YESTERDAY'S NEWS |48
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credit to monkey roads | MILLION REASONS I bow down to pray - I try to make the worst seem better - Lord, show me the way to cut through all his worn out leather - I've got a hundred million reasons to walk away - but baby, I just need one good one to stay |
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STARRING @DINO LUCIANO |
Mon iPhone vibre alors que je suis en train d’appliquer du lacquer rouge sur mes lèvres. Je fronce les sourcils, surprise, quand je vois le prénom de mon frère apparaître sur l’écran. N’est-il pas lui aussi en train de se préparer pour cette fête qui s’annonce épique ? « Buona sera mia cara sorella. Vieni a cenare con me? » Visiblement, non. J’ai une moue qui se dessine presque instantanément, me demandant précisément quel est le but de ce texto. Je sais qu’il est au courant pour la soirée. Qui à l’université n’est pas au courant ? Absolument personne. Même certains professeurs sont au courant, et ont même promis de venir faire un tour. C’est bien plus qu’une soirée standard avec beuverie, fumette et sexe à laquelle je ne participerai pas. C’est réellement une soirée énorme sur le campus pour que tout le monde puisse se mélanger. Et visiblement, l’aîné Luciano ne tient pas à se mélanger ce soir. Assise à ma coiffeuse dans ma serviette, iPhone entre les mains, moue boudeuse sur les lèvres, les cheveux encore humides sur mes épaules nues, je contemple l’idée de refuser. Parce que j’ai promis d’aller à cette fête. Parce que je sais que je pourrai m’y amuser. Mais, la seule chose qui me vient en tête, serait la réaction de Leopoldino si je venais à refuser son invitation. On ne se voit plus aussi souvent qu’avant, parce qu’on a chacun notre vie, bien remplie. Les études. Son implication dans les affaires familiales. Je souffle, signe d’abdication, les doigts qui s’agitent sur l’écran. « Va bene, sto portando il cibo. Arrivederci. » Pas besoin d’en rajouter, car j’avoue être plutôt frustrée de la situation. Un détour pour aller chercher du take-out, puis jusqu’à son appartement le temps de dîner va fortement retarder mon arrivée à la soirée. D’ailleurs, je m’emploie déjà à signaler à ma camarade d’amphi que j’arriverai en décalé. Pourtant, j’ai le très sincère sentiment, au plus profond, que ce cher Leo va faire en sorte que le dîner s’éternise, encore et encore. En attendant, coup d’œil par dessus mon épaule : j’hésite un instant sur ma tenue. Malgré tout, j’enfile quand même ma petite robe noire probablement trop courte. Pourquoi perdre du temps à aller me changer, alors que je compte rapidement aller à cette soirée ? Et pourquoi ne pas y traîner Dino par la même occasion… Par contre, par manque de temps, je ne vais pas avoir d’autre choix que de sacrifier la fin de ma préparation et laisser mes cheveux sécher et onduler comme des grands. Perfecto en cuir sur les épaules en un temps record, je suis dehors aussi vite que mes escarpins le permettent. Par chance, le chauffeur du Uber est plutôt cool et ne ronchonne pas de m’avoir attendu quand je grimpe pendant qu’il me tient la porte. Il va me détester maintenant que je lui demande de me déposer en plein cœur de LA un samedi soir. C’est sûr. Mais, je ne peux pas rapporter n’importe quoi à Leo. Bien sûr que non. Il faut bien que j’essaye de l’avoir par les sentiments si je veux pouvoir sortir après sans trop d’encombres. Un stop aussi express que possible au Madeo Restaurant qui est déjà complet. J’ai déjà perdu pas loin d’une heure, mais j’ai de quoi nourrir un régiment –sait-on jamais, si Vincini venait à échouer chez Dino parce qu’il n’a pas trouvé mieux que de venir squatter et profiter. Nouvel Uber, et j’arrive enfin chez Dino. J’ai l’impression d’avoir déjà perdu un temps fou, alors que j’ai fait aussi vite que possible. Coup d’œil sur ma montre, et la soirée est déjà terriblement brûlée. J’ai les mains chargées des sacs qui contiennent les victuailles, la chaîne de mon sac qui tient en équilibre précaire sur le bord de mon épaule. Je pourrai entrer comme si j’étais chez moi. Il ne dirait sûrement rien. Mais, pour le coup, je le respecte trop, et je respecte encore plus son intimité, sa vie pour ça. Et puis, je ne sais pas quoi ou qui je peux trouver derrière cette porte, alors, dans le doute, je tape doucement de mon pied dans la porte d’entrée. Mon pied retrouve tout juste le sol, et moi l’équilibre que la porte s’ouvre. Et, d’instinct, j’ai un sourire radieux sur les lèvres à la vue de mon frère préféré. « Bonsoir Leo. »
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million reasons
► Mona & Dino ► mars 2018 ►ambiance
Assis sur le banc de la faculté, les yeux vides de Dino Luciano dévisagent tous les passants, les badauds qui se perdent sur le campus et qui ne parlent que d’une chose en ce début d’après-midi : la fête. La super fête qui se prépare et qui fera parler d’elle-même dans cent ans qu’on dit, mais lui n’y croit pas. Déjà parce que dans cent ans, aucun des gamins qu’ils sont n’existeront, et ensuite parce qu’il y aura l’année prochaine une autre fête à ne pas rater, et l’année suivante, encore une… et ainsi de suite, jusqu’à que la surenchère cesse et qu’on se dit que finalement, les fêtes c’était pas si bien que ça.
Assis sur ce banc, il n’a pas envie d’aller à cette fête, mais ce qui le gêne le plus, c’est que Mona y aille. Il sait bien qu’elle voudra y aller, qu’avec ses grands yeux on l’aura au moins invité trois fois avant même qu’il ne soit mis au courant. Elle ira s’il ne fait rien. Elle ira, suivi par tous ces crèves la dalle qui renifleront son cul de petite vierge. Elle n’y connaît rien, Mona, elle est trop gentille, trop belle pour toutes ces conneries.
Et surtout, elle n’est qu’à lui.
* *
*
*
Il y a toujours, sur sa route jusqu’à chez Livio, cette pâtisserie tenue par un arabe. En temps normal, il n’y a qu’une pâtisserie qui trouve grâce aux yeux de Dino Luciano, c’est celle à deux rues de chez lui. Elle est tenue par un « ami » de la famille, un vieil homme qui met toujours tout son cœur dans tout ce qu’il fait. Un homme fidèle. Mais cette pâtisserie tenue par un arabe, elle a un nom qui irait bien à Mona, à sa bouche en forme de cœur et à ses yeux d’amande. « Faërie Cake », c’est étonnant et drôle à la fois, alors il ne résiste pas et encore aujourd’hui il passe la porte.
Il prend deux tartelettes aux fraises soupoudrées par quelques délices dont il n’a pas le nom, et il repart alors, en silence. Son appartement est bien plus loin, mais en voiture, il ne met seulement que quelques minutes à se garer et à monter l’étage qui le sépare du rez-de-chaussée.
A l’intérieur, le silence est complet. Il n’y a personne, c’est normal.
Sauf peut-être un chat qui somnole mollement sur le canapé noir, qui s’étire à peine Leopoldino dans la pièce mais ne se lève pas pour autant. Purcival est un feignant. C’est un chat d’appartement, mal entraîné, pénible et exigeant avec tout, mais surtout avec sa pâtée.
Quand il renifle les tartelettes aux fraises, il se redresse malgré tout, approche vivement, ses moustaches frémissent sur ses pommettes rondelettes.
« N’y pense même pas. »
Il le pousse du bout du pieds, plie sa veste, la range et finalement s’installe calmement dans le grand canapé qui fait un arc de cercle dans le salon. Il soupire alors que son téléphone vibre à cause de la fête. On doit l’appeler de toute part. On doit se demander où peut bien être Dino. Quand il l’attrape finalement pour le mettre en silencieux, son regard accroche le nom de Vincini.
Vitto lui envoie un « tu as Mona avec toi ? » suivi d’un smiley qui se moque.
Il le verrouille et le repousse plus loin.
Est-il si prévisible ?
Au bout d’un moment, quelqu’un toque à la porte.
Il se lève calmement, sait d’avance qu’il s’agit de Mona mais il est méfiant, prudent comme on ne peut l’être que dans ce métier. Alors forcément, sa main gauche glisse dans son dos, ses doigts s’enroulent au contact du métal rassurant d’une crosse d’un .22 millimètre. Il s’arrête un moment, regarde dans le judas avant d’ouvrir – enfin.
« Bonsoir Leo. »
Le sourire qui dévore le visage de Léopoldino est unique en son genre, unique car fragile. Il lève doucement les mains, entoure son visage au creux de ses paumes et il se penche pour embrasser son front avec une douceur qui n’existe que pour elle.
« Buona sera, mio dolce… »
Il ose un murmure avant de l’aviser, de la tête aux pieds. Son œil avisé remarque qu’elle est apprêtée, mais il ne fera aucune remarque. Il attrape quelques courses, la libérant, et la laisse entrer finalement dans l’appartement après seulement avoir pris jusqu’au dernier des sacs.
« Tu as pris de quoi manger pour un régiment. »
Il pose certains sacs sur la table, avec un sourire en coin. Quand il la fixe du coin de l’œil, ses iris sont comme deux poignards. Il est jaloux, Dino, plus jaloux que la mort elle-même, plus jaloux qu’un Adonis sombre.
« Tu comptais inviter quelqu’un ? »
Air innocent.
Si son sourire est d’une douceur incroyable, ses mots, eux, ont le piquant du venin.
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STARRING @DINO LUCIANO |
Le sourire de Leopoldino est rare, et bien souvent, il m’est réservé. Et je ferme volontiers les yeux quand ses mains viennent cajoler mon visage, pour lui permettre de mieux poser ses lèvres contre mon front. C’est probablement la plus douce sensation du monde, la plus réconfortante aussi. J’en oublierai presque que je suis plus ou moins en rogne contre lui de me faire louper le début de cette soirée. D’ailleurs, lui, il ne l’a jamais oubliée, cette soirée. C’est le coup d’oeil qu’il me lance qui me met sur la piste et surtout me confirme le sentiment que j’avais au plus profond : l’invitation n’était pas innocente. Et malgré ça, je l’aime beaucoup trop pour continuer à lui en vouloir plus que de mesure. Alors, c’est le sourire sur les lèvres que je le laisse me débarrasser des sacs de take-out avant de le suivre dans son antre. Mon sac glisse sur le cuir de ma veste, tandis que je le pose sur une chaise, avant de n’entreprendre de me dévêtir un peu, histoire de pas mourir de froid quand je vais repartir. Appliquée à lisser le cuir sur le dossier de la chaise, je tourne lentement la tête à la question de mon aîné.
Dans son regard, je vois tous les sentiments qui se bousculent, mais, celui qui se dessine en premier, c’est celui de la jalousie. Il a les yeux noirs, Lucky Luciano. Quiconque rencontrerait son regard maintenant ne serait certainement pas chanceux, d’ailleurs. Et j’ai bien la sensation que le moindre son qui sortira de ma bouche fera monter l’orage un peu plus vite dans ses prunelles. Contre toute attente, je réponds. « Non. Mais, je me suis dit que Vitto serait peut-être là, à squatter comme bien souvent. Je me suis dit aussi, qu’il était probable que Tadeo soit invité, que tu voulais peut-être profiter d’un dîner avec nous avant d’aller à la soirée du campus. » Et c’est la stricte vérité. J’ai aussi pensé que quelques restes ne seraient jamais de trop, un peu comme une mamma qui refile à son fils « les restes » aka tout ce qu’elle a préparé pour lui, pour être sûr qu’il ne meurt pas de faim. Ça, par contre, je me garde bien de lui dire, parce que je ne suis pas persuadée qu’il le prendrait bien. Histoire de fierté, d’égo, le cliché de l’italien. J’approche de lui, tactile comme à mon habitude. Notre relation ressemble à de la soie. C’est doux et magnifique, riche à porter, et ça ne va pas à tout le monde. La réalisation en est complexe. Parfois, il suffit de peu pour la chiffonner et la rendre un peu moins belle, d’un mouvement à peine esquissé pour la faire glisser. Mes bras glissent autour de sa taille, et je me réfugie contre lui sans pudeur. Il est le seul de mes frères avec qui j’ai une relation aussi profonde et complexe, aussi délicate.
Ma relation avec Tadeo est plus simple. Je le materne beaucoup -trop- ce qui ne nous empêche pas d’être complices, de nous entendre de façon égale. Une relation frère-soeur ordinaire, comme si rien n’avait jamais entaché nos vies, comme si notre famille ressemblait à toutes les autres. A l’opposé, celle avec Vincini est en dents de scie, conflictuelle puis harmonieuse. Elle évolue comme les quatre saisons, selon ses passions, ses humeurs. Leopoldino, lui, est ma seule constante. Un repère fixe, comme un astre ou une étoile. La complexité poussée à l’extrême pour tout le monde, sauf nous. C’est très probablement un peu de la relation fusionnelle que j’aurai partagée avec Nina, ma jumelle, si elle était encore là. Un peu de la relation protectrice et possessive que j’aurai eu avec mon père.
« N’être qu’avec toi, c’est bien, aussi. » Une confession du bout des lèvres contre la peau de son cou maintenant que ma joue repose contre son épaule. Je ferme les yeux, juste pour en profiter un instant parce qu’il est rare que nous ne soyons que lui et moi. Rare, au point où je ne m’en souviens pas. Je me détache doucement, et marque un temps d’arrêt quand ma main effleure la bosse en métal dans son dos. Je fronce les sourcils doucement, la moue qui s’installe automatiquement sur mes lèvres. Je sais exactement ce que c’est, sans avoir besoin d’y réfléchir réellement. Et je ne sais pas ce qui me perturbe le plus, le fait que je le sache, où que ça soit presque normal bien que je refuse de m'y faire. « Tu attendais quelqu’un d’autre? » La question n’accuse personne, et est sincèrement curieuse. Leo et son tempérament. Et si, finalement, la soirée s’annonçait plus corsée que prévue avec des invités pas forcément les bienvenus?
Dans son regard, je vois tous les sentiments qui se bousculent, mais, celui qui se dessine en premier, c’est celui de la jalousie. Il a les yeux noirs, Lucky Luciano. Quiconque rencontrerait son regard maintenant ne serait certainement pas chanceux, d’ailleurs. Et j’ai bien la sensation que le moindre son qui sortira de ma bouche fera monter l’orage un peu plus vite dans ses prunelles. Contre toute attente, je réponds. « Non. Mais, je me suis dit que Vitto serait peut-être là, à squatter comme bien souvent. Je me suis dit aussi, qu’il était probable que Tadeo soit invité, que tu voulais peut-être profiter d’un dîner avec nous avant d’aller à la soirée du campus. » Et c’est la stricte vérité. J’ai aussi pensé que quelques restes ne seraient jamais de trop, un peu comme une mamma qui refile à son fils « les restes » aka tout ce qu’elle a préparé pour lui, pour être sûr qu’il ne meurt pas de faim. Ça, par contre, je me garde bien de lui dire, parce que je ne suis pas persuadée qu’il le prendrait bien. Histoire de fierté, d’égo, le cliché de l’italien. J’approche de lui, tactile comme à mon habitude. Notre relation ressemble à de la soie. C’est doux et magnifique, riche à porter, et ça ne va pas à tout le monde. La réalisation en est complexe. Parfois, il suffit de peu pour la chiffonner et la rendre un peu moins belle, d’un mouvement à peine esquissé pour la faire glisser. Mes bras glissent autour de sa taille, et je me réfugie contre lui sans pudeur. Il est le seul de mes frères avec qui j’ai une relation aussi profonde et complexe, aussi délicate.
Ma relation avec Tadeo est plus simple. Je le materne beaucoup -trop- ce qui ne nous empêche pas d’être complices, de nous entendre de façon égale. Une relation frère-soeur ordinaire, comme si rien n’avait jamais entaché nos vies, comme si notre famille ressemblait à toutes les autres. A l’opposé, celle avec Vincini est en dents de scie, conflictuelle puis harmonieuse. Elle évolue comme les quatre saisons, selon ses passions, ses humeurs. Leopoldino, lui, est ma seule constante. Un repère fixe, comme un astre ou une étoile. La complexité poussée à l’extrême pour tout le monde, sauf nous. C’est très probablement un peu de la relation fusionnelle que j’aurai partagée avec Nina, ma jumelle, si elle était encore là. Un peu de la relation protectrice et possessive que j’aurai eu avec mon père.
« N’être qu’avec toi, c’est bien, aussi. » Une confession du bout des lèvres contre la peau de son cou maintenant que ma joue repose contre son épaule. Je ferme les yeux, juste pour en profiter un instant parce qu’il est rare que nous ne soyons que lui et moi. Rare, au point où je ne m’en souviens pas. Je me détache doucement, et marque un temps d’arrêt quand ma main effleure la bosse en métal dans son dos. Je fronce les sourcils doucement, la moue qui s’installe automatiquement sur mes lèvres. Je sais exactement ce que c’est, sans avoir besoin d’y réfléchir réellement. Et je ne sais pas ce qui me perturbe le plus, le fait que je le sache, où que ça soit presque normal bien que je refuse de m'y faire. « Tu attendais quelqu’un d’autre? » La question n’accuse personne, et est sincèrement curieuse. Leo et son tempérament. Et si, finalement, la soirée s’annonçait plus corsée que prévue avec des invités pas forcément les bienvenus?
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million reasons
► Mona & Dino ► mars 2018 ►ambiance
« Tu aurais préféré qu’on mange tous ensemble ? »
Le silence qui suit est pesant, lourd comme du plomb accroché aux ailes d’un ange. Le regard noir de Dino est incompréhensible, mélange subtil de sadisme et d’attente affamée. Qui préfère-t-elle ? Qui aime-t-elle vraiment ? Parfois il aimerait se l’attacher, briser ses jambes pour ne plus jamais la voir partir loin de lui. Il se dit toujours que ce n’est pas une chose à faire. Que c’est encore ce petit monstre à l’intérieur de lui qui parle, qui tantôt s’appelle Jalousie, tantôt se dévoue corps et âme à la famille, fervent gardien, adorateur et créateur à la fois. Juge, avocat et bourreau.
Mais Mona, c’est plus que la famille. C’est à la frontière de ce qui pourrait être un amour passionné, si seulement Léopoldino était capable de ce genre de sentiments. Si proches, et pourtant si lointains.
La réponse ne sera pas sans conséquence pour autant. Ce sera déjà un choix de fait pour la jeune femme, un choix entre Dino et les autres. Un fossé de creuser si elle vise mal. Si elle répond à côté. Elle finira dans ce fossé si elle le creuse trop profondément. Dino préfère les choses mortes et à lui, plutôt que vivantes et loin. Ça a toujours été ainsi.
« Je pensais que tu préférerais passer la soirée avec moi. »
Petit silence, alors que ses yeux dessinent l’arrondi de ses pommettes. Il la surplombe depuis qu’elle s’est accrochée à lui. Ses doigts glissent le long de ses hanches, avant de se poser avec douceur sous son menton, épousant l’arrondi des arrêtes de son visage.
« A moins que tu aies quelque chose de précis à faire à cette fête ? »
Un garçon, peut-être ? Il le pense, mais il ne le dit pas. Sa pensée est bien gardée sur le bout de sa langue qui brûle de savoir, mais elle ne lui dira rien. Il est obligé de tout apprendre par Aleks car elle ne joue pas le jeu. Elle a peut-être peur. Elle devrait en effet avoir peur.
Quand elle lui avoue qu’être avec lui, c’est bien, aussi, un petit sourire glisse sur ses lèvres pâles. Petit, seulement, car ce n’est pas exactement la réponse escomptée. « Aussi bien », c’est assez peu pour quelqu’un comme lui, qui se dévoue autant, avec ferveur, de toute son âme. C’est bien trop peu, même, mais il ne dira rien. Il dépose de nouveau un baiser sur son front, relâchant lentement son visage alors qu’elle se détache.
Il capte aussitôt qu’elle sait. Il suffit de lire ses yeux, ce petit air boudeur qu’elle prend quand quelque chose ne va pas. Il n’affiche, quant à lui, aucune inquiétude.
« J’ai eu quelques… imprévues, la semaine dernière. »
Par imprévu, il n’expliquera pas qu’il entend qu’une balle a possiblement raté sa cible. Il n’aime pas cette seule idée, d’ailleurs. Vitto avait tellement insisté pour avoir la belle part, au final, ils étaient désormais en danger. La Triade ne leur pardonnerait pas aussi facilement. Dino ne savait pas vraiment s’il s’agissait plutôt d’une opportunité – faire une guerre ouverte contre la Triade c’était s’assurer de savoir qui était de leur côté ou non, mais c’était aussi l’occasion de reprendre un certain contrôle sur le marché chinois – ou d’une descente aux enfers lente et douloureuse.
Seul le temps leur dirait.
« Rien de grave » il a un nouveau sourire pâle, ridiculement petit, « tu n’as pas à t’inquiéter. Tu ne dois pas t’inquiéter. »
Il répète, machinalement, ce qu’il répète à chaque fois.
Aussitôt dit, aussitôt oublié, il enfonce ses mains dans les sacs et dépose chaque petit paquet un par un sur la table à manger. Il y a un peu de tout à ce qu’il voit, mais surtout bien trop pour lui tout seul. Ça lui fera peut-être la semaine, et s’il est sérieux et qu’il pense à congeler le surplus, peut-être même en partie le début de semaine prochaine.
Il faut aussi dire que Dino Luciano mange beaucoup dehors. C’est sa façon à lui de tenter le diable, de se prouver qu’il vaut mieux que leur père. Que lui peut survivre dans un restaurant sans se faire percer le cuir par dix-sept-balles. C’est un peu jouer au con, mais Dino n’a jamais dit qu’il était particulièrement intelligent – et prudent.
Loin de là, même.
« Comment vont les cours ? »
Il jette un regard à sa cadette. On a parfois l’impression que c’est lui, le « père », même devant Livio et Pippo. Il a cette façon de s’imposer à ses cadets, cette façon de les gérer, de prendre toutes les responsabilités vis-à-vis d’eux, même quand il s’agit de faire sortir Vitto de cellules de dégrisement. Même quand il s’agit de faire pister la jolie demoiselle par un de ses coursiers.
Il sait déjà tout, mais il faut bien faire un peu la conversation ?
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STARRING @DINO LUCIANO |
Je finis par connaître les mécanismes du cerveau de Dino quand il s’agit de moi. La façon qu’il a, de toujours être là, sans réellement l’être. De toujours avoir ses yeux sur moi, alors qu’ils sont fermés. C’est pour ça que la réponse que je lui apporte est modérée. C’est aussi pour ça que je lui donne ce qu’il veut, mais pas entièrement. Parce que, lui donner entièrement ce qu’il veut, c’est signer un peu plus fort le contrat invisible entre nous. C’est marquer un peu plus sa possession sur ma personne. Est-ce que, réellement, c’est judicieux ? Aussi fort que mon cœur aimerait dire oui, mon esprit le raisonne pour éviter que cela ne parte un peu trop loin. Dino est déjà trop possessif, trop présent. C’est pesant, et lourd à porter, autant ne pas en rajouter.
Il remet lui-même l’histoire de la fête sur le tapis, d’une voix trop blanche pour être innocente, d’un regard purement inquisiteur. Qu’est-ce-qu’Aleks a pu lui dire ? Qu’a-t-il vu ou entendu qu’il a cru bon d’aller répéter à Dino? Parce que, Leopoldino ne pose jamais une question à laquelle il n’a pas déjà une réponse. Jamais. C’est comme ça, depuis des années maintenant. Alors, je pense qu’il a quelques idées en tête sur mes motivations à aller à cette fête. Et probablement qu’elles sont aux antipodes des miennes. Parlons-en, d’ailleurs de mes motivations. Elles ne sont limitées qu’à l’envie de passer un bon moment, de rigoler avec quelques amis.
Mon attention est cependant détournée très rapidement vers les mots qui s’échappent de la bouche de mon aîné. Rien de grave. Je souffle, tournant les yeux et me détachant complètement de lui. Rien n’est jamais grave. Et aussi naïve que je le suis, pour le coup, je refuse de croire que je n’ai pas à m’inquiéter. Parce que, c’est tout le temps que je m’inquiète les concernant. Surtout lui et Vincini. Tadeo est encore du bon côté, celui où il est peu probable que quelqu’un décide de venir agrémenter son crâne d’une balle logée entre les deux yeux. Mais nos aînés… Ils constituent ma plus grande peur. Une peur inavouée de recevoir un jour un coup de fil, d’un de nos oncles, aboyant qu’il faut rentrer à la villa. La peur qui me prend au ventre et me réveille parfois la nuit, de les imaginer l’un et l’autre, froid, étendu sur un lit, mort. Pour le coup, dans ces cas-là, il n’y a aucune différence entre le cadavre de Dino ou celui de Vitto. Le résultat est le même. Je m’effondre, et suis incapable de m’en relever. Je sombre dans le noir, et n’ai jamais d’autre choix que de me réveiller pour me calmer.
« Comme d’habitude. » C’est ce que je souffle, les yeux sur le sac devant moi, les mains occupées à le décharger. C’est à peine audible. Bien sûr que je ne demande pas le pourquoi du comment ; parce que, cela ne m’intéresse pas. Et j’aimerai, d’ailleurs, ne pas avoir à m’en préoccuper, réellement. Et je suis presque reconnaissante à mon frère de changer le sujet. Une question futile, qui me fait lever les yeux au ciel. A cette question aussi, il a déjà les réponses, pourtant, il demande quand même. Alors, parce que j’ai envie que la soirée soit légère, je décide de répondre, sur le ton de la rigolade alors que je vais dans la cuisine chercher des assiettes. « Oh, je présume qu’Aleks t’a déjà tout dit. Enfin… » Assiettes en main, je me retourne pour le regarder, la tête penchée vers mon épaule, la lèvre inférieure coincée entre les dents un instant.
« En fait, c’est ma dernière année. Le but de la soirée de ce soir, c’était de te présenter l’homme de ma vie. On se marie dès que j’ai terminé l’année, et l’année prochaine on te fait appeler tonton Dino. » Je le regarde, contenant une envie de rire phénoménale. C’est tellement n’importe quoi et pas sérieux, pourtant, c’est Dino que je scrute. A l’affut de la moindre de ses réactions, parce que, je me doute que ça peut aller très loin, très vite avec ce genre de blague. Alors, j’approche, posant les assiettes sur la table, à ses côtés. C’est tellement peu probable que cela arrive réellement, et pour tellement de raisons. Parce qu’il a toujours été clair que je me réaliserai en tant que femme seule avant d’envisager me réaliser en tant que petite-amie, femme ou épouse. C’est peut-être le fait d’être la seule femme de notre famille. Ou celui d’avoir envie d’être plus, bien plus. L’envie de devenir quelqu’un pour aider les autres, et pas quelqu’un dépendant des autres. « Mais, pour le moment, ça se passe bien. Tellement bien que je terminerai probablement l’année avec les honneurs. » Que j’ajoute, sérieuse ce coup-ci. Et c’est vrai, parce que je m’y dédie corps et âme, parce que l’échec n’est pas une option.
Il remet lui-même l’histoire de la fête sur le tapis, d’une voix trop blanche pour être innocente, d’un regard purement inquisiteur. Qu’est-ce-qu’Aleks a pu lui dire ? Qu’a-t-il vu ou entendu qu’il a cru bon d’aller répéter à Dino? Parce que, Leopoldino ne pose jamais une question à laquelle il n’a pas déjà une réponse. Jamais. C’est comme ça, depuis des années maintenant. Alors, je pense qu’il a quelques idées en tête sur mes motivations à aller à cette fête. Et probablement qu’elles sont aux antipodes des miennes. Parlons-en, d’ailleurs de mes motivations. Elles ne sont limitées qu’à l’envie de passer un bon moment, de rigoler avec quelques amis.
Mon attention est cependant détournée très rapidement vers les mots qui s’échappent de la bouche de mon aîné. Rien de grave. Je souffle, tournant les yeux et me détachant complètement de lui. Rien n’est jamais grave. Et aussi naïve que je le suis, pour le coup, je refuse de croire que je n’ai pas à m’inquiéter. Parce que, c’est tout le temps que je m’inquiète les concernant. Surtout lui et Vincini. Tadeo est encore du bon côté, celui où il est peu probable que quelqu’un décide de venir agrémenter son crâne d’une balle logée entre les deux yeux. Mais nos aînés… Ils constituent ma plus grande peur. Une peur inavouée de recevoir un jour un coup de fil, d’un de nos oncles, aboyant qu’il faut rentrer à la villa. La peur qui me prend au ventre et me réveille parfois la nuit, de les imaginer l’un et l’autre, froid, étendu sur un lit, mort. Pour le coup, dans ces cas-là, il n’y a aucune différence entre le cadavre de Dino ou celui de Vitto. Le résultat est le même. Je m’effondre, et suis incapable de m’en relever. Je sombre dans le noir, et n’ai jamais d’autre choix que de me réveiller pour me calmer.
« Comme d’habitude. » C’est ce que je souffle, les yeux sur le sac devant moi, les mains occupées à le décharger. C’est à peine audible. Bien sûr que je ne demande pas le pourquoi du comment ; parce que, cela ne m’intéresse pas. Et j’aimerai, d’ailleurs, ne pas avoir à m’en préoccuper, réellement. Et je suis presque reconnaissante à mon frère de changer le sujet. Une question futile, qui me fait lever les yeux au ciel. A cette question aussi, il a déjà les réponses, pourtant, il demande quand même. Alors, parce que j’ai envie que la soirée soit légère, je décide de répondre, sur le ton de la rigolade alors que je vais dans la cuisine chercher des assiettes. « Oh, je présume qu’Aleks t’a déjà tout dit. Enfin… » Assiettes en main, je me retourne pour le regarder, la tête penchée vers mon épaule, la lèvre inférieure coincée entre les dents un instant.
« En fait, c’est ma dernière année. Le but de la soirée de ce soir, c’était de te présenter l’homme de ma vie. On se marie dès que j’ai terminé l’année, et l’année prochaine on te fait appeler tonton Dino. » Je le regarde, contenant une envie de rire phénoménale. C’est tellement n’importe quoi et pas sérieux, pourtant, c’est Dino que je scrute. A l’affut de la moindre de ses réactions, parce que, je me doute que ça peut aller très loin, très vite avec ce genre de blague. Alors, j’approche, posant les assiettes sur la table, à ses côtés. C’est tellement peu probable que cela arrive réellement, et pour tellement de raisons. Parce qu’il a toujours été clair que je me réaliserai en tant que femme seule avant d’envisager me réaliser en tant que petite-amie, femme ou épouse. C’est peut-être le fait d’être la seule femme de notre famille. Ou celui d’avoir envie d’être plus, bien plus. L’envie de devenir quelqu’un pour aider les autres, et pas quelqu’un dépendant des autres. « Mais, pour le moment, ça se passe bien. Tellement bien que je terminerai probablement l’année avec les honneurs. » Que j’ajoute, sérieuse ce coup-ci. Et c’est vrai, parce que je m’y dédie corps et âme, parce que l’échec n’est pas une option.
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