YESTERDAY'S NEWS |48
- InvitéInvité
À fleur de peau,
première réponse pour @Dino Luciano.
Après de très longues semaines, Danyal avait fini par voir sa mère qui s'était spécialement déplacée pour le retrouver ici, dans cette salle de boxe, endroit qu'il fréquentait depuis tout petit.
Maintenant qu'il avait un emploi du temps plus que charger, les rares fois où il venait ici était synonyme de paix intérieur. Danyal venait y retrouver une certaine quiétude qui lui permettait alors de vider toutes les mauvaises énergies qui s'accaparaient de tout son être lorsqu'il tentait de survivre dans ce quotidien impossible. Frapper dans un sac, frapper dans un mec, se prendre des coups, sentir la chaleur émanée de son propre corps transpirant, comme si ce dernier comprenait qu'il lui fallait profiter de ce moment-ci pour éliminer la noirceur qui entachait peu à peu son cœur. Tout ceci était vital pour lui.
L'adrénaline circulant dans son corps, tandis qu'il se mouvait sur le ring, l'aidait à faire le vide. Esquiver un coup, tenter d'en mettre un, s'en prendre un... Telle une danse virile, Danyal ne voyait pas le temps passé. Il était bien trop concentré sur son adversaire qui avait clairement le dessus sur lui. L'autre feinta un coup, provoquant une réaction de protection instantanée chez Danyal. Son adversaire en profita alors pour lui envoyer une droite directement dans la mâchoire, ce qui eut pour effet de le sonner directement.
L'arbitre s'interposa immédiatement. C'était un vieux black tel qu'on les voit dans les films du genre. Le crâne dégarni, le poil blanc, et toujours un mot pour t'encourager dans tes démarches. Il posa sa main sur l'épaule de Danyal, comme pour s'enticher de son état, avant de lui montrer d'un geste rapide de la main, un endroit à regarder. Le jeune étudiant en médecine observa la zone montrée pour y voir sa mère qui l'attendait dans l'angle. Elle était venue avec sa sœur. Danyal se tapota délicatement la mâchoire, vérifiant que tout était en ordre, avant de sortir du ring tout en retirant ses gants.
Saisissant une serviette sèche, il s'épongea la transpiration du mieux qu'il put avant de s'approcher de sa mère d'une manière fébrile. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Mais alors qu'ils commencèrent à parler, après que sa mère eut versée quelques larmes, Dany s'énerva. Elle était venue pour tenter de lui faire entendre raison. De venir demander pardon à son père pour son comportement, afin qu'il revienne à la maison. Pour Danyal, c'était impossible. Les mots de son père l'avaient brisé, et il peinait à s'en sortir. Son père savait tout cela. Tout le monde le savait. Et si sa tante ne lui donnait pas quatre sous dès qu'elle pouvait se le permettre, il mangerait probablement qu'un jour sur deux. Il l'avait viré sciemment. Il... Danyal s'était mis à trembler de rage. Les larmes se bousculaient au coin des yeux, mais il refusait de les laisser sortir.
Sa mère éclata en sanglot. Elle ne tenta rien de plus, sachant pertinemment qu'au fond, son fils avait raison. Elle ne résista pas à l'envie de lui faire un câlin. Elle le serra contre lui, bien qu'il lui rappela qu'il était sale, mais elle s'en fichait. Elle serrait son fils avec amour, et force. Elle se recula, lui tirant le visage pour lui embrasser la joue, avant de partir sans demander son reste. Car il savait que si elle s'attardait un peu plus, elle se dévoilerait trop aux yeux des autres qui étaient présents dans la salle. Les Amjad, comme beaucoup d'autres familles dignes et fières, n'aimaient pas parler de leurs problèmes en publique.
Sa soeur, Yasemine, se lova dans ses bras, avant de se reculer pour lui tendre un petit paquet qu'elle sortit de son sac. Danyal sut immédiatement ce que c'était et refusa. Mais elle insista, et comptait bien le lui donner quoiqu'il arrive. Il l'embrassa fortement, avant de la laisser filer pour qu'elle ne raccompagne leur mère à la maison. Il sortit son sac de sous un bac, avant d'y glisser le paquet, puis il s'assit quelques instants. Son cœur battait à dix mille. Il n'avait qu'une envie, c'était de courir les rattraper pour rentrer à la maison avec elles. Mais il ne pouvait pas. Il ne voulait pas se plier une énième fois à la volonté du patriarche.
Oui, Danyal savait qu'il avait merdé. Oui, Danyal savait que se retrouver dans pareil situation était déshonorant. Mais... C'était sa vie, au final. Et... Et... Et merde ! Il se leva, rageur, et il se mit à frapper dans le sac de sable comme une brute. La rage dessinait les traits de son visage, et à mesure que ses coups arrosaient le cuir du sac de frappe, des larmes coulaient le long de ses joues pour se mêler à sa transpiration. Il voyait son père, et il le frappait de toutes ses forces. Pourquoi... Pourquoi... POURQUOI ?
- InvitéInvité
Assis sur la rambarde en dehors du complexe, Léopoldino ne dit pas un mot. Une cigarette perchée à la commissure de ses lèvres, il profite dans un silence presque sacré des rayons que le soleil a jeté négligemment sur Los Angeles, comme un dernier cadeau avant la nuit. La matinée a été pourtant grisâtre, et pas seulement parce qu’il a plu, mais bien parce qu’avec Vincini, ce n’est jamais vraiment facile. Est-ce qu’un jour ça le sera ? Il l’ignore. Il se doute qu’un jour ou l’autre, le cadet des Luciano finira par mourir, aussi bêtement que ça. D’une dose un peu trop forte dans les veines, d’une dose sensée l’endolorir, il finira par mourir tout simplement. Quelque part, c’est ce qu’il aura voulu. Ce qu’il aura choisi. Il aura fait chier son monde bien longtemps pour quelques histoires de sentiment.
Les sentiments, quel drame quand on y pense. Même quand on en manque, ça reste une tragédie.
Dino est cependant interrompu dans ses pensées par la sortie de deux indiennes du club de boxe. Il jette un regard discret aux deux femmes, laissant tomber négligemment la cendre de sa cigarette au sol avant de l’y jeter également, l’écrasant du talon avec une certaine nonchalance. Il est bien habillé, Dino Luciano, assez sobre pour qu’on ne le remarque jamais. Les deux femmes sont plutôt jolies – la plus jeune surtout, qu’il reconnaît sans mal être la petite sœur de Danyal. Il en conclut rapidement que la femme d’âge mûre est sa mère. Elle a l’air terriblement secouée. On devine aisément à ses yeux rougis et gonflés, et à ses joues sillonnées, qu’elle a pleurées.
Il imagine un instant que ça doit avoir à faire avec cette histoire d’été un peu trop volage aux yeux des anciens. Dino n’en dira rien, il n’est pas aussi frivole que son ami. Il n’aime pas l’intimité, se dévoiler, s’ouvrir. Ce genre de chose trop personnelle le mette mal à l’aise, avec lui-même, avec les autres. Etre un monstre est une chose. Faire savoir qu’on en est un, en est une autre.
« T’attends le déluge ? » ricane une voix derrière Dino.
Quand il relève le nez, il entraperçoit le gérant qui est là, amas de muscle aussi immense que large. Dino est un poids mi-lourd, mais face à lui, il ressemble à une plume. Il ne gagne que par sa hauteur, et encore, l’homme est une montagne. L’italien rattrape finalement son sac et s’approche d’un air naturellement calme :
« Tu ne veux pas que je fume à l’intérieur » il lui fait remarquer le mégot. Le Black envoie une petite tape derrière la tête du brun.
« Et je n’ai jamais dit que tu avais le droit de foutre tes mégots partout devant le club ! »
Le sourire qui déforme le visage du Luciano est à son image – en dent de scie, inquiétante et moqueuse. Il se fiche bien de ce que le vieux pense. Il ricane en lançant un « tu l’as pas spécifié » et il se faufile aussitôt à l’intérieur, sans faire plus de vagues. Quelques secondes pour se changer, enfiler les bandages autour de ses poings et il entre dans l’arène.
Il ne met pas longtemps à voir où se trouve Dany. Il fait tellement de bruits. Le club est vide. L’italien imagine que le vieux n’est pas du genre à vouloir consoler ses poulains. Même pour Dino et sa science des mots, ce n’est pas un exercice simple. C’est même le pire exercice que l’on pourrait exiger d’un sociopathe en puissance.
Quand il approche finalement, c’est sur son flanc droit. Sans animosité. D’un air aussi calme qu’intransigeant. Ce qu’il est, au final.
« Mon père disait souvent, quand j’avais peur de me faire mal en cognant dans le bois, frappe plus fort, ce qui ne vit pas ne répond pas. »
Les yeux sombres de l’italien se posent quelques secondes sur le sac de sable. Il a une légère hésitation, puis finalement il croise les bras d’un air détaché. On pourrait croire, vu de l’extérieur, qu’il se donne seulement « le genre », le fameux style du mauvais garçon qui se fiche de tout. Ce n’est pas vraiment qu’un air, mais qui peut bien le savoir ici ?
Il passe ses doigts sur ses lèvres – l’envie de nicotine le démange, brûle sa langue, empoisonne ses poumons. Livio lui dit souvent d’arrêter ces conneries, que ça finira par le tuer. Il en rit, Dino, parce qu’il a plus de chance de mourir par balle que d’un foutu cancer des poumons.
« J’ai vu ta mère et ta sœur sortir du club… » Qu’il reprend, un poil plus bas. Pas besoin de faire entendre sa tentative de psychologie aux autres : « Mais c’est pas elles qui te mettent en colère. C’est lui, pas vrai ? »
Le fait d’être un sociopathe de haut niveau a tout de même quelques avantages, comme celui de pouvoir décrypter aisément les émotions (à force d’entraînement afin de les imiter). Danyal souffre à ce moment-là. Dino n’a même pas besoin de forcer pour le savoir. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Au lieu de ça, ça l’intrigue.
Pourquoi souffrir autant pour si peu ? Quand il suffirait de simplement s’en foutre ?
A croire qu’il y a du bon au fait d’ignorer les peines et les sentiments.
Les sentiments, quel drame quand on y pense. Même quand on en manque, ça reste une tragédie.
Dino est cependant interrompu dans ses pensées par la sortie de deux indiennes du club de boxe. Il jette un regard discret aux deux femmes, laissant tomber négligemment la cendre de sa cigarette au sol avant de l’y jeter également, l’écrasant du talon avec une certaine nonchalance. Il est bien habillé, Dino Luciano, assez sobre pour qu’on ne le remarque jamais. Les deux femmes sont plutôt jolies – la plus jeune surtout, qu’il reconnaît sans mal être la petite sœur de Danyal. Il en conclut rapidement que la femme d’âge mûre est sa mère. Elle a l’air terriblement secouée. On devine aisément à ses yeux rougis et gonflés, et à ses joues sillonnées, qu’elle a pleurées.
Il imagine un instant que ça doit avoir à faire avec cette histoire d’été un peu trop volage aux yeux des anciens. Dino n’en dira rien, il n’est pas aussi frivole que son ami. Il n’aime pas l’intimité, se dévoiler, s’ouvrir. Ce genre de chose trop personnelle le mette mal à l’aise, avec lui-même, avec les autres. Etre un monstre est une chose. Faire savoir qu’on en est un, en est une autre.
« T’attends le déluge ? » ricane une voix derrière Dino.
Quand il relève le nez, il entraperçoit le gérant qui est là, amas de muscle aussi immense que large. Dino est un poids mi-lourd, mais face à lui, il ressemble à une plume. Il ne gagne que par sa hauteur, et encore, l’homme est une montagne. L’italien rattrape finalement son sac et s’approche d’un air naturellement calme :
« Tu ne veux pas que je fume à l’intérieur » il lui fait remarquer le mégot. Le Black envoie une petite tape derrière la tête du brun.
« Et je n’ai jamais dit que tu avais le droit de foutre tes mégots partout devant le club ! »
Le sourire qui déforme le visage du Luciano est à son image – en dent de scie, inquiétante et moqueuse. Il se fiche bien de ce que le vieux pense. Il ricane en lançant un « tu l’as pas spécifié » et il se faufile aussitôt à l’intérieur, sans faire plus de vagues. Quelques secondes pour se changer, enfiler les bandages autour de ses poings et il entre dans l’arène.
Il ne met pas longtemps à voir où se trouve Dany. Il fait tellement de bruits. Le club est vide. L’italien imagine que le vieux n’est pas du genre à vouloir consoler ses poulains. Même pour Dino et sa science des mots, ce n’est pas un exercice simple. C’est même le pire exercice que l’on pourrait exiger d’un sociopathe en puissance.
Quand il approche finalement, c’est sur son flanc droit. Sans animosité. D’un air aussi calme qu’intransigeant. Ce qu’il est, au final.
« Mon père disait souvent, quand j’avais peur de me faire mal en cognant dans le bois, frappe plus fort, ce qui ne vit pas ne répond pas. »
Les yeux sombres de l’italien se posent quelques secondes sur le sac de sable. Il a une légère hésitation, puis finalement il croise les bras d’un air détaché. On pourrait croire, vu de l’extérieur, qu’il se donne seulement « le genre », le fameux style du mauvais garçon qui se fiche de tout. Ce n’est pas vraiment qu’un air, mais qui peut bien le savoir ici ?
Il passe ses doigts sur ses lèvres – l’envie de nicotine le démange, brûle sa langue, empoisonne ses poumons. Livio lui dit souvent d’arrêter ces conneries, que ça finira par le tuer. Il en rit, Dino, parce qu’il a plus de chance de mourir par balle que d’un foutu cancer des poumons.
« J’ai vu ta mère et ta sœur sortir du club… » Qu’il reprend, un poil plus bas. Pas besoin de faire entendre sa tentative de psychologie aux autres : « Mais c’est pas elles qui te mettent en colère. C’est lui, pas vrai ? »
Le fait d’être un sociopathe de haut niveau a tout de même quelques avantages, comme celui de pouvoir décrypter aisément les émotions (à force d’entraînement afin de les imiter). Danyal souffre à ce moment-là. Dino n’a même pas besoin de forcer pour le savoir. Ça ne lui fait ni chaud ni froid. Au lieu de ça, ça l’intrigue.
Pourquoi souffrir autant pour si peu ? Quand il suffirait de simplement s’en foutre ?
A croire qu’il y a du bon au fait d’ignorer les peines et les sentiments.
- InvitéInvité
Danyal sortait tout ce qu'il avait. Sa douleur le rendait dingue, et sa façon de porter ses coups n'étaient pas de son niveau. Pas après dix-huit ans de boxe. Il frappait comme un débutant, mettant toute sa force dans chacune de ses frappes en faisant des grands mouvements. Mais il s'en fichait, et autour de lui, personne ne lui en tint rigueur ou ne vint lui porter conseil. Car tous savaient. L'histoire de Danyal n'était pas vraiment un secret, ici. C'était le seul endroit qu'il considérait encore comme chez lui. Alors il avait parlé quelques fois de tout ça, car il en avait ressenti le besoin. Surtout au début. Maintenant, il s'en fichait. Du moins, il ne ressentait plus le besoin de se faire plaindre.
Au bout de quelques instants, il se figea, se laissant tomber contre le sac qu'il retenait du bout de ses doigts rougis par les coups. Des larmes coulaient le long de ses joues, mais ça allait mieux, maintenant. Il avait évacué le mal. Il avait sorti la haine. L'épuisement avait eut raison de tout cela pour son plus grand bien.
Danyal finit par se redresser, s'essuyant le visage avec la serviette qu'il avait laissé autour de son cou. Il la jeta sur un banc, et il vit Dino qui l'observait depuis quelques minutes.
Son ami lui annonça qu'il avait vu sa mère et sa sœur sortirent du club. Danyal baissa immédiatement le regard. Ses yeux devaient être rouges, et il ne souhaitait pas que l'on s'attarde là-dessus. Dino enchaîna, ce qui eut pour effet de fermer le jeune américain comme un huître.
« Ouais. »
Il s'assit sur le banc, prenant son téléphone entre ses doigts. Machinalement, il chercha le numéro de son père, avant de finalement revenir sur l'écran d'accueil. Il jeta son téléphone dans son sac, puis, il leva la tête vers Dino.
« Est-ce que tu te rends compte qu'elles sont venues me demander de m'excuser auprès de l'autre con, alors qu'elles savent que ce n'est pas moi qui suit en tord. » L'image de l'orgie plana quelques instants devant ses yeux avant de disparaître aussi rapidement qu'elle était apparue. « Enfin si, mais... Merde. Même mon ex- ne m'a pas rendu la vie aussi chaotique après ça, putain. »
Il ferma son sac, jetant un coup d’œil à l'horloge, histoire de ne pas se rendre en retard à son travail. Il avait trois heures devant lui encore. Il soupira, avant de plonger sa tête entre ses mains.
« Bref. Et toi ? ça va ? » Autant essayer de changer de sujets, histoire de changer d'état d'esprit par la même occasion.
Au bout de quelques instants, il se figea, se laissant tomber contre le sac qu'il retenait du bout de ses doigts rougis par les coups. Des larmes coulaient le long de ses joues, mais ça allait mieux, maintenant. Il avait évacué le mal. Il avait sorti la haine. L'épuisement avait eut raison de tout cela pour son plus grand bien.
Danyal finit par se redresser, s'essuyant le visage avec la serviette qu'il avait laissé autour de son cou. Il la jeta sur un banc, et il vit Dino qui l'observait depuis quelques minutes.
Son ami lui annonça qu'il avait vu sa mère et sa sœur sortirent du club. Danyal baissa immédiatement le regard. Ses yeux devaient être rouges, et il ne souhaitait pas que l'on s'attarde là-dessus. Dino enchaîna, ce qui eut pour effet de fermer le jeune américain comme un huître.
« Ouais. »
Il s'assit sur le banc, prenant son téléphone entre ses doigts. Machinalement, il chercha le numéro de son père, avant de finalement revenir sur l'écran d'accueil. Il jeta son téléphone dans son sac, puis, il leva la tête vers Dino.
« Est-ce que tu te rends compte qu'elles sont venues me demander de m'excuser auprès de l'autre con, alors qu'elles savent que ce n'est pas moi qui suit en tord. » L'image de l'orgie plana quelques instants devant ses yeux avant de disparaître aussi rapidement qu'elle était apparue. « Enfin si, mais... Merde. Même mon ex- ne m'a pas rendu la vie aussi chaotique après ça, putain. »
Il ferma son sac, jetant un coup d’œil à l'horloge, histoire de ne pas se rendre en retard à son travail. Il avait trois heures devant lui encore. Il soupira, avant de plonger sa tête entre ses mains.
« Bref. Et toi ? ça va ? » Autant essayer de changer de sujets, histoire de changer d'état d'esprit par la même occasion.
- InvitéInvité
Quand il aperçoit les yeux également rougis de Dany, Dino ne se fait pas d’idées. Il a dû pleurer. L’italien ignore totalement ce que ça fait, de « pleurer », parce qu’il n’a jamais été assez triste, assez peiné pour ça. Il n’a jamais su l’imiter d’ailleurs. Il peut bien faire semblant d’être désolé ou affligé, mais les larmes, c’est trop. Parfois, il se dit qu’il n’a peut-être tout simplement pas de glandes lacrymales.
Sans un mot, il le regarde faire, s’agiter, tripoter le téléphone tout en étant incapable de savoir quoi faire vraiment. Danyal est dans une impasse depuis le Spring Break. Leopoldino n’a pas participé à cette fameuse « orgie », mais il a déjà eu cette conversation avec Dany. Les femmes, le sexe, l’amour, tout ça, c’est des ennuis. C’est pour ça qu’il reste seul. Ce n’est pas qu’il est en rade de demandes, c’est surtout qu’il n’a pas envie de s’emmerder avec ça.
Si Dany s’assoit, Dino reste debout. Les mains plantées dans ses poches, il l’écoute, comme il a l’habitude de faire. Dino est un bon ami en ce qu’il est toujours patient. Il n’aime pas beaucoup parler de lui, mais écouter les autres ne l’a jamais dérangé. C’est peut-être de là qu’il tire sa capacité extraordinaire à paraître normal alors que son cerveau est malade. Parce qu’il retient, éponge les logiques, les cohérences des autres comme pour se rendre lui-même cohérent.
Dany est triste parce que son père le rejette. Son père est furieux car Dany n’a pas suivi sa logique, sa morale. Si Pippo ou Livio lui en voulait avec autant de véhémence… Comment réagirait-il ? Est-ce que quelqu’un s’était déjà montré aussi terrible vis-à-vis de lui ?
« Moi, ça va » Dino a un léger sourire, haussant légèrement les épaules, « comme d’habitude tu sais. Mon existence sans vagues, monotone… aseptisé. »
Il a un petit rire, dévoilant ses jolies dents. Voilà un joli mensonge, une belle victoire pour l’italien qui derrière cette gueule d’ange impeccable cache une véritable ordure. Mais ça, y a que Graham qui le sait, et si Graham cafte, il finira comme tous les mouchards : le crâne troué, une mouche sur le cadavre.
« Je dois juste préparer la prochaine fête de la fraternité pour les vacances, mais ça attendra un peu. » Il se gratte le menton, un sourire en coin : « J’imagine que t’y seras.... Tu vas devoir gérer l’image subliminale du géniteur quand t’auras la tête coincée entre les cuisses de Lucy. »
Un petit rire passe ses lèvres, l’image en tête. Lucy Jenkins, jolie, blonde, libre. Trop libre. Capricieuse comme une enfant pourrie gâtée – tout ce qu’elle est, en somme.
« Mon fiiils… Que faiiis-tu des traditiiions… Tu m’as… oubliiié… » qu’il ricane de nouveau, imaginant très bien la tête du père Amjad dans le ciel. « Plus sérieusement, si ça te rend la vie si dure, excuse-toi auprès de lui. Dans la vie, vaut mieux avoir des remords que des regrets, non ? »
Ou quelque chose dans ce genre. Il s’en fiche un peu, Dino, il n’a ni l’un ni l’autre. Trop peu de compassion pour savoir ce que c’est exactement, d’ailleurs, un « regret ».
Sans un mot, il le regarde faire, s’agiter, tripoter le téléphone tout en étant incapable de savoir quoi faire vraiment. Danyal est dans une impasse depuis le Spring Break. Leopoldino n’a pas participé à cette fameuse « orgie », mais il a déjà eu cette conversation avec Dany. Les femmes, le sexe, l’amour, tout ça, c’est des ennuis. C’est pour ça qu’il reste seul. Ce n’est pas qu’il est en rade de demandes, c’est surtout qu’il n’a pas envie de s’emmerder avec ça.
Si Dany s’assoit, Dino reste debout. Les mains plantées dans ses poches, il l’écoute, comme il a l’habitude de faire. Dino est un bon ami en ce qu’il est toujours patient. Il n’aime pas beaucoup parler de lui, mais écouter les autres ne l’a jamais dérangé. C’est peut-être de là qu’il tire sa capacité extraordinaire à paraître normal alors que son cerveau est malade. Parce qu’il retient, éponge les logiques, les cohérences des autres comme pour se rendre lui-même cohérent.
Dany est triste parce que son père le rejette. Son père est furieux car Dany n’a pas suivi sa logique, sa morale. Si Pippo ou Livio lui en voulait avec autant de véhémence… Comment réagirait-il ? Est-ce que quelqu’un s’était déjà montré aussi terrible vis-à-vis de lui ?
« Moi, ça va » Dino a un léger sourire, haussant légèrement les épaules, « comme d’habitude tu sais. Mon existence sans vagues, monotone… aseptisé. »
Il a un petit rire, dévoilant ses jolies dents. Voilà un joli mensonge, une belle victoire pour l’italien qui derrière cette gueule d’ange impeccable cache une véritable ordure. Mais ça, y a que Graham qui le sait, et si Graham cafte, il finira comme tous les mouchards : le crâne troué, une mouche sur le cadavre.
« Je dois juste préparer la prochaine fête de la fraternité pour les vacances, mais ça attendra un peu. » Il se gratte le menton, un sourire en coin : « J’imagine que t’y seras.... Tu vas devoir gérer l’image subliminale du géniteur quand t’auras la tête coincée entre les cuisses de Lucy. »
Un petit rire passe ses lèvres, l’image en tête. Lucy Jenkins, jolie, blonde, libre. Trop libre. Capricieuse comme une enfant pourrie gâtée – tout ce qu’elle est, en somme.
« Mon fiiils… Que faiiis-tu des traditiiions… Tu m’as… oubliiié… » qu’il ricane de nouveau, imaginant très bien la tête du père Amjad dans le ciel. « Plus sérieusement, si ça te rend la vie si dure, excuse-toi auprès de lui. Dans la vie, vaut mieux avoir des remords que des regrets, non ? »
Ou quelque chose dans ce genre. Il s’en fiche un peu, Dino, il n’a ni l’un ni l’autre. Trop peu de compassion pour savoir ce que c’est exactement, d’ailleurs, un « regret ».
- InvitéInvité
Dino, même si c'était son pote, avait toujours été un peu étrange. Comme déconnecté de la réalité, dans le sens où Danyal avait cette impression bizarre que, des fois, il surjouait. C'était étrange comme sensation. Mais il ne lui avait jamais fait la réflexion. Non pas parce qu'il aurait une quelconque peur de son ami, mais plus parce qu'il était du genre à psychoter. Il se donnait beaucoup pour les autres le Danyal. Mais son père lui avait laissé des traces indélébiles qui le rendaient un peu parano sur certaines choses, le poussant à toujours être sur ses gardes. Ajoutons à cela la balance qui avait cafté pour la Floride, et la boucle était bouclée. Encore une fois, il repensa à ce qui c'était passé, mais il ne voyait pas qui aurait pu le trahir comme ça. Il préféra passer à autre chose, attrapant une bouteille d'eau dont il avala plusieurs gorgées avant de reboucher cette dernière et de la reposer là où elle était.
Quand vint la discussion de la fête de la fraternité, Danyal ne savait pas trop quoi en penser. La façon dont certains le traitaient depuis qu'il ne dormait plus sur le campus, ou qu'il assistait à trois cours sur la semaine lorsqu'il y parvenait à cause de son taf, et des nombreux refus de sortie qu'on lui avait proposé, c'était devenu tendu. Il s'y sentait de trop, comme s'il n'y était plus le bienvenue, mais quand souvenir du passé, on n'osait pas le virer comme un malpropre. Il parvenait ceci dit à se déplacer pour les entraînements de boxe, ce qui était déjà bien. Mais pas suffisant. Pour beaucoup d'entre eux. Aussitôt, Danyal se trouva une excuse, tout en laissant la réponse en suspens.
« Je sais pas trop encore. Vu le taf, je peux être appelé à n'importe quel moment, et... » Mais il était vrai qu'il aurait bien mis sa tête entre les cuisses de cette Lucy, et pas seulement, si vous voyez ce que je veux dire. Il baissa le regard vers ses chaussures et finalement, il préféra boire à nouveau, histoire de s'occuper le temps que son mal aise passe.
Ce qu'il n'aurait probablement pas du faire, puisqu'il s'étouffa juste après que Dino ait tenté de refaire son père. Danyal en cracha la moitié par terre, l'autre, dans les poumons, à tousser pour expulser le liquide qui s'y était engouffré. Il fusilla du regard Dino. « T'es con, putain, j'ai failli crevé ! » Il désamorça la situation en faisant comme s'il le prenait à la rigolade, mais au fond, ça le blessait tellement. Il se sentait pas vraiment lui. Son père attachait tellement d'importance à ces traditions qu'il ne savait plus trop quoi en penser. Une partie de lui-même, comme de beaucoup de monde, attachait une profonde importance à ses racines. Mais d'un autre côté, elle lui avait tellement rendue la vie dure, qu'il n'avait jamais su sur quel pieds dansait avec.
Très problématique, du coup, pour se construire.
Par chance, il avait un esprit combatif, et ne baissait que rarement les bras. Il avait un honneur. Mais ce n'était très certainement pas celui que son père aurait aimé qu'il arbore comme un étendard de bataille.
« Est-ce que toi tu t'excuserais pour quelque chose d'aussi drôle ? J'étais bourré et sous coke, j'étais même plus mettre de mes propres émotions ! Sur le coup, j'ai trouvé ça tellement drôle... Puis... Putain, j'ai fais des trucs que je ferais probablement jamais à la mère de mes enfants ! » Il eut un sourire malgré lui, mais n'en dit pas plus. Il restait tout de même très pudique là-dessus. Ce qui était paradoxale, justement, avec ce qu'il avait fait, mais bref.
« Sérieux. Dans ma position, est-ce que toi tu irais t'excuser auprès de ton paternel juste parce que tu as profité de ce que la vie te donnait sur le moment ? J'ai l'impression qu'il a toujours détesté la façon que j'avais de tout remettre en cause, que j'avais toujours un besoin d'explication. J'y crois à son Dieu, c'est le mien aussi. Mais j'ai besoin de savoir, j'ai besoin de comprendre pour être ce qu'il veut que je sois ! Et il... Il... Il est même pas fichu de me dire.. De m'expliquer... Comme si lui-même ne savait pas pourquoi il faisait tout ça. CA ME REND DINGUE. »
Rageux, il balança sa bouteille ouverte à l'autre bout de la pièce, prit son sac et détala en donnant un grand coup de pieds dans ce qui passait devant lui, avant de claquer la porte de la salle de boxe.
Le froid de la nuit était tombé, et le surprit d'un coup, ce qui y eut pour effet de le calmer. Il se posa sur un banc non-loin de là, à regarder les voitures passés. Sa jambe gauche bougeait toute seule, à cause des nerfs. Il en avait marre, putain.
Quand vint la discussion de la fête de la fraternité, Danyal ne savait pas trop quoi en penser. La façon dont certains le traitaient depuis qu'il ne dormait plus sur le campus, ou qu'il assistait à trois cours sur la semaine lorsqu'il y parvenait à cause de son taf, et des nombreux refus de sortie qu'on lui avait proposé, c'était devenu tendu. Il s'y sentait de trop, comme s'il n'y était plus le bienvenue, mais quand souvenir du passé, on n'osait pas le virer comme un malpropre. Il parvenait ceci dit à se déplacer pour les entraînements de boxe, ce qui était déjà bien. Mais pas suffisant. Pour beaucoup d'entre eux. Aussitôt, Danyal se trouva une excuse, tout en laissant la réponse en suspens.
« Je sais pas trop encore. Vu le taf, je peux être appelé à n'importe quel moment, et... » Mais il était vrai qu'il aurait bien mis sa tête entre les cuisses de cette Lucy, et pas seulement, si vous voyez ce que je veux dire. Il baissa le regard vers ses chaussures et finalement, il préféra boire à nouveau, histoire de s'occuper le temps que son mal aise passe.
Ce qu'il n'aurait probablement pas du faire, puisqu'il s'étouffa juste après que Dino ait tenté de refaire son père. Danyal en cracha la moitié par terre, l'autre, dans les poumons, à tousser pour expulser le liquide qui s'y était engouffré. Il fusilla du regard Dino. « T'es con, putain, j'ai failli crevé ! » Il désamorça la situation en faisant comme s'il le prenait à la rigolade, mais au fond, ça le blessait tellement. Il se sentait pas vraiment lui. Son père attachait tellement d'importance à ces traditions qu'il ne savait plus trop quoi en penser. Une partie de lui-même, comme de beaucoup de monde, attachait une profonde importance à ses racines. Mais d'un autre côté, elle lui avait tellement rendue la vie dure, qu'il n'avait jamais su sur quel pieds dansait avec.
Très problématique, du coup, pour se construire.
Par chance, il avait un esprit combatif, et ne baissait que rarement les bras. Il avait un honneur. Mais ce n'était très certainement pas celui que son père aurait aimé qu'il arbore comme un étendard de bataille.
« Est-ce que toi tu t'excuserais pour quelque chose d'aussi drôle ? J'étais bourré et sous coke, j'étais même plus mettre de mes propres émotions ! Sur le coup, j'ai trouvé ça tellement drôle... Puis... Putain, j'ai fais des trucs que je ferais probablement jamais à la mère de mes enfants ! » Il eut un sourire malgré lui, mais n'en dit pas plus. Il restait tout de même très pudique là-dessus. Ce qui était paradoxale, justement, avec ce qu'il avait fait, mais bref.
« Sérieux. Dans ma position, est-ce que toi tu irais t'excuser auprès de ton paternel juste parce que tu as profité de ce que la vie te donnait sur le moment ? J'ai l'impression qu'il a toujours détesté la façon que j'avais de tout remettre en cause, que j'avais toujours un besoin d'explication. J'y crois à son Dieu, c'est le mien aussi. Mais j'ai besoin de savoir, j'ai besoin de comprendre pour être ce qu'il veut que je sois ! Et il... Il... Il est même pas fichu de me dire.. De m'expliquer... Comme si lui-même ne savait pas pourquoi il faisait tout ça. CA ME REND DINGUE. »
Rageux, il balança sa bouteille ouverte à l'autre bout de la pièce, prit son sac et détala en donnant un grand coup de pieds dans ce qui passait devant lui, avant de claquer la porte de la salle de boxe.
Le froid de la nuit était tombé, et le surprit d'un coup, ce qui y eut pour effet de le calmer. Il se posa sur un banc non-loin de là, à regarder les voitures passés. Sa jambe gauche bougeait toute seule, à cause des nerfs. Il en avait marre, putain.
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à fleur de peau
► Danyal & Dino ► mars 2018 ►
Quand Dino parle de la fête qui va bientôt se tenir, il sent bien la crispation chez Danyal. Forcément, le regard fuyant est un indice équivoque. Il n’a pas envie d’y aller – ou peut-être même qu’il ne peut tout simplement pas y aller. L’italien ne dira rien. Il n’est qu’un mécanicien de l’ombre, ce genre de gars qui organise tout mais ne profite jamais de rien. C’était pour cette raison qu’il ne se rendait qu’à une fête sur deux sur toutes celles dont il était responsable. Ce qu’il préférait au final, c’était les bizutages. En tant que doyen, il avait le droit depuis deux ans de pratiquer les bizutages sur les petits nouveaux. Ç’avait du bien, de se défouler un peu… Même si parfois, c’était très limite, surtout pour un étudiant en droit comme lui.
« Je sais pas trop encore. Vu le taf, je peux être appelé à n'importe quel moment, et... »
« T’es pas obligé » répond simplement le brun, en haussant les épaules. « Je comprendrais que tu veuilles échapper au fameux… Mon fiiils… Que faiiis-tu des traditiiions… Tu m’as… oubliiié… »
Bien sûr, c’était dit avec humour. Il ne fallait pas trop le prendre à cœur, mais c’était facile de voir dans les yeux de Danyal la blessure que son père avait laissé. Une sorte de trou béant. Dino ne sait pas vraiment quoi dire, ni comment réagir. Il reste alors là, quelques secondes, à fixer calmement alors qu’il se déverse en flots, tantôt haineux, tantôt blessé. Il divague. Il n’y a qu’un fil entre l’amour et la haine, qu’un fil entre la frustration et la rage. Pas facile de se trouver une place dans ce bas monde, pas vrai ? Lui aussi, parfois, il se sentait perdu.
Perdu face à l’humanité, perdu face aux autres – surtout aux autres. C’était devenu difficile très rapidement d’avoir de l’empathie pour le reste du monde. Comme si tous les autres, tout ce qui lui était extérieur, était hors de portée. Il se sentait à la fois tout petit, et à la fois immense. Un complexe en forme de grand-huit où la morale avait été laissée devant la caisse, faute de jeton pour monter.
« Je… Je sais pas trop. »
Le silence qui s’installe est lui aussi équivoque. Le regard un peu paumé de Dino face au désarroi de Danyal achève sa patience. Voilà qu’il se tue dehors, excédé. Le jeune homme ne dit rien, il attend, quelques secondes. Dans son esprit, un immense schéma se met en place à base de « oui » ou « non ». Faut-il suivre Danyal ? Oui. Faut-il le réconforter ? C’est ce que ferait un ami. Quoi lui dire ?
Il sort calmement à l’extérieur, jette un regard aux alentours avant d’apercevoir Dany. Il s’approche en silence, tire de sa poche un paquet de cigarette et tire une clope, l’accrochant à son bac avant de s’arrêter, debout, à droite de son ami. Il est calme, Dino, même quand il sort son feu, quand il jette ce regard sur le côté, l’air détendu malgré la gravité ambiante.
« Mon oncle Pippo déteste que je fume. Il m’a mis… je sais pas combien de droites pour ça. »
Il allume sa clope, en propose un à Danyal en même temps.
« Mais c’est parce qu’il s’inquiète pour moi, pour ma santé, pour mon avenir je crois. » Petit silence, pendant lequel il revoit aisément les yeux baignés de larme de son oncle, au moment où ils découvrent tous ensemble le cadavre de Cesario sur la table d’autopsie. Dix-sept balles dans le corps. « Certaines personnes ont de mauvaises façons de nous montrer qu’ils nous aiment… mais même s’ils nous aiment mal, ils nous aiment quand même. »
Il pourrait bien développer un instant sur combien, lui, il aime sa petite sœur et qu’il la broie et qu’il l’étouffe, mais Dany l’a déjà entraperçu. Il a déjà vu la jalousie qui l’habite, cette façon qu’il a de toiser du regard tous les garçons qui s’approchent de Mona. Tous ceux-là, qu’il aimerait faire disparaître – et que parfois, même, il réduit à néant.
« S'il disparaît demain, tu t'en voudras de pas avoir été plus conciliant avec lui... Tu devrais profiter qu’il soit toujours là. » Petit silence, pendant lequel Dino tire une latte sur sa cigarette, jette un regard devant lui. Dix-sept balles. « On a pas tous cette chance. »
Chance ? Il ignore si c’aurait été une chance d’avoir encore son père à ses côtés.
Il ne sait pas s’il a déjà dit que son père était mort.
Mais maintenant que c’est dit…
- InvitéInvité
Le bruit de la circulation et la fraîcheur de la nuit tombante apaisa rapidement Danyal. Son souffle se fit plus lent, et son palpitant semblait reprendre un rythme normal. Il se sentait vidé, comme s'il venait de lâcher quelques choses d'important, qu'il ruminait depuis déjà des jours, des semaines, des mois, voir des années. Son père n'en avait que pour son frère aîné, ou sa soeur cadette. Il se retrouvait à cette fameuse place bâtarde où l'on attendait de lui qu'il soit mieux que le précédent, qu'il ait sa propre personnalité, et qu'il comprenne en même temps qu'il ne pouvait avoir de l'attention quant il y a une troisième personne après vous. C'était lourd et chiant. Il avait cette impression bizarre d'avoir couru toute sa vie après une espèce d'attention qu'il n'aurait probablement jamais. Il secoua la tête. Il était bien trop fatigué pour s'énerver à nouveau.
Dino apparut derrière lui. Et même s'il ne le vit pas tout de suite, son parfum le trahit. Il avait toujours eut bon goût d'ailleurs. Son parfum sentait bon. Il n'était pas agaçant, pas trop, et en même temps, il avait un petit truc cool. Il lui parla alors d'une de ses expériences avec son oncle qui avait une curieuse façon de lui montrer son amour en lui mettant des droites pour que Dino arrête de fumer. Danyal ne dit rien, le laissant continuer, en voyant très bien son père faire la même chose si seulement il en avait eut la force. L'âge ne l'avait pas gâté, et il avait bien trop vécu dans sa vie. Désormais, il souffrait de ses expériences passés, notamment avec un arthrose précoce qui lui avait valu quelques douleurs assez désagréable. Enfin, Danyal ne le plaint pas trop, sinon, il s'en serait pris sûrement plein la gueule le jour où il était venu à l'université pour lui hurler dessus comme un demeuré.
Ils nous aiment quand même. Cette phrase plana quelques instants dans la tête de Danyal, qui y trouva un certain réconfort, avant de se sentir dégoûté de lui-même d'avoir une telle empathie. Ca le rendait malade de voir qu'il attachait encore une quelconque importance vis-à-vis de ce lien. Il grimaça, mais laissa Dino continuer pour tourner encore un peu plus dans le mélodramatique. Danyal y avait déjà pensé sur la colère, et tout ce qui en était ressorti, c'était : Bon débarras. Il soupira. Il ne comptait pas s'étaler là-dessus. D'une parce qu'il ne s'en sentait pas capable, et de deux, parce qu'il n'avait pas envie de s'apitoyer sur son sort. Il y avait toujours pire, se disait-il. Toujours pire que sa situation à lui. Quelque part, ça l'aidait à avancer.
Un ange passa sans que ni l'un, ni l'autre ne dise quoique ce soit.
Finalement, Danyal tourna la tête vers Dino, et il lui dit :
« Tu veux faire un truc ? J'irais bien mangé un bout avant de reprendre le taf tout à l'heure. Puis, tu pourras me parler de cette fête-là. Ca me manque un peu l'univers de la fac' tu sais... »
L'insouciance, peut-être. On était bien quand on avait rien d'autres à penser qu'à ces examens ou aux histoires qui se passaient au bahut.
Dino apparut derrière lui. Et même s'il ne le vit pas tout de suite, son parfum le trahit. Il avait toujours eut bon goût d'ailleurs. Son parfum sentait bon. Il n'était pas agaçant, pas trop, et en même temps, il avait un petit truc cool. Il lui parla alors d'une de ses expériences avec son oncle qui avait une curieuse façon de lui montrer son amour en lui mettant des droites pour que Dino arrête de fumer. Danyal ne dit rien, le laissant continuer, en voyant très bien son père faire la même chose si seulement il en avait eut la force. L'âge ne l'avait pas gâté, et il avait bien trop vécu dans sa vie. Désormais, il souffrait de ses expériences passés, notamment avec un arthrose précoce qui lui avait valu quelques douleurs assez désagréable. Enfin, Danyal ne le plaint pas trop, sinon, il s'en serait pris sûrement plein la gueule le jour où il était venu à l'université pour lui hurler dessus comme un demeuré.
Ils nous aiment quand même. Cette phrase plana quelques instants dans la tête de Danyal, qui y trouva un certain réconfort, avant de se sentir dégoûté de lui-même d'avoir une telle empathie. Ca le rendait malade de voir qu'il attachait encore une quelconque importance vis-à-vis de ce lien. Il grimaça, mais laissa Dino continuer pour tourner encore un peu plus dans le mélodramatique. Danyal y avait déjà pensé sur la colère, et tout ce qui en était ressorti, c'était : Bon débarras. Il soupira. Il ne comptait pas s'étaler là-dessus. D'une parce qu'il ne s'en sentait pas capable, et de deux, parce qu'il n'avait pas envie de s'apitoyer sur son sort. Il y avait toujours pire, se disait-il. Toujours pire que sa situation à lui. Quelque part, ça l'aidait à avancer.
Un ange passa sans que ni l'un, ni l'autre ne dise quoique ce soit.
Finalement, Danyal tourna la tête vers Dino, et il lui dit :
« Tu veux faire un truc ? J'irais bien mangé un bout avant de reprendre le taf tout à l'heure. Puis, tu pourras me parler de cette fête-là. Ca me manque un peu l'univers de la fac' tu sais... »
L'insouciance, peut-être. On était bien quand on avait rien d'autres à penser qu'à ces examens ou aux histoires qui se passaient au bahut.
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