YESTERDAY'S NEWS |48
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Non seulement il se faisait suivre par un détective, mais en plus, il s'agissait d'une gamine de son âge, une ancienne de son université. Pas de moustache séductrice donc, et Matthew s'en voyait assez déçu. Coup de chance cependant, le garçon avait surpris une discussion particulièrement intéressante à la bibliothèque : deux étudiantes s'interrogeaient sur les actions du directeur contre un dealer qui sévissait au sein d'UCLA. Selon elles, il aurait fait appel à un ancien élève. Après s'être procuré un accès plus ou moins légal aux dossiers des anciens de criminologie, ainsi qu'aux mails du directeur, une jeune femme semblait se présenter comme parfaite coupable. Un petit visage poupon, qu'il croisait bien souvent dans les transports en commun sans pour autant y faire attention. Il s'était fait berner comme un bleu.
Il avait tout de suite eut cette étrange sympathie envers Aurora. La pauvre, en commençant à le pister, elle avait choisi le mec avec la vie la moins intéressante d'UCLA toute entière. Ouais, à part bosser, que ce soit pour ses cours ou pour ses patrons mafieux, il ne faisait rien de bien intéressant de ses dix doigts. Sauf peut-être ses compositions, qui restaient un hobby assez studieux. Suivre la détective et la prendre à son propre jeu comme il comptait le faire aujourd'hui était l'une de ses premières décharges d'adrénaline depuis un moment, à vrai dire. Et pas forcément la bonne adrénaline qui vous fait avancer. Non, Matthew savait pertinemment que suivre une jeune femme à la trace c'était vraiment, vraiment creepy. Il avait l'impression d'être l'un de ces prédateurs, type Weinstein, et qu'absolument toute la foutue ville de LA était au courant qu'il stalkait la petite brune qui venait de monter dans le bus. Ça lui tordait ventre dans tout les sens au garçon, il était encore plus pâle que d'habitude. Toujours avec une distance de sécurité, il l'avait suivie en s'engouffrant dans le bus bondé. Avec un bonnet noir sobre pour cacher sa chevelure platine, Aurora semblait encore ignorer ce qui allait lui arriver, ou encore qu'il était si proche.
Plus vite il s'en serait débarrassé, mieux ce serait. Et ce, peu importe la méthode. S'il comptait juste essayer de l'intimider gentiment pour l'instang, le coréen se doutait bien que ça n'allait pas suffire. Qu'il allait devoir négocier, la prendre par les sentiments, peut-être la menacer, qui sait. La pègre serait ravie de retrouver cette gosse capable de faire tomber les plus discrets parrains grâce à lui. Oui, lui. Petit dealer qu'il était, il avait largement assez d'informations pour que ses supérieurs s'occupent d'elle, et se donner au passage une place de choix au sein de l'entreprise mafieuse.
Pourtant, il préférerait ne pas la sous-estimer. Il souhaitait connaître son adversaire, l'étudier avant de commencer cette vilaine partie d'échecs. Le petit tour dans le pc de Mr. Le Directeur avait suffit à apprendre son nom, son adresse actuelle, ses bonnes notes quand elle était étudiante, ce qu'il lui demandait ... L'essentiel, mais pas de quoi enquêter à son tour. Il ne pouvait que faire semblant de ne pas la remarquer, lui lancer de temps en temps un sourire cynique lorsqu'il attrapait son regard pendant qu'elle le suivait. Aujourd'hui, c'était une lycéenne dans la rue, fan de sa musique, qui avait signalé la presence de la détective à Matthew, après le selfie obligatoire évidemment. Cette dernière l'avait vraisemblablement pris en photo assez peu discrètement, et l'opportunité semblait trop parfaite pour ne pas prendre Aurora à son propre jeu, en particulier lorsqu'elle traînait aussi prêt de chez lui.
À pas de loup, il se rapproche, profitant qu'elle ait le dos tourné et le regard dans le vague. Il finit par s'accrocher à la barre la plus proche de sa cible, à une distance aussi respectable que la foule du bus le lui permet. Matthew est assez prêt pour lui chuchoter un « Tu ne devrais pas prendre les gens en photo sans leur demander avant, tu sais ? » ironique au possible, s'amusant déjà de sa réaction. En signe de paix, il glisse sa main libre dans la poche de son bomber. Il ne restait plus à espérer qu'elle ne fuirait pas. D'une voix assez douce, histoire de ne pas créer inutilement de conflit, il reprends.
« Si tu veux des informations je peux t'en donner. Mais pas ici, et pas tout ce que tu veux savoir, désolé. »
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