton est en train de piquer un somme. Emmitouflée dans sa robe de chambre, probablement aidée de quelques somnifères et autres anxiolytiques qu'elle ne prend jamais la peine de doser correctement. Il n'y a que dans ces moments-là, que le calme revient enfin à la maison. Tranquillité factice rompue trop vite lorsque mère et fille ne supportent même plus de se regarder dans le blanc des yeux. Ces derniers-temps, pourtant, le ton n'est plus tellement à la gueulante. L'une comme l'autre se lasse de se heurter à un mur et elles en sont arrivées à s'ignorer.
Elle bouge finalement, semble extirpée de son sommeil. Du moins, elle a les paupières qui papillonnent. L'espace d'un instant, Nina sonde ses yeux vitreux avec intensité. Comme un appel à l'aide, un regard qui crie, empêche-moi d'y aller. Demande-moi où je vais comme ça, hurle, crie, n'importe quoi. Mais sans surprise, aucune réaction de l'intéressée. Dans un gémissement à peine audible, elle se met sur le flanc droit et lui tourne le dos. Et Nina serait prête à s'insulter, d'avoir imaginé ne serait-ce qu'une seconde qu'elle soit suffisamment alerte pour lever le petit doigt. Dans un soupir, elle quitte la maisonnée qu'elle ne compte pas retrouver avant le lever du jour.
“Garçon, un autre.” — “Je ne pense pas que ça soit nécessaire.” Ça lui échappe avant que sa conscience ne la rappelle à l'ordre. Tu es la distraction de la soirée, pas sa putain de mère. Mais c'est plus fort qu'elle, la situation lui est insoutenable. Dans les traits de son client, commencent à se dessiner ceux du père qu'elle craignait tant et qu'elle se tue à oublier depuis toutes ces années. Il a la descente un peu trop facile, déblatère des propos sans cohérence. Fraîchement divorcé, plein de haine, forcément, et l'alcool pour noyer sa médiocrité criante. Il la zieute d'un drôle d'air alors qu'elle a le cran de couper son interminable monologue, avant de reprendre de plus belle. Si bien apprêtés pourtant, comme s'il s'agissait d'une simple virée galante au restaurant, mais une demi-heure a suffit pour que le masque tombe. Il se saoule à une vitesse impressionnante, et c'est bien ce qui la terrorise. Un mauvais pressentiment l'assaille, elle n'arrive même plus à camoufler son expression et lui a l'esprit trop embrumé pour y prêter la moindre attention. Impossible pour elle, de faire semblant plus longtemps. Elle quitte la table, prétextant un passage aux toilettes qu'il n'entend que d'une oreille et se faufile après une brève hésitation d'une démarche pressée en direction de la sortie. C'est suicidaire, mais son traumatisme parle pour elle et lui dicte de prendre ses jambes à son cou. Loin de lui, quoi qu'il advienne.
“Petite conne, où tu crois aller comme ça?” Merde. Merde, merde, merde. Elle panique Nina, et pas qu'un peu lorsqu'elle sent sa main lacérer son bras, à peine fut-elle libérée de la chaleur étouffante du restaurant. Il l'emprisonne sans mal et la plaque contre le mur de la ruelle. Son état lui empêche clairement de songer au fait qu'il est en train de la menacer sur la voie publique. “On a pas fini, tous les deux. Tu vas venir avec moi.” Lâche-moi, connard. Dégage tes sales pattes, tu me files la gerbe. Contre toute attente, rien de tout ça ne parvient à quitter sa trachée. Une boule se forme et vient se loger au creux de sa gorge. Une sensation qui lui est trop familière. La violence paternelle qui se confond dans ses gestes la paralyse, quand elle sent son souffle alcoolisé et son regard fou se poser sur elle.
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@aurora h. kang
(désoooo pour le temps d'attente, je me suis fait avoir comme une bleue en ne sauvegardant pas le rp sur word et du coup... ben j'ai dû tout recommencer. j'espère que ça te conviendra quand même )
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