YESTERDAY'S NEWS |48
- InvitéInvité
Un soupir, puis un autre. Mes doigts se crispent sur l'enveloppe. Je serre, je relâche, je serre, je relâche. Calqué sur ma respiration archaïque, ça ne va pas du tout. Je regarde l'adresse, je relève les yeux. J'y suis. C'est là. Il faut que je frappe, c'est pas pour moi. C'est pour lui. C'est tout pour lui. Cette écriture fine me brûle les rétines. J'ai appris chaque courbe, chaque petit trait, chaque détail qu'elle a à offrir. Je serai capable de reproduire à l'identique ce qui est marqué. Ce prénom, Ellie. Ce nom, le même que le sien, Turner. J'aurai pu poster la lettre. Oh ça oui. J'aurai pu. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai besoin de l'avoir.
J'hésite, j'appréhende, j'ai peur. Ce n'est pas moi ça. Mais pourtant, c'est le cas. J'ai peur. J'ai peur de la voir, j'ai peur qu'elle lui ressemble. J'ai peur de voir dans ses yeux l'étincelle qu'il avait dans les siens. Ares. Sa voix est encore gravée dans ma tête, mais pour combien de temps encore. " Prends soin de toi. " C'est con. Ce sont des mots simples. Pourtant ils sont en boucle. La nuit, les insomnies. Avant y'avait que John. Maintenant j'ai deux fantômes.
J'inspire, j'expire. Jean déchiré aux genoux, tee shirt trop grand pour moi, un de ceux de Dre. Les cheveux lâchés, les yeux perdus et les converses abîmées. Je fais peine à voir dans ce décor. C'était mon univers avant. Mais c'était avant. Maintenant je ne suis plus rien, juste la pauvre gosse qui a su se faufiler sans que personne ne la voit. Peut être que moi aussi je ne suis qu'un fantôme ? Peut être...
Je sonne, j'attends. Y'a du monde, je l'entends. Et si elle n'est pas seule ? Non, elle doit l'être, ça ne peut pas se passer autrement. Je patiente, c'est long. Ça me paraît long. Les pas s'approchent, ma respiration se coupe. Apnée. Et comme dans un ralenti digne des films tournés non loin de là, la porte s'ouvre. Elle apparaît, baignée de lumière. Elle est là. Elle est intriguée. Elle ne me connait pas, je ne la connais qu'à travers lui.
" Bonjour. " Mes yeux s'accrochent aux siens. Ils sont bleus, comme les siens. Je respire et lui tends l'enveloppe. " Tiens. " Voilà, aussi simple que ça. Je pourrais partir en courant, ce serait facile. Mais quelque chose me retient ici. Elle. Elle m'empêche de partir parce qu'elle n'a pas pris l'enveloppe, parce qu'elle ne comprend pas encore. Mais je sais qu'elle saura, quand elle verra l'écriture, quand elle ouvrira la lettre.
foutue curiosité
J'hésite, j'appréhende, j'ai peur. Ce n'est pas moi ça. Mais pourtant, c'est le cas. J'ai peur. J'ai peur de la voir, j'ai peur qu'elle lui ressemble. J'ai peur de voir dans ses yeux l'étincelle qu'il avait dans les siens. Ares. Sa voix est encore gravée dans ma tête, mais pour combien de temps encore. " Prends soin de toi. " C'est con. Ce sont des mots simples. Pourtant ils sont en boucle. La nuit, les insomnies. Avant y'avait que John. Maintenant j'ai deux fantômes.
la faucheuse est une pute
J'inspire, j'expire. Jean déchiré aux genoux, tee shirt trop grand pour moi, un de ceux de Dre. Les cheveux lâchés, les yeux perdus et les converses abîmées. Je fais peine à voir dans ce décor. C'était mon univers avant. Mais c'était avant. Maintenant je ne suis plus rien, juste la pauvre gosse qui a su se faufiler sans que personne ne la voit. Peut être que moi aussi je ne suis qu'un fantôme ? Peut être...
le temps défile
Je sonne, j'attends. Y'a du monde, je l'entends. Et si elle n'est pas seule ? Non, elle doit l'être, ça ne peut pas se passer autrement. Je patiente, c'est long. Ça me paraît long. Les pas s'approchent, ma respiration se coupe. Apnée. Et comme dans un ralenti digne des films tournés non loin de là, la porte s'ouvre. Elle apparaît, baignée de lumière. Elle est là. Elle est intriguée. Elle ne me connait pas, je ne la connais qu'à travers lui.
j'ai mal
" Bonjour. " Mes yeux s'accrochent aux siens. Ils sont bleus, comme les siens. Je respire et lui tends l'enveloppe. " Tiens. " Voilà, aussi simple que ça. Je pourrais partir en courant, ce serait facile. Mais quelque chose me retient ici. Elle. Elle m'empêche de partir parce qu'elle n'a pas pris l'enveloppe, parce qu'elle ne comprend pas encore. Mais je sais qu'elle saura, quand elle verra l'écriture, quand elle ouvrira la lettre.
- InvitéInvité
he loved us
Jean Walton
Jean Walton
Cela fait maintenant un peu plus deux mois que tu as retrouvé le sol américain, mais aussi deux mois que tu dois supporter la raison de la lourde absence de ton frère. Une tête coupée emballé dans un pauvre morceau de carton, voilà la seule chose qui a été retrouvée d’Arès. Ton coeur se serre, s’étripe et grince tels les rouages rouillés d’une horloge sans vie. Chaque pensée que tu lui destines te plonge un peu plus dans les ténèbres. Cette vengeance qui grandit chaque jour que Dieu fait ne t’aide guère à remonter dans la lumière. « Qu’est-ce que tu as bien pu faire pour finir ainsi....? » te questionnes-tu, assise seule dans ton canapé. Tu n’as pas la réponse à cette énigme et pourtant, elle tourne dans ta tête, encore et encore, sans cesse. A-t-elle point qu’elle te ferait presque devenir barge. « Faut que je sorte. » murmures-tu à ta tête, comme un propre appel à l’aide. Tu te lèves dans un bond, grimpant les escaliers de ton appartement deux par deux. Un cours de boxe te fera sans doute du bien puis, cela te permettra de voir une tête connue, une tête qui a elle-même connue ton frère. Tu enfiles simplement de quoi être souple dans tes mouvements durant la séance et, te revoilà descendu, fignolant les derniers petits détails dont tu as besoin pour les heures à venir. Durant ce laps de temps, tu as très nettement perçu la sonnette de ton appartement retentir. Ce qui ne t’a pour autant pas pressé dans tes affaires, au contraire. Sac de sport à présent sur l’épaule, tu t’approches de ta porte en espérant que la personne ayant déclenché la sonnette ne se trouve plus derrière. Ce n’est alors qu’en ouvrant la porte que tu tombes sur une jeune femme brune, un peu plus grande que toi. Tu ne comprends pas qui elle est, ni ce qu’elle fait devant chez-toi. S’est-elle perdue ? « Bonjour. Vous vous êtes per... Ton regard se pose subitement sur l’enveloppe qu’elle vient de te tendre ...due ?... » Tu clignes des yeux, sans comprendre ce qu’il se passe. Tu attrapes la lettre et sors presque entièrement de chez-toi, refermant la porte après ton passage. « Et bien, merci, c’est gentil. » Tu souris, lui tournes le dos pour faire face à ta porte que tu es sur le point de fermer complètement mais, tout ton corps se bloque quand tes prunelles se posent sur le nom inscrit sur le papier. Ce n’est pas tant le fait que ce soit ton nom écris de façon manuscrite qui te surprend mais, bel et bien l’écriture qui transparaît dessus. Ce défaut qui se trouve sur le E majuscule de ton nom, tu le connais, tu le connais depuis toute petite. Serait-il possible que... ? Tu laisses tomber ton sac sur le sol alors que tu t’empresses d’ouvrir la lettre. Tu as les doigts qui commencent a trembler quand tes pupilles dévorent les mots qui décorent le papier. Silencieuse, le regard toujours posé sur l’objet, tu pousses la porte d’une main et tu pénètres finalement à nouveau dans ton antre. Tu tiens la lettre si fort entre tes doigts que tu ne fais que la froisser, la plier, l’écorcher. C’était sans compter sur les larmes qui viennent à présent perler sur tes joues, longeant ton visage pour atterrir sur l’encre noire de la feuille. Tu n’as aucun mot pour décrire ce que tu ressens à ce moment précis, tu t’écroules sur tes genoux comme un château de cartes soufflé par le vent.
- InvitéInvité
Je ne sais pas trop ce que je fous là. Est ce que c'était une bonne idée ? Pas sur. Mais pas le choix, je le lui dois bien. Pour lui. Alors je fais l'effort, alors je me place face à la porte et j'attends qu'elle ouvre. Je sais que c'est difficile, que ça va faire mal. Je ne sais pas à quoi m'attendre de sa part d'ailleurs. Peut être rien, peut être tout.
l'attente est longue
Elle ouvre la porte, je la regarde, je l'observe. Elle n'a pas le temps de finir sa phrase, pas le temps de me demander si je suis perdue, que je lui montre cette enveloppe. Foutue enveloppe. Je ne sais pas ce qu'elle contient, je ne l'ai pas ouverte. J'aurai pu, je suis curieuse. Mais par respect pour lui, je ne l'ai pas fait.
c'est gentil
Je ne suis pas certaine d'être gentille là. Je lui apporte quelque chose qui provient de son frère décédé. Comment ça peut être gentil que de la plonger dans un état de tristesse de la sorte ? Mais elle ne le sait pas encore. Elle prend la lettre, me remercie et s'apprête à s'en aller. Je ne vais pas la retenir même si je reste sur ma faim.
une réaction... même une
Et elle s'arrête et le sac tombe sur le sol. Elle a compris, elle a vu l'écriture. Je la regarde faire me balançant sur un pied puis l'autre. Je me sens de trop, pourtant je ne peux pas bouger et m'en aller, je n'y arrive pas. Je la vois à nouveau entrer dans son appartement et à travers la porte entrouverte, je la vois s'effondrer.
et les larmes reprennent
Je récupère son sac abandonné sur le sol et pénètre chez elle sans y avoir été invité. Je referme la porte doucement, dépose le sac à côté de l'entrée et m'assois à ses côtés. En tailleur, je la regarde pleurer. C'est un peu étrange je sais, surtout que mes larmes silencieuses accompagnent les siennes. Je sors de ma poche un paquet de mouchoirs et lui en tend un. " Tiens... "
- InvitéInvité
he loved us
Jean Walton
Jean Walton
Comment les choses ont pu déraper en l’espace d’une petite dizaine de minutes ? Tu serres si fort cette lettre qui se trouve coincée entre tes doigts que tu en déchires inconsciemment un morceau. Il faut dire que l’humidité de tes larmes qui perlent sur tes joues pour finalement rouler sur le papier n’aide en rien à le solidifier. Tu pleures, encore et, encore. Tu n’arrives presque plus à discerner les mots écrit devant toi. Seul quelques formes abstraites se font maintenant visible sur le papier. Tu te sens mal, si mal de ne le pleurer réellement que maintenant. De laisser ta tristesse pointer le bout de son nez qu’à la lecture de ce morceau de papier. Tu lui en voulais tellement d’avoir presque disparu de ta vie et, maintenant, la colère que tu avais éprouvé jusqu’à maintenant à son égard se métamorphosait en de douloureux regrets. Des regrets qui risquaient sans doute de rester accroché à ton coeur jusqu’à la fin. Tu regrettais de ne pas avoir cherché d’avantage auprès de lui, de l’avoir laissé sombrer seul dans la drogue, de ne pas avoir tenté de l’en sortir. Tu pleures tellement que tu commences à manquer de souffle. Le nez qui goutte, les yeux bouffis et les joues rosies, tu ne ressembles plus à grand chose à présent. Tu en as même oublié la présence de la personne qui t’a apporté la lettre, cette même femme qui se trouve à présent à tes côtés et, qui n’hésite pas à te tendre un mouchoir. Tu essayes un peu de te calmer, tu attrapes difficilement ce qu’elle te tend. Ta main tremble, tout comme une large partie de ton corps. Tu l’attrapes pourtant, tu te mouches et, ton corps se lève dans un bond. « Qui êtes-vous bordel ? » Tes sourcils se froncent, tu observes cette femme toujours au sol. Cette femme qui, tout comme toi, semble pleurer. Pourquoi ? Elle le connaissait ? Bien sûr que oui. Sinon comment serait-elle parvenue à t’apporter cette lettre ? Puis, ne t’a-t-il pas parlé d’une nana dans sa lettre ? Tu as déjà oublié, tu as l’esprit tout embrumé. Tu attrapes ton sac, que tu n’hésites pas à balancer comme un boulet de canon dans ton salon. « Pourquoi maintenant... ? Pourquoi je n’ai ça que maintenant...? » Pourquoi il est mort ? Pourquoi tu pleures autant ? Pourquoi tu es juste complètement submerger par une vague de regret ? Pourquoi cette vie sur cette fichue planète est si merdique...?
- InvitéInvité
Je sais pas quoi faire. J'ai jamais rien pu faire contre la tristesse des autres. Je sais déjà pas comment gérer la mienne alors comment je peux gérer celle des autres. C'est con non ? On peut pas aider quelqu'un si on peut pas s'aider soi même. Je ne peux pas m'aider. Je ne peux pas l'aider. Je suis juste là avec cette lettre. Je suis juste là à la faire pleurer. Je ne suis personne pour elle, elle ne me connait pas.
je ne suis que le messager.
Je lui tends ce mouchoir. Je ne peux faire que ça. Je ne sais pas ce qui me retient ici. J'aurai pu partir tout simplement. J'aurai pu fuir. Après tout je suis bonne à ça non ? La fuite, ça me connait. La fuite ça ne me fait pas peur. Normalement ça ne me fait pas peur. Mais je reste pour Arès. Je reste pour lui. Je reste parce que je l'entends m'engueuler dans ma tête. Il m'aurait fusillé sur place si je n'étais pas restée.
je suis un pot de fleur.
Je sursaute. Peut être qu'un peu, peut être beaucoup. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se relève si brutalement. Elle m'a fait peur oui. Le corps recroquevillé jusque là s'étend désormais face à moi. Les larmes je les vois mieux. Les larmes sont là. Et son regard qui me transperce également. C'est le même que le sien. Elle a le même regard. C'est pas possible. En fait si, c'est possible. C'est le même. Et ça fait mal. Mais je ne dois pas flancher.
t'es forte jean, quand tu veux.
C'est qu'elle m’engueulerait presque. Je me relève, je lui fais face. Elle est pas plus grande que moi, c'est déjà ça. Mais je sais pas si je peux l'affronter, si j'en ai le droit. Certainement pas. Mais bon, c'est comme ça. Puis elle a des questions. A moi d'y répondre. " Je m'appelle Jean. " Bravo, ça va l'aider ça. Evidemment... Comme si elle me connaissait. Mais bon, elle a déjà mon prénom. Je connais déjà le sien.
égalité, on redistribue les cartes.
Elle comprend pas trop ce qu'il se passe. J'en ai conscience. Pas besoin d'être trop perspicace pour ça. Faute juste avoir des connexions neuronales normales. Elle a pas l'air con, elle ne l'est pas. C'est lui qui me l'a dit. Alors je le crois. Je l'ai toujours fait. Du coup, c'est comme ça. " J'ai mis du temps à te retrouver... " C'est pas totalement faux quand même. Déjà je pensais pas qu'elle serait à Los Angeles.
y'a des surprises comme ça...
Faut que je lui dise. Faut que je lui explique. Je souffle un bon coup tandis que mes mains se torturent entre elles. " Il m'a aidé. Quand ça n'allait pas. Il m'a aidé. Et... Il m'a demandé de te donner ça si... Enfin... Parce qu'il est plus là. Alors voilà. " Super, j'ai l'air d'avoir 10 ans et d'être devant ma maîtresse alors que j'ai pas appris ma leçon. C'est super. Je passe pour une conne devant une nana qui pleure son frère. Tout va bien.
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