YESTERDAY'S NEWS |48
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Trois semaines s'étaient écoulées depuis l'accident. Ou plutôt depuis que Tyler s'était réveillé de son coma de trois jours. Trois semaines durant lesquelles il avait vu Casey pratiquement tous les jours, qu'elle venait s'occuper de lui. Même si c'était simplement pour lui donner des anti-douleurs, s'assurer qu'il allait bien et prenait son traitement correctement. Cette visite quotidienne illuminait sa journée. Réprimer ses sentiments n'était pas chose aisée, mais c'était bien nécessaire. Et puis un jour ça finirait bien par passer. Il retournerait à ces bimbos qu'il avait longtemps côtoyé, et il ferait comme si cette époque de sa vie n'avait jamais existé. C'était au moins ce dont il essayait de se convaincre. Cependant une semaine s'était écoulée sans qu'il ne la voie. Ses coupures s'étaient résorbées, et ses côtes fêlées ne lui faisaient plus mal, ce qui laissait à penser que les fêlures étaient elles-aussi réparées. Ce qui rendait le passage de Casey obsolète, à son plus grand malheur. Mais c'était probablement ainsi. Pourtant, chaque jour qui passait, il espérait la voir passer la porte d'entrée, s'amusant encore du quartier, de la taille de la maison, de l'absence de majordome, etc etc Il avait envie de ça, il en rêvait. Mais ces espoirs étaient vains.
Ce jour-là, Tyler avait rendez-vous à l'hôpital pour un contrôle. On allait probablement vérifier ses côtes et la fracture de sa jambe. Adapter le traitement au besoin. Mais au fond il se fichait de tout ça. Tout ce qu'il l'intéressait c'était la perspective éventuelle de tomber sur Casey au détour d'un couloir dans l'hôpital. Il se demandait même s'il ne sillonnerait pas l'hôpital pour "accidentellement" la croiser "par hasard". Alors il paya le taxi et à l'aide de ses béquilles entra dans l'hôpital. Scrutant les visages. Espérant secrètement à chaque brune qui passait. Mais c'est sans la rencontrer qu'il se rendit à son rendez-vous, plus que gênant, avec le Docteur Griffith. Le père de Casey avait tenu à le garder comme patient, ce qui mettait Tyler bien mal à l'aise. Il devait être au courant de la tournure des évènements, et Tyler était loin d'assumer ses actes. Ou ses paroles. Même si au fond il considérait toujours ne pas être le seul en tort, mais bon, de l'eau avait coulé sous les ponts pas vrai ? Après tout ça faisait deux mois qu'il n'étaient plus ensemble. Enfin... 2 mois ou 8 semaines ou 55 jours. Oui, évidemment qu'il avait compté. Cependant le médecin restait professionnel. Tyler décela tout de même de la peine ? Ou de l'énervement ? Bref, des signes qui pouvaient indiquer que Christopher Griffith était préoccupé. Il ne releva pas. Préférant se concentrer sur les mots du médecin: la fracture ne devait pas être aussi grave qu'ils l'avaient pensé, ou alors il avait un métabolisme du feu de dieu. Quoi qu'il en soit, Tyler n'avait plus besoin de plâtre et pourrait repartir de l'hôpital avec une simple attelle. Un véritable soulagement !
Voilà que Tyler se retrouvait avec une simple attelle et bon sang, ça faisait du bien de récupérer un peu de liberté ! Sa jambe était encore toute raide, il avait mal, il boitait. Rien de plus normal apparemment. Il faudrait qu'il marche, en faisant attention à mettre son pied bien droit, et qu'il fasse divers exercices. Mais il verrait ça avec Daphné. Tyler se dirigeait vers la sortie quand soudain, elle. Elle surgit devant lui. Casey."Attention où tu vas, je viens de me débarrasser d'un plâtre j'ai pas envie d'en avoir un nouveau de suite !" s'exclama t-il joyeusement sur le ton de la plaisanterie. Ce que ça pouvait faire du bien de la voir après tout ce temps ! Certes, ça ne faisait qu'une semaine, mais ça lui avait semblé être une éternité..."Comment tu vas ?" Cette question était tellement banale ! Il se sentait stupide.
@Casey Griffith
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Quand Casey avait examiné Tyler une semaine plus tôt et réalisé que ses côtes étaient réparées, elle avait hésité à lui mentir. A lui dire que non, encore quelques jours de plus, pour être sûre, quand même hein, savait-on jamais, 'fallait pas déconner avec ces trucs-là ... Pourquoi ? Parce qu'elle n'avait aucune envie de quitter cette maison. Même si elle était trop grande. Et trop tape-à-l’œil. Et que la brune détonait carrément dans ce nouveau paysage que l'ex-ambulancier s'était construit - trop de vêtements, pas assez de poitrine, pour le dire poliment. Et aussi parce que le jeune homme n'avait pas exprimé l'envie qu'elle reste, non plus. Pour cette raison, elle avait posé le vrai diagnostic et après de rapides adieux sans promesses vaines du genre « on s'appelle », avait refermé la porte derrière elle sans - presque - se retourner. Théoriquement, la rupture aurait dû être consommée de la meilleure des manières après trois semaines passées ensemble sans qu'ils se soient hurlés dessus. Ou arraché leurs vêtements. Aussi fut-elle désagréablement surprise lorsque, le soir-même, elle lorgnait le plafond de sa chambre - encore plus entrevue ces vingt-et-un derniers jours que durant tout le mois précédent -, incapable de trouver le sommeil. Son esprit tournait et retournait les évènements de cette dernière année : son arrivée à la caserne, sa rencontre avec ce coéquipier qu'elle avait détesté au premier abord, l'adrénaline durant leurs interventions en accord parfait, sa vie paisible en-dehors ... Puis, ce soir-là, celui où, sur un coup de tête, elle s'était rendue chez lui. Le soir où tout avait changé. Comme un effet domino, elle était passée de la plus crasse insouciance à devoir prendre des responsabilités. Il ne s'agissait plus seulement de payer des factures pour que la maison reste habitable ou de respecter sa hiérarchie ; non, aujourd'hui, elle avait dû se confronter à son passé avec le retour de Mike, accepter que Sonja avance sans elle, observer Carl tourner le dos à leur famille sans broncher, trouver un job, un vrai - selon son père -, où elle pouvait espérer un avenir et, bien sûr, composer avec la seule séparation amoureuse qui l'ait vraiment touchée. Peu de temps, beaucoup de choses. Si aucun SSPT ne se profilait à l'horizon, il n'en demeurait pas moins que cette accumulation lui restait sur l'estomac.
Une semaine plus tard et un sommeil heureusement retrouvé, ses idées étaient plus claires. Par un miracle digne de cette manifestation d'un Dieu qu'elle ne priait plus du tout, elle était même parvenue à ne plus penser à Tyler qu'une fois par jour. Un beignet lâchement abandonné dans le frigo de la salle de repos suffisait généralement à endiguer cette marque de faiblesse. Remplacer un plaisir coupable par un autre lui semblait un bon crédo. D'ailleurs, l'un d'eux était coincé entre ses dents tandis qu'elle filait à travers le hall de l'hôpital. Sans regarder devant elle, évidemment, les yeux rivés à son bloc-notes. Le Dr Griffith attendait le compte-rendu de ce patient depuis une heure. Elle allait prendre cher. « Pardon ! Excusez-moi, j'ai pas ... » Elle s'était arrêtée juste à temps pour ne pas foncer dans un type. Mais pas n'importe quel type. « ... Ou peut-être que si, j'ai fait exprès, va savoir. » répondit-elle sur le même ton, un large sourire aux lèvres. Le donut, lui, s'était écrasé par terre. Bizarrement, elle ne le regrettait pas. « Je vais très bien ! Et toi ? On se remet, à ce que je vois. » Elle lorgna du côté de sa nouvelle attèle. Elle était aux anges. Tellement qu'elle n'avait pas remarqué qu'elle lui offrait son plus beau sourire, certes, mais barré de glaçage au chocolat.
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Quelles étaient les chances qu'il la croise par hasard ? Bon, ok les dés étaient légèrement truqués. Il ne l'avait certes pas cherchée comme il avait voulu le faire, mais il ne s'était pas non plus empressé de rejoindre la sortie... Tout comme il avait accepté de rester dans cet hôpital, de continuer à se faire soigner ici, là où elle bossait, plutôt que de faire transférer son dossier médical dans un autre hôpital ou une quelconque clinique spécial riches. Il aurait pu. Mais à vrai dire l'idée ne l'avait même pas effleuré. Et voilà qu'à présent ils se retrouvaient face à face, dans un foutu couloir d'hôpital."Bah écoute super, prêt à danser la gigue comme tu vois. Enfin presque !" s'exclama t-il, lâchant même un petit rire. Est-ce qu'ils étaient vraiment en train de discuter et rigoler ensemble comme si de rien n'était ? Bon, certes la complicité d'antan n'était pas retrouvée, mais comparé aux derniers mois, c'était quand même une amélioration considérable !"Et je vois que les habitudes ne changent pas... Tu as un peu de chocolat juste... un peu partout en fait !" Casey et la nourriture. Au moins c'était une chose immuable, quelque chose qui, peu importe les conditions, ne changerait jamais. Et Tyler se surprit à sourire comme un véritable idiot à cette pensée. Parce que oui, il adorait ce trait là de sa personnalité. Et le fait qu'elle devait être probablement détestée par toute la gente féminine à s'empiffrer de tout et n'importe quoi et de rester aussi canon. Mais il fallait revenir les pieds sur Terre. Il ne manqua pas de remarquer le bloc-notes qu'elle tenait entre ses mains."T'as l'air occupée je voudrais pas... te retenir." Pourquoi est-ce que ces mots semblaient avoir une dimension différente maintenant qu'il les avait prononcés ? Peut-être parce que c'était le cas ? Pourtant il n'avait pas voulu dire ça. Bien sûr qu'il l'aurait retenue s'il avait pu. Tyler soupira. N'avait-il pas décidé d'arrêter de se poser des questions sans arrêt ? De simplement être lui-même et d'arrêter de s'en faire pour tout et rien en sa présence ? Il était temps qu'il se tienne à ses résolutions."Ça te dirait d'aller boire un café un de ces quatre ? ... Puis, j'te dois un donut en plus à ce que je vois. Je voudrais pas avoir une dette envers toi, surtout si ça implique de la bouffe !"
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Aurait-elle voulu le faire exprès qu'elle n'aurait pas réussi. Tomber sur lui alors que visiblement, il sortait de rendez-vous et elle, d'une chambre où un patient aviné avait tenté de lui coller une main aux fesses, ce n'était pas prévu au programme. Du tout. Est-ce que c'était Tyler qui avait provoqué la chance ? Arrête un peu tes conneries, t'es ridicule s'admonesta-t-elle. Non, décidément, une nouvelle semaine de séparation n'avait rien changé. Elle se faisait toujours des illusions débiles, sorties d'aller savoir où. Se découvrir midinette à vingt-sept ans révolus quand on avait passé la décennie précédente à vivre chaque histoire au jour le jour, ça virait à la stupidité pure et simple. « Évite la country quand même, il paraît que c'est mauvais pour les appuis ! » Et elle continuait de sourire à s'en faire des crampes. Si encore elle se forçait, histoire de donner les change, sauf que ... Non. Elle était vraiment contente de le voir. Beaucoup trop contente. Heureusement que sa maladresse légendaire se chargea de lui effacer quelque peu ses airs benêts. Un poignée de secondes seulement. « Hein ? Oh ! Merde ! » Il lui avait fallu une demi-seconde pour comprendre de quoi il parlait et tenter, à l'aide du dos de sa main, d'effacer les traces de son forfait. Là encore, elle aurait dû se sentir ridicule. Sans succès. Probablement parce qu'elle n'était pas habituée à avoir honte de grand-chose, particulièrement en présence de Tyler. Disons qu'il la connaissait sous tous les angles. Et à peu près toutes les positions. Commence pas. Vraiment. « J'avais juste un petit creux et tu sais ici, c'est comme à la caserne, il faut sauter sur la dernière part avant que quelqu'un le fasse pour toi ! » Ce qu'elle lui manquait, la caserne. Et lui aussi. Mais bordel, Griffith, t'as quel âge ?! Elle fut gré à son ex-coéquipier de changer de sujet. Bien que ce dernier lui fut tout à coup beaucoup moins agréable. Le dossier, pour son père, le chef, qui allait lui faire passer un sale quart d'heure si elle ne se bougeait pas dans les trente secondes à venir ... « Ouais, je devrais ... Enfin, je dois ... » marmonna-t-elle, une légère moue déformant sa bouche encore tachée. Oui, elle devait. Elle avait un job. Des responsabilités. Pourquoi l'oubliait-elle juste parce qu'il était dans les parages ? "Ça te dirait d'aller boire un café un de ces quatre ? ... Puis, j'te dois un donut en plus à ce que je vois. Je voudrais pas avoir une dette envers toi, surtout si ça implique de la bouffe !" Un rire, cette fois. « Te sens pas obligé ! Et puis, Tyler, je ... » « L’INFIRMIÈRE GRIFFITH EST DEMANDÉE DANS LE BUREAU DU DOCTEUR GRIFFITH. L’INFIRMIÈRE GRIFFITH EST DEMANDÉE ... » « OUI JE L'AVAIS DU PREMIER COUP MERCI. » gronda-t-elle à l'adresse du haut-parleur qui l'avait interrompu, faisant se retourner une demi-douzaine de têtes perplexes, alors qu'elle s'apprêtait à la jouer raisonnable, genre vraiment, pour dire que c'était peut-être pas une bonne idée, ou encore que ohlala, elle hyper était occupée ces temps-ci ! on se tient au courant, t'en penses quoi ?. Elle en revint à Tyler, son sourire retrouvé. « Je disais donc que je ... Termine ma garde à 21h. » Ah non, c'était pas ça ! Elle n'était pas supposée dire ça ! Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Idiote. Décérébrée. Tentative de fuite. Elle s'éloignait déjà vers le couloir, à reculons, l'air franchement désolée. « Il faut vraiment que j'y aille ! Ce soir ? Dès que j'ai fini ? Dis-moi où, je te rejoindrai ! » Il fallait vraiment qu'elle se retourne maintenant, au risque de cette fois provoquer un accident, mais avant, elle voulait sa réponse. Le sens des priorités. Toujours.
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Tyler n'arrivait pas à croire qu'il l'avait invitée à sortir. Oui, comme dans ces stupides films à l'eau de rose ou comme quand Jake invite Brandi parce... merde non, assez avec les soap opéra. Sa vie était loin d'être un soap. Quoique... quand on y pense... Une mère nympho complètement folle, des beaux pères pires les uns que les autres, un gamin qui traîne avec des mecs qui font des courses de voiture, le même gamin qui fait des courses de voiture pour payer ses études de médecine, qui finalement finit par suivre une formation pour devenir ambulancier où il passe plusieurs années avant de rencontre une femme qui chamboule sa vie. Et merde. Oui, sa vie était le soap-opéra le plus dramatique qui soit. Et il était temps de changer ça. Plus de drama, c'était terminé. Plus de "je la trompe, on se quitte et je m'encastre dans un camion après l'avoir vue avec un autre qui finalement n'est absolument pas son mec". Non mais quelle idée aussi ! Tyler s'était fait une promesse: ne plus se prendre la tête, être simplement lui-même, et malgré le fait que ce soit compliqué en présence de Casey, il ferait un effort. Pour au moins ne pas tout gâcher comme il l'a toujours fait. Mais ça aurait quand même été plus simple de l'éviter...
Pourtant, à partir du moment où Casey avait accepté de sortir, il s'était mis à faire le décompte des minutes mentalement. Et presque à stresser en se disant qu'il devrait probablement s'apprêter un peu. Ridicule. Reprends toi mec ça devient pitoyable là. Il avait répondu un simple "Super on fait comme ça" et puis était rentré chez lui prendre une douche et enfiler un simple jean et un tee-shirt, puis après avoir maté du sport à la télé -bon ok, le soap mais c'est un plaisir coupable...- il était parti pour la chercher. Enfin, il avait été déposé par le taxi devant l'hôpital pour l'emmener à deux pas dans un coffee shop pas loin de l'hôpital. Nope, toujours pas le droit de conduire. Foutu accident à la con. De toute façon Baby était pas prête à rouler de nouveau. Enfin le garagiste devait avoir fait son boulot, mais elle était mieux dans le garage, bien au chaud."Alors ta journée c'était comment ?" Belle façon - pourrie - d'entrer en matière. Il était pourtant doué avant pour parler aux gens. C'était un mec charismatique d'ordinaire ! Avec elle il se sentait idiot."J'suis pas sûr que je survivrais dans un hôpital. Enfin j'veux dire que... y a l'air d'y avoir un maximum d'agitation, je saurais pas où donner de la tête." Oui, vas-y mec, enfonce-toi.
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Évidemment, le « docteur Griffith qui demandait l'infirmière Griffith » lui avait passé un savon pour son retard. Et parce qu'ils étaient sur leur lieu de travail et non dans le salon familial, elle avait dû platement s'excuser et retenir les sarcasmes passifs-agressifs qui menaçaient, à chaque réplique du même ton de son père, de franchir ses lèvres. Du reste, sa garde s'était déroulée sans heurts - au sens propre comme au sens figuré. Un peu étonnant dans la mesure où elle avait eu l'impression d'être à côté de ses pompes durant les heures la séparant de son « rendez-vous » avec Tyler. D'ailleurs, est-ce qu'elle devait appeler ça un « rendez-vous » ? Comme « deux personnes qui se plaisent décident de se retrouver quelque part pour parler de la pluie et du beau temps » ? Non, mieux valait éviter. Et la dénomination stupide et ... Juste le fait d'y penser en ces termes, en fait. C'était pour le mieux. C'était ainsi qu'il fallait agir, parce qu'elle avait déjà sacrément merdé en acceptant qu'ils se revoient sans prétexte - aussi fallacieux soit-il que lui plâtré et elle, vivant à moitié chez lui soit-disant pour veiller sur sa guérison. Ils iraient donc juste prendre un verre. Voilà.
« J'aurais pu te rejoindre directement là-bas, tu sais. » avait-elle avancé alors qu'ils se retrouvaient devant l'hôpital. Ça l'ennuyait qu'il ait fait plus de marche que nécessaire, avec son attèle toute fraiche. L'avantage de ne pas avoir prévu cette rencontre, c'est qu'elle avait dû se contenter des vêtements qu'elle avait dans son casier. Un jean, un tee-shirt et les cheveux encore humides de la douche qu'elle avait pris en vitesse avant de quitter les vestiaires. On avait fait plus sexy. Au moins, on évitait un énième malentendu. Ils s'installèrent dans le coffee-shop - là encore, pas d’ambiguïté, quand il avait parlé d'un café, elle avait droit à un café, ce qui, elle tentait de s'en persuader, lui convenait très bien. Son gobelet entre les mains, elle leva le nez alors qu'il l'interrogeait sur son nouveau boulot à l'hôpital. « Personne ne m'a vomi dessus, c'était donc une journée pas trop pourrie ! » répondit-elle dans un premier temps, souriant avec un détachement qu'elle était loin de ressentir. Maintenant qu'ils ne se retrouvaient pas par hasard, mais bien parce qu'ils l'avaient convenu, elle faisait beaucoup moins sa maligne. « Oui, les urgences, c'est ... Animé, évidemment. Après, je suppose que j'ai eu l'habitude. Sauf que quand je vais me coucher, j'ai pas plein de sable dans mon sac de couchage. Ah, et y a pas la clim' dans le désert non plus. Autant te dire que L.A gagne haut la main !» Sans surprise, elle avait, en plus de sa boisson, commandé un donut. Elle ne s'était toujours pas remise de celui gâché un peu plus tôt. Il fallait lui faire honneur. Elle croqua dans la pâtisserie et une fois qu'elle eut dégluti, reprit : « Et toi, alors ? C'était comment cette dernière semaine sans ton infirmière préférée ? » C'était fou comme à chasser le naturel, il revenait au galop. Imbécile.
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En y réfléchissant bien, c'était la toute première fois que Tyler et Casey se retrouvaient, comme pour un... rendez-vous. Non, ça n'en était pas un. Mais Tyler avait invité Casey. Et Casey avait dit oui. Puis Tyler était allé la chercher à l'hôpital. Ce n'était peut-être pas un rendez-vous, mais en tout cas, ça y ressemblait."T'inquiètes, il faut que je marche de toute façon, ça fait partie de la rééducation." avait-il répondu quand Casey avait eu l'air de s'inquiéter de le faire marcher plus que nécessaire. Mais au fond, rééducation ou non... ça n'aurait pas changé grand chose. Tyler aurait quand même fait le déplacement jusqu'à l'hôpital. Et voilà qu'ils se retrouvaient dans un coffee-shop. Au moins il se tenait avec ce qu'il lui avait dit: un café, un donut. Il n'y avait absolument aucune ambiguïté là-dedans, pas vrai ? Ou en tout cas beaucoup moins que dans un verre de tequila. C'est sûr qu'avec un donut, ils auraient moins tendance à aller s'arracher leurs fringues dans les toilettes. Enfin, pas que ce soit une idée sur la table. "Reprends-toi Alcott." Il lui parla alors de l'hôpital, seul sujet qui lui était venu à l'esprit, et parce que ça valait sûrement mieux que toutes les pensées lubriques parfaitement déplacées qui pouvaient lui passer par la tête. Sauf qu'il avait fallu qu'elle mette les pieds dans le plat. Il ne pouvait décemment pas répondre qu'elle avait illuminé chacune de ses journées en venant le voir, et que chaque jour passé sans qu'il ne la voie avait presque été une torture. Oui, c'était un peu fort comme ressenti. Mais ça avait toujours été comme ça entre eux: tout ou rien. Enfin, maintenant c'était trop tard. Tyler n'avait plus qu'à revêtir un rôle qui ne pouvait pas le rebuter plus: celui d'un ami."Horrible ! Tu n'imagines même pas le nombre de fois où je me suis perdu dans la baraque !" lâcha t-il en laissant un petit rire factice lui échapper. Il but une gorgée de café, se convainquant que cette "sortie" - parce qu'il refusait d'appeler ça un "rendez-vous" - était une mauvaise idée."Non bah écoute ça va pas trop mal. Et puis c'est pas maintenant que j'ai plus mon plâtre que je vais me plaindre ! Sans vouloir te vexer, j'suis content de pas avoir à revoir ton père avant un moment... Enfin, je sais pas si c'est... à cause de moi ou si, enfin je sais pas, mais il avait pas l'air dans son assiette." Oui bravo Alcott, parle lui de son père, rappelle lui votre rupture et la rencontre désastreuse avec sa famille. Bien joué. T'es trop con putain. Tyler se plongea alors une nouvelle fois dans son café, cherchant autre chose à dire histoire de pas envenimer les choses.
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Inconsciente qu'il jouait un rôle autant qu'elle, elle ne retint pas un petit sourire satisfait alors qu'il lui répondait. « L'avantage, c'est qu'avec tes béquilles, ça a dû te faire les bras ! T'as pas tout perdu ! » se moqua-t-elle aussitôt. Avant de réaliser qu'une fois encore, une toute petite phrase, un minuscule trait d'humour qui n'aurait eu aucune incidence encore quelques mois auparavant, sonnait tendancieux. Parce qu'évidemment, il ne lui en fallu pas plus pour lorgner du côté des bras en question et que tout un tas de scènes lubriques lui viennent en tête. La plupart avec l'écho de souvenirs particulièrement agréables. L'infirmière pensa une demi-seconde à cacher son embarras dans une nouvelle bouchée de pâtisserie, mais heureusement, Tyler eut le bon goût de changer de sujet. Enfin, « heureusement » ... Tout était vraiment très relatif. Disons que c'était moins pire. « Tu me vexes pas, va. Il est aussi aimable qu'un gardien de prison ces derniers temps. Mais ça a rien à voir avec toi. Il t'aime bien. » C'était sorti tout seul, sans qu'elle y pense. Qu'importe que ce fut la stricte vérité, l'ex-ambulancier n'avait sûrement pas envie de l'entendre. « C'est ... C'est Carl. Il a pas remis les pieds chez mes parents depuis cette fête catastrophique. Il a simplement appelé ma mère pour lui dire qu'il devait faire un choix entre nous et ... elle et ... Comme tu t'en doutes, on a perdu. C'est difficile pour eux. » Ses doigts se resserrèrent autour de son gobelet. Casey, que peu de choses semblaient réellement affecter, était plus que troublée par la distension de sa famille. Elle aurait préféré se crever un œil que de l'avouer, toutefois, son débile de grand-frère lui manquait. Étrange qu'elle en parle aussi facilement à Tyler, quand elle avait refusé de s'ouvrir sur le sujet avec Trish, Mike, ou même Sonja. Malgré ce qui s'était passé entre eux, tout était toujours plus facile avec lui. Elle lui adressa un nouveau sourire, plus teinté de mélancolie cette fois-ci. «Tu vois, avant ... J'étais celle qui était partie. J'avais pas à m'inquiéter pour mes proches, je les pensais en sécurité dans leurs maisons à L.A. alors qu'eux, ils devaient se demander si un jour, un truc me pèterait pas à la tronche. Et je me rends compte que depuis que je suis rentrée, j'ai appris à avoir peur. Le vraie peur. Pas celle de mourir, mais qu'il arrive quelque chose aux gens que j'aime. » Elle osait à peine le regarder. Ce n'était pas le genre de discours qu'elle tenait tous les jours, prononcé avec un tel sérieux et un large fond de tristesse. Elle ne pouvait pas non plus lui avouer que cette terreur dont elle parlait, elle avait commencé à la ronger après la défection de son aînée et qu'elle ne pouvait plus y échapper depuis que son interlocuteur ci-présent avait failli trépasser sous les roues d'un camion. « Je pense que ... » Elle buta sur la fin de sa phrase, ses ongles tapotant sur le bois de la table. Comment annoncer ça ? Alors que ça allait le rendre réel ? Et qu'au fond, elle craignait sa réaction. « Je ne pense pas, je vais. J'y ai bien réfléchi, je vais repartir. » En parlant de bombe, elle venait d'en lâcher une belle. Sans grand espoir de ne pas faire de dommages.
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